đâđš La Russie & la Chine en ont assez
Tous deux en ont assez d'ĂȘtre âpolisâ. Vous cherchez lâaffrontement ? Vous allez l'avoir.
đâđš La Russie & la Chine en ont assez
Par Pepe Escobar, le 25 mai 2024
Quelque chose d'essentiel s'est produit en début de semaine à Astana, lors de la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangÚres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres chinois Wang Yi est allĂ© droit au but : il a appelĂ© les membres de l'OCS Ă âmaintenir leur autonomie stratĂ©giqueâ, et Ă âne jamais permettre aux puissances extĂ©rieuresâ de transformer l'Eurasie en une âarĂšne gĂ©opolitiqueâ.
Wang Yi a expliqué dans le détail comment
âquelques pays recherchent l'hĂ©gĂ©monie et le pouvoir, forment de petites cliques, Ă©tablissent des rĂšgles secrĂštes, se livrent Ă l'ingĂ©rence et Ă la rĂ©pression, dĂ©couplent et coupent les liens et assistent mĂȘme les âtrois flĂ©auxâ en prĂ©sence de la rĂ©gionâ,
tentant ainsi de réduire l'autonomie stratégique des pays du Sud.
L'expression âtrois flĂ©auxâ est une expression chinoise qui dĂ©signe le terrorisme, le sĂ©paratisme et l'extrĂ©misme religieux - en fait, les trois principales raisons de la crĂ©ation de l'OCS en 2001, peu de temps avant le 11 septembre.
Le message de Wang montre que PĂ©kin est tout Ă fait conscient de la myriade de tactiques de guerre hybride de l'hĂ©gĂ©mon, dĂ©sormais dĂ©ployĂ©es dans tout le continent. NĂ©anmoins, PĂ©kin excelle dans la courtoisie, appelant Ă une coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ© âcommune, globale, coopĂ©rative et durableâ et Ă travailler avec la âcommunautĂ© internationaleâ.
Or, la âcommunautĂ© internationaleâ est l'otage de l'âordre international fondĂ© sur des rĂšglesâ.
RedĂ©finir les âtrois flĂ©auxâ
La prochaine rĂ©union des chefs d'Ătat de l'OCS se tiendra Ă Astana en juillet, un mois seulement aprĂšs une rĂ©union ministĂ©rielle cruciale des BRICS en Russie. Il y a deux mois, le prĂ©sident kazakh Kassym-Jomart Tokayev, lors d'une rĂ©union Ă Boao, dans la province de Hainan en Chine, a clairement fait savoir que tous les dirigeants des Ătats membres de l'OCS ne pouvaient tout simplement pas faire l'impasse sur cette rĂ©union.
Plus tĂŽt que prĂ©vu, peut-ĂȘtre dĂšs l'annĂ©e prochaine, les BRICS et l'OCS pourraient non seulement travailler en tandem, mais Ă©galement se rĂ©unir autour d'une mĂȘme table.
Le sommet de l'OCS de cette année n'est pas seulement crucial en termes de réorganisation d'une véritable guerre contre le terrorisme face aux tactiques de l'hégémon, mais aussi en termes d'expansion de l'OCS et d'amélioration de la coopération économique et commerciale.
La Biélorussie deviendra membre à part entiÚre de l'OCS en juillet, comme l'a déjà confirmé le président Lukashenko. L'année derniÚre, le cabinet de l'Arabie saoudite a également approuvé la décision d'adhérer à l'OCS.
Voici trois mois Ă peine, lors de la cĂ©lĂ©bration du 20e anniversaire du secrĂ©tariat de l'OCS Ă PĂ©kin, M. Wang s'est fait l'Ă©cho du prĂ©sident Xi Ă la fin de son face-Ă -face dĂ©cisif avec M. Poutine Ă Moscou en 2023 : âDes changements inĂ©dits en un siĂšcleâ sont Ă l'ordre du jour. D'oĂč l'importance renouvelĂ©e de l'OCS - la plus grande organisation multilatĂ©rale non occidentale de facto axĂ©e sur la coopĂ©ration politique et sĂ©curitaire, et l'un des piliers de la multipolaritĂ©.
