đâđš La Grande-Bretagne, la France & le Canada menacent IsraĂ«l de sanctions si lâoffensive sur Gaza se poursuit
Les déclarations des 22 nations & des trois grandes puissances marquent un tournant majeur dans la diplomatie. Mais à moins que Trump ne se rallie à leur position, elles resteront lettre morte.
đâđš La Grande-Bretagne, la France & le Canada menacent IsraĂ«l de sanctions si lâoffensive sur Gaza se poursuit
Par Juan Cole, le 20 mai 2025
Ann Arbor â La Grande-Bretagne, la France et le Canada ont publiĂ© lundi une dĂ©claration exigeant que le gouvernement israĂ©lien de Benjamin Netanyahu mette fin Ă sa campagne militaire contre la population de Gaza et lĂšve le blocus alimentaire et mĂ©dical imposĂ© depuis des mois, qui menace la bande de Gaza d'une famine gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Les trois pays ont menacĂ© Tel-Aviv de âmesures concrĂštesâ s'il ne se conforme pas Ă leurs exigences.
Les trois puissances de l'OTAN sont allées au-delà de la pétition adressée lundi à Israël par 22 pays, qu'elles ont d'ailleurs cosignée, pour demander la levée du blocus alimentaire et humanitaire. Les 19 autres pays ont apparemment refusé d'aller plus loin en exigeant également la fin de l'offensive.
âNous nous opposons fermement Ă l'expansion des opĂ©rations militaires d'IsraĂ«l Ă Gazaâ, ont dĂ©clarĂ© conjointement le Premier ministre britannique Keir Starmer, le prĂ©sident français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney. La troĂŻka nord-atlantique a ainsi clairement pointĂ© du doigt l'intensification actuelle de l'escalade israĂ©lienne, qui implique des opĂ©rations terrestres de grande envergure, que Netanyahu se plaĂźt Ă qualifier de âChariots de GĂ©dĂ©onâ, sa campagne en cours visant Ă faire passer la Bible pour un justificatif du gĂ©nocide.
Ils ont ajoutĂ© : âNous appelons le gouvernement israĂ©lien Ă mettre fin Ă ses opĂ©rations militaires Ă Gaza et Ă autoriser immĂ©diatement l'entrĂ©e de l'aide humanitaire Ă Gazaâ.
Cette exigence faite à Israël de mettre fin aux combats est sans précédent de la part de la communauté internationale depuis le début du conflit, il y a 21 mois.
Les trois hommes ne se sont pas laissés tromper par l'annonce faite lundi par Netanyahu selon laquelle il autoriserait l'entrée dans la bande de Gaza de 9 camions d'aide humanitaire par jour, alors que le total avant la guerre était de 500. Ils ont protesté :
âL'annonce faite hier selon laquelle IsraĂ«l autorisera l'entrĂ©e d'une quantitĂ© minimale de nourriture Ă Gaza est tout Ă fait insuffisanteâ.
L'ONU a dĂ©noncĂ© ce geste dĂ©risoire que reprĂ©sente cette poignĂ©e de camions d'aide humanitaire, le qualifiant de âgoutte d'eau dans l'ocĂ©anâ.
PlutÎt que cette feuille de vigne israélienne, le trio a exigé
âque cela inclue une collaboration avec l'ONU afin de garantir le retour de l'aide humanitaire conformĂ©ment aux principes humanitairesâ.
En clair, cela signifie rĂ©tablir les 500 camions par jour. (L'arriĂšre-pays rural de Gaza a Ă©tĂ© annexĂ© par les migrants juifs en 1948, et la bande de Gaza a Ă©tĂ© mise sous blocus par IsraĂ«l depuis 2007. La population de Gaza n'est donc plus en mesure de sâalimenter depuis longtemps, et que le peu de terres qui lui reste a Ă©tĂ© transformĂ© en dĂ©charge toxique par plus d'un an et demi de bombardements intensifs et gĂ©nocidaires de l'armĂ©e israĂ©lienne.
La Grande-Bretagne, la France et le Canada se sont également clairement démarqués du président américain Donald J. Trump sur la question du nettoyage ethnique des 2,2 millions de Palestiniens de Gaza, condamnant implicitement le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, dont le parti sioniste religieux est ce qui se rapproche le plus d'un parti néonazi en Israël. L'imitation est plutÎt réussie.
Les leaders internationaux ont déclaré sans ambages :
âNous condamnons le langage odieux des membres du gouvernement israĂ©lien, qui ont laissĂ© entendre que, dĂ©sespĂ©rĂ©s par la destruction de Gaza, les civils seraient contraints de se dĂ©placer. Le dĂ©placement forcĂ© permanent est une violation du droit international humanitaireâ.
Ils ont rĂ©futĂ© l'argument de propagande israĂ©lien selon lequel la destruction complĂšte de Gaza et le massacre de dizaines de milliers de civils innocents pouvaient ĂȘtre justifiĂ©s par l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 :
âIsraĂ«l a Ă©tĂ© victime d'une attaque odieuse le 7 octobre. Nous avons toujours soutenu le droit d'IsraĂ«l Ă se dĂ©fendre contre le terrorisme. Mais cette escalade est totalement disproportionnĂ©eâ.
