đâđš La police a dissimulĂ© Ă la justice un dossier intitulĂ© "CIA" dans l'ordinateur de l'Espagnol qui a espionnĂ© Assange.
L'avocat d'Assange a dĂ©crit dans un courrier au juge "l'Ă©norme disparitĂ©" entre les preuves de la copie originale de la police, & les Ă©lĂ©ments obtenus par les experts dâAssange sur le mĂȘme ordinateur.
đâđš La police a dissimulĂ© Ă la justice un dossier intitulĂ© "CIA" dans l'ordinateur de l'Espagnol qui a espionnĂ© Assange.
Par la rédaction de Morning Express, le 3 juin 2023
L'avocat d'Assange a soulignĂ© dans un courrier au juge "l'Ă©norme disparitĂ©" entre les preuves de la copie originale rĂ©alisĂ©e par la police, et les Ă©lĂ©ments obtenus par les experts dâAssange sur le mĂȘme ordinateur.
David Morales, propriĂ©taire de la sociĂ©tĂ© de sĂ©curitĂ© espagnole qui a espionnĂ© Julian Assange pendant son long sĂ©jour Ă l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres, a classĂ© son travail pour la CIA sur son ordinateur portable, et l'a nommĂ© avec les initiales de l'agence de renseignement amĂ©ricaine, selon une nouvelle analyse de son appareil, un Apple MacBook, Ă laquelle EL PAĂS a eu accĂšs. Les initiales de la CIA apparaissent Ă plusieurs reprises sur un disque dur externe de marque Western Digital dans lequel l'ex-soldat conservait les projets et opĂ©rations auxquels participait son entreprise UC Global, SL.
Aux soupçons dĂ©jĂ connus et aux preuves, qui montrent que l'ancien soldat espagnol a espionnĂ© les rĂ©unions du fondateur de Wikileaks avec ses avocats et les a envoyĂ©es aux services de renseignement amĂ©ricains, s'ajoutent maintenant ses fichiers personnels, inconnus de l'enquĂȘte judiciaire, et stockĂ©s dans des dossiers dans lesquels des termes tels que : opĂ©rations, CIA, ambassade ou vidĂ©os ont Ă©tĂ© utilisĂ©s, entre autres.
L'apparition de ces nouvelles preuves a Ă©tĂ© une surprise dans l'affaire suivie par l'Audience nationale contre Morales, car aucun de ces enregistrements informatiques ne figurait dans la copie initiale faite par la police du matĂ©riel saisi chez l'ex-militaire lors de son arrestation en septembre 2019. Un matĂ©riel que les agents ont tĂ©lĂ©chargĂ© sur le cloud de la justice, afin que les parties impliquĂ©es dans l'affaire puissent le consulter. L'arrestation et l'inculpation de Morales ont eu lieu quelques semaines aprĂšs qu'une enquĂȘte du journal a rĂ©vĂ©lĂ© les vidĂ©os et les audios que les employĂ©s d'UC Global avaient enregistrĂ©s pendant que l'Australien prĂ©parait sa dĂ©fense avec ses avocats.
La découverte de ces nouveaux indices sur l'espionnage du cyberactiviste par la CIA, qui reste incarcéré dans une prison londonienne, n'est pas fortuite. Les avocats d'Assange ont constaté des défaillances dans le téléchargement des documents téléchargés sur le cloud et ont réussi à obtenir du juge Santiago Pedraz, chargé de l'instruction de l'affaire, qu'il autorise David Morales à faire une seconde copie du matériel saisi par les agents. Une copie avec un aperçu complet du systÚme que la police n'avait pas fait. Aujourd'hui, un rapport des experts d'Assange fait état de l'apparition d'un "volume de données trÚs important, qui n'était pas inclus dans la copie originale". [de la police]". L'expression "preuves multiples" décrit l'analyse médico-légale. Dans ce second contenu, les dossiers mentionnés sont apparus, et le propriétaire d'UC Global y utilise l'acronyme de la CIA.
Des microphones cachés
La différence de taille ou de volume entre les deux copies, celle récupérée par les services informatiques de la police, les clés USB et les appareils électroniques de M. Morales, et celle obtenue par la défense de M. Assange, représente 254,5 Go : 551,61 fichiers et 973 fichiers de courrier électronique. Parmi ces nouveaux fichiers, un dossier appelé "Operations&Projects" a été sauvegardé avec des répertoires organisés par zones géographiques, dans lesquels sont détaillés les dossiers par région ou pays, ainsi que les services à développer.
