đâđš La libertĂ© de la presse ne peut ĂȘtre prĂ©servĂ©e tant que mon mari Julian Assange est en prison.
Nous devons défendre le droit à la critique, qui confronte les détenteurs du pouvoir aux vérités qu'ils souhaitent le plus ardemment dissimuler. Sans ce droit, les puissants deviennent intouchables.
đâđš La libertĂ© de la presse ne peut ĂȘtre prĂ©servĂ©e tant que mon mari Julian Assange est en prison.
Par Stella Assange, le 28 Septembre 2023
Nous devons défendre le droit de dénoncer. L'aspect le plus important du droit à la critique est celui qui confronte les détenteurs du pouvoir aux vérités qu'ils souhaitent le plus ardemment dissimuler. Sans ce droit, les puissants deviennent intouchables.
Mon mari, Julian Assange, photographiĂ© ci-dessus, est emprisonnĂ© au HMP Belmarsh Ă Thamesmead [banlieue sud-est de Londres] depuis 2019 parce que, en tant qu'Ă©diteur de WikiLeaks, il a exposĂ© les abus de la guerre contre le terrorisme que les Ătats-Unis voulaient garder secrets. Les Ătats-Unis ont portĂ© contre Julian des accusations passibles de 175 ans de prison. En tant que ministre de l'intĂ©rieur, Priti Patel n'a pas bloquĂ© l'extradition de Julian. Une prochaine audience de la High Court dĂ©cidera si la Grande-Bretagne autorise l'attaque la plus importante de notre Ă©poque contre la libertĂ© de la presse.
Nos enfants veulent faire sortir Julian de prison. Cela fait déjà quatre ans. Max, quatre ans, réfléchit à des moyens d'y parvenir. Gabriel, qui a plus de cinq ans, a récemment commencé un nouveau calendrier. Il ne s'agit pas d'un compte à rebours pour la libération de Julian, mais d'un compte à rebours sans date butoir. Gabriel ajoute chaque jour de nouvelles cases à cocher.
Nos petits garçons comprennent que la libertĂ© de Julian fait partie d'un combat Ă©pique qui dĂ©passe notre famille. En juin, nous nous sommes rendus au Vatican oĂč le pape François nous a reçus en audience privĂ©e. En juin, plus de 60 dĂ©putĂ©s australiens ont Ă©crit au procureur gĂ©nĂ©ral des Ătats-Unis pour l'exhorter Ă abandonner les poursuites contre Julian, car celles-ci exposent les journalistes du monde entier Ă des risques de poursuites et de persĂ©cution. La semaine derniĂšre, une dĂ©lĂ©gation de parlementaires australiens reprĂ©sentant tous les partis s'est rendue Ă Washington pour demander sa libĂ©ration.
Julian a 52 ans. Il avait 38 ans lorsqu'il a publiĂ© Collateral Murder et a Ă©tĂ© libre pour la derniĂšre fois. La vidĂ©o montre l'armĂ©e amĂ©ricaine tuant une douzaine de civils, dont deux employĂ©s de Reuters en mission et les sauveteurs qui se sont arrĂȘtĂ©s pour aider les blessĂ©s. Reuters a officiellement tentĂ© d'obtenir la vidĂ©o, mais le Pentagone a refusĂ© de la lui remettre. Les preuves de ce qui s'est passĂ© sont restĂ©es sur les serveurs de l'armĂ©e amĂ©ricaine jusqu'Ă ce que la lanceuse d'alerte Chelsea Manning les transmette Ă WikiLeaks.
Collateral Murder a eu un impact considérable. Les millions de dollars investis dans les campagnes de relations publiques du Pentagone n'ont pas réussi à faire oublier au public ce crime de guerre. L'administration américaine était hors d'elle.
Au cours des deux annĂ©es suivantes, WikiLeaks a fourni au public de nouveaux dĂ©tails sur l'horreur en cours en Irak. Un cĂąble dĂ©crit l'exĂ©cution par les troupes amĂ©ricaines d'une famille irakienne, dont cinq enfants de moins de cinq ans : âLes troupes sont entrĂ©es dans la maison, ont menottĂ© tous les habitants et les ont tous exĂ©cutĂ©s.â Les autopsies ont rĂ©vĂ©lĂ© que âtous les cadavres avaient reçu une balle dans la tĂȘte et avaient Ă©tĂ© menottĂ©sâ. Un mois aprĂšs la publication de ce cĂąble, le gouvernement irakien a dĂ©clarĂ© qu'il allait priver les forces amĂ©ricaines de leur immunitĂ© pour les meurtres de civils.
Les documents que Chelsea Manning a divulguĂ©s Ă WikiLeaks ont rĂ©vĂ©lĂ© la situation Ă Guantanamo et la guerre en Afghanistan, les assassinats, la torture, les dĂ©tentions arbitraires et, ce qui est sans doute le plus rĂ©vĂ©lateur, l'ingĂ©rence des Ătats-Unis dans les procĂ©dures judiciaires de leurs alliĂ©s europĂ©ens. Aujourd'hui encore, ces publications restent l'un des plus grands coups d'Ă©clat de l'histoire du journalisme. En inculpant un Ă©diteur pour la premiĂšre fois en 102 ans d'existence de la loi sur l'espionnage, l'administration amĂ©ricaine a franchi un Rubicon constitutionnel. Julian n'est pas accusĂ© d'âespionnageâ, mais de la rĂ©ception, la possession et la communication d'informations reçues d'un initiĂ© du gouvernement, Chelsea Manning, Ă l'intention du public.
Mais Julian est australien, pas amĂ©ricain. C'est un Ă©diteur travaillant au Royaume-Uni, pas une source amĂ©ricaine. Il se trouve Ă Londres, et non Ă Washington DC. Ce que WikiLeaks a publiĂ© est d'un intĂ©rĂȘt public indĂ©niable, mais la loi amĂ©ricaine sur l'espionnage ne prĂ©voit pas de dĂ©fense de l'intĂ©rĂȘt public. Les procureurs amĂ©ricains soutiennent que, parce que Julian publie depuis la Grande-Bretagne et qu'il n'est pas amĂ©ricain, les protections constitutionnelles de la libertĂ© d'expression ne s'appliquent pas Ă lui. Ils affirment que la loi amĂ©ricaine s'applique aux Britanniques, mais pas les droits amĂ©ricains.
Les groupes de dĂ©fense de la libertĂ© de la presse et les journalistes reconnaissent que le sort de la presse est liĂ© Ă celui de Julian. La Grande-Bretagne, autrefois un bastion de la libertĂ© d'expression et un refuge pour les dissidents politiques, est l'unique rempart entre Julian et la vindicte d'un Ătat outragĂ© pris en flagrant dĂ©lit.
La liberté a besoin d'un espace public solide pour s'épanouir. Il n'y a pas de liberté d'expression sans liberté de la presse. Et il n'y a pas de liberté de la presse tant que Julian reste emprisonné.
* Stella Assange est avocate et militante des droits de l'homme.
https://uk.movies.yahoo.com/opinion-press-freedom-does-not-125908182.html