đâđš La guerre israĂ©lienne a âbrĂ»lĂ© les hommes, les pierres & les arbresâ
âLa guerre finira un jour. Toutes les guerres se terminent. Et nous reconstruirons Gaza pour la rendre encore plus belle qu'avantâ.
đâđš La guerre israĂ©lienne a âbrĂ»lĂ© les hommes, les pierres & les arbresâ
ParAl Mayadeen English, le 2 août 2024
La guerre israélienne a ravagé non seulement les vies humaines, mais aussi la beauté historique et naturelle de Gaza, a déclaré un archéologue de Gaza au Guardian.
Le Guardian s'est entretenu avec Fadel al-Utol, un archéologue de 43 ans et expert palestinien en restauration basé à Gaza, personnalité clé depuis 1995. Fadel al-Utol a dirigé d'importants projets archéologiques, notamment l'excavation d'un cimetiÚre de l'époque romaine, et a joué un rÎle crucial dans les efforts visant à sauvegarder le patrimoine culturel de Gaza.
Il a commencĂ© sa carriĂšre Ă l'Ăcole biblique dans le cadre d'une collaboration entre la France et l'AutoritĂ© nationale palestinienne. Depuis, il a travaillĂ© avec l'UNESCO et le British Council sur des projets de dĂ©couverte et de prĂ©servation de sites historiques.
Lorsque le génocide israélien a démarré, M. al-Utol a été employé par une organisation qui se consacre à la sauvegarde du patrimoine en zone de guerre. Cette organisation forme et embauche des diplÎmés en archéologie des universités de Gaza, proposant des programmes de formation de trois mois et employant jusqu'à 20 étudiants selon les contraintes budgétaires.
L'initiative du British Council et de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (Aliph Foundation) soutenait le dĂ©partement dâarchĂ©ologie Ă Gaza.
Depuis 2017, al-Utol collabore avec First Aid Vision 2030, qui soutient le travail archéologique sur le terrain. En raison de plusieurs agressions et blocus israéliens, le secteur archéologique s'est largement appuyé sur le soutien international.
Le patrimoine culturel et archéologique de Gaza dévasté par le génocide en cours
Gaza, qui abrite d'importants sites culturels et archéologiques, a subi de graves dommages dans le cadre du génocide israélien en cours, qui entre dans son dixiÚme mois.
Ă cet Ă©gard, M. al-Utol a dĂ©plorĂ© la destruction d'un cimetiĂšre de l'Ă©poque romaine oĂč ont Ă©tĂ© dĂ©couverts des cercueils en plomb ornĂ©s de feuilles de vigne datant du premier siĂšcle de notre Ăšre. Cette dĂ©couverte remarquable suggĂšre l'existence d'une ville romaine au sud du cimetiĂšre.
On préparait le site pour réaliser une cartographie photographique en 3D lorsque la guerre a éclaté, et il a depuis été détruit, a-t-il expliqué, cité par The Guardian.
M. Al-Utol a exprimé sa profonde tristesse face à la destruction des sites archéologiques et patrimoniaux de Gaza. Lui qui a réussi à retenir ses larmes pour sa propre maison, détruite lors d'un raid aérien israélien, les dégùts subis par des sites tels que la grande mosquée Omari et Qasr al-Basha, un musée et un bùtiment historique, lui ont été particuliÚrement pénibles. Ces sites ont fait l'objet de frappes israéliennes directes, puis ont ensuite été détruits par des bulldozers. M. Al-Utol a qualifié la situation de désastreuse, estimant que la guerre a ravagé non seulement des vies humaines, mais aussi la beauté historique et naturelle de la ville.
âC'est une situation vraiment triste. Cette guerre a brĂ»lĂ© les hommess, les pierres et les arbres. Il ne reste rien de Gaza et de la beautĂ© de la villeâ, a-t-il dĂ©clarĂ© au Guardian.
Interrogé sur la répartition de ces sites et bùtiments historiques, M. al-Utol a expliqué qu'ils étaient dispersés dans toute la bande de Gaza, les mosquées et les églises étant principalement situées dans la vieille ville de Gaza.
Par exemple, l'église byzantine de Jabalia a été directement touchée malgré les structures de protection construites en collaboration avec le British Council. Ces mesures ont été conçues pour préserver le style architectural du sixiÚme siÚcle de l'église, notamment ses mosaïques et ses portiques délicats.
M. Al-Utol a confiĂ© sa tristesse dâassister Ă la destruction de sites aussi remarquables que celui de Jabalia, dans la vieille ville, Ă Khan Younis et Ă Rafah subir de tels outrages, mĂȘme s'il a confirmĂ© que, heureusement, rien n'avait Ă©tĂ© signalĂ© Ă Nuseirat pour lâinstant.
Il n'y a pas un seul lieu sûr dans toute la bande de Gaza
Concernant sa vie dâavant le dĂ©but de la guerre israĂ©lienne, M. al-Utol a racontĂ© qu'il se trouvait sur le site d'excavation du cimetiĂšre romain dans le nord de la ville de Gaza.
Lui et son Ă©quipe d'excavateurs et d'Ă©tudiants ont quittĂ© les lieux 20 minutes avant le dĂ©clenchement de lâoffensive. M. Al-Utol a dĂ©crit l'expĂ©rience comme extrĂȘmement difficile, car ils ont dĂ» abandonner Ă la fois le site de fouilles et leurs maisons, en se dĂ©plaçant vers le sud.
