đâđš Lâapartheid comme sous-type de gĂ©nocide : analyse structurelle
L'apartheid est un génocide en cours. En convenir est la premiÚre étape pour y mettre fin. Si l'intention est le facteur déterminant du génocide, alors l'apartheid est bien un génocide dans les faits.
đâđš Lâapartheid comme sous-type de gĂ©nocide : analyse structurelle
Article universitaire
Par Story Ember leGaĂŻe, le 11 mars 2025
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Résumé
L'apartheid et le gĂ©nocide ont toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme des crimes distincts en droit international. Cependant, l'apartheid ne se rĂ©sume pas Ă un systĂšme de sĂ©grĂ©gation raciale ; il s'agit d'un mĂ©canisme structurel qui facilite le gĂ©nocide en dĂ©shumanisant, isolant et Ă©liminant systĂ©matiquement un groupe ciblĂ©. Cette thĂ©orie soutient que l'apartheid devrait ĂȘtre reconnu comme un sous-type de gĂ©nocide, car il remplit l'intention et les actes dĂ©finis dans la Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948) de maniĂšre lente, structurelle et bureaucratique.
En outre, la suprĂ©matie raciale, qui sous-tend l'apartheid, est en soi une intention gĂ©nocidaire, rendant les rĂ©gimes d'apartheid intrinsĂšquement gĂ©nocidaires, mĂȘme en l'absence de massacres immĂ©diats. Les cadres juridiques ont artificiellement dissociĂ© ces crimes pour des raisons de convenance politique, mais une réévaluation de l'apartheid Ă travers le prisme du droit international rĂ©vĂšle sa nature intrinsĂšquement gĂ©nocidaire. ReconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide n'est pas seulement une nĂ©cessitĂ© juridique, mais aussi un impĂ©ratif moral, car ne pas le faire permettrait aux rĂ©gimes d'apartheid d'Ă©chapper Ă la responsabilitĂ© qu'exigent les lois sur le gĂ©nocide.
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1. Introduction : la fausse dichotomie entre apartheid et génocide
1.1 La distinction juridique actuelle
La distinction entre apartheid et génocide en droit international est en grande partie artificielle, fondée sur des cadres juridiques qui servent des fins politiques plutÎt que substantielles. Bien que le génocide et l'apartheid soient codifiés comme des crimes distincts, les mécanismes de l'apartheid démantÚlent systématiquement les conditions nécessaires à la survie d'un groupe, s'alignant ainsi sur les éléments fondamentaux du génocide.
Le gĂ©nocide est dĂ©fini par la Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948) comme des actes commis âavec l'intention de dĂ©truire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieuxâ.
L'apartheid est dĂ©fini Ă l'article 7 du Statut de Rome (1998) comme un âcrime contre l'humanitĂ©â impliquant l'oppression systĂ©matique d'un groupe racial.
Ă premiĂšre vue, ces dĂ©finitions impliquent une distinction entre le gĂ©nocide en tant que destruction physique et l'apartheid en tant qu'asservissement prolongĂ©. Cependant, cette sĂ©paration juridique occulte la rĂ©alitĂ© selon laquelle les rĂ©gimes d'apartheid recourent souvent Ă des politiques gĂ©nocidaires sous couvert de gouvernance. La non-classification de l'apartheid comme gĂ©nocide dans le Statut de Rome crĂ©e une faille juridique qui permet aux Ătats de se livrer Ă un gĂ©nocide lent et bureaucratique sans dĂ©clencher d'intervention internationale au titre de la Convention sur le gĂ©nocide.
L'apartheid, une faille pour le génocide
La dissociation politique entre gĂ©nocide et apartheid sert les intĂ©rĂȘts des Ătats qui cherchent Ă Ă©chapper Ă leurs responsabilitĂ©s. ReconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide entraĂźnerait des obligations en vertu de la Convention sur le gĂ©nocide (1948), notamment une intervention internationale, des poursuites judiciaires et des sanctions Ă©conomiques. En relĂ©guant l'apartheid dans la catĂ©gorie des âcrimes contre l'humanitĂ©â, les rĂ©gimes d'apartheid sont protĂ©gĂ©s des consĂ©quences juridiques et politiques qui accompagnent les accusations de gĂ©nocide.
Cette distinction est encore renforcĂ©e par une interprĂ©tation restrictive de l'intention gĂ©nocidaire (dolus specialis), qui a toujours exigĂ© la preuve explicite d'un ordre d'extermination. Des juristes tels que Richard C. Slye (1998) soutiennent que l'apartheid, bien qu'oppressif, ne rĂ©pond pas toujours aux critĂšres juridiques du gĂ©nocide, car prouver l'intention de soumettre un groupe n'est pas la mĂȘme chose que prouver l'intention de le dĂ©truire. Cependant, cet argument est erronĂ©, car la jurisprudence a dĂ©montrĂ© que l'intention gĂ©nocidaire peut ĂȘtre dĂ©duite de politiques systĂ©matiques, mĂȘme en l'absence d'ordres d'extermination directs.
Précédents juridiques démontrant l'intention génocidaire en l'absence d'ordres explicites
L'argument selon lequel l'apartheid ne rĂ©pond pas aux critĂšres du gĂ©nocide en raison de l'absence d'ordres d'extermination directs est rĂ©futĂ© par la jurisprudence internationale. Les tribunaux ont jugĂ© que les politiques systĂ©matiques de destruction, mĂȘme si elles sont prĂ©sentĂ©es comme relevant de la gouvernance administrative, constituent un gĂ©nocide lorsqu'elles ont pour effet la destruction Ă long terme d'un groupe.
1. Le Procureur c. Akayesu (TPIR, 1998)
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a jugé que l'intention génocidaire ne nécessite pas d'ordre d'extermination explicite.
Au contraire, un ensemble cohérent de politiques étatiques visant un groupe peut constituer une preuve suffisante de l'intention génocidaire.
Cet arrĂȘt a confirmĂ© que des mesures administratives, politiques et Ă©conomiques prises par l'Ătat peuvent Ă©tablir l'intention de dĂ©truire un groupe, mĂȘme en l'absence de directive explicite visant Ă commettre des meurtres de masse.
2. Bosnie c. Serbie (CIJ, 2007)
La Cour internationale de justice (CIJ) a statuĂ© qu'un Ătat peut ĂȘtre tenu responsable de gĂ©nocide lorsqu'il crĂ©e les conditions conduisant Ă la destruction d'un groupe, mĂȘme s'il ne procĂšde pas directement aux exterminations massives.
La dĂ©cision a Ă©tabli que les dĂ©placements forcĂ©s, la privation Ă©conomique et la violence ciblĂ©e constituent des actes de gĂ©nocide lorsqu'ils contribuent Ă la destruction âtotale ou partielleâ d'un groupe.
