👁🗨 La solution finale israélienne pour Gaza
1. Déplacer la population en terre occupée est illégal. 2. Priver de nourriture, d'eau & d'électricité aussi. 3. Annexer un territoire occupé aussi. 4. Tuer des civils dans une zone de guerre aussi

👁🗨 La solution finale israélienne pour Gaza
Par Vijay Prashad pour Z Network, le 22 mai 2025
Prenez conscience des avertissements et des actes. prenez conscience du génocide.
Au début du mois de mai, le cabinet de sécurité du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est réuni et a convenu qu'Israël “s'emparerait” de Gaza et expulserait sa population palestinienne “pour la protéger”.
Pour mener à bien cette politique d'annexion de Gaza, les Israéliens ont renforcé leur blocus en empêchant l'entrée de nourriture, d'eau, d'électricité et d'autres aides humanitaires (un blocus était déjà en cours depuis le 2 mars)
Ensuite, les Israéliens ont commencé à bombarder Gaza avec encore plus de férocité, tandis que les forces terrestres israéliennes se regroupaient à la périphérie de Gaza et y pénétraient par vagues successives. Le 18 mai, ces forces terrestres israéliennes sont entrées progressivement dans Gaza. Après d'intenses pressions, le cabinet Netanyahu a accepté d'autoriser l'entrée de “quantités minimales” de nourriture à Gaza. Parallèlement, l'armée israélienne a rendu public un “ordre de déplacement forcé” pour la population de Khan Younis.
On peut relever plusieurs crimes de guerre dans le paragraphe ci-dessus :
1. Le transfert de population dans un territoire occupé est illégal. 2. Priver des civils de nourriture, d'eau et d'électricité est illégal. 3. L'annexion d'un territoire occupé est illégale. 4. Tuer délibérément des civils dans une zone de guerre est illégal.
Il est inutile de citer le moindre article pour le prouver, car il est désormais de notoriété publique que les Israéliens ont violé toutes les lois de la guerre et que leurs violations ont été méticuleusement documentées par le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
Francesca Albanese, dans son rapport annuel (et dans des déclarations récentes, où elle a parlé d'une “tragédie annoncée” et d'une “tache sur notre humanité collective”) et Amnesty International dans son rapport intitulé “You Feel Like You Are Subhuman: Israel's Genocide Against Palestinians in Gaza” [Se sentir sous-humains : le génocide des Palestiniens à Gaza par Israël].
Dans le récent rapport annuel d'Amnesty, on peut lire cette phrase effrayante :
“Le monde est témoin d'un génocide retransmis en direct”.
“Éradication”
Les bombardements destinés à préparer l'annexion ont été particulièrement violents. Les bombes israéliennes ont décimé des familles palestiniennes entières. Le mot “éradiquer” est généralement utilisé pour désigner des parasites ou des maladies. C'est un mot hideux. Je le choisis délibérément ici. Il vient du latin eradicare, qui signifie “extirper” ou “arracher”, un terme botanique qui a aujourd'hui une connotation bien plus sinistre lorsqu'il est utilisé pour désigner des êtres humains [préfixe e (“hors”), et de radix (accusatif : radicem) signifiant “racine”].
Éradiquer sonne clinique lorsqu'il s'agit de mauvaises herbes, mais effroyable appliqué à l'humanité, tout aussi clinique et bureaucratique que le terme “solution finale” (utilisé pour désigner l'horrible génocide des Juifs en Europe).
Parmi les attaques perpétrées en une journée à Gaza
Adolf Hitler a utilisé les termes “extermination” (Vernichtung) et “éradiquer” ou “exterminer” (ausrotten) lorsqu'il a parlé des Juifs dans les années 1930, puis lorsqu'il a évoqué la solution finale (Endlösung) dans les années 1940. Le langage est cruel, il porte déjà en lui les implications de l'acte.
Réfléchissez à la nature de cet acte.
