đâđš La tournĂ©e magique qui a fait long feu
Il faut toujours prĂȘter attention Ă ce que Trump fait vraiment, et non Ă ce qu'il dit, car ses dĂ©clarations sont gĂ©nĂ©ralement destinĂ©es Ă le prĂ©senter comme un homme puissant et influent.
đâđš La tournĂ©e magique qui a fait long feu
Par Philip Giraldi, le 18 mai 2025
Trump obtient des résultats mitigés au Moyen-Orient, en Russie et en Ukraine.
Ces derniers jours ont Ă©tĂ© intĂ©ressants, avec la dĂ©cision des Ătats-Unis de renommer le golfe du Mexique et le golfe Persique, tout en redoublant d'efforts pour espionner le Groenland dans l'espoir d'en faire bientĂŽt un territoire amĂ©ricain. Pendant ce temps, celles et ceux d'entre nous qui ont suivi les dĂ©veloppements de ce qui a Ă©tĂ© qualifiĂ© de âvoyage pour la paixâ de Donald Trump au Moyen-Orient, auquel aurait Ă©galement pu inclure une escale Ă Istanbul pour rencontrer Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, Ă©valuent maintenant les pour et les contre de ce voyage. Ă mon avis, deux aspects de ce voyage mĂ©ritent de bonnes notes. Le premier Ă©tant ce qu'il a fait, Ă savoir s'exprimer de maniĂšre sensĂ©e et dĂ©cente dans son discours aux dirigeants saoudiens, Ă©miratis et qataris, lorsqu'il a spĂ©cifiquement rejetĂ© une approche hĂ©gĂ©moniste de la politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine inspirĂ©e par les ânĂ©oconservateursâ, affirmant que les pays indĂ©pendants du Moyen-Orient et d'ailleurs sont parfaitement capables de dĂ©velopper leur Ă©conomie et leur sociĂ©tĂ© pour prospĂ©rer et garantir les libertĂ©s fondamentales Ă leurs citoyens.
Trump l'a exprimé ainsi dans un discours largement médiatisé et bien accueilli par son auditoire :
âMais en fin de compte, les prĂ©tendus âbĂątisseurs de nationsâ ont dĂ©truit bien plus qu'ils n'ont construit, et les interventionnistes se sont immiscĂ©s dans des sociĂ©tĂ©s complexes qu'ils ne comprenaient pas eux-mĂȘmes. Non, les merveilles rutilantes de Riyad et d'Abou Dhabi n'ont pas Ă©tĂ© créées par les soi-disant âbĂątisseurs de nationsâ, les nĂ©oconservateurs ou les organisations libĂ©rales Ă but non lucratif, comme ceux qui ont dĂ©pensĂ© des milliers de milliards de dollars sans parvenir Ă dĂ©velopper Bagdad et tant d'autres villes. La naissance d'un Moyen-Orient moderne a Ă©tĂ© le fait des peuples mĂȘmes de la rĂ©gion, ceux qui vivent ici, qui ont toujours vĂ©cu ici, qui ont dĂ©veloppĂ© leurs propres nations souveraines, poursuivi leurs propres visions et tracĂ© leur propre destinâ.
Trump a Ă©galement soulignĂ© que ce qu'il a appelĂ© la âgrande transformationâ de l'Arabie saoudite et du Moyen-Orient
ân'est pas le fait des interventionnistes occidentaux... qui vous donnent des leçons sur votre façon de vivre et de gĂ©rer vos propres affairesâ.
