đâđš La police britannique arrĂȘte un Ă©diteur français qui refusait de lui communiquer les codes d'accĂšs Ă son tĂ©lĂ©phone
La police britannique a invoquĂ© la loi sur le terrorisme au Royaume-Uni pour interroger, puis arrĂȘter un Ă©diteur français en raison de sa participation prĂ©sumĂ©e Ă des manifestations en France.
đâđš La police britannique arrĂȘte un Ă©diteur français qui refusait de lui communiquer les codes d'accĂšs Ă son tĂ©lĂ©phone
Par Kevin Gosztola, le 18 avril 2023
La police britannique a invoquĂ© la loi sur le terrorisme au Royaume-Uni pour interroger, puis arrĂȘter un Ă©diteur français en raison de sa participation prĂ©sumĂ©e Ă des manifestations en France.
Ernest Moret est le responsable des droits étrangers des Editions La Fabrique. Il est arrivé à Londres le 17 avril pour participer à la Foire du livre de Londres.
La police a arrĂȘtĂ© M. Moret et lui a demandĂ© de "donner son tĂ©lĂ©phone et ses codes d'accĂšs aux officiers, sans aucune justification ou explication", selon un communiquĂ© de presse conjoint des Editions La Fabrique et de Verso Books.
Le lendemain matin, le 18 avril, la police a arrĂȘtĂ© M. Moret et l'a accusĂ© d'obstruction, parce qu'il avait refusĂ© de partager ses codes d'accĂšs avec les policiers qui l'avaient arrĂȘtĂ©.
Pamela Morton, organisatrice principale de la National Union of Journalists (NUJ) pour les livres et les magazines, a condamné cette arrestation.
"Il semble extraordinaire que la police britannique ait agi de la sorte en recourant Ă la lĂ©gislation sur le terrorisme pour arrĂȘter un Ă©diteur qui se trouvait ici pour des raisons lĂ©gitimes dans le cadre de la Foire du livre de Londres", a dĂ©clarĂ© Mme Morton.
PEN International s'est déclaré "profondément préoccupé par la détention du responsable des droits étrangers de l'éditeur français La Fabrique", qui avait prévu de participer à la Foire du livre de Londres. Ils ont demandé sa libération immédiate.
Comme les Ă©ditions La Fabrique et Verso Books l'ont indiquĂ©, M. Moret avait prĂ©vu de rencontrer plus de 30 Ă©diteurs Ă©trangers Ă la foire du livre. Lorsqu'il est arrivĂ© Ă la gare internationale de St. Pancras, des agents l'ont arrĂȘtĂ© pour l'interroger en vertu de l'annexe 7 de la loi sur le terrorisme de 2000.
Cela signifie évidemment que les polices française et britannique collaborent pour traquer les individus qui ont participé aux manifestations contre la "réforme des retraites" du président français Emmanuel Macron en France.
"Nous considĂ©rons ces actions comme des atteintes scandaleuses et injustifiables aux principes fondamentaux de la libertĂ© d'expression et comme un exemple d'abus des lois antiterroristes", ont encore dĂ©clarĂ© les Ăditions La Fabrique et Verso Books. "Nous considĂ©rons que cette atteinte Ă la libertĂ© d'expression d'un Ă©diteur est une nouvelle manifestation du glissement vers des mesures rĂ©pressives et autoritaires pris par le gouvernement français actuel face au mĂ©contentement et Ă la protestation populaires gĂ©nĂ©ralisĂ©s".
Les deux Ă©diteurs ont annoncĂ© qu'une manifestation aurait lieu le 18 avril au soir Ă l'Institut français de Londres, oĂč M. Moret devait assister Ă une rĂ©ception. Ils ont Ă©galement indiquĂ© qu'il y aurait une "manifestation simultanĂ©e Ă l'ambassade britannique Ă Paris".
Stella Magliani-Belkacem, directrice éditoriale des Editions La Fabrique, a déclaré au Guardian : "Lorsque nous étions sur le quai, deux personnes, une femme et un homme, nous ont dit qu'ils étaient de la police antiterroriste. Ils ont montré un document intitulé section 7 de la loi sur le terrorisme de 2000 et ont dit qu'ils avaient le droit de l'interroger sur les manifestations en France".
" J'en tremble encore, nous sommes sous le choc de ce qui s'est passé ", a ajouté Magliani-Belkacem.
Si les abus de pouvoir en vertu de l'annexe 7 de la loi britannique sur le terrorisme ont principalement visé les musulmans, les journalistes ont également eu à craindre que les autorités n'utilisent la loi pour violer leur droit à la liberté de la presse.
La NUJ a précédemment noté qu'en octobre 2018, "l'examinateur indépendant de la législation sur le terrorisme du Royaume-Uni a appelé à plus de clarté sur l'utilisation des contrÎles de l'annexe 7, qui permettent à la police d'interroger les gens et de copier les données de leurs téléphones portables et de leurs ordinateurs dans les ports et les aéroports sans raison de suspicion."
En 2013, David Miranda, le partenaire du journaliste Glenn Greenwald, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en vertu de l'annexe 7 pendant neuf heures. La police a dĂ©tenu M. Miranda dans l'espoir de saisir des copies de documents du lanceur dâalerte de la NSA, Edward Snowden, qui dĂ©crivaient en dĂ©tail l'implication des Ătats-Unis et du Royaume-Uni dans des programmes de surveillance de masse.
Plusieurs journaux britanniques ont demandé des commentaires à la Metropolitan Police et à l'ambassade de France à Londres, qui n'ont pas répondu immédiatement à leurs demandes.