đâđš Julian Assange : le sabotage est solidaritĂ© quand dire la vĂ©ritĂ© fait figure de trahison
La véritable voie de la démocratie exige la libération immédiate d'Assange et la fin de la domination américaine qui infecte dangereusement la politique internationale.
đâđš Julian Assange : le sabotage est une solidaritĂ© quand dire la vĂ©ritĂ© fait figure de trahison
Par Megan Sherman, le 13 novembre 2023
Julian Assange est un martyr de la paix internationale, et sera certainement rétrospectivement plébiscité avec le temps. Il est un rare exemple d'une personnalité publique réellement digne des honneurs et de l'admiration, bien que le verdict de Washington fasse de lui un ennemi public à expulser de la surface de la terre, un méchant unidimensionnel réduit à néant.
Il n'est pas au-dessus de la loi, mais d'une certaine maniÚre, il est en deçà de la justice ?
Le fait qu'Assange sĂ©journe dans le cercueil de bĂ©ton de la prison de Belmarsh constitue la plus grave erreur judiciaire : une existence Ă©prouvante dans une atmosphĂšre rĂ©pressive et dure qui dĂ©laisse l'Ăąme et opprime mĂȘme l'intellect le plus vif. Que des criminels de guerre assoiffĂ©s de sang, qui ont fait du Moyen-Orient un cimetiĂšre d'innocents et bombardĂ© sa civilisation jusqu'Ă l'extinction, soient en libertĂ© - tout en profitant de leur rĂ©putation - est plus que scandaleux.
Cet Ă©tat de fait est en contradiction avec la notion selon laquelle les politiques de nos nations sont âĂ©voluĂ©esâ.
Au moins pendant la majeure partie de notre histoire récente, le journalisme n'a pas été considéré comme un crime. Il s'agit en fait d'une institution renommée, considérée comme un élément fondamental de contrÎle et d'équilibre du pouvoir, alors que les gouvernements ont été pervertis et corrompus. Le grand jury de Wikileaks a été créé dans une démarche stratégique de pure arrogance et d'orgueil visant à contrebalancer et à conspirer contre la force révolutionnaire qu'Assange a déclenchée. Il tente d'établir un précédent juridique rendant illégale la diffusion de faits réels et authentiques.
L'enquĂȘte du grand jury tente de façonner un mĂ©canisme formel accordant une prĂ©rogative illimitĂ©e Ă l'Ătat pour faire taire les dissidents, une Ă©volution qui serait absolument fatale aux prĂ©ceptes libertaires de la constitution amĂ©ricaine. C'est en fin de compte l'objectif fondamental des poursuites systĂ©matiques contre les lanceurs d'alerte : une superpuissance fragile qui cherche Ă se prĂ©munir contre le mĂ©contentement du public en dĂ©truisant l'architecture de la dĂ©mocratie qui lui permet de faire valoir ses propres intĂ©rĂȘts.
Les poursuites visent Ă supprimer les informations jugĂ©es politiquement inopportunes ou flatteuses pour la classe dirigeante, bien qu'il soit dans l'intĂ©rĂȘt du public d'ĂȘtre libĂ©rĂ© du champ secret et privĂ© qui les dissimule.
Le radicalisme de l'activisme cypherpunk
Assange constitue une manifestation vitale - mais nĂ©anmoins singuliĂšre - du mouvement renĂ©gat cypherpunk. Il est entourĂ© d'une lĂ©gion de codeurs Ă©thiques, dont certains - je pense notamment Ă Aaron Schwartz - ont payĂ© de leur vie leur contribution Ă la dĂ©mocratisation de la technologie informatique. Cela est perçu comme une menace existentielle par l'Ătat sĂ©curitaire, dont tout l'Ă©difice repose sur l'asymĂ©trie du pouvoir et de l'accĂšs aux technologies naissantes basĂ©es sur le web.
On peut dire avec justesse qu'Assange est un ingĂ©nieur systĂšme qui a transfĂ©rĂ© ses compĂ©tences d'ingĂ©nieur en informatique vers des systĂšmes politiques dĂ©faillants. Toutefois, les Ă©lites ont tout intĂ©rĂȘt Ă ce que le systĂšme reste en panne, car leurs projets ne pourraient jamais aboutir dans une sociĂ©tĂ© libre et Ă©quitable.
L'activisme des données, tel que le prÎne Assange, sape et déstabilise les systÚmes de contrÎle de l'information utilisés contre le peuple par des agences totalement anticonstitutionnelles non soumises à l'influence modératrice de la surveillance démocratique.
Nombreux sont ceux qui ne sont pas conscients de la tyrannie qui nous assaille en tant que vassaux du pouvoir capitaliste. L'establishment des entreprises a lancé de vastes recherches sur la psychologie des consommateurs tout au long de son rÚgne, et sait parfaitement comment créer une propagande efficace, faisant figure de pionnier dans l'utilisation de la publicité d'entreprise et des relations publiques pour manipuler les citoyens.
Dans le mĂȘme temps, une conscience de masse se dĂ©veloppe constamment au sein de la sociĂ©tĂ© civile, dont la majeure partie semble issue de l'explosion de Wikileaks, qui a rĂ©vĂ©lĂ© les malversations des Ătats-Unis.
L'humanitaire : un moteur de progrĂšs
Pire encore que d'ĂȘtre dĂ©tenu sur la base d'une fiction et d'une mascarade, Assange est Ă©galement enfermĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e, en violation flagrante des normes humanitaires.
