đâđš La guerre d'IsraĂ«l contre Gaza compromet la viabilitĂ© du corridor Ă©conomique Inde-Moyen-Orient-Europe
L'IMEC pourrait ĂȘtre le premier projet gĂ©opolitique soutenu par les Ătats-Unis Ă passer Ă la trappe, et sans doute pas le dernier des projets rĂ©gionaux de Washington Ă s'effondrer Ă cause de Tel-Aviv.
đâđš La guerre d'IsraĂ«l contre Gaza compromet la viabilitĂ© du corridor Ă©conomique Inde-Moyen-Orient-Europe
Par Mohamad Hasan Sweidan, le 13 mai 2024
L'axe de la rĂ©sistance cherche non seulement Ă "faire bouillir la grenouille israĂ©lienne" mais aussi, progressivement, Ă dĂ©manteler les plus grands projets gĂ©opolitiques des Ătats-Unis en Asie occidentale, y compris le corridor Ă©conomique Inde-Moyen-Orient-Europe.
L'impact de la guerre de Gaza sur l'agenda gĂ©opolitique de Washington en Asie occidentale est chaque semaine plus flagrant. Les contre-offensives de l'Axe de la rĂ©sistance dans la rĂ©gion jettent le doute sur un autre projet de la Maison Blanche : la viabilitĂ© du corridor Ă©conomique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC), un itinĂ©raire conçu par les Ătats-Unis qui s'appuie sur IsraĂ«l comme maillon essentiel entre l'est et l'ouest.
Sécurité et intégration régionale
Des études ont montré une corrélation directe entre sécurité et intégration régionale, indiquant que l'insécurité à l'intérieur d'un pays peut saper les projets régionaux qui lui tiennent à coeur. Un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié le 7 mai montre que les pays réévaluent leurs partenaires commerciaux en fonction de la stabilité économique et des préoccupations en matiÚre de sécurité.
L'Ă©tude rĂ©vĂšle que les investissements directs Ă©trangers (IDE) tiennent de plus en plus compte des risques gĂ©opolitiques. Elle note en outre que la guerre en Ukraine a amenĂ© les dĂ©cideurs politiques Ă se concentrer sur l'amĂ©lioration de la rĂ©silience Ă©conomique, cruciale pour le maintien des opĂ©rations en temps de crise. Cette tendance pourrait rĂ©duire l'intĂ©rĂȘt pour les projets d'intĂ©gration Ă©conomique tels que les corridors commerciaux conçus par l'Occident pour contrer l'ambitieuse initiative chinoise âBelt and Road Initiativeâ (BRI), d'une valeur de plusieurs milliards de dollars.
Le rapport aborde Ă©galement le risque gĂ©opolitique accru associĂ© Ă IsraĂ«l aprĂšs les multiples attaques de l'Axe de la RĂ©sistance, notamment du Hezbollah libanais, qui a menĂ© 1 194 attaques contre l'Ătat d'occupation entre le 8 octobre 2023 et le 5 mars 2024, soit le taux d'attaque le plus Ă©levĂ© de la brĂšve histoire d'IsraĂ«l.
à cela s'ajoutent les attaques des factions de la résistance irakienne, des forces alignées sur Ansarallah au Yémen et les frappes de représailles directes de l'Iran le 14 avril dans le cadre de l'opération True Promise. Ces événements ont considérablement perturbé les opérations portuaires et maritimes d'Israël, en particulier dans son port le plus méridional.
En décembre, le directeur général du port d'Eilat a déclaré à Reuters que l'activité du port avait chuté de 85 % depuis que les forces yéménites ont commencé à attaquer les navires liés à Israël dans la mer Rouge.