Ce précédent est particuliÚrement pertinent pour les régimes d'apartheid, qui recourent aux déplacements forcés, à la famine systématique et à la marginalisation économique pour affaiblir et éliminer les populations marginalisées.
Principales implications
L'apartheid remplit les critÚres du génocide lorsqu'il démantÚle systématiquement les conditions nécessaires à la survie d'un groupe.
La jurisprudence Ă©tablit que l'intention gĂ©nocidaire peut ĂȘtre dĂ©duite de modĂšles d'action Ă©tatique soutenus, et pas seulement d'ordres d'extermination explicites.
La distinction artificielle entre apartheid et gĂ©nocide sert des intĂ©rĂȘts politiques, permettant aux rĂ©gimes d'apartheid de poursuivre leur destruction systĂ©matique sans dĂ©clencher de poursuites pour gĂ©nocide.
1.2 L'argument central
L'apartheid n'est pas distinct du gĂ©nocide : il s'agit d'un mĂ©canisme de gĂ©nocide qui opĂšre par le biais d'une violence structurelle Ă long terme, de dĂ©placements forcĂ©s et de privations Ă©conomiques. Les politiques mises en Ćuvre dans le cadre des systĂšmes d'apartheid, lorsqu'elles sont examinĂ©es dans leur ensemble, rĂ©vĂšlent un schĂ©ma clair de destruction, remplissant les critĂšres Ă©noncĂ©s dans la Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide.
Trois affirmations fondamentales
L'apartheid est un mécanisme de génocide
Les rĂ©gimes d'apartheid ne se contentent pas d'opprimer : ils mettent en Ćuvre des politiques Ă long terme visant Ă Ă©liminer progressivement un groupe marginalisĂ©.
La violence structurelle sous l'apartheid comprend les déplacements massifs, les restrictions sur les ressources, la privation de soins médicaux et la répression violente de la résistance, qui contribuent tous à un génocide lent et bureaucratique.
La suprématie raciale est une intention génocidaire
La suprĂ©matie raciale vise intrinsĂšquement la destruction du groupe âinfĂ©rieurâ, soit par son Ă©limination directe, soit par des politiques qui rendent sa survie impossible.
Des juristes tels que J. Peires (2004) et William A. Schabas (2009) soulignent que l'intention gĂ©nocidaire peut ĂȘtre dĂ©duite de la mise en Ćuvre de politiques qui conduisent de maniĂšre prĂ©visible Ă la destruction d'un groupe, mĂȘme si ces politiques sont prĂ©sentĂ©es comme relevant de la gouvernance.
Des exemples historiques, tels que les politiques raciales de l'Allemagne nazie avant l'Holocauste, démontrent que les structures d'apartheid précÚdent souvent l'extermination massive.
La distinction entre l'apartheid et le génocide est politique, et non matérielle
Les Ătats qui commettent l'apartheid Ă©vitent les accusations de gĂ©nocide afin d'Ă©chapper aux consĂ©quences juridiques et diplomatiques de la Convention sur le gĂ©nocide.
Les institutions internationales maintiennent cette distinction artificielle afin de préserver leur neutralité politique et d'éviter toute obligation d'intervention.
Des exemples historiques, tels que le refus du gouvernement amĂ©ricain de qualifier le gĂ©nocide bosniaque au dĂ©but des annĂ©es 1990, montrent comment les intĂ©rĂȘts gĂ©opolitiques influencent la reconnaissance du gĂ©nocide.
L'apartheid comme précurseur de l'extermination massive
Historiquement, les systÚmes d'apartheid ont servi de précurseurs à des actes génocidaires plus explicites. Le génocide est rarement un événement ponctuel : il s'agit d'un processus qui s'intensifie à travers des politiques de plus en plus oppressives. Les lois raciales de l'Allemagne nazie avant 1941, par exemple, ont créé un systÚme similaire à l'apartheid qui a systématiquement marginalisé les communautés juives avant de passer à l'extermination massive pure et simple.
De mĂȘme, le gĂ©nocide des peuples autochtones en AmĂ©rique du Nord a commencĂ© par des politiques de sĂ©grĂ©gation, de spoliation des terres et d'assimilation forcĂ©e, avant de conduire Ă une destruction physique gĂ©nĂ©ralisĂ©e par des massacres et des programmes de stĂ©rilisation.
Les rĂ©gimes d'apartheid utilisent la sĂ©grĂ©gation Ă©conomique, politique et spatiale comme une arme pour dĂ©manteler progressivement la capacitĂ© de survie du groupe ciblĂ©. Une fois qu'une population est suffisamment affaiblie par les politiques d'apartheid, les Ătats peuvent passer Ă des mesures gĂ©nocidaires plus ouvertes avec un minimum de rĂ©actions internationales.
L'apartheid EST un génocide
L'argument selon lequel l'apartheid est distinct du génocide ne tient pas compte de l'impact cumulatif des politiques étatiques visant à rendre la survie impossible à long terme.
Des prĂ©cĂ©dents juridiques confirment que le gĂ©nocide ne nĂ©cessite pas d'ordre d'extermination explicite : il peut ĂȘtre menĂ© de maniĂšre administrative, Ă©conomique et politique.
Les politiques d'apartheid dĂ©mantĂšlent systĂ©matiquement la capacitĂ© d'un groupe Ă exister, remplissant ainsi les critĂšres de destruction gĂ©nocidaire âtotale ou partielleâ.
En maintenant la distinction erronée entre apartheid et génocide, le droit international permet aux régimes d'apartheid d'agir en toute impunité.
Reconnaßtre l'apartheid comme un génocide n'est pas seulement un argument académique ou juridique, c'est un impératif moral urgent. Sans intervention, les systÚmes d'apartheid poursuivront leur génocide au ralenti, à l'abri de la légalité bureaucratique, mais non moins destructeurs dans leur intention et leur impact.
2. Les actes génocidaires dans le cadre de l'apartheid : une analyse juridique et structurelle
Les rĂ©gimes d'apartheid mettent en Ćuvre une destruction gĂ©nocidaire par des moyens systĂ©miques et bureaucratiques plutĂŽt que par des massacres ouverts. Ces politiques ne prennent pas nĂ©cessairement la forme d'une extermination immĂ©diate et Ă grande Ă©chelle, mais fonctionnent plutĂŽt comme des mĂ©thodes lentes et calculĂ©es de destruction collective. La Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948) dĂ©finit le gĂ©nocide comme la destruction intentionnelle d'un groupe âen tout ou en partieâ, et les rĂ©gimes d'apartheid s'alignent directement sur cette dĂ©finition en mettant en Ćuvre des politiques qui dĂ©shumanisent progressivement, dĂ©possĂšdent et, en fin de compte, Ă©liminent le groupe visĂ©.
