đâđš La France doit faire plus quâune simple reconnaissance de lâĂtat palestinien
Macron doit suspendre toute vente d'armes au régime génocidaire, comme le total de 2 millions d'euros de composants électroniques & systÚmes de communication fournis par Paris entre 2018 & 2023.
đâđš La France doit faire plus quâune simple reconnaissance de lâĂtat palestinien
Par Hamzah Rifaat pour Al Mayadeen English, le 10 mai 2025
La reconnaissance de la Palestine par la France est une mesure positive, mais elle restera lettre morte si elle n'est pas suivie d'actions concrĂštes contre l'occupation israĂ©lienne, notamment l'arrĂȘt des ventes d'armes, l'imposition de sanctions et la poursuite des criminels de guerre.
La dĂ©cision de Paris de reconnaĂźtre la Palestine comme un Ătat indĂ©pendant et souverain est un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup Ă faire. La France suit ainsi la SlovĂ©nie, l'Espagne et l'Irlande, Ătats membres de l'UE ayant dĂ©jĂ reconnu la Palestine, portant Ă 11 le nombre total de pays europĂ©ens. Cette annonce, faite par le prĂ©sident Emmanuel Macron le 9 avril 2025, signale l'intention du gouvernement Renaissance de franchir le pas lors d'une confĂ©rence des Nations unies en juin, une dĂ©cision qui a dĂ©jĂ suscitĂ© des rĂ©actions en « IsraĂ«l ».
Pourtant, la question palestinienne ne se limite pas Ă la simple reconnaissance de l'Ătat palestinien, comme doit le reconnaĂźtre l'Ătat français. Il s'agit de mettre fin au gĂ©nocide, d'imposer des sanctions Ă IsraĂ«l, de suspendre les relations commerciales avec le rĂ©gime d'apartheid, de cesser le financement des colonies, d'empĂȘcher la vente d'armes au gouvernement Netanyahu et de faire pression sur IsraĂ«l pour qu'il respecte les conditions prĂ©alables Ă la crĂ©ation d'un Ătat palestinien souverain.
La France, en particulier, doit ĂȘtre consciente de ces rĂ©alitĂ©s compte tenu de son histoire en tant que puissance coloniale, de sa rĂ©pression des mouvements de rĂ©sistance et de son hĂ©ritage controversĂ© en Afrique et au-delĂ .
La responsabilité morale de la France ancrée dans l'histoire
L'histoire de la France sur des continents tels que l'Afrique est marquĂ©e par la controverse. Elle est entachĂ©e d'une exploitation flagrante et de la rĂ©pression Ă©tatique des mouvements de libĂ©ration. Cela n'est nulle part plus Ă©vident que dans le pays nord-africain qu'est l'AlgĂ©rie, oĂč prĂšs de 500 000 officiers coloniaux français ont eu recours Ă des pratiques atroces contre les AlgĂ©riens indigĂšnes, notamment des exĂ©cutions sommaires et la torture, afin de soumettre le Front de libĂ©ration nationale, un mouvement de rĂ©sistance lĂ©gitime qui cherchait Ă renverser le colonialisme français. La guerre d'AlgĂ©rie, qui a durĂ© huit ans, de 1954 Ă 1962, a fait 1,5 million de morts, dont une majoritĂ© d'AlgĂ©riens. MalgrĂ© des dĂ©cennies d'indĂ©pendance vis-Ă -vis de la France, cette guerre dĂ©finit toujours la conscience nationale algĂ©rienne.
Le Cameroun n'a pas non plus été épargné par la brutalité et l'exploitation françaises. Comme les Algériens, les Camerounais ont cherché à se libérer du colonialisme français par la résistance, sous la forme de l'Union des peuples du Cameroun (UPC), subissant deportations, massacres et assassinats par les autorités françaises. Ce pays d'Afrique occidentale a également été victime de l'exploitation de son tissu social par la France, qui a mené une répression sanglante contre les insurgés, faisant des milliers de morts. Comme en Algérie, ces crimes odieux contre l'humanité ont laissé une empreinte indélébile dans l'histoire du Cameroun.
