đâđš âL'agence de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure israĂ©lienne ajoutera des photo-journalistes Ă sa liste de personnes Ă abattreâ.
Le sĂ©nateur amĂ©ricain Tom Cotton & des responsables israĂ©liens âmettent en danger la vie des journalistesâ en se basant sur un rapport amĂ©ricain erronĂ©, a dĂ©clarĂ© la Freedom of the Press Foundation.
đâđš âL'agence de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure israĂ©lienne ajoutera des photo-journalistes Ă sa liste de personnes Ă abattreâ.
Par Jake Johnson, le 11 novembre 2023
Un groupe de défense de la liberté de la presse basé aux Etats-Unis a critiqué vendredi le sénateur républicain Tom Cotton et de hauts responsables israéliens pour avoir soutenu sans esprit critique un rapport suggérant à tort que les photo-journalistes basés à Gaza qui se trouvaient sur les lieux lors de l'attaque meurtriÚre du Hamas contre le sud d'Israël le mois dernier étaient en quelque sorte complices de l'assaut.
Le rapport, publié le 8 novembre par l'organisme israélien de surveillance des médias HonestReporting, affirmait que
âĂ en juger par les scĂšnes de pillage, d'enlĂšvement et de prise d'assaut d'un kibboutz israĂ©lien, il semble que la frontiĂšre ait Ă©tĂ© franchie non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan journalistiqueâ.
Mais le directeur exĂ©cutif de l'organisme de surveillance, un ancien journaliste du Jerusalem Post, a depuis admis que le groupe ne disposait d'aucune preuve indiquant que des photo-journalistes basĂ©s Ă Gaza et travaillant en free-lance pour le New York Times, Associated Press et d'autres organes de presse s'Ă©taient âcoordonnĂ©s avec le Hamasâ avant l'attentat du 7 octobre.
âIl Ă©tait lĂ©gitime de se poser ces questionsâ, a dĂ©clarĂ© Gil Hoffman, de HonestReporting, lors d'un entretien avec AP, ajoutant que ânous ne prĂ©tendons pas ĂȘtre une organisation d'informationâ.
M. Hoffman a dĂ©clarĂ© Ă AP qu'il Ă©tait satisfait des explications des journalistes selon lesquelles ils n'avaient aucune connaissance prĂ©alable de l'attaque, mais la Freedom of the Press Foundation a averti vendredi que âle prĂ©judice potentiellement fatal est faitâ.
Alors que le Times, AP et d'autres organes de presse mentionnés dans l'analyse de HonestReporting ont démenti les insinuations du groupe concernant la connaissance préalable des journalistes et la coordination avec le Hamas, des politiciens de premier plan - dont Cotton (Ark.) aux Etats-Unis et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu - se sont empressés d'amplifier ces allégations sans fondement.
âCotton, un homme qui voue une telle haine irrationnelle Ă la presse libre qu'il doit avoir quelque chose de terrible Ă cacher, a envoyĂ© une lettre au ministĂšre de la Justice pour demander une enquĂȘte afin de dĂ©terminer si Associated Press, CNN, le New York Times et Reuters âont commis des crimes fĂ©dĂ©raux en soutenant les terroristes du Hamasââ,
a Ă©crit vendredi Seth Stern, directeur du plaidoyer Ă la Freedom of the Press Foundation.
M. Cotton a Ă©galement envoyĂ© une lettre au Times et Ă d'autres mĂ©dias pour leur demander de ârĂ©pondre Ă ce qu'ils savaient au sujet de leurs employĂ©s qui accompagnaient le Hamas lors de l'attaque du 7 octobreâ. Le vice-prĂ©sident et conseiller gĂ©nĂ©ral adjoint du Times a rĂ©pondu que le sĂ©nateur de l'Arkansas
âne faisait que rĂ©pĂ©ter des informations erronĂ©es rĂ©coltĂ©es sur Internet en se basant sur un site web qui a admis ne pas avoir de preuves de ce qu'il avanceâ.
Outre Cotton, a notĂ© Stern, Netanyahu a utilisĂ© âle rapport fallacieux pour qualifier les photo-journalistes de âcomplices de crimes contre l'humanitĂ©â et condamner les mĂ©dias qui ont publiĂ© leur travailâ.