La deuxiĂšme lueur d'espoir vient de ce que Trump n'a pas fait. Il ne s'est pas arrĂȘtĂ© en IsraĂ«l pour faire des courbettes Ă Benjamin Netanyahu, alors qu'il Ă©tait dans la rĂ©gion et que, selon de nombreuses sources, il serait mĂȘme en froid avec le dirigeant israĂ©lien. Trump aurait attribuĂ© sa prise de distance avec Netanyahu Ă ce qu'il a qualifiĂ© de âmanipulationâ, mais le processus qu'il a dĂ©crit relĂšve clairement de l'espionnage Ă l'ancienne, avec des membres du cabinet Trump, dont peut-ĂȘtre Mike Waltz, le conseiller Ă la SĂ©curitĂ© nationale, mis sur Ă©coute clandestinement pour informer sur les dĂ©veloppements et les plans en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et/ou les options concernant le Moyen-Orient et peut-ĂȘtre aussi l'Ukraine. Le rĂ©dacteur en chef deThe Atlantic, Jeffrey Goldberg, aurait Ă©tĂ© impliquĂ© dans ce processus durant un appel tĂ©lĂ©phonique top secret du groupe de sĂ©curitĂ© nationale utilisant le systĂšme Signal Ă la mi-mars. Waltz a ensuite Ă©tĂ© rĂ©trogradĂ© et nommĂ© ambassadeur aux Nations unies, oĂč il sera Ă©troitement surveillĂ© et contrĂŽlĂ© tant dans ses propos que sur ses rencontres. Des informations font Ă©galement Ă©tat d'autres limogeages, outre celui de Waltz, pour ce qui est qualifiĂ© de âfuitesâ et de ârĂ©cupĂ©ration politiqueâ. Tulsi Gabbard, directrice du Bureau du renseignement national, a limogĂ© mardi deux hauts responsables, un analyste en chef et le directeur de son Conseil national du renseignement, peut-ĂȘtre en lien avec les allĂ©gations d'espionnage ou simplement parce qu'ils Ă©taient en dĂ©saccord avec certaines politiques de Trump, notamment sa position sur la Chine.
Ce sont lĂ les aspects positifs. Entre les deux, on trouve les aspects transactionnels du voyage. Les relations entre l'Arabie saoudite et Washington se sont considĂ©rablement approfondies grĂące Ă un contrat d'armement de 142 milliards de dollars et autres accords liĂ©s Ă l'Ă©nergie. Le Qatar, lors d'un geste dĂ©sormais cĂ©lĂšbre, a offert Ă Trump un Boeing 747 qui remplacera l'Air Force One, l'avion prĂ©sidentiel actuel, trop vĂ©tuste, utilisĂ© pour les dĂ©placements prĂ©sidentiels. Comme ce nouveau Boeing semble ĂȘtre un vĂ©ritable âpalais volantâ en termes de prestations et est estimĂ© Ă 400 millions de dollars, ce geste marque un rapprochement symbolique entre les deux nations. NĂ©anmoins, une vague de critiques dĂ©ferle sur la question de savoir oĂč ira l'avion aprĂšs 2028, date Ă laquelle un nouveau prĂ©sident pourrait ĂȘtre Ă©lu si Trump ne brigue pas un troisiĂšme mandat. Trump espĂšre que cet avion sera un âcadeauâ de l'Ătat qu'il recevra gracieusement avant de le remettre Ă une de ses filiales, son musĂ©e prĂ©sidentiel. Cette dĂ©cision sent fortement la corruption pour nombre de personnalitĂ©s politiques et mĂ©diatiques, y compris plusieurs rĂ©publicains de premier plan. Trump semble s'en moquer.
On a placĂ© beaucoup d'espoirs dans le voyage du prĂ©sident Trump, et force est de constater que certaines initiatives n'ont pas Ă©tĂ© concrĂ©tisĂ©es, ce qui est inĂ©vitable. Avant son dĂ©part de Washington, beaucoup pensaient que Trump annoncerait Ă ses interlocuteurs arabes que les Ătats-Unis allaient reconnaĂźtre l'Ătat palestinien, premiĂšre Ă©tape vers la crĂ©ation d'une entitĂ© physique rĂ©ellement indĂ©pendante d'IsraĂ«l et dotĂ©e d'une souverainetĂ© effective. Cela aurait assurĂ©ment Ă©tĂ© un coup de maĂźtre auprĂšs de son public, mais aussi de la majoritĂ© des AmĂ©ricains, dont 70 % ne soutiennent plus IsraĂ«l. Sur le plan international, le message aurait Ă©tĂ© trĂšs bien reçu par l'opinion publique mondiale, qui a Ă©tĂ© tĂ©moin du massacre des Palestiniens en direct Ă la tĂ©lĂ©vision. L'opinion publique sait trĂšs bien qu'IsraĂ«l et Netanyahu ne peuvent agir en toute impunitĂ© que grĂące Ă la complicitĂ© des Ătats-Unis, tant sous Joe Biden que sous Donald Trump. Les Ătats-Unis sont complices du gĂ©nocide et fournissent Ă IsraĂ«l la protection politique lui permettant de poursuivre le massacre, sans parler du flux constant d'armes âMade in USAâ que l'Ătat hĂ©breu utilise pour perpĂ©trer les massacres.
