👁🗨 La façade humanitaire du G7 mise à mal
La pratique consistant à exalter l'occupant & ses mécanismes d'apartheid est en phase avec les coups portés au Conseil de sécurité de l'ONU par Washington, principal influenceur des orientations du G7
👁🗨 La façade humanitaire du G7 mise à mal
Al Mayadeen English, le 17 novembre 2023
Pour un groupe de démocraties privilégiées qui ne cesse de revendiquer la défense des droits de l'homme en Occident, donner carte blanche au génocide de l'occupation à Gaza par le Groupe des Sept (G7) est injustifiable. Des États individuels qui se portaient autrefois activement garants d'un ordre soi-disant “fondé sur des règles” s'insurgent aujourd'hui contre le droit inaliénable d'une population assiégée d'exister, de se réunir et de s'imposer face aux brutalités de l'occupation. En tant que groupe, la complicité du G7 dans le refus d'un cessez-le-feu est encore plus évidente : les pays s'alignent sur la dangereuse illusion d'une “pause humanitaire” qui favorise l'invasion terrestre israélienne, et montre que la reconnaissance de la paix palestinienne par le G7 n'est qu'un vœu pieux.
Reliez les points entre eux. Après que les ministres des affaires étrangères du Groupe des Sept (G7) ont publié une déclaration très cosmétique sur l'agression de Gaza, le bloc a continué à approuver les atrocités de l'occupation en refusant de replacer les droits des Palestiniens au cœur de sa coordination en matière de politique étrangère. Les principaux membres du bloc dominé par l'Occident restent silencieux alors que l'occupation intensifie son génocide au-delà de la barre des 11 100 victimes, dont des milliers d'enfants. Cela représente une personne sur 200, tandis que le Japon, qui préside le G7, ne manifeste qu'une sympathie de façade à l'égard de la Palestine et refuse de faire davantage pour demander des comptes sur les crimes de guerre perpétrés par l'occupation.
“Le gouvernement japonais devrait également dénoncer explicitement les crimes de guerre dont les autorités israéliennes sont responsables, notamment les coupures d'eau et d'électricité, qui constituent une forme de punition collective, et le blocage de toute aide humanitaire, à l'exception d'un filet d'eau”, a prévenu Human Rights Watch dans une évaluation accablante.
Pendant ce temps, Washington maintient sa pression sur l'Allemagne et d'autres alliés du G7 pour faire barrage au terme même “cessez-le-feu” dans le discours public. Ce lobbying flagrant en faveur de l'oppression met fin aux arguments en faveur d'une soi-disant “action urgente du G7 pour faire face à la détérioration de la crise humanitaire à Gaza”.
Commençons par le double langage flagrant de l'Allemagne sur la vie des Palestiniens et des Occidentaux. Le chancelier allemand Olaf Scholz a récemment exprimé sa désapprobation à l'égard d'un cessez-le-feu “immédiat” dans la bande de Gaza, adoptant une position apologétique à l'égard du génocide israélien et suggérant que les vies palestiniennes constituent des exceptions en matière de justice.
Pour un pays qui prétend défendre une position de principe contre les massacres de masse, les génocides historiques et le nettoyage ethnique, Berlin soutient la fiction selon laquelle un cessez-le-feu urgent pourrait nuire à l'occupation elle-même, concluant que les appels mondiaux à mettre fin à la violence ne sont tout simplement pas justifiés. De telles positions face à la belligérance visible d'Israël contribuent à un climat d'impunité en Allemagne, où les autorités répriment les manifestations pro-palestiniennes et leur message contre un génocide encouragé par l'Occident. Cette situation est similaire à la répression de la justice et de la responsabilité dans certains pays du G7. Par exemple, la France a critiqué l'agression israélienne documentée contre les Palestiniens, appelant à la fin des bombardements israéliens. Mais son principal dirigeant n'a jamais fait preuve de fermeté là où la situation l'exigeait, c'est-à-dire contre la propagande israélienne selon laquelle les Israéliens ne doivent jamais être inquiétés pour les crimes de guerre dont ils se rendent coupables.
Ainsi, les critiques conjoncturelles et les efforts délibérés pour réduire à néant les perspectives de cessez-le-feu en disent long sur la politique de deux poids deux mesures du G7 face à l'un des génocides les plus meurtriers de l'histoire moderne. L'argument selon lequel ce groupe privilégié d'économies mondiales ne peut rien faire dans l'intérêt de la Palestine n'a pas lieu d'être : leur poids collectif suffirait à intensifier la pression internationale sur les Israéliens et à exiger que la campagne de bombardements de l'occupation aboutisse sans tarder à un règlement pacifique de la situation. Mais comme le sort des Palestiniens ne semble pas susciter l'intérêt de l'Occident, les États du G7 continuent de favoriser les massacres perpétrés par l'occupation, et traitent la vie des Palestiniens selon d'autres critères.
Le Canada est le parfait exemple de cette hypocrisie. Ses derniers appels à laisser entrer nourriture et carburant dans la bande de Gaza ne sont guère convaincants alors qu'Ottawa a délibérément voté contre quatre résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies, dont deux soutenant les réfugiés palestiniens, et une condamnant les colonies de peuplement israéliennes. De même, les positions individuelles des membres du G7 visant à “soutenir” l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, n'ont aucune crédibilité. Maintenant que cette même agence des Nations unies se sent obligée d'interrompre ses opérations humanitaires en raison de l’agressivité de l'occupant et du blocage du carburant, où est passée la protestation de principe du Canada et du G7 contre les Israéliens ?
Cette pratique récurrente de glorification de l'occupation et de ses mécanismes d'apartheid est conforme aux coups portés aux efforts du Conseil de sécurité de l'ONU par Washington, l'un des principaux influenceurs des orientations du G7. Tous les représentants de l'ONU ont appelé conjointement à un
“cessez-le-feu humanitaire immédiat pour mettre fin à cette punition collective inhumaine, à la souffrance des enfants, des femmes et des personnes âgées”,
a récemment déclaré le ministère russe des affaires étrangères dans un communiqué. “Cependant, le Conseil de sécurité ne peut exécuter son mandat direct et reste paralysé par la position d'un seul pays : les États-Unis.”
Protester est une arme puissante contre toutes les formes d'oppression. Cependant, l'intolérance croissante du G7 vis à vis des voix pro-palestiniennes reflète la tentative délibérée de forcer le discours public à soutenir le génocide. Des dizaines de Canadiens d'origine palestinienne ont été accusés d'appels à la haine pour avoir soutenu les libertés à Gaza, tandis que les répressions publiques et les cas de sanctions sur les lieux de travail se sont multipliés dans les principales économies du G7 - des États-Unis au Canada en passant par la France et l'Allemagne. Aux États-Unis, les militants progressistes continuent d'apparaître en marge des orientations politiques relatives à l'occupation, malgré une note récente du département d'État accusant M. Biden de désinformation sur Gaza et reconnaissant une série de crimes de guerre israéliens qui n'ont pas été pris en compte.
Par conséquent, les mesures répressives appliquées par le G7 à l'intérieur de ses frontières, le refus d'un cessez-le-feu et la manipulation du discours public pour détourner l'attention de la souffrance palestinienne sont autant de signaux révélateurs du soutien implicite qu'il apporte au génocide perpétré par l'occupation, tant par ses discours que par ses actes.
https://english.almayadeen.net/articles/analysis/cutting-through-the-g7-s-humanitarian-façade