đâđš L'agneau impĂ©rial : Ătats-Unis, IsraĂ«l & le rituel de substitution
La guerre est la justification la plus primaire de l'Ătat. Il a un intĂ©rĂȘt existentiel Ă faire la guerre rituellement & Ă mythifier ses actes Ă l'aide des techniques narratives les plus convaincantes.
đâđš L'agneau impĂ©rial : Ătats-Unis, IsraĂ«l & le rituel de substitution
Par John Weeks, le 9 mai 2024
âEt voici pour vous ces substituts rituels... Qu'ils meurent, mais moi je ne mourrai pointâ â Les origines de l'Ă©criture cunĂ©iforme de Boghazköi XXIV 5 I 15-16.
La relation entre le United States Imperial Government (USIG) et l'Ătat d'IsraĂ«l est ce Ă quoi les enfants disent âbeurk !â.
Le doyen de la Realist School of Foreign Policy, John Mearsheimer, l'a exprimé de la maniÚre suivante :
âNous avons une relation spĂ©ciale avec IsraĂ«l qui ne ressemble Ă aucune autre relation entre deux pays dans l'histoire du mondeâ.
Jusqu'à présent, la réalité structurelle profonde de cette relation n'a pas été pleinement saisie. Israël est le principal substitut rituel de l'Amérique.
Le spécialiste américain du classicisme Gregory Nagy a déclaré :
âLe rituel consiste Ă faire et Ă dire des choses d'une maniĂšre qui est considĂ©rĂ©e comme sacrĂ©e. Le mythe consiste Ă dire les choses d'une maniĂšre qui est Ă©galement considĂ©rĂ©e comme sacrĂ©e. Le rituel encadre donc le mytheâ.
Le mythe de l'hĂ©gĂ©monie mondiale bienveillante de l'USIG visant Ă sĂ©curiser la structure de dĂ©fense Ă©tablie et Ă Ă©tayer l'ordre international libĂ©ral fondĂ© sur des rĂšgles est encadrĂ© par le rituel le plus aimĂ© de l'USIG : la guerre. Nous, AmĂ©ricains, tuons toujours des nazis dans nos histoires et nous tuons toujours des ânazisâ dans nos guerres.
La guerre est la justification la plus primaire de l'Ătat. L'Ătat a un intĂ©rĂȘt existentiel Ă faire la guerre rituellement et Ă mythifier ses actes de guerre Ă l'aide des techniques narratives les plus convaincantes. L'une de ces techniques est le substitut rituel. Selon Nagy :
â...le âsubstitut rituelâ doit ĂȘtre compris dans le contexte d'un rituel de purification anatolien qui expulse les impuretĂ©s de la personne Ă purifier et les transfĂšre sur une personne, un animal ou un objet qui sert de substitut rituel. L'acte de transfert des impuretĂ©s sur la victime servant de substitut rituel peut ĂȘtre accompli soit en dĂ©truisant, soit en bannissant la victime, identifiĂ©e comme un autre soi-mĂȘme.â
Le concept de lââautre soi-mĂȘmeâ a un fondement intime et potentiellement Ă©rotique. Mais ce n'est que la moitiĂ© de la technique narrative :
âLa proximitĂ© intime se double d'une distance aliĂ©nante, marquĂ©e par les nuisances, qui sĂ©pare le roi de son substitut [...] ce substitut rituel est oint d'huile royale, couronnĂ© d'un diadĂšme et revĂȘtu des insignes du roi. Puis il est expulsĂ© du territoire du roi et renvoyĂ© dans son propre territoire, de sorte qu'il emporte avec lui les nuisances qui avaient Ă©tĂ© intimement associĂ©es au roiâ.
Parmi les substitutions rituelles les plus importantes, on peut citer le rituel babylonien du Nouvel An qui consistait Ă tuer un bouc sacrificiel, le meurtre de rois de substitution par l'Empire nĂ©o-assyrien et le jour juif de l'Expiation, oĂč un bouc de substitution (le bouc fugitif ou le bouc Ă©missaire) Ă©tait expulsĂ© vers des terres dĂ©sertiques.
La substitution rituelle la plus sublime et la plus puissante en Occident est celle de JĂ©sus-Christ (l'Agneau de Dieu), mais la reprĂ©sentation la plus pertinente de la substitution rituelle pour nous vient du âpoĂšme classique, d'action et hĂ©roĂŻqueâ grec L'Iliade. Ce poĂšme dĂ©ploie la substitution rituelle dans le cadre du rituel de la guerre. Le hĂ©ros de l'Iliade, Achille, a un substitut rituel, Patroklos, qui meurt pour lui au combat :
âEn tant qu'autre moi prĂȘt Ă mourir pour le moi qu'est Achille, Patroklos atteint un niveau d'intimitĂ© inĂ©galĂ© avec le plus grand hĂ©ros de l'Iliade homĂ©rique. Comme nous l'avons vu dans le cas du prisonnier hittite, sur le point d'ĂȘtre expulsĂ© dans un royaume Ă©tranger, il doit porter les vĂȘtements du roi, devenant ainsi rituellement intime avec le corps du roi. De mĂȘme, Patroklos porte l'armure d'Achille lorsqu'il meurt...â [soulignĂ© par l'auteur].
