đâđš La politique Ă©nergĂ©tique des Chihuahua : du gaz, du gaz, encore du gaz
La commissaire aux produits toxiques, Medusa von der Leyen, a dĂ©clarĂ© Ă Davos que lâUE a âconsidĂ©rablement rĂ©duitâ, âen un temps recordâ, sa dĂ©pendance Ă l'Ă©gard des combustibles fossiles russes.
đâđš La politique Ă©nergĂ©tique des Chihuahua : du gaz, du gaz, encore du gaz
Par Pepe Escobar, le 31 janvier 2025
Chihuahuas europĂ©ens, profitez de vos fantasmes de âdĂ©faite stratĂ©giqueâ !
Commençons par l'histoire d'un empire qui se vante à tout va.
M. Disco Inferno [Donald] a ordonnĂ© Ă l'OPEP et Ă l'OPEP+ de baisser le prix du pĂ©trole car, selon lui, cela pourrait rĂ©soudre la guerre en Ukraine - comme pour forcer Moscou Ă s'asseoir Ă la table des nĂ©gociations en raison de la baisse de ses revenus Ă©nergĂ©tiques. Cela rĂ©sume en soi le niveau de saloperies dont POTUS est abreuvĂ© par sa kyrielle dâacronymes qui passent pour du renseignement.
Trump Ă Davos :
âJe vais demander Ă l'Arabie saoudite et Ă l'OPEP de faire baisser le prix du pĂ©trole (...) Si le prix baisse, la guerre entre la Russie et l'Ukraine se terminera immĂ©diatement. Aujourd'hui, le cours est suffisamment Ă©levĂ© pour que cette guerre se poursuive (...) Avec la baisse du prix du pĂ©trole, j'exigerai que les taux d'intĂ©rĂȘt chutent immĂ©diatement. Et les taux d'intĂ©rĂȘt baisseront partout dans le monde. Les taux d'intĂ©rĂȘt devraient ĂȘtre alignĂ©sâ.
Comme on pouvait s'y attendre, l'OPEP+ - essentiellement dirigĂ©e par l'Arabie saoudite et la Russie - a dit non. Outre le fait qu'ils ne se soucient guĂšre des taux d'intĂ©rĂȘt, ils continueront Ă faire ce qu'ils ont prĂ©vu de faire en matiĂšre d'Ă©nergie, notamment en diminuant bientĂŽt la production, mais Ă des niveaux raisonnables.
Standard Chartered, un acteur majeur, a notĂ© que l'OPEP n'a qu'un pouvoir limitĂ© pour mettre immĂ©diatement fin Ă la guerre en rĂ©duisant le prix du pĂ©trole, les ministres de l'OPEP considĂ©rant cette âstratĂ©gieâ comme Ă©tant particuliĂšrement inefficace et coĂ»teuse.
Voilà pour les diktats impériaux.
Le plan stratĂ©gique de victoire des âChihuahuaâ
Comme on l'a dĂ©jĂ soulignĂ©, les Ătats-Unis - grĂące Ă la fracturation hydraulique - disposent de suffisamment de gaz pour la consommation intĂ©rieure, mais pas assez pour l'exporter en masse vers l'UE, en raison de difficultĂ©s de liquĂ©faction. Cela explique pourquoi, mĂȘme en achetant plus d'Ă©nergie amĂ©ricaine Ă des prix exorbitants, l'UE reste de facto largement dĂ©pendante du GNL russe - et de sources non amĂ©ricaines - depuis le sabotage des Nord Streams, dĂ©voilĂ© en dĂ©tail par Sy Hersh.
MĂȘme Ă pleine capacitĂ©, l'Empire du Chaos ne peut tout simplement pas fournir tout le gaz dont l'UE a besoin. Ă cela s'ajoute la quasi-absence d'investissements dans l'exploration supplĂ©mentaire dont l'UE a cruellement besoin, ainsi que dans l'infrastructure nĂ©cessaire pour rĂ©pondre Ă la demande accrue de l'UE.
