đâđš Kevin Gosztola - La CIA et l'espionnage qui a violĂ© la vie privĂ©e des visiteurs d'Assange: de nombreux points Ă dĂ©couvrir.
Fait important: le juge en charge de lâaffaire, dĂ©jĂ saisi d'un cas impliquant WikiLeaks, avait statuĂ© le droit absolu de publier, comme n'importe qui aux Ătats-Unis en vertu du Premier Amendement.
đâđš La CIA et l'espionnage qui a violĂ© la vie privĂ©e des visiteurs d'Assange : de nombreux points Ă dĂ©couvrir.
đ° Kevin Gosztola đŠ@kgosztola, le 21 novembre 2022
Fait important: le juge Koeltl, en charge de lâaffaire, dĂ©jĂ saisi d'un cas impliquant WikiLeaks, avait statuĂ© le droit absolu de WikiLeaks de publier, comme n'importe qui aux Ătats-Unis en vertu du Premier Amendement.
et qu'il s'Ă©tait dĂ©jĂ prononcĂ© en faveur de la protection de la libertĂ© de la presse lorsque le prĂ©sident du ComitĂ© national dĂ©mocrate, Tom Perez, avait tentĂ© d'assimiler WikiLeaks Ă des agents russes prĂ©sumĂ©s et Ă la campagne Trump, en ce qui concerne leurs exemples prĂ©sumĂ©s d'ingĂ©rence dans l'Ă©lection de 2016. Il avait alors statuĂ© que si vous obtenez des documents piratĂ©s, ce qu'a fait WikiLeaks, vous ĂȘtes en droit absolu de les publier comme n'importe qui aux Ătats-Unis en vertu du Premier Amendement.
Chaque gouvernement fédéral, chaque branche du gouvernement doit rester dans la limite de la légalité. Notre procÚs teste vraiment ces limites pour voir si oui ou non le gouvernement, la CIA en particulier et Mike Pompeo, ont vraiment passé les bornes.
En aoĂ»t, une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e contre la CIA, l'ancien directeur de la CIA Mike Pompeo, UC Global et le directeur d'UC Global David Morales. Selon cette plainte, les AmĂ©ricains qui ont rendu visite au fondateur de WikiLeaks Julian Assange lorsqu'il vivait dans l'ambassade d'Ăquateur ont vu leur droit Ă la vie privĂ©e violĂ©.
L'avocat Richard Roth a déposé une plainte au nom de deux avocates, Deborah Hrbek et Margaret Ratner-Kunstler, et de deux journalistes, Charles Glass et John Goetz. Ils ont été espionnés par l'opération soutenue par la CIA lors de leur rencontre avec Assange.
L'action en justice sera examinée par un tribunal américain du district sud de New York. Elle a été confiée au juge John Koeltl.
Kevin Gosztola s'est récemment entretenu avec Richard au sujet de l'état d'avancement de l'action en justice et de la suite des événements.
Ci-dessous l'interview de Richard ainsi qu'une transcription.
đ GOSZTOLA : OĂč en est cette affaire ?
ROTH : Nous avons dĂ©posĂ© une plainte, qui a fait l'objet d'une attention considĂ©rable (pour de bonnes raisons). Et nous sommes en train de signifier l'assignation et la plainte. Nous l'avons signifiĂ©e Ă Mike Pompeo. Nous l'avons signifiĂ©e Ă la CIA, c'est-Ă -dire au bureau du procureur des Ătats-Unis qui reprĂ©sente la CIA. Et nous sommes en train de la signifier Ă deux Espagnols - une entitĂ© et un individu - mais les deux dĂ©fendeurs vivent en Espagne.
Une fois que nous aurons terminé, nous aurons un planning de déroulement de notre audience. Si je ne m'abuse, c'est le 17 janvier, et nous établirons une feuille de route pour la procédure préalable et enfin le procÚs pour cette affaire.