La France, en tant que puissance coloniale, a également pratiqué l'esclavage dans ses nombreuses colonies. Le commerce des esclaves a joué un rÎle essentiel dans la croissance économique du pays et a été alimenté par l'extraction des matiÚres premiÚres et l'activité agricole intensive assurée par le travail forcé des esclaves. La Compagnie française des Indes occidentales, par exemple, détenait le monopole au Sénégal et était impliquée dans la production de tabac grùce à ses nombreuses plantations, exploitées par des esclaves originaires d'Afrique et des Caraïbes. Environ 13 000 esclaves africains ont été vendus aux Antilles françaises chaque année depuis 1778, une situation qui continue de peser sur les pays africains, dont beaucoup ont fait pression sur la France pour qu'elle verse des réparations pour ses anciens méfaits liés au colonialisme, à l'exploitation et à la répression.
Si la France a présenté ses excuses et s'est engagée à verser des réparations, nombre de ses activités actuelles aggravent la situation des populations de certains des pays les plus pauvres du monde. Le Niger, par exemple, possÚde l'un des plus grands gisements d'uranium au monde, mais la société française Orano est impliquée dans une controverse pour l'extraction de ses ressources, contribuant à la pollution de l'environnement et encourageant les externalités néfastes pour les populations autochtones. Les extractions d'Orano n'ont également pratiquement aucune incidence sur la population locale ou la croissance économique du Niger, ce qui constitue là encore un exemple de néocolonialisme en plein essor.
Le soutien de la France Ă la Palestine doit ĂȘtre sous-tendu par des actions concrĂštes
L'hĂ©ritage historique de la France nĂ©cessite clairement des rĂ©parations adĂ©quates et des actions en faveur des Ătats qui souffrent du nĂ©ocolonialisme. Cela inclut les territoires palestiniens, occupĂ©s depuis des dĂ©cennies et qui continuent d'ĂȘtre bombardĂ©s par la machine gĂ©nocidaire d'Ătat d'IsraĂ«l. La France a Ă©tĂ© tĂ©moin de ce chaos, et choisir de rester un spectateur silencieux n'aide en rien la cause palestinienne.
Au contraire, le gouvernement Macron doit suspendre toute vente d'armes au régime génocidaire, sous toutes ses formes. Un rappel des deux millions d'euros de composants électroniques et de systÚmes de communication pour les drones israéliens, fournis par Paris entre 2018 et 2023. La France doit également renforcer la transparence et l'obligation de rendre compte de ses ventes d'armes à Israël, qui sont restées opaques et entourées de secret. Le rapport du ministÚre français de la Défense de 2024 révÚle que les livraisons effectives et les licences autorisées par la France à Israël se sont élevées à 31 millions de dollars d'équipements militaires, soit le double du montant de 2022.
En outre, la France a accordĂ© l'immunitĂ© Ă Netanyahu aprĂšs que la Cour pĂ©nale internationale a Ă©mis des mandats d'arrĂȘt contre lui. De nombreuses entreprises françaises continuent Ă©galement de soutenir le âprojet de colonisation gĂ©nocidaireâ malgrĂ© la condamnation par Paris en 2024 de la construction de 3 500 logements en Cisjordanie occupĂ©e.
Ces rĂ©alitĂ©s exigent clairement un changement de cap de la part de la France, qui va bien au-delĂ de la reconnaissance de l'Ătat palestinien. Une campagne soutenue de boycott, le respect des voix palestiniennes au niveau national et un rĂŽle actif en tant que membre permanent du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, en adoptant des rĂ©solutions contraignantes appelant Ă la fin du projet de colonisation israĂ©lien, Ă l'imposition de sanctions Ă©conomiques et diplomatiques Ă IsraĂ«l pour violation du droit international et au renvoi des affaires devant la Cour pĂ©nale internationale, restent les Ă©lĂ©ments clĂ©s permettant Ă la France de concrĂ©tiser la reconnaissance de l'Ătat palestinien par des mesures concrĂštes.
Ă dĂ©faut, la France n'aura rĂ©agi que trop peu, et trop tard. Le meilleur scĂ©nario pour Paris consiste donc Ă concrĂ©tiser sa reconnaissance de l'Ătat palestinien par des mesures concrĂštes et tangibles contre IsraĂ«l.