Il convient de souligner une fois de plus que l'OCS est soit ignorĂ©e, soit rejetĂ©e, soit mal comprise par l'Occident collectif, car elle ne se fonde pas sur une expansion militaire illimitĂ©e Ă la maniĂšre de l'OTAN. L'OCS est totalement axĂ©e sur l'intĂ©gration Sud-Sud. Ce n'est pas une mince affaire que d'avoir l'Inde, la Chine, le Pakistan et l'Iran Ă la mĂȘme table pour discuter d'Ă©gal Ă Ă©gal et respecter les prioritĂ©s de leurs partenaires d'Asie centrale et du continent.
Au fil des ans, tout a Ă©tĂ© dĂ©battu Ă la table de l'OCS - bien au-delĂ de l'accent initial mis sur les âtrois flĂ©auxâ : diplomatie, sĂ©curitĂ© nationale, Ă©conomie, commerce, culture, Ă©ducation, transport, technologie, agriculture.
Si l'OCS est au cĆur du partenariat stratĂ©gique multi-dĂ©cisionnel entre la Russie et la Chine, elle est Ă©galement le moteur d'une interconnexion Ă©conomique croissante entre la Chine et les Ă©tats d'Asie centrale.
En cette annĂ©e des grandes dĂ©cisions - oĂč la prĂ©sidence russe des BRICS devrait dĂ©finir une feuille de route privilĂ©giĂ©e pour un systĂšme de relations internationales plus Ă©galitaire - les acteurs de l'OCS semblent pleinement conscients que les âtrois flĂ©auxâ ne constituent pas par hasard la tactique de guerre hybride favorite dĂ©ployĂ©e par l'Empire du Chaos du âdiviser pour rĂ©gnerâ.
Cela s'applique non seulement aux groupes djihadistes douteux tels que l'Ătat islamique du Khorasan, mais aussi Ă la mainmise impĂ©riale sur les trafics de drogue, d'ĂȘtres humains et d'organes Ă l'Ă©chelle mondiale.
Lentement mais sûrement, nous parvenons à l'étape suivante : l'OCS s'engage pleinement, en tant qu'organisation multilatérale, contre les tactiques de terreur d'un hégémon qui va jusqu'à encourager le génocide.
Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres russe, SergueĂŻ Lavrov, ne pouvait pas ĂȘtre plus explicite au terme du sommet d'Astana :
âIl est urgent que les Ătats de ce continent Ă©laborent eux-mĂȘmes des approches communes pour garantir la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Eurasie. Nous insistons sur le fait que l'OCS pourrait bien jouer le rĂŽle de catalyseur de ces processus, en impliquant d'autres partenaires de la rĂ©gion.â
En pratique, M. Lavrov a évoqué un nouvel élan pour le comité exécutif de la structure régionale antiterroriste (RATS). Autrement dit : la RATS élargira son mandat à la sécurité de l'information, à la lutte contre la criminalité organisée et à l'approfondissement des connexions entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme.
PrĂȘts pour lâaffrontement ?
Enfin, le chef du FSB, Alexander Bortnikov, s'est montré plus qu'explicite lors d'un sommet de la CEI à Bichkek, au Kirghizstan, sur ce que l'Empire du Chaos et ses vassaux comptaient faire à l'avenir.
Voici les quatre principales conclusions :
Les Ătats-Unis, le Royaume-Uni et l'OTAN sont aujourd'hui engagĂ©s dans une guerre hybride totale contre la Russie.