Sur le marchĂ© intĂ©rieur du pĂ©trole amĂ©ricain, les choses deviennent positivement kafkaĂŻennes. Le transport routier amĂ©ricain - une industrie tertiaire massive - dĂ©pend du diesel russe importĂ©, qui doit ĂȘtre associĂ© Ă du pĂ©trole made in America pour pouvoir ĂȘtre utilisĂ© par les poids lourds.
Revenons maintenant Ă Davos, qui s'est dĂ©roulĂ© sans le moindre bruit. La commissaire europĂ©enne chargĂ©e des produits toxiques, Medusa von der Leyen, a dĂ©clarĂ© Ă Davos que l'Europe a âconsidĂ©rablement rĂ©duitâ, et âen un temps recordâ, sa dĂ©pendance Ă l'Ă©gard des combustibles fossiles russes.
C'est absurde. La réalité énergétique de l'Europe est bien sombre. Le prix du GNL russe de Novatek se situe actuellement entre 4,5 et 4,7 dollars par MMBtu. C'est plus cher que via le gazoduc, mais c'est encore bien moins cher (c'est moi qui souligne) que le GNL américain.
Tous les professionnels du secteur, du golfe Persique à Anvers, savent que l'Europe importe aujourd'hui du GNL russe comme jamais auparavant. C'est ça - ou mourir à petit feu. ParallÚlement, la Russie triplera sa capacité d'approvisionnement en GNL d'ici à 2035. Résultat : quelles que soient les idées des « commissaires à l'énergie » de Bruxelles, la Russie va continuer à jouer un rÎle essentiel dans la sécurité énergétique de l'Europe.
Il n'y a pas de limites, mĂȘme stratosphĂ©riques, Ă la bĂȘtise de l'eurocratie, qui gangrĂšne le systĂšme comme un flĂ©au. Non seulement les EuropĂ©ens ont rĂ©ussi Ă couper leurs propres gazoducs, mais ils continuent d'âenquĂȘterâ sur l'attentat terroriste perpĂ©trĂ© de facto contre Nord Stream.
RĂ©sultat : ils importent maintenant plus de gaz russe, mais par d'autres moyens, auprĂšs de fournisseurs tiers, et le paient une fortune.
C'est ce que l'on peut appeler le plan de victoire stratégique en mode Chihuahua.
M. Disco Inferno sanctionné par le Trésor américain
Les exportations russes de GNL ont atteint un niveau record l'année derniÚre, avec une croissance de 4 % et une livraison de 33,6 millions de tonnes. Le record mensuel a été de 3,25 millions de tonnes en décembre 2024, soit 13,7 % de plus qu'en novembre.
Le plus grand exportateur russe est Yamal LNG : 21,1 millions de tonnes, soit 6 % de plus qu'en 2023.
Le secrĂ©taire d'Ătat adjoint aux ressources Ă©nergĂ©tiques, Geoffrey Pyatt, a ordonnĂ© la âcessation totaleâ des exportations de gaz russe vers l'Europe.
Au diable ce que des pays comme la Hongrie, l'Autriche et la Slovaquie peuvent penser - et dont ils ont besoin.
Pyatt a déclaré à l'Atlantic Council :
âAujourd'hui, nous sommes le plus grand exportateur de GNL au monde, et d'ici la fin de l'administration Trump, nous aurons doublĂ© ce que nous rĂ©alisons aujourd'hui [...] La dĂ©cision a clairement Ă©tĂ© prise Ă Bruxelles de rĂ©duire Ă zĂ©ro [les approvisionnements en gaz de la Russie] d'ici 2027 [...] et les Ătats-Unis soutiennent fermement cet objectifâ.
Oh lĂ lĂ . Ces gens-lĂ lisent-ils au moins les gros titres ? Comme le rapporte Politico, l'UE âdĂ©voreâ le gaz russe Ă des niveaux sans prĂ©cĂ©dent depuis le dĂ©but de l'annĂ©e 2025, en important 837 300 tonnes de GNL rien qu'au cours des deux premiĂšres semaines de l'annĂ©e.