Le deuxiĂšme âpĂ©chĂ© par omissionâ est liĂ© au premier en ce sens qu'on s'attendait Ă ce que Trump prĂ©sente aux IsraĂ©liens un ultimatum pour mettre immĂ©diatement fin au blocus de Gaza et conclure un cessez-le-feu sans aucune concession pro-israĂ©lienne vers un accord de paix qui mettrait fin au bain de sang. La seule remarque de Trump sur la question s'est faite vendredi, lorsqu'il a Ă©voquĂ© les pĂ©nuries alimentaires Ă Gaza, dĂ©clarant que âbeaucoup de gens meurent de faimâ, mais que les Ătats-Unis âallaient s'en occuperâ... Son mĂ©diateur Steve Witkoff est allĂ© jusqu'Ă dire que les Ătats-Unis n'interviendraient pas dans le massacre des Gazaouis par IsraĂ«l.
Pour autant que l'on sache, la reprise de l'aide ou un cessez-le-feu n'ont pas Ă©tĂ© discutĂ©s avec les Arabes, peut-ĂȘtre en raison de l'intransigeance israĂ©lienne sur ces deux questions, ce qui fait de la Palestine un blanc sur la carte du voyage du prĂ©sident. Pendant que Trump sillonnait le ciel pour ĂȘtre acclamĂ©, Netanyahu appelait les rĂ©servistes de l'armĂ©e, affirmant que son plan d'Ă©limination du Hamas et de mise en Ćuvre de la solution finale Ă Gaza serait respectĂ©.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner que certains observateurs trĂšs bien informĂ©s dĂ©noncent une mise en scĂšne de la prĂ©tendue rupture entre Trump et Netanyahu. Alors que les principaux Ătats arabes Ă©taient occupĂ©s Ă nĂ©gocier avec un Trump arrangeant, les Palestiniens ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes, sans personne pour dĂ©fendre leur cause. Les Ătats-Unis ont donc feint une âruptureâ avec Netanyahu pour pouvoir conclure des accords avec tous les principaux pays arabes du Moyen-Orient et garantir la sĂ©curitĂ© d'IsraĂ«l pendant que Netanyahu est en train de rayer les Palestiniens de la carte. Trump a en effet dĂ©clarĂ© que sa politique et son voyage au Moyen-Orient sont âtrĂšs bons pour IsraĂ«lâ, une affirmation rendue crĂ©dible par l'Ă©nergie dĂ©ployĂ©e par son administration pour rĂ©primer toutes les manifestations pro-palestiniennes aux Ătats-Unis.
à son retour vendredi, le président a déclaré, et pas pour la premiÚre fois, qu'il a
âde trĂšs bonnes idĂ©es pour Gaza : en faire une zone franche. Que les Ătats-Unis s'impliquent, je serais fier que les Ătats-Unis l'obtiennent, en fassent une zone franche et laissent de bonnes choses s'y produire. Qu'on loge les gens dans des maisons oĂč ils peuvent se sentir en sĂ©curitĂ©, et il faudra trouver une solution avec le Hamasâ.
Washington serait Ă©galement en train de nĂ©gocier avec des factions libyennes pour l'accueil d'un million de rĂ©fugiĂ©s palestiniens qui, vraisemblablement, seraient expulsĂ©s de force de sa âzone francheâ par l'armĂ©e israĂ©lienne. Il faut toujours prĂȘter attention Ă ce que Trump fait vraiment, et non Ă ce qu'il dit, car ses dĂ©clarations sont gĂ©nĂ©ralement destinĂ©es Ă le prĂ©senter comme un homme puissant et influent.
Ne pas suivre ces deux voies a empĂȘchĂ© Trump de revendiquer une victoire majeure en Ă©tendant ses âaccords d'Abrahamâ aux Saoudiens, aux Ămirats et au Qatar dans le cadre de relations diplomatiques avec IsraĂ«l. Il est bien connu que les Saoudiens n'accepteront aucun accord diplomatique avec IsraĂ«l qui ne prĂ©voie pas la crĂ©ation d'un Ătat palestinien Ă l'intĂ©rieur des frontiĂšres dĂ©finies par les Nations unies en 1948. Il s'agirait notamment d'un âstatut internationalâ pour JĂ©rusalem et de la restitution de la majeure partie de la Palestine historique aux Palestiniens.