đ GOSZTOLA : Je sais que l'un des enjeux de cette affaire est de prouver que les droits des personnes ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement violĂ©s. En particulier, quand on implique la Central Intelligence Agency, il faut avoir la qualitĂ© pour agir. Si vous alliez Ă la Cour demain et que vous deviez prouver au juge que vous avez la qualitĂ© pour agir, que diriez-vous au juge ?
ROTH : Excellente question. J'aime la façon dont vous la posez astucieusement. En rĂ©sumĂ©, je dirais ce qui suit. Nous avons quatre individus amĂ©ricains, tous sur le sol de l'ambassade. C'est le territoire de la diplomatie. Et chacun d'entre eux est protĂ©gĂ© par le QuatriĂšme Amendement. Ce QuatriĂšme Amendement offre une protection contre toute fouille et saisie - que vous soyez aux Ătats-Unis ou au Bangladesh - pour tout citoyen amĂ©ricain.
Ici, il se trouve qu'ils Ă©taient Ă Londres Ă l'ambassade d'Ăquateur, et parce qu'ils sont citoyens amĂ©ricains, ces droits n'ont pas Ă ĂȘtre violĂ©s, ils n'ont pas Ă ĂȘtre surveillĂ©s par la CIA ou toute autre entitĂ© gouvernementale. Il y a un processus, Votre Honneur, et le processus exige essentiellement que la CIA, ou qui que ce soit qui souhaite enregistrer des conversations, aille chercher un mandat de perquisition. Ils doivent dĂ©montrer un motif raisonnable. Ils doivent aller devant un juge. Ils doivent obtenir une ordonnance.
Ce n'est qu'aprÚs ces étapes qu'ils peuvent effectivement écouter ou copier des conversations. Sans cela, nous avons la qualité pour agir, et c'est une violation du quatriÚme amendement.
đ GOSZTOLA : Juste pour ĂȘtre sĂ»r de faire le tour de la question, jusqu'Ă prĂ©sent, y a-t-il des rĂ©ponses des avocats ou des juristes qui vont reprĂ©senter la CIA ? Je sais que vous avez adressĂ© une plainte Ă Mike Pompeo Ă titre privĂ©. Avez-vous reçu une rĂ©ponse ?
ROTH : Non. Ils ont gardĂ© le silence radio. Une chose que nous savons, et qui nous donne une Ă©norme confiance, c'est qu'il y a un procĂšs en cours en Espagne, et El PaĂs, qui est le plus grand journal, en parle frĂ©quemment. Et nous avons accumulĂ© une sĂ©rie d'informations provenant de ce procĂšs espagnol. Nous sommes donc trĂšs confiants dans notre position. Nous pensons que nous pouvons prouver ce que nous voulons prouver, mais Ă ce jour, personne n'a donnĂ© de rĂ©ponse.
đ GOSZTOLA : Une partie du procĂšs que vous allez intenter est rendue possible par un certain travail journalistique, comme vous le dites. Nous avons El PaĂs qui a enquĂȘtĂ©. Nous avons Yahoo ! News de septembre 2021 qui a rĂ©vĂ©lĂ© certains dĂ©tails et qui a fait de Mike Pompeo un personnage central. Donc beaucoup de preuves prĂ©sentĂ©es au tribunal, une grande partie d'entre elles est dĂ©sormais publique. Mais en intentant ce procĂšs, vous pensez qu'il y aura une opportunitĂ© pour une phase de dĂ©couverte afin d'enquĂȘter et de dĂ©couvrir encore plus de dĂ©tails sur les violations des droits Ă la vie privĂ©e des gens.