2.1 Massacres et violences ciblées (article II-a)
Si l'apartheid est souvent conceptualisĂ© comme un systĂšme d'oppression raciale institutionnalisĂ©e, il s'appuie Ă©galement sur des massacres ciblĂ©s comme moyen de coercition. Les massacres organisĂ©s par l'Ătat, les brutalitĂ©s policiĂšres et la rĂ©pression militaire servent Ă Ă©liminer l'opposition, Ă instiller la peur et Ă renforcer les hiĂ©rarchies raciales. Ces actes de violence directe ne sont pas des incidents isolĂ©s, mais s'inscrivent dans le cadre de politiques Ă©tatiques systĂ©matiques visant Ă affaiblir et Ă dĂ©truire la population opprimĂ©e.
Preuves empiriques des massacres commis sous les régimes d'apartheid
Afrique du Sud : exécutions extrajudiciaires systématiques
Entre 1960 et 1994, les forces de sécurité sud-africaines ont tué plus de 21 000 Sud-Africains noirs, principalement dans le cadre d'exécutions extrajudiciaires à motivation politique.
Lors du massacre de Sharpeville (1960), la police sud-africaine a ouvert le feu sur des manifestants noirs non armés, tuant 69 personnes et en blessant des centaines d'autres.
Le soulÚvement de Soweto (1976) a conduit les forces de sécurité à tuer 176 étudiants noirs, dont beaucoup étaient des enfants, pour avoir protesté contre les politiques éducatives de l'apartheid (rapport de la Commission vérité et réconciliation, 1998).
Ces massacres n'Ă©taient pas seulement des actes de terrorisme d'Ătat, mais s'inscrivaient dans un effort plus large visant Ă rĂ©primer la rĂ©sistance, Ă affaiblir la population noire et Ă imposer la suprĂ©matie blanche.
Palestine : opérations militaires visant des civils
Entre 2008 et 2023, les forces israéliennes ont tué plus de 5 000 Palestiniens à Gaza, la grande majorité des victimes étant des civils (UN OCHA, 2023).
Au cours de la Grande Marche du retour (2018-2019), des tireurs d'élite israéliens ont abattu plus de 200 manifestants palestiniens non armés, dont beaucoup étaient des médecins et des journalistes (Human Rights Watch, 2019).
Des campagnes militaires systématiques, telles que l'opération Protective Edge (2014) et l'opération Guardian of the Walls (2021), ont fait des milliers de morts parmi les civils, dont un grand nombre de femmes et d'enfants (Amnesty International, 2021).
Ces exĂ©cutions extrajudiciaires sanctionnĂ©es par l'Ătat ont deux objectifs :
Elles affaiblissent et éliminent la résistance, permettant ainsi au groupe racial dominant de maintenir plus facilement son contrÎle.
Ils terrorisent la population opprimée pour la soumettre, garantissant ainsi le respect des lois de l'apartheid tout en réduisant progressivement le nombre de membres du groupe visé.
Ces violences ciblées constituent un génocide au sens de l'article II-a de la Convention sur le génocide, car elles sont commises avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, le groupe opprimé.
2.2 Infliger des conditions destinées à détruire le groupe (article II-c)
Les régimes d'apartheid ne recourent pas uniquement aux massacres pour commettre un génocide. Ils ont souvent recours à des politiques systémiques qui dégradent les conditions de vie, limitent l'accÚs aux ressources et érodent la capacité de survie du groupe visé. Ces politiques, bien que souvent présentées comme des mesures de sécurité ou de restructuration économique, constituent des actes délibérés de destruction et sont conformes à l'article II-c de la Convention sur le génocide, qui interdit
âle fait, par d'autres moyens, en particulier par des mesures prises dans le cadre d'une population ou d'une partie de celle-ci, de dĂ©tĂ©riorer les conditions existantes de vie de maniĂšre ou d'une maniĂšre telle qu'il y ait danger d'une destruction physique du groupe en question en tout ou en partieâ.
Preuves empiriques de conditions génocidaires dans les systÚmes d'apartheid
La bande de Gaza : la famine et le déni de soins médicaux comme outils de génocide
97 % de l'approvisionnement en eau de Gaza est impropre à la consommation, entraßnant des maladies et une malnutrition généralisées (OMS, 2022).
Le blocus israélien (depuis 2007) a créé une crise humanitaire artificielle, restreignant l'accÚs à la nourriture, aux médicaments et aux fournitures essentielles.
La malnutrition chronique chez les enfants palestiniens a atteint des niveaux alarmants, 10,3 % des enfants souffrant d'un retard de croissance dû aux pénuries alimentaires (UNICEF, 2021).
Apartheid mĂ©dical : les restrictions de mouvement empĂȘchent les Gazaouis d'accĂ©der aux soins de santĂ© vitaux, entraĂźnant des milliers de dĂ©cĂšs Ă©vitables (The Lancet, 2018).
Le blocus n'est pas seulement un acte de guerre économique, c'est une politique intentionnelle visant à réduire l'espérance de vie des Palestiniens, à faire baisser le taux de natalité et à affaiblir la population au fil du temps.
Le systÚme des bantoustans en Afrique du Sud : privations économiques et médicales comme forme de génocide lent
Le systĂšme des bantoustans, qui confinait les Sud-Africains noirs dans des âhomelandsâ dĂ©pourvus de ressources, Ă©tait conçu pour assurer le dĂ©clin Ă©conomique et physique de la population noire.
La mortalité infantile chez les Sud-Africains noirs était dix fois plus élevée que chez les Blancs en raison de l'accÚs restreint aux soins médicaux (Coovadia et al., 2009).
La malnutrition, le manque de soins de santé et les expulsions forcées ont créé des conditions qui ont conduit à des décÚs prématurés à grande échelle.
Entre 1960 et 1980, des millions de Sud-Africains noirs ont été déplacés de force, perdant leurs maisons, leurs terres et leur accÚs à l'emploi, entraßnant une mortalité généralisée due à la pauvreté.
Génocide des peuples autochtones en Amérique du Nord : déclin délibéré de la population par le déplacement forcé et la famine
L'Indian Removal Act (1830) a déplacé de force des tribus autochtones, entraßnant un déclin démographique de 50 % en une génération en raison de la famine et des maladies (Thornton, 1987).
Les enfants autochtones ont Ă©tĂ© emmenĂ©s de force dans des pensionnats, oĂč la malnutrition systĂ©mique, la nĂ©gligence mĂ©dicale et les abus ont entraĂźnĂ© des morts massives (Commission de vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation du Canada, 2015).
