👁🗨 La France, complice silencieuse d'un génocide
Fut un temps où la France pouvait s'enorgueillir de représenter à l'étranger un engagement universaliste en faveur des droits de l'homme. Ce temps est manifestement révolu.
👁🗨 La France, complice silencieuse d'un génocide
Les dirigeants du monde occidental ferment les yeux sur les crimes de guerre israéliens dans la bande de Gaza assiégée.
Par Clothilde Facon, le 21 novembre 2023
Depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, le président français Emmanuel Macron a montré un soutien inébranlable et inconditionnel à Tel-Aviv.
Vantant le “droit à l'autodéfense” d'Israël, la France a voté le 16 octobre contre une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant les violences faites aux civils. Paris a ensuite soutenu une résolution appelant à des pauses humanitaires à Gaza, mais les États-Unis y ont opposé leur veto.
Le président français Emmanuel Macron, depuis, a fait un pas en avant en appelant à un cessez-le-feu, mais un peu tard, bien trop tard.
En soutenant résolument Israël, malgré la disproportion de la réponse de l'État à l'attaque du Hamas du 7 octobre, la France a effectivement accordé au gouvernement israélien le droit de massacrer des milliers de civils.
Comment décrire l'indécence dont ont fait preuve les dirigeants du monde occidental, en continuant à fermer les yeux sur les crimes de guerre et les actions génocidaires d'Israël dans la bande de Gaza ?
Dans le même temps, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et d'autres pays européens continuent de vanter leurs idéaux humanitaires, notamment lors de la récente conférence pour l'aide à Gaza qui s'est tenue à Paris.
Les dizaines de milliers de Palestiniens tués et blessés par les bombardements israéliens à Gaza auraient pu être sauvés si ces puissances avaient honoré leurs obligations en matière de droit humanitaire international. Au lieu de cela, elles ont offert une couverture politique, économique et militaire aux ambitions coloniales et génocidaires d'Israël, tout en déshumanisant les Palestiniens.
Un espace de débat restreint
Depuis l'élection de Macron, la dérive autoritaire de la France a été bien documentée, à grand renfort de politiques antisociales, de violences policières et d'impunité, de répression des manifestations et d'islamophobie systémique, entre autres. Les Nations unies et d'autres observateurs des droits de l'homme ont souligné ces manquements.
Si la politique étrangère française n'a pas encore été analysée à travers le prisme de ce virage très à droite, c'est sans doute parce qu'elle est élaborée en dehors de tout contrôle démocratique et parlementaire. Si l'Assemblée nationale a un droit de regard sur les affaires étrangères, il se traduit rarement par une opposition concrète : la constitution et la pratique institutionnelle accordent au président des pouvoirs très étendus en matière de politique étrangère.
La commission des affaires étrangères de l'assemblée n'a que peu d'influence sur les processus décisionnels en matière de politique étrangère, et l'activité législative est limitée dans ce domaine. Dans l'ensemble, le parlement n'a donc guère l'occasion de prendre ses distances avec le gouvernement sur les questions diplomatiques, et ne l'a pratiquement jamais fait.
En effet, les affaires internationales occupent une place limitée dans les débats politiques français.
Dans leur soutien aveugle à un régime d'apartheid coupable de colonisation ethno-nationaliste, la collusion des dirigeants politiques français avec l'extrême droite est frappante. Macron est même allé jusqu'à suggérer d'élargir la mission de la coalition mondiale contre l'État islamique pour cibler également le Hamas.
Un tel discours décontextualise et dissimule la réalité de l'occupation coloniale, en faisant l'amalgame entre les Palestiniens et un djihad mondial dans lequel ils ne sont pas impliqués. Ce type de discours civilisationnel, qui rappelle la théorie néoconservatrice du “choc des civilisations”, repose sur une rhétorique déshumanisante d'extrême droite.
En outre, le rejet occidental du droit international au nom du “droit à l'autodéfense” d'Israël fait le jeu d'un autoritarisme virulent, défendant une vision du monde dénuée de sens moral.
De plus, la France a pris des mesures pour criminaliser la solidarité avec le peuple palestinien - ce qui revient à criminaliser l'opposition au génocide - en interdisant des manifestations, en arrêtant des militants et en ciblant les campagnes de boycott anti-Israël. Dans le contexte actuel, toute critique de la politique gouvernementale est qualifiée de “terrorisme”, un procédé rhétorique classique utilisé par les régimes autoritaires.
Un soutien aveugle
Parallèlement, l'ampleur des récentes manifestations de solidarité avec la Palestine a remis en question la thèse classique de l'apathie et de l'indifférence du public vis-à-vis des conflits internationaux. Ces mobilisations découlent notamment du pouvoir contre-hégémonique des réseaux sociaux, capables de remettre en cause le discours dominant et d'éroder l'autorité publique.
En période de crise internationale, l'État dispose de deux outils pour influencer l'opinion publique : le contrôle de l'information publique et le maintien de l'ordre dans certains pans de la population jugés “dangereux”. La France utilise ces deux outils : le premier avec la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires, le second par la répression des manifestants.
Malgré cela, les manifestations continuent de prendre de l'ampleur, reflétant le profond rejet de la politique étrangère française par les citoyens - et leur volonté de placer cette politique au cœur du débat démocratique.
Le soutien aveugle de la France à l'armée israélienne est un choix politique et non une fatalité, comme le montrent les positions divergentes d'autres Etats, tels que l'Irlande, l'Ecosse ou l'Espagne. Plus frappant encore, le courage de pays comme l'Afrique du Sud ou la Bolivie, qui ont usé de leviers diplomatiques pour exercer une pression directe sur Israël.
Les médias occidentaux ont tendance à dénigrer ces réactions en les qualifiant de “sensibilité anti-coloniale”, mais en réalité, elles témoignent d'un engagement authentique et cohérent en faveur des droits de l'homme, et pour l'application institutionnelle et juridique d'un code moral international. Ces pays montrent la voie à suivre.
Fut un temps où la France pouvait s'enorgueillir de représenter à l'étranger un engagement universaliste en faveur des droits de l'homme. Ce temps est manifestement révolu.
La France ne s'occupe pas des massacres en Palestine