đâđš Julian Assange "n'a plus beaucoup de temps, nous devons le libĂ©rer", dit sa femme Stella Moris Ă franceinfo
La détérioration de la liberté d'expression, la criminalisation du journalisme, du droit du public à savoir la vérité dissuaderont les journalistes, à cause de ce qui arrive à Julian Assange.
đâđš Julian Assange "n'a plus beaucoup de temps, nous devons le libĂ©rer", dit sa femme Stella Morris Ă franceinfo
đ° Propos recueillis par Paola Guzzo - franceinfo, le 12 novembre 2022
Depuis dix ans, le lanceur d'alerte à l'origine de Wikileaks, Julian Assange, n'est plus libre de ses mouvements. D'abord réfugié pendant sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres, il est détenu depuis trois ans à la prison de Belmarsh, au Royaume-Uni.
"Les conditions de détention sont trÚs dures, sa santé ne fait que décliner", témoigne la femme (et ex-avocate) de Julian Assange, Stella Moris. Elle est en France à l'occasion des Rencontres annuelles des lanceurs d'alerte, dont la septiÚme édition se tient à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). franceinfo l'a rencontrée.
franceinfo : Comment va Julian Assange aujourdâhui ? Â
Stella Morris : Il est dans la prison de haute sĂ©curitĂ© de Belmarsh depuis le 11 avril 2019, quand il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă la sortie de lâambassade d'Equateur, et sa santĂ© nâa fait que dĂ©cliner depuis ce jour. Les conditions de dĂ©tention sont trĂšs dures. Il a eu un mini-avc en octobre lâannĂ©e derniĂšre. Et câest bien sĂ»r trĂšs difficile pour lui dâĂȘtre en isolement. Il ne purge aucune peine, il est lĂ parce que les Etats-Unis veulent son extradition parce quâil a fait son travail. Â
OĂč en ĂȘtes-vous, dans le combat pour son extradition ?Â
Julian a fait appel de la dĂ©cision du gouvernement britannique, qui a acceptĂ© son extradition. Depuis cette dĂ©cision de janvier 2021, nous avons dĂ©couvert qu'il y avait eu des plans pour assassiner Julian dans lâambassade, pour le kidnapper etc., lorsque Mike Pompeo Ă©tait Ă la tĂȘte de la CIA. Donc nous dĂ©fendons le fait que Julian ne peut pas ĂȘtre extradĂ© vers le pays qui a tentĂ© de prĂ©voir son assassinat.Â
Nous ne savons mĂȘme pas sâil pourra faire appel. Il peut aussi tenter de faire appel auprĂšs de la Cour europĂ©enne des droits de lâHomme, mais le Royaume-Uni est en train de se dĂ©gager de ses obligations auprĂšs de cette Cour. Â
"Ma plus grande peur est que Julian ne survive pas Ă cette procĂ©dure. Sâil est extradĂ© il sera mis en isolement extrĂȘme aux Etats-Unis, mais il est en danger mĂȘme en ce moment. Nous avons des enfants en bas Ăąge, il devrait ĂȘtre Ă la maison, il devrait ĂȘtre libre."
Pensez-vous quâaujourdâhui la situation a changĂ©, que les rĂ©vĂ©lations des lanceurs dâalerte sont accueillies diffĂ©remment ? Â
Quand Wikileaks a publiĂ© les fichiers sur lâIrak, lâAfghanistan, Guantanamo Bay et les liens diplomatique, raison pour laquelle Julian risque une peine de 175 ans de prison, la presse Ă©tait bien plus protĂ©gĂ©e. Il y a eu une dĂ©tĂ©rioration gĂ©nĂ©rale de la libertĂ© de la presse parce que sâils peuvent le faire Ă Julian Assange, ils peuvent le faire Ă nâimporte qui. Ils criminalisent lâactivitĂ© journalistique, le droit du public Ă savoir la vĂ©rité⊠Et ça a un vĂ©ritable effet dissuasif : le New York Times, le Washington Post, le Guardian ont dĂ©jĂ dit que cette affaire Ă©tait une menace Ă la libertĂ© de la presse. Quand ils recevront une information importante, ils ne la publieront pas Ă cause de ce qui arrive Ă Julian. Â
Comment voyez-vous les semaines qui viennent ?Â
Câest compliquĂ©, mais je sais que Julian nâa plus beaucoup de temps, nous devons le libĂ©rer et câest ce qui motive chacun de mes actes. Et la prise de conscience est de plus en plus forte. La prise de conscience doit ĂȘtre plus forte que les forces qui essaient de le rĂ©duire au silence et de le garder en prison.Â
La France a toujours Ă©tĂ© incroyablement importante. En fait, Julian a codĂ© Wikileaks depuis la France, il Ă©tait basĂ© ici pendant des annĂ©es. La France est lâun des pays qui respectent le plus les droits de lâhomme.Â