Les ressources alimentaires ont été détruites intentionnellement : l'armée américaine a mené des campagnes d'extermination des bisons, sachant que couper l'approvisionnement alimentaire des autochtones affamerait les populations et les soumettrait.
Génocide lent : les politiques bureaucratiques et économiques comme méthodes de destruction de groupes
Les régimes d'apartheid dissimulent souvent le génocide sous des politiques économiques ou sécuritaires, recourant à des mesures bureaucratiques pour affaiblir et éliminer systématiquement le groupe visé.
Vol de terres et marginalisation économique
Les Ătats pratiquant l'apartheid imposent une privation Ă©conomique fondĂ©e sur la race, en veillant Ă ce que les groupes marginalisĂ©s n'aient pas accĂšs Ă l'emploi, Ă la terre et Ă la stabilitĂ© Ă©conomique.
En Afrique du Sud, les lois fonciÚres de 1913 et 1936 ont dépouillé les Sud-Africains noirs de la propriété fonciÚre, les contraignant à des systÚmes d'exploitation par le travail qui ont entraßné des taux de mortalité plus élevés.
En Palestine, la confiscation des terres et la démolition des maisons sont utilisées pour effacer les communautés palestiniennes tout en étendant les colonies israéliennes (B'Tselem, 2023).
Déni des droits reproductifs
Afrique du Sud (années 1970-1980) : le gouvernement de l'apartheid a mis en place des programmes de stérilisation forcée visant les femmes noires (South African History Archive, 2010).
GĂ©nocide des peuples autochtones (AmĂ©rique du Nord, XXe siĂšcle) : les femmes autochtones ont Ă©tĂ© stĂ©rilisĂ©es de force aux Ătats-Unis et au Canada afin de rĂ©duire les taux de natalitĂ© (Stote, 2015).
Palestine (en cours) : Les restrictions au regroupement familial, les politiques de déplacement et les restrictions de mouvement limitent le taux de natalité palestinien, à l'image des mesures de contrÎle de la reproduction utilisées lors de génocides précédents.
L'apartheid en tant que systÚme génocidaire
Les rĂ©gimes d'apartheid ne reposent pas uniquement sur l'extermination directe, mais mettent en Ćuvre des politiques calculĂ©es et systĂ©miques visant Ă dĂ©truire le groupe ciblĂ© au fil du temps.
Les massacres sont utilisés comme un outil de répression politique et de contrÎle démographique.
La privation économique, les politiques de famine et la négligence médicale fonctionnent comme un génocide lent.
Les régimes d'apartheid utilisent des mesures juridiques et bureaucratiques pour démanteler les conditions de survie du groupe ciblé, remplissant ainsi les critÚres du génocide au sens de l'article II de la Convention sur le génocide.
La distinction juridique artificielle entre l'apartheid et le gĂ©nocide a permis aux Ătats pratiquant l'apartheid d'agir en toute impunitĂ©. Cependant, les preuves dĂ©montrent de maniĂšre Ă©crasante que l'apartheid n'est pas simplement un systĂšme d'oppression raciale, mais bien un gĂ©nocide au ralenti.
3. La suprématie raciale comme intention génocidaire
L'apartheid repose sur la suprématie raciale, une idéologie qui ne se contente pas de subordonner un groupe, mais qui vise en fin de compte son élimination, qu'elle soit culturelle, démographique ou physique. Si le génocide est souvent associé à des massacres directs, sa caractéristique déterminante en droit international est l'intention (dolus specialis), c'est-à -dire l'intention délibérée de détruire un groupe en tout ou en partie.
La suprématie raciale ne tolÚre pas la véritable coexistence ; elle exige soit la domination complÚte du groupe subordonné, soit son élimination en tant qu'entité sociale, politique et démographique significative. Les systÚmes d'apartheid fonctionnent comme des structures génocidaires à long terme, opérant à travers des politiques qui, au fil du temps, rendent insoutenable la survie du groupe opprimé. Cette section examine comment la suprématie raciale constitue intrinsÚquement une intention génocidaire, comment le droit du génocide tient compte de la destruction systémique et comment les régimes d'apartheid à travers l'histoire ont suivi un schéma constant d'escalade, passant de la ségrégation raciale à l'extermination massive.
3.1 Le rÎle de l'intention dans le droit du génocide
L'intention génocidaire comme critÚre juridique déterminant
En droit international, l'Ă©lĂ©ment dĂ©terminant du gĂ©nocide est l'intention (dolus specialis). La Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948) Ă©tablit qu'un acte est qualifiĂ© de gĂ©nocide lorsqu'il est commis âavec l'intention de dĂ©truire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieuxâ. Cela signifie que le gĂ©nocide se distingue des autres crimes non pas par le nombre de morts, mais par l'intention dĂ©libĂ©rĂ©e d'Ă©liminer un groupe.
Les juristes et les tribunaux internationaux ont dĂ©battu de la maniĂšre dont l'intention peut ĂȘtre prouvĂ©e. Si les dĂ©clarations explicites d'extermination (par exemple, la âsolution finaleâ de l'Allemagne nazie) sont des indicateurs clairs de l'intention gĂ©nocidaire, les tribunaux ont reconnu que l'intention peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©duite d'un ensemble cohĂ©rent de politiques visant Ă Ă©liminer un groupe au fil du temps.
Précédents juridiques établissant l'intention génocidaire présumée
Le procureur c. Akayesu (TPIR, 1998)
Le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR) a statuĂ© que l'intention ne nĂ©cessite pas un ordre explicite d'extermination, mais qu'elle peut ĂȘtre dĂ©duite d'un ensemble cohĂ©rent de mesures Ă©tatiques qui conduisent de maniĂšre prĂ©visible Ă la destruction d'un groupe.
Le jugement a soulignĂ© que les politiques restreignant l'accĂšs aux ressources, crĂ©ant des conditions de souffrance extrĂȘme et facilitant les dĂ©placements massifs constituent une intention gĂ©nocidaire lorsqu'elles contribuent de maniĂšre prĂ©visible Ă la destruction d'un groupe.
Bosnie c. Serbie (CIJ, 2007)
La Cour internationale de justice (CIJ) a statué que le génocide ne requiert pas nécessairement l'exécution massive : le déplacement forcé, l'étranglement économique et des conditions de vie rendant la survie impossible sont des indicateurs suffisants de l'intention génocidaire.
Cette décision est particuliÚrement pertinente pour les régimes d'apartheid, qui créent systématiquement les conditions conduisant à l'attrition démographique et à la destruction finale du groupe opprimé.
L'apartheid comme cadre du génocide
L'apartheid ne se contente pas d'opprimer : il démantÚle les conditions nécessaires à la survie d'un groupe opprimé.
