đâđš La quĂȘte des monstres
Les Ătats-Unis peuvent-ils kidnapper Netanyahu & le juger dans notre pays pour le meurtre & le gĂ©nocide Ă Gaza ? Oui, mais ne retenez pas votre souffle. Car c'est l'AmĂ©rique qui a enfantĂ© ce monstre.
đâđš La quĂȘte des monstres
Par Andrew P. Napolitano, le 29 août 2024
Accepter publiquement les excĂšs des Ătats-Unis en matiĂšre de politique Ă©trangĂšre - en quĂȘte de monstres Ă dĂ©truire - mĂšne Ă accepter la guerre, et Ă la faire par d'autres moyens.
âL'AmĂ©rique ne part pas Ă l'Ă©tranger en quĂȘte de monstres Ă dĂ©truire [...].
Elle pourrait devenir le dictateur du monde,
Mais ne serait plus la souveraine de son propre esprit."
â John Quincy Adams (1767-1848)
Au beau milieu de son mandat de secrĂ©taire d'Ătat, le futur prĂ©sident John Quincy Adams a pris la parole lors d'une session conjointe du CongrĂšs. Pourquoi cet Ă©vĂ©nement inhabituel ?
Les Ătats-Unis venaient de faire match nul avec la Grande-Bretagne lors de la guerre de 1812. Cette guerre s'est dĂ©roulĂ©e presque entiĂšrement au Canada. Certains historiens pensent que les Britanniques ont dĂ©clenchĂ© cette guerre pour rĂ©cupĂ©rer leurs anciennes colonies. D'autres pensent que les Ătats-Unis l'ont dĂ©clenchĂ©e pour reprendre le Canada Ă la Grande-Bretagne. Adams craignait que le cancer de la guerre ne se propage une fois de plus au sein de l'establishment de Washington, et il voulait y mettre un terme.
Il y est parvenu, mais seulement pendant une vingtaine d'années, grùce à son argument selon lequel les guerres étrangÚres offensives ne répandent pas la liberté, mais la violence.
Avance rapide jusqu'en 1992, alors que les Ătats-Unis menaient une autre guerre Ă©trangĂšre vaine, cette fois en utilisant la C.I.A. et la Drug Enforcement Administration (D.E.A.) - pour Ă©viter les lois exigeant que les conflits militaires soient rapportĂ©s au CongrĂšs et la nĂ©cessitĂ© d'une dĂ©claration de guerre par celui-ci. Il s'agissait de la guerre contre la drogue que les Ătats-Unis menaient contre le gouvernement et les civils mexicains.
Au cours de cette guerre, l'administration de George H.W. Bush a dĂ©cidĂ© de kidnapper des Ă©trangers ayant violĂ© les lois amĂ©ricaines dans d'autres pays pour leur faire rendre des comptes aux Ătats-Unis. La thĂ©orie qui sous-tendait cette arrogance impĂ©rialiste consistait Ă dire que ces personnes avaient nui aux agents amĂ©ricains au Mexique en rĂ©sistant aux violentes guerres contre la drogue menĂ©es par les Ătats-Unis, et aux Ătats-Unis en exportant de la drogue vers l'AmĂ©rique.
Peu importe que les drogues soient achetĂ©es et consommĂ©es volontairement, et peu importe que la Cour suprĂȘme ait dĂ©jĂ statuĂ© que nous sommes tous maĂźtres de notre corps et que ce que nous en faisons en privĂ© ne regarde pas le gouvernement fĂ©dĂ©ral.
Tout cela a atteint son paroxysme devant la Cour suprĂȘme en 1992, quand un mĂ©decin mexicain a contestĂ© l'enlĂšvement brutal dont il avait Ă©tĂ© victime dans son cabinet mĂ©dical au Mexique, enlĂšvement orchestrĂ© et financĂ© par le ministĂšre de la Justice de George W. Bush.
La Cour suprĂȘme a jugĂ© que l'enlĂšvement Ă©tait lĂ©gal, car les tribunaux ne s'intĂ©ressent pas Ă la maniĂšre dont l'accusĂ© a Ă©tĂ© amenĂ© dans la salle d'audience : ils ne s'intĂ©ressent qu'Ă ce qui se passe ensuite. De plus, le traitĂ© d'extradition entre les Ătats-Unis et le Mexique Ă©tant muet sur les enlĂšvements par le gouvernement, ceux-ci sont donc lĂ©gaux.
Feu vert pour les enlĂšvements violents
Cette interprĂ©tation tordue des principes premiers, parmi lesquels le respect par le gouvernement de ses propres lois, a menĂ© au recours d'agents du F.B.I., de la C.I.A. et de la D.E.A. pour kidnapper des Ă©trangers dans des pays Ă©trangers qui auraient portĂ© prĂ©judice Ă des AmĂ©ricains en violant les lois des Ătats-Unis. Il s'agit d'enlĂšvements musclĂ©s, oĂč la victime est souvent redirigĂ©e vers un pays du tiers monde pour y ĂȘtre torturĂ©e, puis vers les Ătats-Unis pour y ĂȘtre jugĂ©e.