ROTH : Nous estimons que la quantité de documents à découvrir est énorme. Nous croyons qu'il y a des centaines de communications par et entre les défendeurs, qui sont arrivées jusqu'aux bureaux de la CIA à New York et à Washington (a minima). Nous pensons avoir droit à l'ensemble de ces communications. Nous pensons que nous avons également droit à ce qu'elles représentaient réellement. Rappelez-vous, les arguments sont que lorsque vous vous rendiez à l'ambassade, vous donniez au personnel de l'ambassade tous les appareils informatiques en votre possession, que ce soit un téléphone, un iPad, un ordinateur portable. Et ils ont tout enregistré pendant nos entretiens avec Assange.
Nous pourrons donc obtenir une quantité énorme d'informations, et nous avons hùte que le juge nous donne l'occasion de le faire.
đ GOSZTOLA : Vous pensez que cela aurait pu affecter potentiellement plus d'un millier de personnes des Ătats-Unis, que vous pourriez considĂ©rer comme des citoyens amĂ©ricains d'une maniĂšre ou d'une autre. Mettez cela en perspective. En termes d'une affaire impliquant le droit Ă la vie privĂ©e des gens, qu'est-ce que cela signifie vraiment ? Que signifie ce chiffre ?
ROTH : Ce nombre concerne toute personne qui s'est rendue Ă l'ambassade. Rappelez-vous que Julian Assange y est restĂ© sept ans. Il avait des amis. Il avait de la famille. Il avait des mĂ©decins. Des journalistes. Des gens avec qui il travaillait, et des avocats lui ont rendu visite. Ce nombre ne comprend donc pas uniquement des citoyens amĂ©ricains, qui ne peuvent pas tous ĂȘtre des plaignants, mais des personnes se sont manifestĂ©es depuis le dĂ©pĂŽt de la plainte en disant : "Je suis un citoyen amĂ©ricain. Je veux ĂȘtre un plaignant.
Cela signifie beaucoup, car non seulement la CIA a violé le QuatriÚme Amendement en collectant à tort des informations sur tout le monde, mais elle a aussi violé beaucoup d'autres choses, comme par exemple le privilÚge avocat-client dont bénéficie tout avocat. Si je vous représentais, toutes les communications que nous aurions, orales ou écrites, seraient confidentielles. En entrant et en écoutant les conversations entre Assange et Mme Hrbek ou Mme Kunstler, la CIA a essentiellement violé le caractÚre sacré du privilÚge avocat-client.
De plus, si elle a piratĂ©, comme nous l'avons prĂ©tendu, les ordinateurs de ces avocats, elle dĂ©tient des renseignements confidentiels sur les avocats, qui ne concernent mĂȘme pas Assange. Deborah Hrbek a donc un mĂ©mo Ă un client, Ă son client, dans son ordinateur, et la CIA en a fait une copie. Ils ont ensuite d'autres renseignements, qui n'ont rien Ă voir avec Assange.
Ajoutez à cela qu'Assange voyait des médecins et qu'ils ont des renseignements sur les relations médecin-patient. Donc, nous pensons qu'ils ont un grand nombre d'informations, toutes illégales, que nous souhaitons obtenir.
đ GOSZTOLA : Puis, bien sĂ»r, il y a les deux journalistes. Vous avez Charles Glass et John Goetz, et ces deux individus en tant que journalistes - du moins en ce qui concerne les normes admises au sein de la sociĂ©tĂ© aux Ătats-Unis - ne devraient pas ĂȘtre explicitement ciblĂ©s.
Et je suppose qu'il est utile de souligner, alors que ce procĂšs se dĂ©roule, que le ministĂšre de la Justice a maintenant dĂ©cidĂ© qu'il n'Ă©tait pas censĂ© cibler les journalistes. Cela revient Ă leur permettre de devenir des dommages collatĂ©raux dans les poursuites, qu'il s'agisse de fuites ou d'autres enquĂȘtes criminelles. Donc, il ne pourrait pas y avoir de justification pour cibler les deux journalistes
Ils pourraient, je suppose, faire valoir rĂ©trospectivement qu'ils disposaient d'une raison valable s'ils pensent qu'ils Ă©taient espionnĂ©s dans le cadre d'une enquĂȘte criminelle. Mais dans l'ensemble, nous reconnaissons que ces personnes ont droit Ă leur vie privĂ©e.