Si un Ătat applique des politiques qui conduisent de maniĂšre prĂ©visible Ă la destruction d'un groupe racial ou ethnique, il remplit les critĂšres juridiques du gĂ©nocide, mĂȘme si ces politiques sont mises en Ćuvre sur plusieurs dĂ©cennies plutĂŽt que lors d'exterminations massives immĂ©diates.
Le fait que la communautĂ© internationale ne reconnaisse pas l'apartheid comme un gĂ©nocide permet aux Ătats pratiquant l'apartheid de nier leur responsabilitĂ©, alors que leurs actions sont clairement alignĂ©es sur une intention gĂ©nocidaire.
3.2 La suprématie raciale : une idéologie d'élimination
La suprĂ©matie raciale est plus qu'une idĂ©ologie de domination, c'est une idĂ©ologie d'Ă©limination. Historiquement, les systĂšmes de suprĂ©matie raciale ont conduit Ă des gĂ©nocides, immĂ©diats ou progressifs, car ils fonctionnent selon une logique du tout ou rien : la race dominante doit contrĂŽler entiĂšrement le territoire, les ressources et les structures politiques, et le groupe subordonnĂ© doit ĂȘtre Ă©liminĂ© ou privĂ© dĂ©finitivement de tout pouvoir.
La nature fondamentale de la suprématie raciale
La suprĂ©matie raciale ne tolĂšre pas la coexistence vĂ©ritable : elle exige soit le contrĂŽle total, soit l'Ă©limination totale du groupe âinfĂ©rieurâ.
Les politiques d'apartheid fonctionnent comme des mécanismes de génocide lent, réduisant les taux de natalité, augmentant la mortalité et effaçant les structures de survie autochtones.
Les exemples historiques montrent que les régimes suprémacistes raciaux s'intensifient systématiquement vers l'extermination massive dÚs que les structures d'apartheid ne suffisent plus à maintenir leur domination.
Ătudes de cas historiques de suprĂ©matie raciale menant au gĂ©nocide
L'Allemagne nazie : de l'apartheid légal à l'extermination massive
Les lois de Nuremberg (1935) ont instauré l'apartheid légal pour les Juifs, avec déchéance de la citoyenneté allemande, et en interdisant les mariages mixtes.
En 1939, les restrictions économiques et sociales ont provoqué des déplacements massifs, poussant les communautés juives dans des ghettos aux conditions de vie insoutenables, une stratégie qui reflÚte les systÚmes d'apartheid modernes.
En 1941, le régime nazi est passé à l'extermination massive, prouvant que l'apartheid est souvent un précurseur du génocide à grande échelle.
Le gĂ©nocide des peuples autochtones aux Ătats-Unis : dĂ©placement forcĂ© et effacement de la population
L'Indian Removal Act (1830) a déplacé de force 100 000 autochtones, entraßnant une baisse de 50 % de la population en une génération.
Le systÚme des réserves reflétait une structure d'apartheid, retirant systématiquement les autochtones de leurs terres fertiles et les confinant dans des environnements pauvres en ressources.
à la fin du XIXe siÚcle, les massacres directs et les programmes de stérilisation se sont intensifiés afin de réduire encore davantage la population autochtone.
L'apartheid sioniste en Palestine : effacement systématique par le déplacement et le blocus
La Nakba (1948) a déplacé de force 750 000 Palestiniens, créant une crise permanente des réfugiés tout en assurant la suprématie démographique juive.
Les politiques d'apartheid israéliennes, notamment les démolitions de maisons, les restrictions de mouvement et l'étranglement économique, fonctionnent comme des mécanismes à long terme de réduction de la population.
Le blocus de Gaza (2007-présent) reflÚte les blocus génocidaires historiques, coupant l'accÚs aux ressources essentielles et réduisant le taux de natalité par le biais d'un apartheid médical.
Points clés
Les régimes suprémacistes raciaux passent de l'apartheid au génocide lorsque le maintien de leur domination nécessite l'élimination du groupe subordonné.
Les structures d'apartheid, tout en semblant âprĂ©serverâ le groupe opprimĂ© en tant que main-d'Ćuvre, finissent par Ă©voluer vers son Ă©limination dĂšs que ce groupe n'est plus nĂ©cessaire sur le plan Ă©conomique.
Dans tous les cas historiques, la suprématie raciale a été un précurseur des politiques génocidaires, démontrant que les régimes d'apartheid ont une intention génocidaire.
3.3 Implications éthiques et politiques
Recadrer l'apartheid comme génocide : un appel à la responsabilité
La distinction arbitraire entre apartheid et gĂ©nocide a permis Ă certains Ătats de commettre un gĂ©nocide lent sans encourir de consĂ©quences juridiques. Si la communautĂ© internationale continue de refuser de qualifier l'apartheid de gĂ©nocide, elle permettra aux rĂ©gimes d'apartheid d'agir en toute impunitĂ©, normalisant ainsi des politiques qui Ă©liminent systĂ©matiquement une population opprimĂ©e.
Implications juridiques et diplomatiques
Recadrer l'apartheid comme un gĂ©nocide impose une responsabilitĂ© internationale, empĂȘchant les Ătats de se retrancher derriĂšre la distinction juridique entre les deux.
La Convention sur le gĂ©nocide (1948) impose une intervention internationale, ce qui signifie que les Ătats pratiquant l'apartheid ne pourraient plus Ă©chapper aux consĂ©quences juridiques.
ConsidĂ©rations Ă©thiques : l'illusion du gĂ©nocide âlentâ contre le gĂ©nocide ârapideâ
La distinction entre gĂ©nocide âlentâ et ârapideâ n'a aucun sens sur le plan Ă©thique : que le gĂ©nocide soit perpĂ©trĂ© sur plusieurs dĂ©cennies ou en quelques mois, l'intention et le rĂ©sultat restent les mĂȘmes.
Les Ătats pratiquant l'apartheid utilisent le temps comme une arme, sachant que le droit international ne rĂ©agit qu'aux massacres rapides, ignorant largement la destruction dĂ©mographique prolongĂ©e.
Conséquences politiques : le rÎle des puissances occidentales dans la facilitation de l'apartheid-génocide
Les gouvernements occidentaux, en particulier les Ătats-Unis et l'Union europĂ©enne, ont protĂ©gĂ© les rĂ©gimes d'apartheid contre les accusations de gĂ©nocide afin de prĂ©server leurs alliances gĂ©opolitiques.
Le refus de poursuivre l'apartheid israélien en Palestine en vertu de la Convention sur le génocide démontre que le droit du génocide est appliqué de maniÚre sélective, renforçant ainsi les structures de pouvoir néo-coloniales.