Dans la zone correspondant Ă l'AmĂ©rique du Nord, dans le rĂ©pertoire USA, on trouve un fichier nommĂ© CIA. Ă l'intĂ©rieur, dans un dossier appelĂ© Videos, sont stockĂ©es les images des enregistrements que les camĂ©ras cachĂ©es et les microphones d'UC Global, installĂ©s dans l'ambassade de l'Ăquateur Ă Londres, ont rĂ©alisĂ©s lors des rĂ©unions du fondateur de Wikileaks. Chaque enregistrement est datĂ© et intitulĂ© : "Pamela Anderson", qui contient les rencontres avec l'actrice, amie d'Assange, "Guest", terme utilisĂ© par les employĂ©s de Morales pour dĂ©signer l'Australien, "Ladies toilet", lĂ oĂč il se rĂ©unissait avec ses avocats par crainte d'ĂȘtre espionnĂ©, et "Fidel", pour le consul Ă©quatorien qui a tentĂ© de faire sortir Assange avec un passeport diplomatique.
Les fichiers vidéo ont été transférés dans un format commun et renommés avec des références à leur contenu afin de les rendre plus visibles et accessibles au client final. En l'occurrence, et d'aprÚs ce qui apparaßt sur l'ordinateur de M. Morales, ce client était la CIA. Les nouvelles preuves saisies chez l'ex-militaire coïncident avec les documents remis au juge par un ancien employé d'UC Global à qui le magistrat a accordé le statut de témoin protégé.
Jusqu'Ă prĂ©sent, les soupçons selon lesquels le propriĂ©taire d'UC Gobal aurait transmis Ă la CIA les donnĂ©es obtenues lors de l'espionnage de l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres se fondaient sur les preuves fournies par EL PAĂS et sur les dĂ©clarations de plusieurs anciens employĂ©s de l'entreprise de sĂ©curitĂ©. Ainsi que dans les courriels de Morales oĂč il affirme travailler pour "le client amĂ©ricain", ĂȘtre "passĂ© du cĂŽtĂ© obscur", ou collaborer avec "le renseignement amĂ©ricain". "Ceux qui contrĂŽlent sont les amis des Ătats-Unis", Ă©crivait-il Ă ses employĂ©s de confiance. Les donnĂ©es fournies par Morales Ă la CIA ont fait avorter le plan visant Ă faire sortir Assange de l'ambassade Ă NoĂ«l 2017, comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© ce journal. Les Ătats-Unis ont demandĂ© son extradition et le Royaume-Uni l'a accordĂ©e. L'affaire est en attente de plusieurs recours judiciaires.
Des dossiers "trĂšs pertinents", et sans copie.
Le rapport des experts d'Assange, Manuel Huerta et JosĂ© Manuel MartĂnez, souligne que des dossiers "trĂšs pertinents" pour l'enquĂȘte n'ont pas Ă©tĂ© dupliquĂ©s dans les tĂ©lĂ©chargements de la police, comme le bureau de l'ordinateur, oĂč l'utilisateur peut stocker de nombreux fichiers et dossiers. L'analyse de l'expert souligne la trace de "dossiers supprimĂ©s comportant des informations", parmi lesquels plusieurs portent le nom d'"hĂŽtel", nom sous lequel Morales a baptisĂ© l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres oĂč Assange s'Ă©tait rĂ©fugiĂ©, et a Ă©tĂ© espionnĂ©. "Il y a une disparition abyssale de fichiers et de dossiers", concluent les experts.
Aitor MartĂnez, l'avocat d'Assange, a soulignĂ© dans une lettre adressĂ©e au juge "l'Ă©norme disparitĂ©" entre les preuves qui figurent dans la copie originale rĂ©alisĂ©e par la police, et les Ă©lĂ©ments que les experts dĂ©signĂ©s par le cyberactiviste viennent d'obtenir Ă partir du mĂȘme matĂ©riel. "Ă cela s'ajoute l'inactivitĂ© de l'unitĂ© active de la police qui, jusqu'Ă prĂ©sent, n'a prĂ©sentĂ© aucun courrier officiel, ni aucun rapport sur les copies initiales qui, comme nous le savons maintenant, Ă©taient biaisĂ©es et ne reflĂ©taient pas la rĂ©alitĂ© des Ă©lĂ©ments d'intĂ©rĂȘt pour cette cause", reproche l'avocat, qui a demandĂ© une prolongation de six mois de l'enquĂȘte sur l'affaire. Suite Ă ces critiques, la police vient de remettre au juge un rapport dans lequel elle Ă©tablit les concordances entre le matĂ©riel informatique remis par un tĂ©moin protĂ©gĂ©, et celui retrouvĂ© sur l'ordinateur du cyberactiviste.
L'ancien Marine David Morales est en libertĂ© provisoire et fait l'objet d'une enquĂȘte pour atteinte Ă la vie privĂ©e, violation du secret professionnel, dĂ©tournement de fonds et blanchiment d'argent.