ROTH : Absolument. Nous avons donc des journalistes qui sont allĂ©s interviewer Assange, qui sont entrĂ©s dans lâambassade, et la CIA les a enregistrĂ©s. Pouvez-vous imaginer ce que cela fait au journalisme d'investigation, si un journaliste d'enquĂȘte se rend compte qu'il est enregistrĂ© par la CIA ?
Et pour couronner le tout, des médecins sont allés voir Julian Assange. Il bénéficie du privilÚge médecin-patient. S'il va voir un médecin pour un malaise ou une maladie, pourquoi diable la CIA aurait-elle droit à cette information ?
Oui, journalistes, mĂ©decins, avocats. C'est juste vraiment, vraiment inappropriĂ©. Cela va trop loin, et l'ironie, c'est que les Ătats-Unis ont inculpĂ© Julian Assange pour avoir essentiellement divulguĂ© des informations de maniĂšre illicite. Pendant ce temps, que fait la CIA ? Elle est bien pire qu'Assange, car elle s'empare illĂ©galement d'informations confidentielles. C'est intĂ©ressant de voir comment ce qui est bon pour les uns n'est pas nĂ©cessairement bon pour les autres.
đ GOSZTOLA : Vous dites que des gens sont venus vous voir pour affirmer qu'ils ont aussi Ă©tĂ© espionnĂ©s. Y a-t-il une chance que cela soit certifiĂ© comme une sorte de recours collectif pour un certain nombre de personnes ciblĂ©es ?
ROTH : Oui, des personnes sont venues nous voir. Nous excluons certaines d'entre elles parce qu'elles ne sont pas des citoyens amĂ©ricains. Demain, je dois en rencontrer une autre. Il y a une chance que cela aille vers un recours collectif, bien que le but ne soit pas de compliquer le litige. Par dĂ©finition, les recours collectifs compliquent le processus parce qu'il faut qualifier la requĂȘte, et des motions sont prĂ©sentĂ©es Ă ce sujet.
Notre but ici est essentiellement de déposer un recours pour les quatre personnes venues nous voir, et de dire "écoutez, vous ne pouvez pas faire ça". Donc pour l'instant, nos seuls clients sont ces quatre personnes, mais il est probable que cela s'étende.
đ GOSZTOLA : Il faut souligner que ce que vous faites est un contrĂŽle prĂ©cieux du pouvoir de l'exĂ©cutif, alors qu'en fait, ce que nous avons vu, c'est un incroyable manque d'intĂ©rĂȘt et d'action de la part du pouvoir lĂ©gislatif pour enquĂȘter. En d'autres termes, nous savons que la commission du renseignement de la Chambre des reprĂ©sentants, ou celle du SĂ©nat, pourrait trouver trĂšs troublant que la CIA se soit livrĂ©e Ă cette activitĂ© au mĂ©pris du statut de poste diplomatique.
Je ne peux pas imaginer ce qui se passerait si nous dĂ©couvrions qu'un pays ciblait explicitement une ambassade [des Ătats-Unis] alors qu'elle accueillait un demandeur d'asile, ou qu'une puissance rivale ciblait les personnes qui entraient et sortaient, et qu'elle enquĂȘtait sur ces visiteurs. Qu'ils ont violĂ© leur vie privĂ©e. Nous savons Ă quel point le DĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain serait indignĂ©, mais il n'y a pas eu d'Ă©valuation ou de rĂ©ponse publique Ă ce sujet.
Votre action en justice est essentielle, Ă mon avis, car elle permet de rĂ©vĂ©ler tout cela au grand jour. Parce que mĂȘme si, pour une raison ou une autre, la CIA parvient Ă Ă©touffer cette action en justice - ou que Pompeo parvient Ă Ă©touffer votre action en justice - vous avez au moins fait de cette question un enjeu public.
