👁🗨 Kit Klarenberg : Les médias occidentaux fabriquent le consentement au génocide de Gaza
Israël a toujours affiché son désir génocidaire à l'égard du peuple palestinien. Il nous incombe donc de pallier au refus des journalistes occidentaux de les prendre au mot, & d'agir en conséquence.
👁🗨 Les médias occidentaux fabriquent le consentement au génocide de Gaza
Par Kit Klarenberg, le 20 octobre 2023
La BBC a, à maintes reprises, donné l'impression de jeter les bases justificatives des attaques sionistes génocidaires avant qu'elles ne se produisent.
Depuis que les guerriers de la liberté palestiniens ont lancé l'opération “Al-Aqsa Flood” le 7 octobre, les réseaux occidentaux se sont concentrés de manière mono-maniaque sur les événements en “Israël” et à Gaza. Aucun autre sujet national ou étranger n'a apparemment plus la moindre importance. Il est cependant remarquable qu'aucune de ces informations ne permette aux lecteurs de comprendre véritablement ce qui s'est passé et pourquoi. Plus grave encore, ce déluge déforme, obscurcit et justifie même de manière préventive les atrocités sionistes contre des civils innocents.
Étant donné le rythme auquel les événements se déroulent, il est pratiquement impossible de suivre le volume de propagande mensongère ou carrément fausse et de dissimulation qui sort du discours et des comptes de réseaux sociaux des responsables sionistes, des experts et des think tanks, dûment régurgités sans questionnement et sans critique par les principaux organes d'information et les “journalistes” autoproclamés qu'ils emploient.
Néanmoins, l'absence totale de contexte est au cœur des fautes professionnelles et des malversations des médias. Cela empêche les lecteurs de comprendre les causes de l'opération Al-Aqsa et les solutions à y apporter. On pourrait trouver pire que de consulter les propos tenus par l'historien israélien Benny Morris en janvier 2004.
“Il ne peut y avoir d'État juif avec une minorité arabe forte et hostile en son sein, un tel État ne peut exister”, expliquait-il, notant qu’“un État juif n'aurait pu voir le jour sans le déracinement de 700 000 Palestiniens [...] il était donc nécessaire de les éradiquer”.
La même année, le démographe Arnon Sofer, de l'université de Haïfa, a présenté directement au gouvernement d'Ariel Sharon des plans détaillés pour enclaver la bande de Gaza. Il s'agissait de retirer entièrement les forces israéliennes de la région, et de mettre en place un système rigoureux de surveillance et de sécurité afin de garantir que rien ni personne n'entre ou ne sorte sans l'aval des sionistes. Il s'attendait à des résultats désastreux :
“Lorsque 2,5 millions de personnes vivront dans une bande de Gaza fermée, ce sera une catastrophe humanitaire. Ces gens deviendront des animaux encore plus dangereux qu'ils ne le sont aujourd'hui... La pression à la frontière sera terrible. Ce sera une guerre terrible. Alors, si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer, tuer et encore tuer. Toute la journée, tous les jours... La seule chose qui me préoccupe, c'est de savoir comment faire en sorte que les garçons et les hommes qui vont devoir tuer puissent rentrer chez eux, retrouver leur famille et redevenir des êtres humains normaux”.
Échapper à toute surveillance
Comme Al Mayadeen l'a révélé le 21 septembre, des dossiers déclassifiés montrent que, dès les années 1960, les services secrets britanniques étaient rompus à l'art de conditionner subrepticement des informations militarisées servant des objectifs de guerre psychologique spécifiques sous la forme d'informations inoffensives et sans emphase, diffusées par la BBC et d'autres “organes médiatiques” que les espions londoniens “contrôlaient ou influençaient”. De cette manière, les campagnes de propagande éhontées avaient “beaucoup plus de chances d'être crues” par le public ciblé qui ne se doutait de rien.
Ces extraits révélateurs sont tout à fait opportuns aujourd'hui, étant donné que le radiodiffuseur public britannique a donné à plusieurs reprises l'impression de jeter les bases de la justification des attaques sionistes génocidaires avant qu'elles n'aient lieu. L'exemple le plus flagrant à ce jour est celui de la BBC qui, le 16 octobre, a cherché à savoir si le Hamas construisait des tunnels “sous les hôpitaux et les écoles”, apparemment en réponse à une question posée par un mystérieux “lecteur anonyme”.
