👁🗨 La faillite arabe
Les Arabes brillent par leur inertie, craignant qu'un changement ne remette en cause leur pouvoir, sans comprendre que leur silence ou leur soutien actif à Israël pourrait bien les mener à leur perte.
👁🗨 La faillite arabe
La complicité tacite dans le génocide israélien
Par Ramzy Baroud, le 28 mars 2025
Expliquer l'échec politique arabe à défier Israël par une analyse traditionnelle - telle que l'absence d'unité, le manque de fermeté et l'incapacité à donner la priorité à la Palestine - ne permet pas d'avoir une vision d'ensemble.
Affirmer qu'Israël brutalise les Palestiniens au seul motif que les Arabes sont trop impuissants pour défier le gouvernement de Benjamin Netanyahu, ou tout autre gouvernement, implique que, en théorie, les régimes arabes sont susceptibles de s'unir autour de la Palestine. Cependant, cette vision simplifie à l'excès la question.
De nombreux commentateurs pro-palestiniens bien intentionnés exhortent depuis longtemps les nations arabes à s'unir, à faire pression sur Washington pour qu'il réévalue son soutien indéfectible à Israël et à prendre des mesures décisives pour lever le blocus de Gaza, entre autres mesures cruciales.
Bien que cette approche puisse revêtir une certaine pertinence, la réalité est bien plus complexe et de tels vœux pieux ont peu de chances de changer le comportement des gouvernements arabes. Ces régimes sont davantage préoccupés par le maintien ou le retour à une forme de statu quo, dans lequel la libération de la Palestine n’est pas une priorité.
Depuis le début du génocide israélien à Gaza le 7 octobre 2008, la posture arabe vis-à-vis d'Israël s'est avérée incertaine au mieux, et traître au pire.
Certains gouvernements arabes sont même allés jusqu'à condamner la Résistance palestinienne lors des débats aux Nations Unies. Alors que des pays comme la Chine et la Russie ont au moins essayé de remettre en contexte l'assaut du 7 octobre du Hamas contre les forces d'occupation israéliennes qui ont imposé un blocus brutal à Gaza, des pays comme le Bahreïn ont fait porter la responsabilité directement aux Palestiniens.
À quelques exceptions près, il a fallu des semaines, voire des mois, aux gouvernements arabes pour adopter une position relativement claire condamnant l'offensive israélienne.
Bien que le discours évolue lentement, les actes ne suivent pas. Alors que le mouvement Ansarallah au Yémen, aux côtés d'autres acteurs arabes non étatiques, tente d'imposer une forme de pression sur Israël par le biais d'un blocus, les pays arabes s'efforcent plutôt de faire en sorte qu'Israël puisse résister aux conséquences potentielles de son isolement.
Dans son livre War, Bob Woodward révèle que certains gouvernements arabes ont déclaré au secrétaire d'État américain de l'époque, Antony Blinken, qu'ils n’ont aucune objection aux efforts d'Israël pour écraser la Résistance palestinienne. Cependant, certains se sont inquiétés du traitement médiatique des civils palestiniens mutilés, qui pourrait susciter des troubles publics dans leur propre pays.
Ces troubles ne se sont jamais matérialisés et, avec le temps, le génocide, la famine et les appels à l'aide à Gaza se sont normalisés comme un événement tragique de plus, semblable à la guerre au Soudan ou aux conflits en Syrie.
Pendant les 15 mois d'un génocide israélien implacable qui a entraîné plus de 162 000 morts et blessés palestiniens à Gaza, les instances politiques arabes officielles ont été largement inefficaces à mettre fin à la guerre. Encouragée par cette inaction arabe, l'administration américaine de Joe Biden a continué à faire pression pour davantage de normalisation entre les pays arabes et Israël, alors même que plus de 15 000 enfants ont été massacrés à Gaza de la manière la plus brutale qui soit.
Alors que les défaillances morales de l'Occident, les manquements au droit international et les agissements criminels de Biden et de son administration ont été largement critiqués pour protéger Israël de ses crimes de guerre, la complicité des gouvernements arabes dans la perpétration de ces atrocités est souvent négligée.