ROTH : C'est exact. Et n'oublions pas, que non seulement ils se sont introduits et ont copiĂ© le contenu de chacun des ordinateurs, ordinateurs portables et tĂ©lĂ©phones des plaignants, alors qu'ils les laissaient Ă la sĂ©curitĂ©, mais que la CIA avait des dispositifs d'enregistrement, audio et vidĂ©o, dans la salle de confĂ©rence oĂč les rĂ©unions avaient lieu avec Assange. Ils ont donc tout, et ce que nous apprenons dans l'affaire espagnole, c'est que ces personnes qui travaillaient pour UC Global demandaient essentiellement Ă leurs patrons le pourquoi de ces enregistrements et de ces envois Ă Washington. Ils ne comprenaient pas ce que Washington avait Ă voir avec ça.
Certains employés de cette société étaient coincés au milieu de tout cela. Ils voulaient garder leur emploi, et ils ne comprenaient pas pourquoi des renseignements sur Julian Assange seraient transmis à la CIA. Nous avons donc des informations trÚs, trÚs accablantes contre la CIA et Pompeo, et nous avons l'intention de les poursuivre.
đ GOSZTOLA : L'une de mes derniĂšres questions concerne la forme de cynisme autour de cette affaire. S'ils suivent de prĂšs l'affaire Assange et s'ils suivent les choses liĂ©es Ă cette opĂ©ration d'espionnage, ils ont peut-ĂȘtre vu que le tribunal espagnol a eu de grandes difficultĂ©s Ă obtenir des informations du ministĂšre de la Justice, Ă obtenir la concordance des faits. Je sais qu'ils veulent connaĂźtre les adresses IP, savoir qui Ă©tablissait ces connexions, oĂč Ă©taient ces ordinateurs, quels Ă©taient ces ordinateurs qui recevaient ces donnĂ©es.
Mais pourquoi ne prenez-vous pas un moment pour indiquer ce que vous pourrez faire en tant qu'avocat américain et devant un tribunal américain afin de forcer la découverte de ces informations. Il ne sera pas aussi facile de ne pas se conformer et de vous refuser des informations que le tribunal espagnol n'est pas en mesure d'obtenir.
ROTH : C'est tout Ă fait exact. Ce que nous avons appris de l'Ăšre Trump, de ces quatre annĂ©es, c'est qu'ils sont passĂ©s maĂźtres dans l'art d'Ă©viter les procĂ©dures. Ils ont Ă©vitĂ© tout ce que la cour espagnole a demandĂ©, mĂȘme par assignation. Nous savons ce qu'ils ont fait avec le comitĂ© du 6 janvier, oĂč ils ne voulaient pas produire de documents ni tĂ©moigner. Nous savons ce qui s'est passĂ© avec la procĂ©dure de destitution et l'ensemble de l'organisation prĂ©sidentielle.
Donc, ils sont globalement trÚs bons pour faire de l'obstruction ou refuser de produire des informations. Récemment, lorsque la production des documents fiscaux a été ordonnée, Trump a encore fait appel.
Pour rĂ©pondre Ă votre question, [le tribunal espagnol] n'a pas l'autoritĂ© d'un juge fĂ©dĂ©ral. Un juge de la cour fĂ©dĂ©rale a Ă©tĂ© nommĂ© pour cette affaire, un type du nom de Juge Koeltl. Comme c'est le cas pour tous les juges de la cour fĂ©dĂ©rale, il a Ă©tĂ© nommĂ© par le prĂ©sident des Ătats-Unis. Ils ont un pouvoir Ă©norme. Ils peuvent obliger Mike Pompeo et la CIA Ă produire des documents. S'ils ne le font pas, ils peuvent ĂȘtre accusĂ©s d'outrage au tribunal et aller en prison.