L'apartheid est un génocide en action
Si la suprématie raciale est une intention génocidaire, alors l'apartheid est un génocide en action.
La distinction juridique internationale entre l'apartheid et le génocide est une fiction politique, et non une réalité matérielle.
ReconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide n'est pas facultatif, c'est un impĂ©ratif moral et juridique qui doit ĂȘtre mis en Ćuvre immĂ©diatement.
4. Précédents historiques : recoupements entre apartheid et génocide
L'Ă©tude de l'apartheid dans une perspective gĂ©nocidaire est Ă©tayĂ©e par des prĂ©cĂ©dents historiques oĂč la suprĂ©matie raciale, les politiques sĂ©grĂ©gationnistes et l'oppression systĂ©mique ont Ă©tĂ© les prĂ©curseurs d'efforts d'extermination Ă grande Ă©chelle. Dans chaque cas, les Ătats ont d'abord mis en place des structures lĂ©gales d'apartheid (lois de classification raciale, exclusion Ă©conomique, sĂ©grĂ©gation spatiale et privation des droits politiques) avant de passer Ă des politiques de dĂ©placement massif, de stĂ©rilisation forcĂ©e, de famine et d'extermination pure et simple.
Ce schéma est évident dans l'apartheid sud-africain, le génocide des peuples autochtones en Amérique du Nord et les lois raciales de l'Allemagne nazie avant l'Holocauste. Chacun de ces cas illustre comment les régimes d'apartheid fonctionnent comme des mécanismes génocidaires à long terme, érodant progressivement les conditions nécessaires à la survie d'un groupe. Au fil du temps, cette oppression systématique entraßne un taux de mortalité élevé, la privation économique, le déclin forcé de la population et un traumatisme intergénérationnel, autant d'éléments répondant aux critÚres du génocide tels que définis par la Convention des Nations unies sur le génocide (1948).
4.1 L'apartheid sud-africain : un génocide structurel par le déplacement forcé et la privation économique
L'apartheid sud-africain (1948-1994) est souvent prĂ©sentĂ© comme un systĂšme d'oppression raciale institutionnalisĂ©e, mais son impact Ă long terme â dĂ©placements massifs, privation Ă©conomique extrĂȘme et violence Ă©tatique ciblĂ©e â rĂ©pond aux critĂšres du gĂ©nocide lent.
Principales politiques génocidaires sous l'apartheid sud-africain
Déplacements forcés et nettoyage ethnique
La loi de 1950 sur les âzones dĂ©signĂ©esâ (Group Areas Act) et la loi de 1954 sur la rĂ©installation des Bantous (Bantu Resettlement Act) ont contraint plus de 3,5 millions de Sud-Africains noirs Ă quitter leurs foyers pour ĂȘtre confinĂ©s dans des âhomelandsâ (bantoustans) sous-dĂ©veloppĂ©s et dĂ©pourvus de ressources Ă©conomiques viables.
Ces déplacements forcés ont créé des conditions propices à la famine, aux maladies et à la mortalité prématurée, réduisant l'espérance de vie des populations déplacées.
La marginalisation économique comme mécanisme de destruction d'un groupe
Les lois de l'apartheid ont privé les Sud-Africains noirs de la propriété fonciÚre, d'une éducation de qualité et de l'accÚs à des emplois bien rémunérés, garantissant ainsi leur spoliation économique permanente.
Dans les années 1980, le taux de mortalité infantile chez les Noirs était dix fois plus élevé que chez les Sud-Africains blancs du fait de la malnutrition chronique et du manque de soins de santé (Coovadia et al., 2009).
Massacres et rĂ©pression politique sanctionnĂ©s par l'Ătat
Les forces de sécurité ont tué plus de 21 000 Sud-Africains noirs entre 1960 et 1994, souvent par des exécutions extrajudiciaires visant des militants anti-apartheid (Rapport de la Commission vérité et réconciliation, 1998).
Le massacre de Sharpeville (1960) et le soulĂšvement de Soweto (1976) ne sont que deux exemples parmi d'autres des massacres organisĂ©s par l'Ătat pour Ă©liminer la rĂ©sistance.
L'apartheid en tant que structure génocidaire
L'impact cumulé des expulsions forcées, de la misÚre économique systémique et de la violence étatique a créé les conditions qui ont conduit à la mort prématurée à grande échelle des Sud-Africains noirs.
Ces politiques sont conformes Ă l'article II(c) de la Convention sur le gĂ©nocide, qui criminalise âle fait de soumettre intentionnellement un groupe Ă des conditions d'existence devant entraĂźner sa destruction physique totale ou partielleâ.
L'apartheid sud-africain n'était pas uniquement un crime contre l'humanité, c'était un processus génocidaire à long terme.
4.2 GĂ©nocide des peuples autochtones aux Ătats-Unis et au Canada : apartheid et destruction de la population
Le gĂ©nocide des peuples autochtones en AmĂ©rique du Nord (XVIe-XXe siĂšcles) a suivi de prĂšs la trajectoire de l'apartheid vers le gĂ©nocide observĂ©e en Afrique du Sud et en Allemagne nazie. L'objectif des Ătats coloniaux europĂ©ens ne visait pas seulement Ă isoler les populations autochtones, mais aussi Ă les Ă©liminer dĂ©finitivement en tant que nations et cultures viables.
Principales politiques génocidaires à l'encontre des populations autochtones
Déplacement forcé et spoliation des terres
L'Indian Removal Act (1830) a déplacé de force plus de 100 000 autochtones, provoquant un déclin démographique de 50 % en une génération en raison des maladies, de la famine et du froid (Thornton, 1987).
Le systÚme des réserves, calqué sur les bantoustans sud-africains, a contraint les autochtones à s'installer sur des terres infertiles tandis que les colons blancs occupaient leurs anciens territoires.
Génocide culturel par le biais des pensionnats
Les gouvernements amĂ©ricain et canadien ont gĂ©rĂ© des pensionnats indiens (1870-1990) destinĂ©s Ă âtuer l'Indien pour sauver l'hommeâ.
Plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés de force à leurs familles et ont souffert d'assimilation forcée, de malnutrition, de violences physiques et de négligence médicale (Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015).
Des milliers d'enfants sont morts dans ces institutions, et des fosses communes ont été découvertes sur les sites des écoles ces derniÚres années.
Violence biologique et reproductive délibérée
La propagation dĂ©libĂ©rĂ©e de la variole parmi les communautĂ©s autochtones, y compris des cas documentĂ©s de distribution de couvertures infectĂ©es par la variole par des fonctionnaires coloniaux, peut ĂȘtre qualifiĂ©e de gĂ©nocide biologique.
