đâđš Julian Assange gagne le droit de faire appel de son extradition vers les Ătats-Unis
Kristinn Hrafnsson, rĂ©dacteur en chef de WikiLeaks, dit entrevoir âenfin une lueur d'espoirâ pour Assange & que ses avocats dĂ©cideront s'ils souhaitent faire pression pour une libĂ©ration sous caution.
đâđš Julian Assange gagne le droit de faire appel de son extradition vers les Ătats-Unis
Par Ben Quinn, le 20 Mai 2024
Les juges avaient reporté leur décision quant à la possibilité pour Julian Assange d'interjeter un nouvel appel.
Julian Assange a obtenu l'autorisation d'interjeter un nouveau recours contre son extradition vers les Ătats-Unis pour fuite de secrets militaires, et pourra contester les garanties donnĂ©es par les responsables amĂ©ricains sur la maniĂšre dont se dĂ©roulerait un procĂšs dans ce pays.
En mars, deux juges avaient reportĂ© leur dĂ©cision sur la question de savoir si M. Assange, qui tente d'Ă©viter un procĂšs aux Ătats-Unis pour des accusations d'espionnage liĂ©es Ă la publication de milliers de documents confidentiels et diplomatiques, pourrait prĂ©senter son dossier lors d'une nouvelle audience d'appel.
Ă cette occasion, Dame Victoria Sharp et le juge Johnson ont dĂ©cidĂ© que M. Assange pourrait faire appel de l'extradition pour trois raisons, Ă moins que les Ătats-Unis ne donnent des garanties âsatisfaisantesâ.
Les garanties requises consistaient Ă pouvoir invoquer le Premier Amendement de la Constitution amĂ©ricaine, qui protĂšge la libertĂ© d'expression, qu'il ne serait pas âlĂ©sĂ© lors du procĂšsâ en raison de sa nationalitĂ©, et que la peine de mort ne serait pas requise.
Sa femme et ses soutiens ont poussĂ© des soupirs de soulagement Ă la High Court de Londres, lundi, lorsque les juges lui ont accordĂ© l'autorisation de contester son extradition pour des raisons de compatibilitĂ© avec le droit Ă la libertĂ© d'expression prĂ©vu par la Convention europĂ©enne des droits de l'homme, considĂ©rĂ©e comme l'Ă©quivalent fonctionnel du Premier Amendement des Ătats-Unis, et au motif qu'il pourrait ĂȘtre lĂ©sĂ© lors de son procĂšs ou en raison de sa nationalitĂ©.
Les juges ont admis qu'il était possible de soutenir une possible discrimination, aprÚs avoir été informés qu'un procureur américain avait déclaré que le Premier Amendement pouvait ne pas s'appliquer aux étrangers lorsqu'il s'agit de questions de sécurité nationale.
L'Ă©quipe de M. Assange n'a pas contestĂ© la garantie donnĂ©e par les Ătats-Unis que la peine de mort ne serait pas requise, reconnaissant qu'il s'agissait d'une âpromesse sans ambiguĂŻtĂ©â. Mais elle a fait valoir que la situation est diffĂ©rente en ce qui concerne la garantie que l'Ă©diteur d'origine australienne pourrait bĂ©nĂ©ficier des mĂȘmes protections du Premier Amendement sur la libertĂ© d'expression qu'un citoyen amĂ©ricain.
Edward Fitzgerald KC, reprĂ©sentant M. Assange, a dĂ©clarĂ© que les garanties fournies par les Ătats-Unis Ă©taient âflouesâ et qu'ils n'excluaient pas la possibilitĂ© qu'un tribunal amĂ©ricain dĂ©cide que le fondateur de WikiLeaks, en tant qu'Ă©tranger, n'ait pas droit aux protections quâoffre le Premier Amendement.
Une rĂ©elle garantie consiste Ă pouvait âs'appuyerâ sur les droits du Premier Amendement, pas âsimplement chercher Ă les invoquerâ, a dĂ©clarĂ© M. Fitzgerald.
L'avocat de M. Assange a Ă©galement soulignĂ© ce qu'il a qualifiĂ© de âsilence assourdissantâ de la part des procureurs amĂ©ricains, notamment Gordon Kromberg, procureur adjoint du district est de Virginie, oĂč M. Assange sera jugĂ©.