Au dĂ©but de la guerre de Gaza, le port d'Ashkelon et sa raffinerie de pĂ©trole, les plus proches de la bande de Gaza, ont Ă©tĂ© fermĂ©s. Le port d'Ashdod, situĂ© Ă environ 40 kilomĂštres au nord de Gaza sur la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne, a Ă©tĂ© partiellement endommagĂ©, mĂȘme s'il continue Ă fonctionner. Selon Eli Bar-Yosef, directeur exĂ©cutif par intĂ©rim de ce dernier, au cours des deux semaines qui ont suivi le 7 octobre, IsraĂ«l a Ă©tĂ© contraint de rediriger quelque 11 000 conteneurs destinĂ©s Ă Ashdod vers d'autres ports du nord. MĂȘme le port de HaĂŻfa a Ă©tĂ© exposĂ© aux attaques de la rĂ©sistance irakienne, mettant ainsi Ă mal la confiance des entreprises qui comptent sur ce port pour assurer la liaison entre l'Asie et l'Europe.
Le 27 avril, un nouveau groupe s'est joint Ă la rĂ©sistance. Les Brigades Al-Ashtar du BahreĂŻn ont annoncĂ© qu'elles prendraient pour cible un site d'Eilat appartenant Ă la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne Trucknet, Ă©galement associĂ©e Ă l'Ă©norme projet IMEC. De quoi jeter un nouveau doute sur la viabilitĂ© de l'itinĂ©raire soutenu par les Ătats-Unis.
L'IMEC, un avenir incertain
Lors du sommet du G20 en septembre dernier, le prĂ©sident amĂ©ricain Joe Biden a annoncĂ© l'initiative IMEC, qui impliquerait la participation de l'Inde, de l'Arabie saoudite et des Ămirats arabes unis, ainsi que d'IsraĂ«l, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et des Ătats-Unis.
Selon un communiquĂ© de la Maison Blanche, le corridor commercial envisagĂ© comprendrait une ligne ferroviaire, des pipelines d'hydrogĂšne pur et des zones Ă©conomiques s'Ă©tendant de l'Inde au port du PirĂ©e, en GrĂšce, en passant par les Ămirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Jordanie et IsraĂ«l.
Depuis l'annonce de ce projet, les déclarations américaines se sont concentrées sur les avantages supposés de l'IMEC dans la promotion de l'intégration économique et du partenariat en Asie de l'Ouest.
Cependant, la guerre Ă Gaza et un accord de cessez-le-feu toujours incertain ont soulevĂ© de sĂ©rieux doutes quant Ă la faisabilitĂ© de l'IMEC. La rĂ©ussite du projet dĂ©pend largement de la paix rĂ©gionale, en particulier le long du tracĂ© du corridor, oĂč les tensions actuelles pourraient saper la confiance des investisseurs. La capacitĂ© de l'Axe de la rĂ©sistance Ă cibler tous les ports israĂ©liens complique encore la dĂ©pendance Ă l'Ă©gard de Tel-Aviv en tant que plaque tournante du corridor, et plus rĂ©cemment l'intention du YĂ©men d'Ă©tendre les opĂ©rations anti-israĂ©liennes Ă la MĂ©diterranĂ©e.
En outre, le succĂšs du corridor nĂ©cessite des relations officielles entre ses parties, ce Ă quoi l'administration amĂ©ricaine travaille depuis des annĂ©es. L'assaut militaire brutal d'IsraĂ«l sur Gaza a bloquĂ© les pourparlers de normalisation avec l'Arabie saoudite, un acteur clĂ© de l'IMEC et d'autres projets soutenus par les Ătats-Unis en Asie de l'Ouest.
Le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu continue de refuser de mettre en Ćuvre les conditions de Riyad pour la normalisation, qui comprennent l'arrĂȘt du carnage Ă Gaza et la crĂ©ation d'un Ătat palestinien dans les frontiĂšres d'avant 1967.
Alors que l'Arabie saoudite a longtemps insistĂ© sur l'importance de l'approbation par IsraĂ«l de la solution Ă deux Ătats, elle a modĂ©rĂ© sa position, malgrĂ© l'aggravation du comportement israĂ©lien, en se bornant Ă solliciter l'accord de Tel-Aviv pour âouvrir la voie Ă l'Ă©tablissement d'un Ătat palestinienâ. Bien entendu, cela avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait dans les accords d'Oslo de 1993, accords qu'IsraĂ«l s'est empressĂ© de transgresser au cours des trois dĂ©cennies suivantes.