Conscients que Netanyahu et son cabinet sont totalement dépourvus de scrupules et ne répondront pas à de simples accusations de violation flagrante du droit international, les trois dirigeants nord-atlantiques ont menacé de lever l'impunité dont bénéficie Israël :
âNous ne resterons pas les bras croisĂ©s pendant que le gouvernement Netanyahu poursuit ces agissements odieux. Si IsraĂ«l ne met pas fin Ă sa nouvelle offensive militaire et ne lĂšve pas ses restrictions Ă l'aide humanitaire, nous prendrons d'autres mesures concrĂštes en rĂ©ponseâ.
On ne peut que regretter qu'ils n'aient pas précisé la nature de cette réponse concrÚte. Un embargo sur les armes ? Des sanctions économiques ? Des mesures concrÚtes qu'un pays civilisé aurait prises il y a déjà un an ? (comme par exemple l'Espagne.)
Ils ont clairement indiqué que le problÚme était la Palestine, et pas seulement Gaza :
âNous nous opposons Ă toute tentative d'expansion des colonies en Cisjordanie. IsraĂ«l doit mettre fin aux coloniesillĂ©gales qui compromettent la viabilitĂ© d'un Ătat palestinien et la sĂ©curitĂ© des IsraĂ©liens et des Palestiniens. Nous n'hĂ©siterons pas Ă prendre de nouvelles mesures, y compris des sanctions ciblĂ©esâ.
Ils exigent un cessez-le-feu nĂ©gociĂ©, la libĂ©ration des otages israĂ©liens restants, la fin du contrĂŽle de Gaza par le Hamas, puis la mise en Ćuvre d'une solution Ă deux Ătats.
Puis ils ont appuyĂ© lĂ oĂč ça fait le plus mal, en prononçant les mots que Netanyahu dĂ©teste plus que tout :
âEt nous sommes dĂ©terminĂ©s Ă reconnaĂźtre un Ătat palestinien afin de contribuer Ă la mise en place d'une solution Ă deux Ătats, et sommes prĂȘts Ă Ćuvrer avec le reste de la communautĂ© internationale Ă cette finâ.
En fait, cette dĂ©claration semble destinĂ©e Ă prĂ©parer le terrain pour la confĂ©rence prĂ©vue cet Ă©tĂ©, co-prĂ©sidĂ©e par la France et l'Arabie saoudite, qui vise Ă remettre la solution Ă deux Ătats et un Ătat palestinien Ă l'ordre du jour international. La France a laissĂ© entendre qu'elle pourrait reconnaĂźtre l'AutoritĂ© palestinienne en tant qu'Ătat lors de cette confĂ©rence. L'Espagne, l'Irlande et la NorvĂšge ont franchi cette Ă©tape l'annĂ©e derniĂšre Ă la mĂȘme Ă©poque, Ă©levant la reprĂ©sentation de la Palestine au rang d'ambassade Ă part entiĂšre.
Si Macron a convaincu Starmer et Carney de lui emboĂźter le pas, ce serait un Ă©vĂ©nement majeur. Ce serait l'une des âmesures concrĂštesâ que ces derniers pourraient mettre en Ćuvre pour donner suite Ă leur menace.
Comme on pouvait s'y attendre, Netanyahu a crié au scandale, affirmant que les trois dirigeants de l'OTAN s'étaient ralliés au Hamas, et s'est vanté de mener une guerre de la civilisation contre la barbarie. à ce stade, le monde entier est en mesure de reconnaßtre la barbarie quand il la voit.
Cependant, IsraĂ«l et la Palestine relĂšvent de la sphĂšre d'influence amĂ©ricaine, et ces trois pays, bien qu'importants sur le plan militaire et Ă©conomique, n'ont pas vraiment de cartes Ă jouer pour mettre fin Ă la guerre. Netanyahu et ses nouveaux amis Smotrich et Itamar Ben-Gvir pensent qu'ils sont sur le point de se dĂ©barrasser complĂštement des 5 millions de Palestiniens sous occupation militaire, et peut-ĂȘtre mĂȘme d'annexer dĂ©finitivement certaines parties du Liban et de la Syrie, rĂ©alisant ainsi un grand pas vers leur rĂȘve de toujours : le Grand IsraĂ«l. C'est un rĂȘve partagĂ© par les Ă©vangĂ©liques amĂ©ricains, qui ont la mainmise sur la majoritĂ© rĂ©publicaine au CongrĂšs, et par les riches juifs amĂ©ricains qui soutiennent le lobby sioniste American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), lequel a mis le CongrĂšs au pas en neutralisant toute voix critique envers IsraĂ«l dans ses rangs grĂące Ă des contributions financiĂšres substantielles Ă ses adversaires. (citons notamment Cori Bush et Jamal Bowman.)
Les déclarations du 19 mai, tant celles des 22 nations que celles des trois grandes puissances, marquent un tournant majeur dans l'histoire diplomatique. Mais à moins que Trump ne se rallie à cette position, elles resteront lettre morte.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Juan Cole est le fondateur et rĂ©dacteur en chef d'Informed Comment. Il est professeur d'histoire Ă l'universitĂ© du Michigan, oĂč il occupe la chaire Richard P. Mitchell. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Muhammad: Prophet of Peace amid the Clash of Empires et The Rubaiyat of Omar Khayyam. Suivez-le sur Twitter Ă l'adresse @jricole ou sur la page Facebook d'Informed Comment.
https://www.juancole.com/2025/05/threaten-concrete-sanctions.html
Trumpettes de la renommĂ©e, vous ĂȘtes bien mal embouchĂ©esâŠ.đ¶đ¶ aurait pu dire le regrettĂ© Georges Brassens!