19 mai 2025 À 6 heures du matin, un groupe de forces spéciales israéliennes (mista'arvim) est entré à Khan Younis déguisé en femmes palestiniennes. Ils sont arrivés, couverts par des frappes aériennes de F-16 et des frappes de drones quadricoptères. Les soldats des forces spéciales ont exécuté Ahmad Kamel Sarhan devant sa famille. Ils ont ensuite kidnappé sa femme, son fils Mohammed (âgé de 12 ans) et d'autres enfants plus âgés.
Personne ne sait où ils ont été emmenés. Au moins 16 civils ont trouvé la mort lors de cette opération. Voici leurs noms :
Abeer Salah Khamis Ayyash
Ahmad Akram Mohammad al-Dali
Ahmad Kamel Hamdan Sarhan
Ahmad Mohammad Abu al-Rous
Ahmad Mohammad Kawarea
Elin Ashraf Hamdan Shalouf
Hasan Mahmoud al-Astal
Ibrahim Hamed Hussein al-Aqqad
Laila Fadi Naeem Ayyash
Malak Youssef Qeshta (Shalouf)
Mohammad Mahmoud Kawarea
Muhannad Mohammad Kawarea
Nabila Abd Wafi (Abu al-Rous)
Saja Salim Ibrahim Asleeh
Samira Abdel-Majid Ahmad al-Qarra
Tawfiq Ali Hamdan al-Qarra
Un char israélien a tiré un obus sur une maison dans le quartier d'al-Amour à al-Fakhari, à l'est de Khan Younis, tuant Safa Alyan Saleem al-Amour et ses six filles, Sama Rashad Omar al-Amour, Lama Rashad Omar al-Amour, Saja Rashad Omar al-Amour, Leen Rashad Omar al-Amour, Nada Rashad Omar al-Amour et Layan Rashad Omar al-Amour.
Des tirs d'artillerie israéliens ont frappé une maison à al-Fakhari, tuant cinq membres d'une même famille : Jumana Kamal Muhammad Abu Daqqa, Wassim Muhammad Ali Abu Daqqa, Siraj Muhammed Ali Abu Daqqa, Jolan Muhammad Ali Abu Daqqa et Jilan Muhamed Ali Abu Daqqa.
Ce ne sont là que quelques-unes des attaques perpétrées en une seule journée dans une partie de Gaza, dont je n'ai pu obtenir que des informations provenant de personnes sur le terrain et d'articles de presse. Les attaques ont également eu lieu dans la ville de Gaza, près de l'Hôpital Indonésien, déjà pris pour cible la veille. Tant d'autres noms pourraient être ajoutés à cette liste, ceux des victimes d'autres actes de violence délibérés.
Ces attaques surviennent alors qu'une grave crise alimentaire frappe la population de Gaza, les enfants étant les plus durement touchés. Au moins 57 enfants sont déjà morts de malnutrition à Gaza, tandis que 71 000 enfants palestiniens luttent pour survive. L'Organisation mondiale de la santé met en garde contre des retards de croissance, des troubles cognitifs et des problèmes de santé à long terme pour les enfants qui ne mourront pas.
La Food and Agriculture Organisation met en garde contre une “famine imminente” à Gaza. Tout le monde met en garde contre ceci ou cela. Mais ces avertissements sont vains. Le coordinateur des secours d'urgence de l'ONU, Thomas Fletcher, condamne le “châtiment collectif impitoyable” infligé par Israël aux Palestiniens. Il sait que le “châtiment collectif” est un crime de guerre.
Prenez conscience des avertissements. Prenez conscience des actes.
Prenez conscience du génocide.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Vijay Prashad est un historien, éditeur et journaliste indien. Il est rédacteur en chef et correspondant en chef chez Globetrotter. Il est rédacteur en chef de LeftWord Books et directeur de Tricontinental : Institute for Social Research. Il est chercheur senior non résident au Chongyang Institute for Financial Studies, Renmin University of China. Il a écrit plus de 20 livres, dont The Darker Nations et The Poorer Nations. Ses derniers ouvrages sont Struggle Makes Us Human: Learning From Movements for Socialism et, avec Noam Chomsky, The Withdrawal: Iraq, Libya, Afghanistan and the Fragility of U.S. Power.
Cet article est tiré de Z Network.
https://consortiumnews.com/2025/05/22/vijay-prashad-israels-final-solution-for-gaza/