Alors que les appels Ă la crĂ©ation d'un Ătat palestinien se multiplient dans le monde entier, certains sceptiques estiment que la condition prĂ©alable posĂ©e par l'Arabie saoudite Ă la normalisation des relations avec IsraĂ«l, subordonnĂ©e Ă cette Ă©volution, pourrait avoir pour principal objectif d'apaiser l'opinion publique arabe plutĂŽt que de faire progresser de maniĂšre significative la cause palestinienne.
Changer la donne ou en finir ?
Selon Gideon Rachman dans le Financial Times, le dĂ©bat s'intensifie aux Ătats-Unis sur la question de savoir si IsraĂ«l reste un atout stratĂ©gique, ou s'il est devenu un handicap pour les Ătats-Unis. Ce point de vue est Ă©tayĂ© par l'article de John Hoffman intitulĂ© âIsrael is a strategic liability for the United Statesâ [IsraĂ«l est un handicap stratĂ©gique pour les Ătats-Unis], publiĂ© il y a deux mois dans Foreign Policy.
L'IMEC, annoncĂ© par Joe Biden comme un âinvestissement qui change la donneâ, s'aligne sur les intĂ©rĂȘts stratĂ©giques de Washington, notamment en contrant la âBelt & Road Initiativeâ (BRI) de la Chine par des investissements significatifs en Asie, y compris en Inde.
Mais la guerre de Gaza, largement encouragĂ©e par Washington, a rĂ©vĂ©lĂ© les dĂ©fis lancĂ©s par l'instabilitĂ© politique et les engagements militaires d'IsraĂ«l aux intĂ©rĂȘts stratĂ©giques des Ătats-Unis dans toute l'Asie occidentale et au-delĂ . L'IMEC pourrait bien ĂȘtre le premier projet gĂ©opolitique soutenu par les Ătats-Unis Ă passer Ă la trappe. Il est Ă©galement peu probable qu'il soit le dernier des projets rĂ©gionaux de Washington Ă s'effondrer Ă cause de Tel-Aviv.
https://thecradle.co/articles/israels-war-on-gaza-is-destroying-imecs-viability
Excellent! Il est tout Ă fait raisonnable, en effet, pour les investisseurs potentiels de réévaluer la viabilitĂ© de ce « corridor » qui verrait IsraĂ«l sâĂ©riger en Hub incontournable des Ă©changes commerciaux entre lâAsie et lâEurope. Tant que persistera cette entitĂ© dystopique, du moins dans la formulation imaginĂ©e par ses concepteurs, il est illusoire de voir se rĂ©tablir une paix propice aux Ă©changes commerciaux. De mĂȘme, Ă lâĂ©chelle des individus, tant quâil ne sera pas mis fin Ă ce funeste projet, IsraĂ«l demeurera, lâendroit le plus dangereux, sur terre, pour les JuifsâŠ.Le sionisme, est-il bon de le rappeler, est le pire ennemi des Juifs, et du JudaĂŻsme , plus gĂ©nĂ©ralementâŠ
'israel est un handicap'...Je dirais un boulet ! VoilĂ ce que c'est d'entretenir un chien enragĂ© ! Non seulement les ports sont des cibles lĂ©gitimes de la RĂ©sistance et de ses alliĂ©s mais toute infrastructure terrestre aussi comme les olĂ©oducs ou gazoducs et mĂȘme les autoroutes venant de pays collabos! De toute façon, ce projet IMEC ne plaisait pas Ă la Turquie qui maintient sa position de 'hub' bien placĂ© pour relier l'orient Ă l'Occident et ce serait un coup de poignard pour Erdogan. Il faudra bien un jour qu'il choisisse son camp sinon il perdra tout...