âC'est un miracle que j'aie pu partir. C'Ă©tait une zone trĂšs sensible, il y avait beaucoup de frappes et de bombes au phosphore. La guerre a commencĂ© le 7 octobre. Nous sommes sortis le 8, juste avant minuit. Nous sommes d'abord allĂ©s Ă Nuseirat et avons trouvĂ© refuge dans une Ă©cole de l'Unrwa, puis nous sommes descendus Ă Rafah, et lorsque l'opĂ©ration terrestre a commencĂ©, nous avons de nouveau dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Deir al-Balah. Nous essayons de trouver un lieu sĂ»r, mais il n'y en a plus un seul dans toute la bande de Gazaâ, explique-t-il gravement.
Bouillir sous la tente
Quant Ă sa vie actuelle, M. al-Utol a dĂ©crit le changement radical entre la vie dans une maison et dans une tente. La vie quotidienne est devenue un combat, il faut en permanence se procurer les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© comme l'eau, le chargement des tĂ©lĂ©phones et l'Ă©nergie solaire, avec une inflation dĂ©sormais sĂ©vĂšre, et sous une chaleur extrĂȘme. Les tentes en plastique ne gardent pas le frais, et donnent l'impression de vivre dans un four.
âImaginez que vous viviez dans une maison, puis dans une tente. La vie a rĂ©trĂ©ci. Maintenant, je passe mon temps Ă chercher tout ce dont ma famille a besoinâ, a-t-il dĂ©clarĂ© au Guardian.
âLes tentes sont en plastique, c'est comme si vous Ă©tiez en train de bouillirâ.
M. Al-Utol, qui passe dĂ©sormais ses journĂ©es Ă relever ces dĂ©fis, explique qu'il assume souvent des tĂąches risquĂ©es en raison de son expĂ©rience et de son Ăąge. La menace des bombardements israĂ©liens Ă proximitĂ© crĂ©e un Ă©tat constant de peur, de terreur. Il compare lâexpĂ©rience Ă pire que les pires scĂšnes dâaction hollywoodiennes.
âCe sont des explosions massives. Le bruit et les secousses du sol vous plongent dans l'horreur. C'est quelque chose que l'on ne voit mĂȘme pas dans les films hollywoodiens, on ne se les imagine pasâ, a-t-il affirmĂ©.
Il a dĂ©plorĂ© que sa famille et lui aient dĂ» fuir leur maison sans rien, pensant revenir quelques jours plus tard. Parti seulement vĂȘtu d'un T-shirt et d'un pantalon, al-Utol a soulignĂ© que lui et sa famille sont des civils sans aucune implication dans les affaires politiques ou militaires, s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles ils sont punis.
âJe suis un civil qui veut vivre sa vie intellectuelle et humaniste. Pourquoi me punissent-ils ?â
âNous reconstruirons Gaza .... encore plus belle qu'avantâ
InterrogĂ© sur l'Ă©tat des sites et des bĂątiments historiques depuis le dĂ©but de la guerre dâIsraĂ«l, M. al-Utol a rĂ©vĂ©lĂ© que son Ă©quipe est dans Gaza et lui envoie des photos des dĂ©gĂąts chaque fois qu'elle trouve une connexion Internet. Il documente l'Ă©tendue des destructions au fur et Ă mesure qu'elles se produisent.
Malgré la guerre, M. al-Utol garde espoir, affirme que toutes les guerres finissent par se terminer et affiche sa détermination à reconstruire Gaza pour en faire un endroit plus beau qu'il ne l'était auparavant.
âLa guerre finira un jour. Toutes les guerres se terminent. Et nous reconstruirons Gaza pour la rendre encore plus belle qu'avantâ, a-t-il conclu.
Quand on fait le parallĂšle avec l'esprit des colonisateurs/massacreurs qui ont ouvertement annoncĂ© vouloir raser Gaza, on est Ă©coeurĂ© de savoir que le ministre du 'patrimoine' (ça signifie quoi pour un sioniste?) d'IsraĂ«l etait le plus virulent pour dĂ©clencher l'apocalypse! Que fait ce rĂ©gime odieux pour la culture ? C'est l'inverse ! Plusieurs personnes influentes ont mĂȘme annoncĂ© que Gaza serait bientĂŽt une ville nouvelle Ă l'instar de las Vegas en bĂ©ton pour clientĂšle riche ! Prochain objectif ...raser JĂ©rusalem et la transformer en Brasilia City ? C'est vrai que l'exemple vient d'en haut. En Irak, les soldats US ont dĂ©truit autant d'inestimables reliques des temps anciens par amusement que d'innocentes victimes civiles! Qui se ressemble, s'assemble. Les assassins de nos jours ne se contentent pas de tuer, piller, mentir, mais d'effacer le passĂ© et le prĂ©sent et tout cela, dans l'indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Si j'osais apposer un graffiti sur le Palais du Louvres, je serais condamnĂ© aux enfers ...mais ici , on ne vit pas sur la mĂȘme planĂšte, ni Ă la mĂȘme Ă©poque, on dirait !