La chaîne publique britannique a déclaré que le Hamas le faisait, affirmant, sur la base de “rapports” non corroborés, et d'une carte graphique fournie par les forces d'occupation israéliennes, que “certains passages ont des entrées situées au rez-de-chaussée de maisons, de mosquées, d'écoles et d'autres bâtiments publics pour permettre aux militants d'échapper à la détection”, les utilisant ainsi “efficacement comme boucliers humains”. Dès le lendemain, l'hôpital arabe al-Ahli de Gaza, qui regorgeait de centaines de patients blessés et de milliers de Palestiniens cherchant refuge contre l'assaut inexorable des frappes aériennes sionistes, a été pulvérisé par le ciel.
Les dégâts ont été absolument cataclysmiques et les estimations du nombre de morts varient entre 500 et 800. Même évaluée a minima, il s'agirait de la plus importante perte de vies humaines à Gaza depuis qu'“Israël” a fermé la zone au monde extérieur il y a près de vingt ans. Avant même que la poussière ne soit retombée dans l'hôpital, Hananya Naftali, un agent de l'armée de l'air israélienne “récemment rappelé de la ligne de front vers un autre front - la guerre numérique”, s'est vanté du carnage sur Twitter :
“L'armée de l'air israélienne a frappé une base terroriste du Hamas à l'intérieur d'un hôpital à Gaza. Un grand nombre [sic] de terroristes sont morts. Il est navrant que le Hamas lance des roquettes depuis des hôpitaux, des mosquées, des écoles et utilise des civils comme boucliers humains.”
Nakba 2.0
L'écho, dans ces propos, du “reportage banal” de la BBC, publié 24 heures plus tôt, est évident. Cependant, Naftali a supprimé ce message quelques heures plus tard. Le compte officiel de Netanyahou, qui qualifiait de façon perverse l'assaut de l'armée israélienne sur Gaza de “lutte entre les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres, entre l'humanité et la loi de la jungle”, a été presque immédiatement effacé. Le ministère israélien des affaires étrangères s'est empressé de publier une vidéo censée montrer une roquette palestinienne frappant l'hôpital.
Presque instantanément, les enquêteurs en ligne ont déterminé que le clip était une fraude, et il a été supprimé. Bien qu'un tel comportement et une telle falsification soient des signes évidents de culpabilité, les journalistes traditionnels persistent non seulement à refuser d'attribuer l'attaque de l'hôpital à l'un ou l'autre “camp”, mais aussi à exhorter leur public à ne pas tirer de conclusions hâtives et/ou à ne pas rejeter la faute sur les forces sionistes. Le rédacteur en chef vétéran de Sky News, Adam Boulton, est allé jusqu'à déclarer qu’“Israël n'avait rien à gagner dans cette affaire”.
Pourtant, “Tel Aviv” avait tout à gagner à détruire l'hôpital, tout comme il le fait en détruisant massivement les territoires occupés et tous ceux qui y vivent. Le blitz actuel sur Gaza vise à compléter l'objectif sioniste de longue date de purger toute la Palestine de sa population native, et de faire de ce qui reste un État mono-ethnique pour toujours. Au lendemain du lancement de l'opération Al-Aqsa Flood, de nombreux législateurs et responsables israéliens ont ouvertement appelé à une “Nakba 2.0”.
Ces horribles appels sont encore d'actualité aujourd'hui. Il en va de même pour une déclaration odieuse du ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Givr, publiée peu de temps après la destruction de l'hôpital arabe al-Ahli de Gaza :
“Tant que le Hamas ne libère pas les otages qu'il détient, la seule chose qui doit entrer à Gaza, ce sont des centaines de tonnes d'explosifs de l'armée de l'air, et pas une once d'aide humanitaire.”
Depuis de très nombreuses années, les sionistes ont clairement fait connaître leurs intentions génocidaires à l'égard du peuple palestinien. Il est donc urgent que nous fassions tous ce que les journalistes occidentaux refusent de faire. À savoir, les prendre au mot, et agir en conséquence.
Les opinions mentionnées dans cet article ne reflètent pas nécessairement l'opinion d'Al mayadeen, uniquement celle de son auteur.