L'OTAN facilite un transfert massif de terroristes/djihadistes de plusieurs latitudes vers l'Ukraine, certains d'entre eux, en particulier ceux qui appartiennent Ă l'Ătat islamique, Ă©tant exploitĂ©s sur tout le continent. Il s'agit d'une lĂ©gion Ă©trangĂšre de la terreur, qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme l'ennemi numĂ©ro un de l'OCS. Bortnikov a Ă©voquĂ© âla rotation constante des terroristes dans les zones syro-irakienne et afghano-pakistanaise, et l'Ă©mergence de nouveaux camps d'entraĂźnement de combattants prĂšs des frontiĂšres mĂ©ridionales du Commonwealth.â
L'Ukraine a basculé dans la terreur totale, avec des raids de sabotage incessants aux frontiÚres de la Russie.
Point positif, la Majorité Mondiale est en marche : la Russie coopÚre de plus en plus étroitement avec de nombreux pays d'Asie occidentale, d'Asie élargie, d'Afrique et d'Amérique latine.
AprĂšs une sĂ©rie de âcoĂŻncidencesâ extraordinaires survenues ces derniĂšres semaines, allant de tentatives d'assassinat par un âtireur isolĂ©â Ă de vĂ©ritables coups d'Ătat, en passant par des menaces directes et des disparitions mystĂ©rieuses, l'ensemble de l'Ă©cosystĂšme BRICS-SCO doit ĂȘtre en Ă©tat d'alerte maximal.
Ă l'issue du sommet historique entre Poutine et Xi Ă PĂ©kin et du drame de l'hĂ©licoptĂšre de Raisi, plus Ă©trange qu'il n'y paraĂźt, le regain de stabilitĂ© des partenariats stratĂ©giques interdĂ©pendants entre Russie, Chine et Iran laisse prĂ©sager que la Russie et la Chine sont sur le point d'ĂŽter leurs âgants de veloursâ.
Poutine et Xi, chacun à leur maniÚre, ont déjà averti l'Occident collectivement imbécile : vous voulez la confrontation ? Vous l'aurez. à la pelle. à vos risques et périls.
La mĂšre de toutes les Ă©preuves, Ă venir cet Ă©tĂ©, consistera Ă dĂ©terminer jusqu'oĂč l'OTAN compte aller dans lâattaque frontale de la FĂ©dĂ©ration de Russie. Le premier ministre hongrois Viktor Orban prĂ©vient que âl'Europe se prĂ©pare Ă dĂ©clencher une guerre avec la Russieâ.
Les âĂ©litesâ politico-militaires europĂ©ennes, incultes et mal Ă©levĂ©es, sont bien sĂ»r parfaitement incapables de saisir la rĂ©alitĂ© et de sortir de leur bulle. En outre, elles interprĂštent la patience et l'approche lĂ©galiste de la Russie comme de la faiblesse. Or, les sources du renseignement Ă Moscou sont en train de le dire trĂšs clairement - officieusement : la rĂ©ponse, s'ils tentent quoi que ce soit de stupide, sera dĂ©vastatrice.
Du cĂŽtĂ© des BRICS, on assiste Ă une sorte de tentative de derniĂšre minute pour dĂ©samorcer la crise. Wang Yi et le principal conseiller en politique Ă©trangĂšre du prĂ©sident Lula, Celso Amorim, ont publiĂ© une dĂ©claration soulignant une âvision communeâ de l'issue Ă donner au conflit ukrainien.
En substance, la déclaration indique que
âla Chine et le BrĂ©sil soutiennent la mise en place d'une confĂ©rence de paix internationale en temps et en heure, reconnue Ă la fois par la Russie et l'Ukraine, avec la participation Ă©gale de toutes les parties, et des Ă©changes loyaux sur tous les projets de paix.â
L'Empire du Chaos va évidemment rejeter cette déclaration.
PĂ©kin concentre toute son attention sur les provocations de l'Empire du Chaos Ă Taiwan, tandis que Moscou se concentre sur celles de l'OTAN en Ukraine. Tous deux en ont assez d'ĂȘtre âpolisâ. Vous cherchez l'affrontement ? Vous allez l'avoir.
https://www.unz.com/pescobar/russia-and-china-have-had-enough/