👁🗨 L'administration Biden justifie l'assaut d'Israël sur les hôpitaux de Gaza en s'appuyant sur des “renseignements” israéliens de seconde main
L'administration Biden accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux comme bases militaires, puis balaie d'un revers de main le cortège de mensonges d'Israël, le taxant d'inévitable “brouillard de guerre”.
👁🗨 L'administration Biden justifie l'assaut d'Israël sur les hôpitaux de Gaza en s'appuyant sur des “renseignements” israéliens de seconde main
Par Wyatt Reed, le 15 novembre 2023
Alors que les troupes israéliennes ont pris d'assaut les hôpitaux Al-Shifa et Al-Rantisi de Gaza, les États-Unis et Israël reviennent sur les affirmations discréditées selon lesquelles le Hamas maintiendrait des “centres de commandement” dans les sous-sols des hôpitaux de Gaza, même après que les soi-disant preuves produites par Tel-Aviv ont été complètement démenties.
“Je peux vous confirmer que nous disposons d'informations selon lesquelles le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont utilisé certains hôpitaux de la bande de Gaza, notamment Al-Shifa, et des tunnels situés sous ces derniers, pour dissimuler et soutenir leurs opérations militaires et détenir des otages”,
a déclaré mardi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, à la presse.
L'affirmation de Kirby fait écho à celle du conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, qui a soutenu que “des informations de source sûre” montrent que “le Hamas utilise des hôpitaux, ainsi que beaucoup d'autres installations civiles, pour le commandement et le contrôle, pour stocker des armes, pour loger ses combattants”.
Le 14 novembre, la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, a déclaré aux journalistes que les services de renseignement américains n'avaient pas de “personnel sur le terrain”, ni de moyens de renseignement capables de recueillir de manière indépendante des informations en provenance de Shifa ou à propos de Shifa. Lorsqu'on lui a demandé si les informations déclassifiées diffusées par Kirby et Sullivan étaient arrivées par l'intermédiaire d’“homologues israéliens” de Washington, elle a refusé de répondre. Mais elle a fortement suggéré que la divulgation des renseignements était motivée par des considérations politiques.
“Il s'agit d'informations récentes que nous avons jugé opportun de diffuser aujourd'hui, car de nombreuses questions ont été posées sur l'hôpital et sur le mode de fonctionnement du Hamas, et il était donc important de les communiquer”, a insisté Mme Singh.
Le Hamas nie utiliser les hôpitaux à des fins militaires, ce que confirment les travailleurs de la santé locaux et les organisations humanitaires internationales. “J'en ai assez de ces affirmations [israéliennes] selon lesquelles il y a des centres de commandement du Hamas [dans les hôpitaux]”, a déclaré le docteur Mads Gilbert, médecin norvégien, à Al-Jazeera le 12 novembre. Ayant pratiqué des interventions vitales pendant plusieurs semaines à l'intérieur de Shifa lors de l'assaut israélien de 2014 sur Gaza, Gilbert a noté :
“Comme je l'ai dit 100 fois ... nous n'avons jamais vu de personnes appartenant au Hamas à Al-Shifa”, ajoutant “nous avons toujours pu nous déplacer librement”.
Mais cela n'a pas empêché les troupes israéliennes de lancer un assaut généralisé contre les bâtiments du centre hospitalier. Alors que les forces israéliennes encerclaient l'hôpital Shifa mardi, avec le soutien inconditionnel de l'administration Biden, arrêtant les journalistes à l'extérieur de l'établissement et évacuant violemment les personnes déplacées de son enceinte, les médecins ont été contraints de déplacer les bébés en soins intensifs d'une aile à l'autre de l'hôpital pour leur sauver la vie. Le manque de carburant avait déjà contraint un grand nombre de ces enfants à se passer d'unités vitales d'alimentation en oxygène.
Pendant ce temps, les forces israéliennes n'ont pas réussi à trouver d'otages à l'intérieur ou autour de l'hôpital. Comme l'a rapporté la radio de l'armée israélienne le 15 novembre, “rien n'indique la présence de personnes kidnappées à l'intérieur de l'hôpital”.
Une campagne de désinformation israélienne systématique qualifiée de “brouillard de guerre” par les États-Unis
Les responsables israéliens et américains n'ont toujours pas apporté la preuve que le Hamas dispose d'un “centre de commandement” à Al-Shifa. La vidéo publiée par l'armée israélienne, censée prouver que le Hamas gardait des otages dans le sous-sol de l'hôpital pour enfants Al-Rantisi, le dernier centre médical de Gaza doté d'un service de cancérologie pédiatrique, n'a convaincu personne.