En réalité, les Arabes ont joué un rôle plus important dans les atrocités commises par Israël à Gaza que nous ne le reconnaissons souvent. Certains par leur silence, d'autres par leur collaboration directe avec Israël.
Tout au long de la guerre, des rapports ont fait surface indiquant que certains pays arabes ont activement fait pression à Washington en faveur d'Israël, s'opposant à une proposition de la Ligue arabe égyptienne visant à reconstruire Gaza sans procéder au nettoyage ethnique de sa population, une idée promue par l'administration Trump et Israël.
La proposition égyptienne, acceptée à l'unanimité par les pays arabes lors de leur sommet du 4 mars, a incarné la position la plus résolue et la plus concertée du monde arabe durant la guerre.
La proposition, rejetée par Israël et ignorée par les États-Unis, a contribué à faire évoluer le discours américain sur le sujet du nettoyage ethnique. Elle a finalement été à l'origine de propos tenus le 12 mars par Trump lors d'une réunion avec le Premier ministre irlandais Micheál Martin, où il a déclaré que “personne ne chassera qui que ce soit de Gaza”.
Pour certains États arabes, s'opposer activement à la seule position arabe relativement forte montre que la question des échecs arabes en Palestine va au-delà de la simple désunion ou incompétence - elle reflète une réalité beaucoup plus sombre et cynique. Certains Arabes alignent leurs intérêts sur ceux d'Israël, où une Palestine libre n'est pas seulement un non-sujet, mais une menace.
Il en va de même pour l'Autorité palestinienne à Ramallah, qui continue de collaborer étroitement avec Israël pour réprimer toute forme de Résistance en Cisjordanie. À Gaza, son objectif n'est pas de mettre fin au génocide, mais de marginaliser ses rivaux palestiniens, en particulier le Hamas.
Ainsi, accuser l'Autorité palestinienne de “manque de fermeté”, de “ne pas en faire assez” ou de ne pas réussir à unifier les rangs palestiniens est une mauvaise interprétation de la situation. Les priorités de Mahmoud Abbas et de ses alliés de l'AP sont bien différentes : s'assurer un pouvoir relatif sur les Palestiniens, un pouvoir impossible à maintenir sans le soutien de l'armée israélienne.
Ces vérités sont difficiles à accepter, mais essentielles, car elles nous permettent de recadrer le débat, en nous détachant de l'hypothèse erronée selon laquelle l'unité arabe résoudra tous les problèmes.
La théorie de l'unité présuppose naïvement que les régimes arabes rejettent par nature l'occupation israélienne et apportent leur soutien à la Palestine.
Si certains gouvernements arabes sont véritablement scandalisés par le comportement criminel d'Israël et de plus en plus exaspérés par les politiques incohérentes des États-Unis dans la région, d'autres n'agissent que par intérêt personnel : c'est l'animosité qu'ils éprouvent envers l'Iran et la crainte de la montée en puissance des acteurs non étatiques arabes qui les motivent. Ils sont également préoccupés par l'instabilité de la région, qui menace leur capacité à se maintenir au pouvoir dans un ordre mondial en pleine mutation.
Alors que la solidarité avec la Palestine s'est progressivement étendue du Sud global à la majorité mondiale, les Arabes brillent par leur passivité, craignant qu'un changement politique significatif dans la région ne remette directement en cause leur propre domination. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que leur silence, ou leur soutien actif à Israël, pourrait bien conduire à leur propre perte.
Quand on pense que le simple fait pour Ryad de couper le robinet à pétrole qui alimente Israël paralyserait totalement l’état d’occupation et semerait la panique....Mais non, MBS est juste pré-occupé par le retard de son NEOM et du manque d’investisseurs sioniste dans son projet...Et que penser de la haine imbécile des sunnites contre les autres courants de l'islam (entretenue par les salafistes) ? Et quel pays arabe n’a pas de base militaire US sur son sol ? TOUS, sauf le petit et courageux yemen à ma connaissance! La situation du moyen-orient découle directement du partage anglo-saxon de 1944 (dont la France a été écartée) . C’est en gros ce qu'avait subodoré le scélérat colonel de mes deux Lawrence... Entretenir des rivalités pour empêcher la réunification sous un empire rype califat et garder la mainmise sur le pétrole.