Trump est loin d'ĂȘtre prĂ©visible et une initiative Ă laquelle personne ne s'attendait a bien eu lieu, Ă savoir la levĂ©e des sanctions contre la Syrie en vigueur depuis 2019 et la rencontre de 37 minutes avec le nouveau chef d'Ătat intĂ©rimaire syrien Ahmed al-Sharaa, ancien terroriste affiliĂ© Ă Al-QaĂŻda (Hayat Tahrir al-Sham), au palais royal de Riyad.
L'Arabie saoudite et les Ămirats arabes unis ont organisĂ© cette rencontre et encouragĂ© le prĂ©sident amĂ©ricain Ă aider Ă la reconstruction de la Syrie, tout en l'incitant Ă dĂ©velopper ses institutions rĂ©publicaines gangrenĂ©es par la corruption gouvernementale. En Ă©change, Trump promet Ă al-Sharaa d'ouvrir la porte aux investissements amĂ©ricains dans la relance Ă©conomique du pays, qui a subi entre 200 et 400 millions de dollars de prĂ©judice.
Cela inclurait le développement et la commercialisation du pétrole et d'autres ressources, ainsi que les infrastructures de communication et de transport par des sociétés comme AT&T.
La normalisation des relations avec la Syrie n'a apparemment pas été coordonnée avec Netanyahu, une situation délicate puisque Israël occupe une large partie du sud-ouest de la Syrie, prÚs de Damas, sans signe de retrait prochain.
Trump aurait suggĂ©rĂ© Ă al-Sharaa de tirer profit de rĂ©tablissement de relations avec IsraĂ«l, mĂȘme si IsraĂ«l lance rĂ©guliĂšrement des raids contre des cibles en Syrie. La Turquie maintient Ă©galement son emprise sur une partie du nord de la Syrie grĂące Ă ses alliĂ©s turkmĂšnes. La rĂ©cente dĂ©cision du Parti des travailleurs kurdes (PKK) de mettre fin Ă sa âguerreâ contre la Turquie, qui fait rage depuis plus de 50 ans, semble indiquer que les Ătats-Unis seraient impliquĂ©s dans ces dĂ©veloppements.
Ce sont les Ătats-Unis qui ont massivement armĂ© les milices kurdes dans leur guerre contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, aujourd'hui dĂ©chu, et qui auraient les moyens de conclure un tel accord.
Pour finir, des rĂ©unions ont lieu Ă Istanbul entre l'Ukraine et la Russie, ainsi que des nĂ©gociations entre les Ătats-Unis et l'Iran sur le programme nuclĂ©aire de ce dernier. Zelensky Ă©tait en Albanie pour rencontrer les dirigeants europĂ©ens et Poutine ne s'est pas prĂ©sentĂ© Ă Istanbul, malgrĂ© l'espoir que les deux hommes puissent ĂȘtre prĂ©sents. On a supposĂ© que Trump ferait une halte pour donner sa bĂ©nĂ©diction au processus de paix dont il s'attribue le mĂ©rite, mais, en l'absence des dirigeants russe et ukrainien, cela ne s'est pas produit et les pourparlers ont fait un flop, mĂȘme si, pour noter un point positif, les deux parties ont convenu de poursuivre les nĂ©gociations. Et qu'en est-il du programme nuclĂ©aire de TĂ©hĂ©ran ? Trump a dĂ©clarĂ© avoir prĂ©sentĂ© une proposition Ă©crite aux Iraniens, mais ceux-ci dĂ©mentent. Nous le saurons bien assez tĂŽt, et le CongrĂšs amĂ©ricain, contrĂŽlĂ© par les sionistes, menace dĂ©jĂ de bloquer tout accord qui n'interdirait pas Ă l'Iran toute capacitĂ© d'enrichir de l'uranium. Encore une nĂ©gociation qui a peu de chances d'aboutir.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Philip M. Giraldi, Ph.D., est directeur exĂ©cutif du Council for the National Interest, une fondation Ă©ducative qui milite pour une politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine au Moyen-Orient davantage fondĂ©e sur les intĂ©rĂȘts. Son site web est councilforthenationalinterest.org, son adresse postale P.O. Box 2157, Purcellville VA 20134 et son adresse Ă©lectronique inform@cnionline.org.
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