Les programmes de stérilisation forcée (années 1920-1970) ont ciblé les femmes autochtones, réduisant les taux de natalité et effaçant les générations futures (Stote, 2015).
De l'apartheid au génocide
Les politiques ségrégationnistes des réserves autochtones et des pensionnats ont fonctionné comme des structures d'apartheid, effaçant délibérément l'identité et l'autosuffisance des autochtones.
Au fil du temps, ces politiques se sont intensifiées pour aboutir à des massacres, des stérilisations forcées et un génocide culturel, culminant dans un processus multigénérationnel d'effacement démographique.
Le génocide des peuples autochtones montre comment l'apartheid sert de précurseur à la destruction totale d'un groupe.
4.3 L'Allemagne nazie : les lois de Nuremberg, un apartheid avant l'extermination
L'Holocauste (1941-1945) est largement reconnu comme un génocide, mais les fondements juridiques et structurels de l'extermination ont été posés des années auparavant avec l'adoption de lois raciales similaires à l'apartheid qui ont d'abord marginalisé et affaibli les communautés juives avant de laisser place aux massacres.
Principales politiques d'apartheid racial dans l'Allemagne nazie
Exclusion juridique et marginalisation économique
Les lois de Nuremberg (1935) ont privé les Juifs allemands de leur citoyenneté, interdit les mariages mixtes et imposé des restrictions économiques et éducatives strictes.
Ces lois ont créé un systÚme de castes raciales presque identique aux lois d'apartheid sud-africaines.
Déplacement forcé et ghettos
Les Juifs ont été expulsés de force de leurs maisons et confinés dans des ghettos, privés d'emploi, de nourriture suffisante et de soins médicaux.
La famine, les maladies et le travail forcĂ© ont entraĂźnĂ© des morts massives avant mĂȘme la mise en place des camps de la mort.
De l'apartheid Ă l'extermination
En 1941, la politique nazie est passée de la ségrégation forcée au meurtre de masse par le biais d'escadrons de la mort (Einsatzgruppen), de chambres à gaz et de camps de travail forcé.
L'Holocauste a suivi le mĂȘme schĂ©ma que celui observĂ© en Afrique du Sud et en AmĂ©rique du Nord :
apartheid lĂ©gal â rĂ©pression Ă©conomique â dĂ©portation forcĂ©e â extermination massive.
Le lien direct entre l'apartheid et le génocide
Les lois raciales de l'Allemagne nazie n'ont pas débuté par un génocide, mais les politiques d'apartheid l'ont rendu possible en éliminant les Juifs de la société, en les isolant et en rendant leur destruction logistiquement possible.
Les systĂšmes d'apartheid crĂ©ent les conditions propices au gĂ©nocide, faisant de l'extermination massive une âsolution finaleâ lorsque la sĂ©grĂ©gation n'est plus considĂ©rĂ©e comme suffisante.
L'apartheid comme processus génocidaire
En Afrique du Sud, en AmĂ©rique du Nord et dans l'Allemagne nazie, la mĂȘme trajectoire historique se dessine :
1. Apartheid légal et ségrégation raciale
Les premiÚres politiques se concentrent sur la classification raciale, l'exclusion de la citoyenneté et la répression économique.
2. Déplacement forcé et apartheid spatial
Les groupes marginalisés sont physiquement isolés dans des ghettos, des réserves ou des bantoustans, limitant ainsi leur accÚs aux ressources.
3. Génocide structurel par la famine, la négligence médicale et la violence reproductive
Les populations déclinent en raison de la malnutrition, des maladies et de la stérilisation forcée.
4. Le massacre lorsque l'apartheid ne suffit plus
Lorsque la sĂ©grĂ©gation seule ne suffit plus Ă maintenir la domination raciale, les Ătats passent Ă l'extermination ouverte.
Ces prĂ©cĂ©dents historiques confirment que l'apartheid n'est pas seulement une forme d'oppression raciale, mais un processus continu de gĂ©nocide au ralenti. Ne pas reconnaĂźtre cette rĂ©alitĂ© permet aux Ătats pratiquant l'apartheid moderne de poursuivre impunĂ©ment leur destruction systĂ©mique.
5. LâopportunitĂ© politique de la dissociation
La distinction artificielle entre l'apartheid et le gĂ©nocide en droit international ne repose pas sur des diffĂ©rences substantielles entre ces deux crimes, mais plutĂŽt sur des considĂ©rations politiques. En qualifiant juridiquement l'apartheid de crime contre l'humanitĂ© plutĂŽt que de gĂ©nocide, les Ătats puissants et les institutions internationales ont efficacement protĂ©gĂ© les rĂ©gimes d'apartheid des consĂ©quences juridiques et diplomatiques qu'entraĂźneraient des accusations de gĂ©nocide.
Cette distinction remplit trois fonctions politiques principales :
Elle permet aux régimes d'apartheid de poursuivre la destruction systématique des groupes marginalisés sans déclencher d'intervention internationale en vertu de la Convention sur le génocide (1948).
Elle protĂšge les Ătats puissants qui ont historiquement soutenu les rĂ©gimes d'apartheid, que ce soit sur le plan politique, militaire ou Ă©conomique, contre les accusations de complicitĂ© de gĂ©nocide.
Elle permet à des organisations internationales telles que l'ONU, la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) de maintenir une position politiquement neutre tout en évitant les obligations interventionnistes.
La classification de l'apartheid comme âcrime moins graveâ que le gĂ©nocide n'est pas une question de rigueur juridique, mais de stratĂ©gie gĂ©opolitique, qui permet aux Ătats de commettre un gĂ©nocide lent en toute impunitĂ© tout en garantissant que le droit international reste un outil sĂ©lectif d'application plutĂŽt qu'un mĂ©canisme de justice universellement applicable.
5.1 Les limites du Statut de Rome : comment le droit international protÚge les régimes d'apartheid
Le Statut de Rome (1998), qui a instituĂ© la Cour pĂ©nale internationale (CPI), classe l'apartheid comme un âcrime contre l'humanitĂ©â plutĂŽt que comme un gĂ©nocide. Cette distinction est cruciale car elle rĂ©duit considĂ©rablement le seuil juridique Ă partir duquel les rĂ©gimes d'apartheid peuvent ĂȘtre tenus pour responsables, tout en leur permettant d'Ă©chapper aux consĂ©quences les plus graves de la classification comme gĂ©nocide.
Principales conséquences de la non-reconnaissance de l'apartheid comme génocide par le Statut de Rome
Les régimes d'apartheid sont protégés contre les accusations de génocide
En vertu de la Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948), les Ătats ont l'obligation lĂ©gale d'intervenir en cas de gĂ©nocide.