âLes promesses fermes des procureurs sont assez courantesâ, a dĂ©clarĂ© M. Fitzgerald. âNous ne nous opposons pas Ă la libĂ©ration sous caution. Nous ne demanderons pas la peine de mort comme dans cette affaire. Or aucune assurance spĂ©cifique de ce type n'a Ă©tĂ© donnĂ©e iciâ.
James Lewis KC, reprĂ©sentant les Ătats-Unis, a dĂ©clarĂ© que les juges ne devraient pas âse laisser sĂ©duire par l'approche attrayante et simplisteâ adoptĂ©e par l'Ă©quipe juridique d'Assange.
La nationalitĂ© d'Assange ne porterait pas prĂ©judice Ă un procĂšs Ă©quitable aux Ătats-Unis, a-t-il dĂ©clarĂ©, mais le comportement dont il est accusĂ© n'est pas protĂ©gĂ© par le Premier Amendement.
âLa position du procureur amĂ©ricain est que personne, ni les citoyens amĂ©ricains ni les citoyens Ă©trangers, n'a le droit de s'appuyer sur le Premier Amendement en pour la publication d'informations de sĂ©curitĂ© nationale obtenues illĂ©galement, et donnant les noms de sources innocentes Ă leur risque grave et imminent de prĂ©judiceâ, a-t-il ajoutĂ© dans des observations Ă©crites.
âCe principe s'applique de la mĂȘme maniĂšre aux citoyens amĂ©ricains et non amĂ©ricains, quelle que soit leur nationalitĂ© ou leur lieu de naissance, et quel que soit l'endroit oĂč le dĂ©lit a eu lieu, bien qu'il s'agisse en fin de compte d'une question de droit pour les tribunaux amĂ©ricains. Le comportement en question n'est tout simplement pas protĂ©gĂ© par le Premier Amendement.â
M. Assange n'était pas présent au tribunal pour des raisons de santé, a indiqué son équipe juridique, mais sa femme, Stella, et son pÚre, John Shipton, étaient présents.
S'adressant Ă des soutiens Ă l'extĂ©rieur de la High Court aprĂšs l'audience, Stella Assange a dĂ©clarĂ© que le prĂ©sident amĂ©ricain, Joe Biden, âtarde Ă prendre la bonne dĂ©cisionâ et Ă abandonner les poursuites judiciaires Ă l'encontre de son mari.
âNotre famille est soulagĂ©e que les tribunaux aient pris la bonne dĂ©cision aujourd'hui, mais pour combien de temps ? Notre fils aĂźnĂ© vient d'avoir sept ansâ, a-t-elle dĂ©clarĂ©.
âTous les souvenirs qu'ils ont de leur pĂšre sont dans le parloir de la prison de Belmarsh, et au fur et Ă mesure que l'affaire avance, il devient de plus en plus clair pour tout le monde que Julian est en prison pour avoir fait du bon journalisme, pour avoir dĂ©noncĂ© la corruption, les violations commises sur des personnes innocentes dans des guerres abusives pour lesquelles il y a impunitĂ©â.
Kristinn Hrafnsson, rĂ©dacteur en chef de WikiLeaks, a dĂ©clarĂ© aprĂšs le jugement qu'il y avait âenfin une lueur d'espoirâ pour Julian Assange, et qu'il appartiendrait Ă ses avocats de dĂ©cider s'ils souhaitent Ă©galement faire pression pour qu'il soit libĂ©rĂ© sous caution.
M. Assange a été inculpé de 17 chefs d'accusation d'espionnage et d'un chef d'accusation d'utilisation abusive d'un ordinateur, l'exposant à une peine maximale de 175 ans de prison, à la suite de la publication, il y a prÚs de 15 ans, d'une masse de documents américains confidentiels sur son site web.
Les procureurs américains accusent M. Assange, ùgé de 52 ans, d'avoir encouragé et aidé Chelsea Manning, analyste du renseignement de l'armée, à voler des cùbles diplomatiques et des dossiers militaires publiés par WikiLeaks, mettant ainsi des vies en danger.