Aussi horrible que cela puisse sembler, le droit amĂ©ricain a toujours exigĂ© une relation avec le prĂ©judice causĂ© aux AmĂ©ricains, ce qui signifie que l'enlĂšvement par le gouvernement ne peut ĂȘtre justifiĂ© qu'en tant qu'Ă©tape initiale vers la rĂ©paration du prĂ©judice causĂ© Ă une victime amĂ©ricaine par la personne kidnappĂ©e.
Jusqu'à ce que le président Joe Biden s'associe aux Républicains du CongrÚs pour prouver leur détermination.
La législation récente du CongrÚs étend l'autorité des tribunaux fédéraux aux crimes commis par des étrangers dans des pays étrangers contre des victimes ou des biens étrangers. En supprimant le lien avec le préjudice américain, le CongrÚs a permis aux autorités fédérales d'inculper qui bon leur semble pour des crimes étrangers commis ailleurs contre des victimes étrangÚres, et il a enjoint aux tribunaux fédéraux de se saisir de ces affaires.
Voilà qui va multiplier les enlÚvements par le gouvernement américain et étendre radicalement la capacité des présidents américains à s'emparer d'adversaires politiques ou journalistiques à l'étranger dans le seul but de les réduire au silence. Les présidents américains disposent ainsi d'un nouvel outil de guerre discret, puisqu'ils peuvent désormais légalement - mais pas constitutionnellement - envoyer de petites armées d'agents fédéraux en tenue militaire et équipés de matériel militaire dans tous les pays choisis par le président afin d'en extraire quelqu'un qu'il déteste ou craint.
Et si la personne kidnappĂ©e est finalement acquittĂ©e lors d'un procĂšs pĂ©nal, en raison de la rĂ©cente dĂ©cision intellectuellement malhonnĂȘte de la Cour suprĂȘme sur l'immunitĂ© prĂ©sidentielle, elle ne peut pas poursuivre le prĂ©sident pour avoir autorisĂ© son enlĂšvement.
La rĂšgle de la force brute
Il ne s'agit plus de l'Ătat de droit. C'est la loi de la force brute. Et comme aucun AmĂ©ricain ne doit ĂȘtre lĂ©sĂ© et qu'aucune loi amĂ©ricaine ne doit ĂȘtre enfreinte, le prĂ©sident peut s'en prendre Ă n'importe quel Ă©tranger, littĂ©ralement, s'il le souhaite.
Au cas oĂč l'on penserait que mes avertissements sont fantaisistes, sachez que cela s'est dĂ©jĂ produit.
Lorsque l'ancien président Barack Obama a envoyé des drones pour tuer des Américains et leurs collÚgues étrangers au Yémen en 2011 - dont aucun n'avait été accusé d'un crime américain et qui étaient tous en présence de 12 agents américains pendant les derniÚres 48 heures de leur vie - il a justifié ses meurtres en faisant valoir qu'il avait tué moins de personnes avec ses drones que ces personnes n'en auraient tué si elles avaient vécu.
Ce raisonnement tordu, pervers et autoritaire constitue un rejet total des principes du droit naturel et des procédures réguliÚres, qui interdisent formellement de recourir en premier lieu à l'agression contre autrui et exigent des procÚs devant jury avant toute condamnation.
Pourtant, accepter publiquement les excĂšs amĂ©ricains en matiĂšre de politique Ă©trangĂšre - en quĂȘte de monstres Ă Ă©liminer - revient Ă accepter la guerre, et Ă l'accepter sous d'autres formes.
S'il est légal pour le gouvernement américain d'entrer au Mexique et de kidnapper un médecin mexicain pour avoir prescrit des médicaments, est-il légal pour le gouvernement chinois de venir à Hawaï et de kidnapper un cadre américain de l'industrie technologique pour avoir corrompu des fonctionnaires chinois ?
Les Ătats-Unis peuvent-ils kidnapper Benjamin Netanyahu et le juger dans notre pays pour le meurtre et le gĂ©nocide commis Ă Gaza ? Oui, mais ne retenez pas votre souffle. C'est l'AmĂ©rique qui a enfantĂ© ce monstre.
Thomas Paine avait prĂ©venu que le dĂ©sir de punir est dangereux pour la libertĂ©, mĂȘme pour la libertĂ© de ceux qui punissent. Elle conduit souvent Ă occulter la loi :
âQuiconque veut assurer sa propre libertĂ© doit protĂ©ger son ennemi de l'oppression, car s'il enfreint ce principe, il crĂ©e un prĂ©cĂ©dent applicable Ă lui-mĂȘmeâ.
* Andrew P. Napolitano, ancien juge de la Cour supĂ©rieure du New Jersey, a Ă©tĂ© l'analyste judiciaire principal de Fox News Channel et anime le podcast Judging Freedom. Il a Ă©crit sept livres sur la Constitution amĂ©ricaine. Le plus rĂ©cent s'intitule âSuicide Pact : The Radical Expansion of Presidential Powers and the Lethal Threat to American Libertyâ. Pour en savoir plus sur le juge Andrew Napolitano, consultez le site https://JudgeNap.com.
https://consortiumnews.com/2024/08/29/searching-for-monsters/