Un juge de tribunal fĂ©dĂ©ral, quelqu'un avec qui on ne badine pas, quel qu'il soit, ne permet pas jouer aux petits jeux auxquels ils se sont livrĂ©s en Espagne avec le tribunal espagnol. Ils ont jouĂ© avec le comitĂ© du 6 janvier. Ils ont jouĂ© avec d'autres organisations. Maintenant, il sâagit dâun juge fĂ©dĂ©ral, et le juge va leur dire : je veux que vous produisiez ce document, et je veux que vous le produisiez maintenant. Cela va nous aider beaucoup plus que n'importe quel autre litige devant une autre organisation Ă©trangĂšre.
đ GOSZTOLA : Il est important de mentionner que le juge Koeltl avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© saisi d'une affaire impliquant WikiLeaks et qu'il s'Ă©tait dĂ©jĂ prononcĂ© en faveur de la protection de la libertĂ© de la presse lorsque le prĂ©sident du ComitĂ© national dĂ©mocrate, Tom Perez, avait tentĂ© d'assimiler WikiLeaks Ă des agents russes prĂ©sumĂ©s et Ă la campagne Trump, en ce qui concerne leurs exemples prĂ©sumĂ©s d'ingĂ©rence dans l'Ă©lection de 2016. Il a statuĂ© que si vous obtenez des documents piratĂ©s, ce qu'a fait WikiLeaks, vous ĂȘtes en droit absolu de les publier comme n'importe qui aux Ătats-Unis en vertu du Premier Amendement.
C'est appréciable de pouvoir compter sur quelqu'un qui va présider cette affaire, qui a un historique avec WikiLeaks, qui ne va pas simplement conclure qu'il s'agit de Julian Assange et réagir de façon irrationnelle à vos efforts.
ROTH : Je pense que nous sommes trÚs chanceux d'avoir le juge Koeltl, pas nécessairement à cause de cette décision antérieure, mais à cause de son expérience. Il est diplÎmé de Harvard. Il a travaillé dans un grand cabinet d'avocats. Il a été impliqué dans l'équipe des poursuites du Watergate. Il a été nommé par le Président Bill Clinton en 1994. Donc, il est à la cour fédérale depuis presque 30 ans.
On ne peut déjà pas dire non à un juge de la cour fédérale qui est là depuis un an. Il y est depuis vingt-huit ans, je crois. Il est certain que c'est un grand avantage, et si le gouvernement fédéral veut s'en occuper, alors le juge Koeltl sera certainement de notre cÎté.
Il est trĂšs impartial, trĂšs professionnel. Il est mĂȘme incroyablement expĂ©rimentĂ©. Rien ne va lui Ă©chapper. Donc, nous avons de la chance d'avoir un juge avec une telle expĂ©rience et une telle endurance.
đ GOSZTOLA : La derniĂšre chose que je veux prĂ©ciser est que vous ne faites pas partie de l'Ă©quipe juridique de Julian Assange. Vous reprĂ©sentez ces personnes qui comparaissent ou comparaĂźtront devant le tribunal pour faire valoir que leurs droits Ă la vie privĂ©e ont Ă©tĂ© violĂ©s et prĂ©senter les preuves du mieux possible. Mais cette affaire d'extradition et la possibilitĂ© que Julian Assange soit jugĂ© aux Ătats-Unis seront en toile de fond et pourraient potentiellement se produire en mĂȘme temps que cette affaire se dĂ©roule devant le tribunal.
Voulez-vous dire quelque chose Ă propos de cette dynamique et de ce qu'elle signifie pour votre procĂšs ?
ROTH : Vous mettez en plein dans le mille. Il n'y a pas grand-chose Ă ajouter, sauf ceci: si la CIA a infiltrĂ© la salle de confĂ©rence d'Assange, Ă©coutant les conversations avec son avocat pour son affaire - rappelez-vous, il y a des annĂ©es, il a fait appel Ă un avocat trĂšs expĂ©rimentĂ© de Washington pour l'aider Ă se dĂ©fendre contre cet acte d'accusation, publiĂ© il y a trois ans, mais scellĂ© au dĂ©part. Pouvez-vous imaginer si la CIA, le gouvernement qui poursuit Assange, dĂ©tient dĂ©jĂ des conversations entre Assange et son avocat ? Et mĂȘme des documents ? Donc, ça sent vraiment mauvais.