Ce qui nous ramĂšne Ă IsraĂ«l, en passant par l'Ukraine. Il devrait maintenant ĂȘtre Ă©vident que l'Ukraine a servi de substitut rituel Ă l'USIG. Elle a pris la place de l'USIG dans la guerre, portant l'armure de l'empire et maniant ses armes. Et elle a connu le destin tragique de Patroklos.
Bien sĂ»r, il s'agit de la vraie vie. Contrairement Ă Achille et Patroklos, les Ătats sont incapables d'amour et d'intimitĂ©. L'USIG ne se prĂ©occupe absolument pas de l'Ukraine. Mais il a intĂ©rĂȘt Ă utiliser l'Ukraine comme chĂšvre sacrificielle par procuration.
Selon le colonel de l'armée américaine à la retraite Douglas MacGregor,
âLe peuple ukrainien est dĂ©truit. L'Ătat est atrophiĂ© et en train de disparaĂźtreâ.
Et l'USIG n'est toujours pas rassasiĂ©, le CongrĂšs ayant rĂ©cemment votĂ© en faveur de la poursuite du financement du massacre. L'USIG ne s'arrĂȘtera pas tant que la chĂšvre ukrainienne ne sera pas complĂštement dĂ©membrĂ©e, vidĂ©e de son sang et brĂ»lĂ©e sur le bĂ»cher Ă la gloire impĂ©riale.
Le journaliste indépendant Aaron Mate l'a joliment exprimé :
âIl y a quelque chose de particuliĂšrement sadique Ă brandir le drapeau d'un pays que l'on est en train de dĂ©truireâ.
Et puis il y a IsraĂ«l, le substitut rituel le plus parfait qu'un Ătat ait jamais eu dans l'histoire de notre humanitĂ©. La propagande insiste sur le fait qu'IsraĂ«l est âl'alliĂ© ultimeâ, âle meilleur amiâ, âl'amantâ et mĂȘme âl'Ă©pouseâ de l'AmĂ©rique. C'est lââunique dĂ©mocratie du Moyen-Orientâ, lââultime bastion de la civilisation occidentaleâ, le âporte-avionsâ amĂ©ricain et la âpetite AmĂ©riqueâ.
Le professeur Amy Kaplan, de l'université de Pennsylvanie, a écrit :
âDes histoires parallĂšles de colonialisme de peuplement exprimĂ©es dans des rĂ©cits bibliques d'exceptionnalisme ont formĂ© la base de l'identification amĂ©ricaine avec IsraĂ«l. Les deux nations ont gĂ©nĂ©rĂ© de puissants mythes d'origines prophĂ©tiques, s'inspirant de la notion de l'Ancien Testament d'un peuple Ă©lu destinĂ© par Dieu Ă prendre possession de la Terre promise et investi d'une mission spĂ©ciale dans le mondeâ.
Et bien sĂ»r, IsraĂ«l est devenu ârituellement intimeâ avec le corps de l'USIG par le biais de l'Ă©quipement militaire impĂ©rial. Pourtant, comme le veut la logique du sionisme, IsraĂ«l est toujours un autre aliĂ©nĂ©. Parfois, les Ă©lites israĂ©liennes s'en prennent Ă l'AmĂ©rique. Il ne fait aucun doute que ces accĂšs puĂ©rils rĂ©sultent de la confrontation de leur psychisme fragile et gĂ©nocidaire Ă l'horreur vĂ©ritable.
Israël n'est pas un bouc émissaire parce qu'il n'y a pas d'échappatoire. C'est un bouc sacrificiel. C'est l'agneau impérial. C'est un vaisseau par procuration destiné à la destruction dans le feu de la guerre. Et si l'USIG reste fidÚle à ses principes, cette destruction ne manquera pas de se produire.
* John Weeks se concentre sur la thĂ©orie de la reprĂ©sentation d'entreprise appliquĂ©e Ă l'Ătat. Il soutient que, malgrĂ© leur absence de conscience phĂ©nomĂ©nale, les Ătats ont leurs propres croyances, dĂ©sirs et intentions. Et avant tout, les Ătats dĂ©sirent la guerre.
https://libertarianinstitute.org/articles/the-imperial-lamb-america-israel-and-ritual-substitution/