đâđš La libertĂ© de la presse dans le monde menacĂ©e par le retour de Julian Assange devant les tribunaux britanniques
âIl n'y a pas que Julian Assange sur le banc des accusĂ©s. Faites taire Assange, et d'autres seront bĂąillonnĂ©s.â â Julia Hall, Amnesty International
đâđš La libertĂ© de la presse dans le monde menacĂ©e par le retour de Julian Assange devant les tribunaux britanniques
Par Amnesty International, le 13 février 2024
Ă la veille de la prochaine audience de Julian Assange devant les tribunaux britanniques en vue de son Ă©ventuelle extradition vers les Ătats-Unis, Amnesty International rĂ©itĂšre ses inquiĂ©tudes quant au risque de graves violations des droits humains en cas d'extradition et met en garde contre un profond âeffet paralysantâ sur la libertĂ© des mĂ©dias Ă l'Ă©chelle mondiale.
âLe risque pour les Ă©diteurs et les journalistes d'investigation du monde entier est en suspens. Si Julian Assange est extradĂ© vers les Ătats-Unis et y est poursuivi, la libertĂ© des mĂ©dias dans le monde sera Ă©galement mise Ă l'Ă©preuveâ,
a déclaré Julia Hall, spécialiste de la lutte contre le terrorisme et de la justice pénale en Europe à d'Amnesty International.
âLes Ătats-Unis doivent abandonner les charges retenues contre Assange au titre de la loi sur l'espionnage, et mettre fin Ă sa dĂ©tention arbitraire au Royaume-Uni.â
â Julia Hall, spĂ©cialiste de la lutte contre le terrorisme et de la justice pĂ©nale en Europe Ă Amnesty International.
âAssange va souffrir personnellement de ces accusations motivĂ©es par des considĂ©rations politiques et la communautĂ© mondiale des mĂ©dias saura qu'elle n'est pas Ă l'abri non plus. Le droit du public Ă l'information sur ce que leurs gouvernements font en leur nom sera profondĂ©ment compromis. Les Ătats-Unis doivent abandonner les charges retenues contre Julian Assange au titre de la loi sur l'espionnage et mettre fin Ă sa dĂ©tention arbitraire au Royaume-Uni.â
Si Julian Assange perd le droit de faire appel, il risque d'ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis et poursuivi en vertu de l'Espionage Act de 1917, une loi datant de la guerre qui n'a jamais eu pour but de cibler le travail lĂ©gitime des Ă©diteurs et des journalistes. Il risque jusqu'Ă 175 ans de prison. En ce qui concerne l'accusation moins grave de fraude informatique, il pourrait se voir infliger une peine maximale de cinq ans.
M. Assange serait Ă©galement exposĂ© Ă un risque Ă©levĂ© d'isolement prolongĂ© dans une prison de haute sĂ©curitĂ©. Bien que les Ătats-Unis aient offert des âgaranties diplomatiquesâ au Royaume-Uni, censĂ©es garantir sa sĂ©curitĂ© en cas d'incarcĂ©ration, les assurances des autoritĂ©s comportent tellement de mises en garde qu'elles ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme fiables.
âOn ne peut pas se fier aux garanties donnĂ©es par les Ătats-Unis. Les promesses douteuses selon lesquelles il sera bien traitĂ© dans une prison amĂ©ricaine sonnent creux si l'on considĂšre que M. Assange risque des dizaines d'annĂ©es d'incarcĂ©ration dans un systĂšme bien connu pour ses abus, notamment l'isolement cellulaire prolongĂ© et la mĂ©diocritĂ© des services de santĂ© proposĂ©s aux dĂ©tenus. Les Ătats-Unis ne peuvent tout simplement pas garantir sa sĂ©curitĂ© et son bien-ĂȘtre, comme ils ne l'ont pas fait pour les centaines de milliers de personnes actuellement emprisonnĂ©es aux Ătats-Unisâ, a dĂ©clarĂ© Julia Hall.
Une menace mondiale pour la liberté des médias
Si Julian Assange est extradĂ©, cela crĂ©era un dangereux prĂ©cĂ©dent : le gouvernement amĂ©ricain pourrait demander l'extradition d'Ă©diteurs et de journalistes du monde entier. D'autres pays pourraient suivre l'exemple des Ătats-Unis.
âLa publication par Julian Assange de documents qui lui ont Ă©tĂ© divulguĂ©s par des sources dans le cadre de son travail avec Wikileaks reflĂšte le travail des journalistes d'investigation. Ceux-ci exercent rĂ©guliĂšrement les activitĂ©s dĂ©crites dans l'acte d'accusation : parler avec des sources confidentielles, demander des Ă©claircissements ou des documents supplĂ©mentaires, recevoir et diffuser des informations officielles et parfois classifiĂ©esâ, a dĂ©clarĂ© Julia Hall.
Les organes d'information et de publication publient souvent, et Ă juste titre, des informations classifiĂ©es pour informer sur des questions de la plus haute importance pour le public. La publication d'informations d'intĂ©rĂȘt public est une pierre angulaire de la libertĂ© des mĂ©dias. Elle est Ă©galement protĂ©gĂ©e par le droit international relatif aux droits de l'homme et ne devrait pas ĂȘtre criminalisĂ©e.
âLes efforts dĂ©ployĂ©s par les Ătats-Unis pour intimider et rĂ©duire au silence les journalistes d'investigation qui rĂ©vĂšlent des fautes gouvernementales, telles que des crimes de guerre ou d'autres violations du droit international, doivent ĂȘtre stoppĂ©s net.
âLes sources telles que les lanceurs d'alerte lĂ©gitimes qui rĂ©vĂšlent aux journalistes et aux Ă©diteurs des actes rĂ©prĂ©hensibles commis par le gouvernement doivent Ă©galement ĂȘtre libres de partager des informations dans l'intĂ©rĂȘt public. Ils seront beaucoup plus rĂ©ticents Ă le faire si Julian Assange est poursuivi pour s'ĂȘtre livrĂ© Ă un travail d'Ă©dition lĂ©gitime.â
âIl n'y a pas que Julian Assange sur le banc des accusĂ©s. Faites taire Assange, et d'autres seront bĂąillonnĂ©s.â â Julia Hall
âIl s'agit d'un test pour les autoritĂ©s amĂ©ricaines et britanniques quant Ă leur engagement envers les principes fondamentaux de la libertĂ© des mĂ©dias qui sous-tendent les droits Ă la libertĂ© d'expression et le droit du public Ă l'information. Il n'y a pas que Julian Assange sur le banc des accusĂ©s. Faites taire Assange, et d'autres seront bĂąillonnĂ©sâ, a dĂ©clarĂ© Julia Hall.
Contexte :
La High Court du Royaume-Uni a confirmĂ© la tenue d'une audience de deux jours les 20 et 21 fĂ©vrier 2024. L'issue de cette audience dĂ©terminera si Julian Assange aura d'autres occasions de plaider sa cause devant les tribunaux britanniques ou s'il aura Ă©puisĂ© tous les recours au Royaume-Uni, ce qui mĂšnera Ă la procĂ©dure d'extradition, ou Ă une requĂȘte auprĂšs de la Cour europĂ©enne des droits de l'homme.