Sinon, nous ne reprĂ©sentons pas Assange, en effet, mais mĂȘme en tant qu'avocat et quâAmĂ©ricain, j'ai du mal Ă accepter que le gouvernement aille illĂ©galement chercher des informations contre son adversaire.
Nous verrons comment cela se passe. Je ne suis pas certain de ce qui va se passer, mais il va probablement ĂȘtre extradĂ©, probablement jugĂ© en Virginie. C'est une affaire trĂšs compliquĂ©e, un cas difficile. Lâatteinte au Premier Amendement est flagrante dans cette affaire. Nous verrons donc ce qui va se passer, en lien avec ces informations illĂ©galement obtenues - qui sont un des objets de cette affaire.
đ GOSZTOLA : C'est en quelque sorte liĂ© parce que votre procĂšs va rĂ©ussir, espĂ©rons-le, Ă prouver plus encore que ce que nous savons dĂ©jĂ . Que la CIA Ă©tait liĂ©e Ă cette sociĂ©tĂ© de sĂ©curitĂ© privĂ©e. Je pense qu'il s'agit d'une demi-douzaine de personnes, le petit groupe qui assurait la sĂ©curitĂ© de l'ambassade d'Ăquateur.
Et j'espĂšre que nous serons en mesure d'Ă©tablir un lien avec cette entreprise grĂące Ă vos poursuites, et j'imagine que mĂȘme si ce n'est pas votre but dans l'immĂ©diat, cela pourrait ouvrir certaines ouvertures Ă la dĂ©fense d'Assange, Ă inclure dans ses preuves.
En fait, j'imagine que tout Ă©volue de la mĂȘme maniĂšre que les procĂ©dures d'extradition ont Ă©tĂ© affectĂ©es et influencĂ©es pĂ©riodiquement par ce qui se passe en Espagne. Tout simplement parce que ces questions sont liĂ©es. Comme vous le dites, si la CIA cible la personne que les Ătats-Unis tentent de poursuivre, il est difficile de croire que vous pourriez obtenir une justice Ă©quitable.
ROTH : C'est exactement cela. Et nous verrons comment cela se passe. Ce sont des affaires trÚs importantes, toutes les deux, dans notre pays. Ils ont une signification énorme. Nous croyons tous que la CIA et ses pouvoirs sont importants et que c'est une nécessité de savoir ce qui se passe en Ukraine et en Russie, de savoir ce qui se passe au Moyen-Orient. Mais chaque gouvernement fédéral, chaque organisation, chaque branche du gouvernement doit rester dans la limite de la légalité. Et notre procÚs teste vraiment ces limites pour voir si oui ou non le gouvernement, la CIA en général et Mike Pompeo en particulier, ont vraiment passé les bornes.
đ GOSZTOLA : Vous avez prĂ©cisĂ© que votre juge a Ă©tĂ© impliquĂ© dans les poursuites du Watergate, et il semble que nous soyons face Ă des excĂšs similaires ici. Et donc, ce n'est pas du jamais vu. Les AmĂ©ricains connaissent bien les pĂ©riodes de l'histoire au cours desquelles leurs agences gouvernementales ont passĂ© les bornes, ont piĂ©tinĂ© les droits, et ils savent que c'est le travail des gens, qu'il s'agisse d'avocats, de journalistes, de reprĂ©sentants Ă©lus, de juges et de tribunaux, de contenir ces personnes.
ROTH : C'est vrai. C'est intéressant. Ce ne sera pas facile. Nous aurons droit à beaucoup de piÚges et d'obstacles. Mais nous y arriverons.
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