👁🗨 L'affaire d'extradition d'Assange se poursuit tandis que la CIA couvre ses arrières
Comme pour Gaza, la persécution d'Assange dément ce que les États-Unis & leurs alliés prétendent défendre, et révèle le visage impitoyable de la tyrannie derrière le masque de la démocratie libérale.
👁🗨 L'affaire d'extradition d'Assange se poursuit tandis que la CIA couvre ses arrières
Par Caitlin Johnstone, le 17 avril 2024
Ils l'ont vraiment fait. L'administration Biden a bel et bien rejeté la demande de l'Australie de mettre fin à l'affaire Julian Assange, et poursuit sa campagne d'extradition d'un journaliste qui a dit la vérité sur les crimes de guerre commis par les États-Unis.
Pour faire avancer le dossier d'extradition, les procureurs américains devaient, selon une décision de la Haute Cour britannique, d’apporter des “garanties” spécifiant que les États-Unis ne réclameraient pas la peine de mort et ne priveraient pas Julian Assange de son droit à la liberté d'expression en raison de sa nationalité. Les États-Unis ont assuré qu'ils ne réclameraient pas la peine de mort (ce à quoi ils s'étaient précédemment opposés), et pour ce qui est de la liberté d'expression, ils se sont contentés de dire qu'Assange pourrait “invoquer et tenter d'invoquer” les droits du premier amendement américain, ajoutant :
“Une décision quant à l'applicabilité du premier amendement relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains”.
Ce qui revient en fait à dire : “Enfin, vous pouvez toujours TENTER d'obtenir des protections en matière de liberté d'expression...”.
Parallèlement, le directeur de la CIA, William Burns, a déposé une requête de secret d'État pour ne pas divulguer des informations dans le cadre d'un procès intenté contre l'agence par quatre journalistes et avocats américains espionnés lors de leurs visites à M. Assange à l'ambassade de l'Équateur à Londres. Le privilège des secrets d'État est basé sur le principe américain consistant à empêcher les tribunaux de révéler des secrets d'État dans le cadre d'un procès civil ; la CIA a commencé à l'invoquer dans le cadre du procès Assange au début de l'année.
Burns fait valoir ceci :
“J'invoque le secret d'État et les privilèges statutaires dans cette affaire car j'ai déterminé que le fait d'admettre ou de nier que la CIA possède des informations impliquées dans les allégations de la plainte amendée pourrait raisonnablement causer des préjudices graves - et dans certains cas, exceptionnellement graves - à la sécurité nationale des États-Unis. Après délibération et examen personnel, j'ai déterminé que les bases factuelles complètes de mes affirmations de privilège ne peuvent être exposées dans le dossier public sans confirmer ou infirmer si la CIA dispose d'informations relatives à cette affaire, risquant ainsi de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis que je cherche à protéger”.
Ce qui est évidemment un ramassis de conneries. Comme Assange lui-même l'a tweeté en 2017,
“L'écrasante majorité des informations sont classifiées pour protéger la sécurité politique, pas la Sécurité nationale.”
Burns ne s'inquiète pas de porter atteinte à “la Sécurité nationale des États-Unis”, il s'inquiète des retombées politiques potentielles d'informations sur l'espionnage par la CIA d'avocats et de journalistes américains, alors qu'ils rendaient visite à un journaliste déjà activement visé par les instances juridiques du gouvernement américain.
La sécurité politique est également la raison pour laquelle les États-Unis s'efforcent de pénaliser Julian Assange pour avoir publié des faits gênants sur les crimes de guerre commis par les États-Unis. Le Pentagone a déjà reconnu il y a des années que les fuites de Chelsea Manning pour lesquelles Assange est poursuivi n'ont tué personne et n'ont eu aucun impact stratégique sur les efforts de guerre américains. Il est simplement préjudiciable sur le plan politique que la criminalité du gouvernement américain soit divulguée au vu et au su de tous.
Ils font pression et resserrent les mailles du filet sur cet homme aussi longtemps qu'ils le peuvent pour le faire taire et en faire un exemple afin de bien montrer ce qui se produit lorsque des journalistes révèlent des informations non autorisées sur l'empire. Tout comme à Gaza, la persécution de Julian Assange fait mentir ce que les États-Unis et leurs alliés occidentaux prétendent défendre, et révèle le visage impitoyable de la tyrannie derrière le masque de la démocratie libérale.