đâđš La veille de NoĂ«l, BethlĂ©em nâest quâune ville fantĂŽme
La crĂšche, JĂ©sus dans son linceul blanc, tel les centaines d'enfants tuĂ©s Ă Gaza, les barbelĂ©s & les ruines grises ne reflĂštent plus les lumiĂšres joyeuses nimbant dâĂ©clats colorĂ©s le temps de NoĂ«l.
đâđš La veille de NoĂ«l, BethlĂ©em nâest quâune ville fantĂŽme
Le 24 décembre 2023, à 10:21
Le lieu de naissance biblique de Jésus, habituellement animé, ressemblait dimanche à une ville fantÎme, les célébrations de la veille de Noël à Bethléem ayant été annulées en raison de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les lumiĂšres festives et le sapin de NoĂ«l qui dĂ©corent habituellement Manger Square Ă©taient absents, tout comme les foules de touristes Ă©trangers qui se rassemblent chaque annĂ©e Ă l'occasion de cette fĂȘte. Des dizaines de membres des forces de sĂ©curitĂ© palestiniennes patrouillaient sur la place vide.
Les boutiques de souvenirs ont tardé à ouvrir la veille de Noël, mais quelques-unes l'ont fait une fois que la pluie a cessé de tomber. Les visiteurs étaient cependant peu nombreux.
âCette annĂ©e, sans l'arbre de NoĂ«l et sans les lumiĂšres, c'est l'obscuritĂ©â, a dĂ©clarĂ© le frĂšre John Vinh, un moine franciscain du ViĂȘt Nam qui vit Ă JĂ©rusalem depuis six ans.
Il a expliquĂ© qu'il venait toujours Ă BethlĂ©em fĂȘter NoĂ«l, mais que cette annĂ©e lui donnait particuliĂšrement Ă rĂ©flĂ©chir, alors qu'il contemplait une crĂšche sur Manger Square, avec un petit JĂ©sus emmaillotĂ© dans un linceul blanc, rappelant les centaines d'enfants tuĂ©s dans les combats Ă Gaza. Des barbelĂ©s entourent la scĂšne, et les ruines grises ne reflĂštent aucune des lumiĂšres joyeuses et des Ă©clats colorĂ©s qui nimbent habituellement la place pendant la pĂ©riode de NoĂ«l.
âRien ne peut justifier l'installation d'un sapin et une cĂ©lĂ©bration normale, alors que nombreux sont ceux qui n'ont mĂȘme pas de maison oĂč allerâ, a dĂ©clarĂ© Ala'a Salameh, l'un des propriĂ©taires du restaurant Afteem, un restaurant familial de falafels situĂ© Ă quelques pas de la place.
Ala'a Salameh explique que la veille de Noël est généralement le jour le plus chargé de l'année.
âNormalement, on ne trouve pas une seule chaise pour s'asseoir, nous sommes pleins du matin jusqu'Ă minuitâ, a dĂ©clarĂ© M. Salameh. âCette annĂ©e, une seule table a Ă©tĂ© occupĂ©e, par des journalistes faisant une pause pour Ă©chapper Ă la pluie.â
M. Salameh explique que son restaurant ne fonctionne qu'Ă 15 % de son activitĂ© habituelle, et que ça ne suffit pas Ă couvrir ses frais de fonctionnement. Il estime que mĂȘme aprĂšs la fin de la guerre, il faudra au moins un an pour que le tourisme revienne Ă la normale Ă BethlĂ©em.
L'annulation des festivités de Noël est un coup dur pour l'économie de la ville. On estime que le tourisme représente 70 % des revenus de Bethléem, dont la quasi-totalité pendant la période de Noël.
Les principales compagnies aériennes ayant annulé leurs vols vers Israël, peu d'étrangers se rendent dans la ville. Les autorités locales affirment que plus de 70 hÎtels de Bethléem ont été contraints de fermer, privant des milliers de gens de leur emploi.
Selon les autorités sanitaires, plus de 20 000 Palestiniens ont été tués et plus de 50 000 blessés au cours de l'offensive aérienne et terrestre d'Israël contre les dirigeants du Hamas à Gaza, tandis qu'environ 85 % des 2,3 millions d'habitants du territoire ont été déplacés. La guerre a été déclenchée par l'assaut meurtrier lancé par le Hamas le 7 octobre contre le sud d'Israël, au cours duquel les militants ont tué environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris plus de 240 otages.
Les combats Ă Gaza ont Ă©galement affectĂ© la vie en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, l'accĂšs Ă BethlĂ©em et Ă d'autres villes palestiniennes des territoires occupĂ©s par IsraĂ«l est difficile, avec de longues files d'automobilistes attendant de passer les checkpoints militaires. Les restrictions ont Ă©galement empĂȘchĂ© des dizaines de milliers de Palestiniens de quitter le territoire pour aller travailler en IsraĂ«l.