L'accord de transit ukrainien a été interrompu - du moins pour l'instant - à partir du1er janvier. Désormais, l'action se situe sur les routes maritimes.
Le Trésor américain a présenté un nouveau train de sanctions contre le commerce du pétrole russe, visant jusqu'à 5,8 millions de barils par jour transportés par voie maritime.
à l'heure actuelle, le marché mondial du pétrole connaßt un excédent d'environ 0,8 million de barils par jour. Les prix du pétrole pour 2025 devraient se maintenir autour de 71 dollars pour le baril de Brent (76,2 dollars à l'heure actuelle). Ce n'est pas exactement ce que souhaite M. Disco Inferno.
Supposons donc que ces 5,8 millions de barils de pétrole russe - soumis à de sévÚres sanctions - disparaissent du marché mondial. Dans ce cas, les prix du pétrole monteraient en flÚche pour atteindre une moyenne de 150 à 160 dollars le baril. Une fois de plus, ce n'est pas ce que souhaite M. Disco Inferno, qui a promis avec ardeur - et continue de promettre - une superpuissance pétroliÚre selon le modÚle MAGA, tout en abaissant les prix du pétrole à un maximum de 50 dollars le baril.
Selon le budget 2025 de la Russie, le prix du pétrole est de 65,9 dollars le baril.
Si le TrĂ©sor amĂ©ricain parvient Ă opĂ©rer sa magie et Ă âfaire disparaĂźtreâ ces 5,8 millions de barils, les revenus de la Russie atteindraient environ 88,2 milliards de dollars, mĂȘme en tenant compte d'une baisse considĂ©rable des exportations.
Les prix Ă©levĂ©s du pĂ©trole nuisent Ă la compĂ©titivitĂ© amĂ©ricaine. Quelqu'un devrait donc dire Ă M. Disco Inferno que cette manĆuvre du TrĂ©sor amĂ©ricain nuit davantage aux rĂȘves de Trump qu'Ă ceux de la Russie.
Dans toute l'Eurasie, la Russie est bien placée, en particulier avec ses partenaires des BRICS. Power of Siberia à destination de la Chine a le vent en poupe, et Power of Siberia II devrait commencer à fonctionner d'ici 2030. L'accélération des exportations de GNL vers l'Iran est une affaire réglée, surtout aprÚs la signature du partenariat stratégique au début du mois.
Cette annĂ©e, un accord sera Ă©galement signĂ© en Russie pour transporter du GNL vers l'Afghanistan par le biais de convois de camions-citernes. La prochaine Ă©tape sera le Pipelineistan : peut-ĂȘtre, enfin, les mesures nĂ©cessaires pour construire une variante du gazoduc TAPI (TurkmĂ©nistan-Afghanistan-Pakistan-Inde), mais avec du gaz provenant de Russie.
Le plus gros client de GNL russe, outre la Chine, est bien sĂ»r l'Inde, partenaire des BRICS. Il est dans l'intĂ©rĂȘt de la Russie, de l'Iran, de l'Afghanistan et de l'Inde que le Pakistan soit stabilisĂ© - et non un Islamabad tĂ©lĂ©guidĂ© par Washington, comme c'est actuellement le cas - pour l'ouverture dĂ©finitive des voies d'acheminement du GNL russe vers l'Inde. Cela se produira en temps voulu.
Quant aux chihuahuas europĂ©ens, ne vous privez surtout pas de fantasmer sur une âdĂ©faite stratĂ©giqueâ. Continuez Ă jacasser et Ă acheter du GNL russe.
https://strategic-culture.su/news/2025/01/31/chihuahua-energy-policy-its-gas-gas-gas/
Attention aux fous furieux de Washington...Ils sont capables de tout...comme de saboter les gazoducs encore en fonction pour ennuyer dâune part la Russie mais aussi ses partenaires indiens et chinois (surtout eux). Et bien sĂ»r le turk stream qui continue dâalimenter les Balkans (comme cette chĂšre Serbie) donc une petite partie de cette europe chancelante...