D'autres sont allĂ©s encore plus loin. L'ancien ministre israĂ©lien de la DĂ©fense, Benny Gantz, a dĂ©clarĂ© que les journalistes qui ont photographiĂ© l'attaque âne sont pas diffĂ©rents des terroristes et doivent ĂȘtre traitĂ©s comme telsâ, Ă©crit M. Stern.
âDanny Danon, membre du Parlement israĂ©lien et ancien reprĂ©sentant du pays aux Nations uniesâ, a dĂ©clarĂ© sur X, anciennement Twitter, que âl'agence de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure israĂ©lienne ajoutera les photo-journalistes citĂ©s dans le rapport d'HonestReporting Ă sa liste de personnes Ă abattreâ.
âIl est pratiquement certain que leurs spĂ©culations irresponsables seront citĂ©es pour justifier les violences passĂ©es et futures contre la presse. Ils ont mis la vie des journalistes en dangerâ.
Comme l'a rapportĂ© AP jeudi, le Times a dĂ©clarĂ© en rĂ©ponse Ă HonestReporting que âYousef Masoud, dont les photographies d'un char israĂ©lien capturĂ© par le Hamas ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par le journal et AP, n'Ă©tait pas au courantâ de l'attaque du Hamas Ă l'avance.
"Ses premiÚres photos de la journée ont été prises 90 minutes aprÚs le début de l'attaque", a observé AP.
Reuters a utilisé des photos créditées à Mohammed Fayq Abu Mostafa et Yasser Qudih, deux pigistes avec lesquels elle n'avait aucune relation préalable. La premiÚre photo a été publiée plus de 45 minutes aprÚs qu'Israël a déclaré que des hommes armés avaient franchi la frontiÚre, selon l'agence de presse.
Dans un communiquĂ© publiĂ© vendredi, M. Stern a dĂ©clarĂ© quâ
âil est absolument irresponsable de la part d'un groupe qui se fait appeler âHonestReportingâ d'insinuer que les photojournalistes qui prennent des photos d'atrocitĂ©s en sont complicesâ.
âMalgrĂ© le rĂ©cent rĂ©tropĂ©dalage de HonestReporting, il est pratiquement certain que ses spĂ©culations irresponsables seront citĂ©es pour justifier les violences passĂ©es et futures Ă l'encontre de la presse. Ils ont mis la vie des journalistes en dangerâ, a ajoutĂ© M. Stern. âLes photojournalistes risquent leur vie pour documenter l'histoire. Il est absurde de suggĂ©rer que le fait de photographier des atrocitĂ©s ou de ne pas dĂ©sarmer des hommes armĂ©s avec leur appareil photo prouve qu'ils collaborent d'une maniĂšre ou d'une autre avec les terroristes. Et il est tout aussi absurde de suggĂ©rer, comme l'a fait le sĂ©nateur Cotton, que les organes de presse amĂ©ricains sont responsables des inconduites hypothĂ©tiques de tout pigiste Ă l'Ă©tranger Ă qui ils achĂštent une photographieâ.
Selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au moins 40 professionnels des médias ont été tués à Gaza, en Israël et au Liban depuis le 7 octobre. Trente-cinq des journalistes tués jusqu'à présent étaient palestiniens.
Le CPJ a Ă©galement recensĂ© l'arrestation de 13 journalistes et âde multiples agressions, menaces, cyber-attaques, censures et assassinats de membres de la familleâ.
Le bureau de Reporters sans frontiÚres au Moyen-Orient a déclaré vendredi qu'à la suite des fausses informations diffusées par HonestReporting,
âles autoritĂ©s israĂ©liennes sont passĂ©es d'affirmations selon lesquelles elles ne peuvent garantir la protection des journalistes Ă Gaza Ă des menaces de mort Ă l'encontre de reporters couvrant le conflit, sur la base de soupçons qui ne sont pour l'instant Ă©tayĂ©s par aucun argument ni aucune preuveâ.
âLes dĂ©clarations discrĂ©ditant l'intĂ©gritĂ© de toute une profession sur cette base sont inacceptablesâ, a dĂ©clarĂ© le groupe. âElles cautionnent et incitent Ă la persĂ©cution de ceux qui risquent leur vie pour rendre compte de l'actualitĂ©. Nous condamnons ces dĂ©clarations et rĂ©affirmons que le fait de s'en prendre aux journalistes qui couvrent les conflits est un crime de guerreâ.
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Jake Johnson est rédacteur en chef et collaborateur de Common Dreams.
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