👁🗨 La pression monte sur les États-Unis pour libérer Julian Assange. Le point sur la situation
L'administration Biden a renforcé la protection des journalistes. Mais pour l'instant, les accusations portées contre M. Assange sont maintenues.
👁🗨 La pression monte sur les États-Unis pour libérer Julian Assange. Le point sur la situation
📰 Par By Finn McHugh, le 14 décembre 2022
Les États-Unis et le Royaume-Uni subissent de nouvelles pressions les incitant à abandonner les poursuites engagées contre le fondateur de Wikileaks, Julian Assange.
Julian Assange se bat contre son extradition du Royaume-Uni, où il est détenu depuis plus de trois ans. Source : AP / Matt Dunham
POINTS CLÉS
Les manifestants demandent la libération de Julian Assange.
Le fondateur de Wikileaks se bat contre l'extradition sur plusieurs fronts.
Il risque jusqu'à 175 ans de prison.
Quelques semaines à peine après que le Premier ministre Anthony Albanese a déclaré que "Trop c'est trop" dans la saga Julian Assange, les militants australiens se tournent vers Londres et Washington.
Le fondateur de Wikileaks a passé une décennie reclus ou derrière les barreaux, poursuivi par les États-Unis pour des publications qui, selon eux, mettent des vies en danger.
Alors que l'Australien entre dans la phase finale de son combat contre l'extradition vers les États-Unis, des manifestants se sont rassemblés mardi devant le haut-commissariat britannique à Canberra pour demander sa libération d'une cellule de prison à Londres.
Craig Andrews, co-directeur de l'Alliance contre les poursuites politiques, a déclaré que le mouvement était encouragé par l'appel de M. Albanese à une issue rapide.
"Nous devons exercer un peu plus de pression, et trop de temps s'est écoulé pour arriver là où nous en sommes. La diplomatie du mégaphone n'est sans doute pas une mauvaise chose dans ce cas", a-t-il déclaré à SBS News.
"Nous y croyons. Maintenant, la prochaine offensive est à mener contre le président [américain] Biden."
Pour en savoir plus:
▪️ Où en est-on sur le plan juridique ?
La situation est complexe et se joue sur plusieurs fronts.
M. Assange est toujours enfermé dans la prison de Belmarsh, à Londres, où il se trouve depuis plus de trois ans et demi après son arrestation à l'ambassade d'Équateur à Londres.
Il était réfugié à l'ambassade, où il demandait l'asile, depuis près de sept ans, alors qu'il luttait contre son extradition vers la Suède pour des accusations d'agression sexuelle sans lien avec les faits.
Le fondateur de Wikileaks se bat toujours contre son extradition vers les États-Unis, où il risque jusqu'à 175 ans de prison.
La Grande-Bretagne a approuvé l'extradition, mais M. Assange fait appel de cette décision devant la Haute Cour britannique. L'affaire devrait être entendue l'année prochaine.
Le mois dernier, ses avocats ont également déposé un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme concernant sa détention au Royaume-Uni, ce qui pourrait également bloquer son extradition.
Les États-Unis auraient déclaré que M. Assange pouvait purger sa peine de prison en Australie.
▪️ De quoi est-il accusé ?
D'avoir illégalement et imprudemment mis des vies en danger.
Le gouvernement américain affirme qu'il a mis en danger la vie de ses agents ainsi que celle des Afghans et des Irakiens travaillant avec lui, après que Wikileaks a publié leurs noms non expurgés.
Il est recherché pour 18 chefs d'accusation, le ministère américain de la justice ayant accusé Wikileaks de "l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiées de l'histoire des États-Unis". Dix-sept de ces chefs d'accusation sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement chacun, tandis qu'une accusation de complot en vue de commettre une intrusion dans un ordinateur est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans.
Les États-Unis soulignent qu'ils le poursuivent pour avoir mis des vies en danger et non pour avoir agi en tant qu'éditeur, ce qui permet d'éviter tout problème lié au premier amendement. Le premier amendement des États-Unis protège la liberté d'expression.
Les actes d'accusation comprennent un chef d'accusation au titre de la loi sur l'espionnage, concernant des câbles divulgués que Wikileaks a publiés en 2011. Cette loi est généralement réservée aux espions et n'a jamais été utilisée pour poursuivre une personne ayant publié des informations classifiées.
Il est également accusé d'avoir planifié le piratage d'ordinateurs du gouvernement américain de concert avec Chelsea Manning, une analyste du renseignement de l'armée qui a divulgué des informations, et d'avoir cherché à obtenir des documents classifiés.
Une enquête en Suède, où il était accusé de multiples viols, a été abandonnée en 2019.
▪️ Qu'est-ce que les gens en disent ?
Le gouvernement australien veut en finir avec cette affaire.
M. Albanese dit avoir eu des entretiens personnels avec des membres du gouvernement américain, affirmant qu'il "ne rime à rien" de faire traîner la procédure.
"Les gens auront différents avis sur Julian Assange et sur ses actions, mais en ce qui concerne son incarcération en cours pendant que ces processus juridiques se déroulent, je ne vois pas en quoi cela sert à quelque chose", a-t-il déclaré en novembre.
"Je continuerai à faire valoir cet argument".
Mais il a également déclaré : "Je n'exprime aucune sympathie personnelle pour les actions de M. Assange".
Un ensemble d'organismes de presse qui a aidé Wikileaks à publier ses documents [il y a 12 ans] ont également fait monter la pression, en écrivant une lettre ouverte demandant au gouvernement américain d'abandonner ses poursuites.
Les groupes de défense des libertés civiles ont prévenu depuis des années que ces accusations auraient un effet dissuasif sur le journalisme.
Mme Manning a bénéficié de la clémence de l'ancien président américain Barack Obama après avoir passé six ans derrière les barreaux, et l'administration Biden a renforcé la protection des journalistes. Mais pour l'instant, les accusations portées contre M. Assange sont maintenues.