Les normes en matiĂšre de droits de l'homme sont des principes de conduite des Ătats mutuellement consentis et soutenus par la majoritĂ© du monde - et en particulier par le groupe des Nations unies. Les institutions de gouvernance mondiale qui surveillent la mise en Ćuvre de ces principes sont ouvertement et expressĂ©ment unies dans leur opposition Ă la persĂ©cution draconienne et Ă la sanction extraterritoriale illĂ©gale d'Assange - une vendetta politique motivĂ©e par la rancune, la mĂ©chancetĂ© et la haine pure et simple.
Il est conseillĂ© de consulter les travaux de Nils Melzer, rapporteur des Nations unies sur la torture, l'une des voix les plus essentielles et les plus Ă©loquentes sur la saga Assange, qui explique habilement les raisons pour lesquelles la quĂȘte de l'extradition par les Ătats-Unis est un exemple paradigmatique de violation des droits de l'homme.
On dit souvent des "Ătats voyous" que leurs violations et leur indiffĂ©rence Ă l'Ă©gard des droits de l'homme sont autant de preuves de leur corruption - et donc de la nĂ©cessitĂ© d'un changement de rĂ©gime. On peut donc dire que cette pratique de la tyrannie est Ă©galement caractĂ©ristique de la façon dont les Ătats-Unis se conduisent. Pour paraphraser une citation d'Assange lui-mĂȘme, la violation dĂ©libĂ©rĂ©e des rĂšgles contraignantes par la classe dirigeante est ce qui lui permet de se croire puissante.
Ce que l'on appelle âl'ordre fondĂ© sur des rĂšglesâ
Les normes en matiĂšre de droits de l'homme constituent des protocoles et des procĂ©dures censĂ©s Ă©tayer un âordre fondĂ© sur des rĂšglesâ global, apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la communautĂ© internationale s'est unie dans un Ă©tat d'esprit de conscience et de coordination salutaire. Il est Ă©vident que le systĂšme de Bretton-Woods de cette Ă©poque et sa manipulation de l'infrastructure financiĂšre mondiale pour satisfaire la classe dirigeante constituent un dĂ©veloppement rĂ©gressif, rĂ©prĂ©hensible et abominable.
Néanmoins, la transformation plus large de la société civile mondiale, qui n'est plus caractérisée par un nationalisme agressif et belliqueux, mais par une sphÚre axée sur la coopération multilatérale, est sans doute l'une des évolutions les plus progressistes et porteuses d'espoir de l'histoire récente.
L'espoir de sauver Assange de l'emprise de ses tortionnaires et de l'emmener dans un refuge est largement du ressort de la communautĂ© internationale. La persistance de son opposition fermement exprimĂ©e contre les fantasmes du pouvoir tyrannique des Ătats-Unis est une source de positivitĂ© ; une flamme qui s'Ă©lĂšve au-dessus d'une mer de trahison douteuse, requĂ©rant l'attention de tous les amoureux de la libertĂ©.
Dans une ambiance sombre et grave, le monde de l'aprĂšs-guerre s'est uni pour mettre en place un projet humanitaire, conscient de la nĂ©cessitĂ© urgente de crĂ©er une architecture lĂ©gislative internationale empĂȘchant la rĂ©pĂ©tition de tragĂ©dies telles qu'elles ont Ă©tĂ© initiĂ©es par Hitler.
Wikileaks, une apostasie
L'Ătat de sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricain Ă l'origine du bourbier juridique d'Assange est un exemple paradigmatique du double standard flagrant dans les relations internationales, excusant le comportement de certains Ătats qui, chez d'autres, sont condamnĂ©s et servent de prĂ©texte Ă un changement de rĂ©gime par la force. Les doctrines qui sous-tendent l'hĂ©gĂ©monie amĂ©ricaine revĂȘtent une dimension confessionnelle : les anti-impĂ©rialistes sont essentiellement des apostats et des hĂ©rĂ©tiques.
Une comprĂ©hension prĂ©cise de l'Ă©quilibre rĂ©el des pouvoirs exige une inversion totale de la ârĂ©alitĂ©â perçue, transmise aux citoyens dans le cadre d'une grande stratĂ©gie de gestion de la perception. L'objectif principal de l'empire et du contenu qu'il introduit dans le dialogue public est de gĂ©nĂ©rer une complicitĂ© passive dans la progression du complexe militaro-industriel, qui nous propulse vers le massacre et l'effondrement de la civilisation.
Les méthodes, les tactiques et la démarche de Wikileaks constituent un défi de taille à la réalisation de leurs plans corrompus.
Le réseau impérial et sa résistance
La politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine, au cĆur du malaise mondial, s'appuie sur la puissance stupĂ©fiante d'un rĂ©seau d'alliĂ©s - nations, services secrets et cartels mĂ©diatiques - qui fonctionnent comme des artĂšres vitales sous la peau du corps politique impĂ©rial, alimentant son cĆur en force et en vitalitĂ©. Cette alliance impie se situe au sommet d'un ordre mondial Ă la fois taillĂ© dans la barbarie unilatĂ©rale insensĂ©e des faucons nĂ©olibĂ©raux - tout en envahissant simultanĂ©ment des nations moins puissantes pour y rĂ©gner.
La traque d'Assange est l'inévitable manifestation d'une pathologie perverse née au plus profond de la machine washingtonienne hostile à la vraie liberté. La véritable voie de la démocratie exige la libération immédiate d'Assange et la fin de la domination américaine qui infecte dangereusement la politique internationale.
Dans une Úre dystopique définie par le totalitarisme de la surveillance mondiale, Assange et ses vertus sont le symbole de liberté dont nous avons désespérément besoin. Dans les temps à venir, le sort de la civilisation va se jouer - et il est impératif que nous ne laissions pas les barbares prospérer. Il est temps de déclencher une illustre émeute et de prendre d'assaut la Bastille de Belmarsh.