Dans cette vidéo, le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, affirme que ce qui semble être un abri antiatomique pour jeunes enfants est en fait une chambre de torture du Hamas, citant des objets aussi improbables qu'un biberon et des vêtements de femme. Dans un moment particulièrement mémorable et très contesté, Hagari a insisté sur le fait que les jours de la semaine écrits en arabe sur un calendrier étaient en fait les noms des “terroristes” censés garder les Israéliens captifs ostensiblement détenus dans l'abri.
L'armée israélienne a depuis tenté de minimiser la tromperie en la qualifiant d’“erreur de traduction”.
Ce n'était pas le premier coup d'éclat de la campagne de “fake news” de Tel-Aviv. Depuis que les groupes de résistance palestiniens ont lancé leur assaut le 7 octobre, les arabophones se sont emparés des réseaux sociaux pour railler les enregistrements audio qu'Israël publie régulièrement et qui prétendent montrer des membres du Hamas discutant allègrement de la perpétration de crimes de guerre.
Au cours du seul mois de novembre, les comptes officiels israéliens sur les réseaux sociaux ont été contraints de revenir sur au moins une demi-douzaine d'affirmations erronées. Une vidéo montrant une femme en pleurs décrivant comment elle a récupéré le corps en décomposition de son fils dans les rues de Gaza a été modifiée par l'ambassade d'Israël aux États-Unis, qui a utilisé de fausses légendes pour prétendre qu'elle accusait le Hamas d'être responsable du blocus. Interrogée, l'ambassade a ensuite supprimé le message.
La même semaine, le principal compte gouvernemental israélien sur Twitter a dû supprimer sa fausse affirmation selon laquelle “AP, CNN, NY Times et Reuters comptaient des journalistes intégrés aux groupes armés du Hamas lors du massacre du 7 octobre” - mensonge que le New York Times a condamné comme étant “imprudent” et qui, selon lui, mettait “en danger” ses journalistes sur le terrain en Israël et dans la bande de Gaza.
Quelques jours plus tard, le compte Twitter officiel israélien en langue arabe a supprimé des images montrant une femme vêtue d'une blouse d'infirmière qui prétendait travailler comme infirmière à l'hôpital Al-Shifa de Gaza et qui dénonçait le Hamas pour avoir prétendument volé du carburant et des médicaments. Des médecins et des infirmières de l’hôpital auraient déclaré au journaliste Younis Tirawi : “Nous ne connaissons pas cette femme ; elle n'a jamais travaillé ici auparavant et nous ne l'avons jamais vue à l'hôpital”.
Les utilisateurs des réseaux sociaux ont affirmé qu'il s'agissait de l'actrice israélienne Hannah Abutbul, qui travaille bénévolement en tant que responsable des réseaux sociaux pour une société israélienne, Aish International, qui collabore avec le ministère israélien des affaires étrangères. Abutbul nie être apparue dans la vidéo.
Le 10 novembre, la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) d'Israël a affirmé que le Hamas était “À L'INTÉRIEUR de l'hôpital indonésien la nuit dernière”, citant une vidéo qui semblait montrer une arme à feu en train d'être exhibée. Un utilisateur qui a fait remarquer que l'objet était en fait une matraque a vu sa réponse “masquée” par le compte officiel israélien.
Tout au long de l'assaut sanglant contre la bande de Gaza, les responsables américains ont toujours pris les affirmations israéliennes pour argent comptant, reprenant même les excuses de Tel-Aviv lorsqu'on les y invitait. À la suite de l'affirmation de Joe Biden, aujourd'hui rétractée, selon laquelle il aurait vu lui-même “des images authentifiées de terroristes décapitant des enfants”, les fonctionnaires américains continuent de faire preuve d'une volonté surprenante de se ranger du côté du gouvernement israélien et de se faire l'écho de ses discours.
Lors d'une conférence de presse du 14 novembre, un journaliste a interrogé le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, sur la diffusion récurrente de “fake news” du gouvernement israélien. M. Miller a répondu en balayant d'un revers de main le cortège de mensonges d'Israël, le qualifiant de caractéristique inévitable du “brouillard de guerre”.
“Dans le brouillard de guerre, à des milliers de kilomètres de distance, de cette tribune”, a insisté le porte-parole, “je n'ai aucun moyen d'évaluer de manière indépendante les différentes affirmations exprimées”.
https://thegrayzone.com/2023/11/15/biden-israels-gaza-hospitals-intelligence/