En qualifiant l'apartheid de crime contre l'humanitĂ© plutĂŽt que de gĂ©nocide, le Statut de Rome exempte les rĂ©gimes d'apartheid des consĂ©quences juridiques des accusations de gĂ©nocide, permettant ainsi aux Ătats de justifier leur inaction face Ă une destruction systĂ©matique.
L'application sĂ©lective du droit international protĂšge les Ătats pratiquant l'apartheid soutenus par l'Occident
Ne pas reconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide permet aux puissances occidentales d'appliquer le droit international de maniĂšre sĂ©lective, en intervenant lorsque cela leur convient politiquement, mais en ignorant les rĂ©gimes d'apartheid alignĂ©s sur leurs intĂ©rĂȘts stratĂ©giques.
Les Ătats-Unis, le Royaume-Uni et l'Union europĂ©enne ont historiquement soutenu les rĂ©gimes d'apartheid en Afrique du Sud, en IsraĂ«l et dans des Ătats coloniaux comme le Canada et l'Australie, en leur fournissant une aide militaire, un soutien Ă©conomique et une couverture diplomatique.
Si l'apartheid Ă©tait lĂ©galement qualifiĂ© de gĂ©nocide, ces Ătats pourraient ĂȘtre accusĂ©s de complicitĂ©, ce qui nĂ©cessiterait une rĂ©orientation radicale de leur politique Ă©trangĂšre.
Les organisations internationales peuvent éviter les pressions politiques qui les poussent à agir
ReconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide obligerait des institutions telles que l'ONU, la CPI et la CIJ Ă poursuivre les rĂ©gimes d'apartheid, avec le risque de s'aliĂ©ner des Ătats membres puissants.
Ces organisations ont plutÎt maintenu la fiction politique selon laquelle l'apartheid est distinct du génocide, leur permettant d'échapper à leurs obligations d'intervention.
LâincapacitĂ© de la CPI Ă poursuivre l'apartheid en tant que gĂ©nocide
L'apartheid sud-africain n'a jamais été poursuivi en tant que génocide, bien que ses politiques correspondent parfaitement aux critÚres établis dans la Convention sur le génocide.
Le régime d'apartheid d'Israël à l'égard des Palestiniens a été largement reconnu par les organisations de défense des droits humains comme répondant à la définition de l'apartheid, mais aucune procédure n'a été engagée devant la CPI pour génocide.
La CPI s'est concentrĂ©e de maniĂšre disproportionnĂ©e sur la poursuite des dirigeants africains tout en ignorant les crimes d'apartheid commis dans les Ătats soutenus par l'Occident, renforçant ainsi la perception que le droit international est un outil de contrĂŽle gĂ©opolitique plutĂŽt qu'une justice universelle.
Les lacunes juridiques qui favorisent l'apartheid et le génocide
La CPI peut poursuivre des individus pour crimes contre l'humanitĂ©, mais elle est beaucoup moins susceptible de tenir des Ătats entiers responsables de gĂ©nocide.
Les Ătats qui pratiquent l'apartheid peuvent faire valoir qu'ils « oppriment » plutĂŽt que âdĂ©truisentâ un groupe, malgrĂ© les preuves accablantes montrant que les politiques d'apartheid entraĂźnent Ă terme un dĂ©clin dĂ©mographique, des dĂ©placements forcĂ©s et des massacres.
Le gĂ©nocide est souvent associĂ© Ă une extermination rapide, alors que la destruction lente et structurelle de l'apartheid permet aux Ătats d'Ă©chapper aux accusations de gĂ©nocide en Ă©talant les souffrances sur des dĂ©cennies plutĂŽt que sur quelques mois.
La classification de l'apartheid par le Statut de Rome comme un crime distinct et moins grave que le gĂ©nocide ne reflĂšte pas la rĂ©alitĂ© juridique, mais constitue une manĆuvre politique visant Ă protĂ©ger les rĂ©gimes d'apartheid de toute responsabilitĂ©.
5.2 Arguments en faveur de la reconnaissance de l'apartheid comme génocide
Si le gĂ©nocide est dĂ©fini par l'intention et la destruction systĂ©matique, alors l'apartheid rĂ©pond pleinement aux critĂšres de la Convention des Nations unies sur le gĂ©nocide (1948). Le refus persistant de qualifier l'apartheid de gĂ©nocide perpĂ©tue l'impunitĂ© et permet aux Ătats de poursuivre en toute impunitĂ© un nettoyage ethnique au ralenti.
Principaux arguments juridiques en faveur de la reconnaissance de l'apartheid comme génocide
L'intention génocidaire est inhérente à l'apartheid
La destruction délibérée et à long terme d'un groupe racial, ethnique ou national par le déplacement forcé, l'étranglement économique et la violence systémique constitue un génocide au sens de l'article II de la Convention sur le génocide.
L'apartheid n'est pas simplement une question d'asservissement, c'est un processus mĂ©thodique qui Ă©rode systĂ©matiquement la capacitĂ© d'un groupe Ă survivre, remplissant ainsi la condition d'âintention de dĂ©truireâ requise pour qu'il y ait gĂ©nocide.
Des précédents juridiques démontrent que l'apartheid répond aux critÚres du génocide
Bosnie c. Serbie (CIJ, 2007) a confirmĂ© que les politiques Ă©tatiques qui crĂ©ent les conditions menant Ă la destruction d'un groupe constituent un gĂ©nocide, mĂȘme si aucun ordre explicite d'extermination n'est donnĂ©.
Le procureur c. Akayesu (TPIR, 1998) a statué que les schémas d'oppression systématique, y compris les déplacements forcés et le déni de ressources essentielles, constituent une intention génocidaire.
Ces dĂ©cisions Ă©tablissent que les rĂ©gimes d'apartheid, qui se livrent Ă une destruction dĂ©mographique Ă long terme, doivent ĂȘtre qualifiĂ©s d'Ătats gĂ©nocidaires.
Reconnaßtre l'apartheid comme un génocide comblerait la lacune juridique qui lui permet de perdurer
Les rĂ©gimes d'apartheid seraient contraints de se soumettre au mĂȘme contrĂŽle juridique international que les autres Ătats gĂ©nocidaires.
Les Ătats qui fournissent un soutien militaire et Ă©conomique aux rĂ©gimes d'apartheid pourraient ĂȘtre tenus responsables de complicitĂ© de gĂ©nocide.
La communautĂ© internationale serait lĂ©galement tenue d'intervenir contre les Ătats pratiquant l'apartheid plutĂŽt que de se contenter de les condamner dans des rĂ©solutions symboliques.
Conséquences politiques et juridiques concrÚtes de la reconnaissance de l'apartheid comme génocide
Si l'apartheid était officiellement reconnu comme génocide, cela aurait les conséquences suivantes :
Déclencher l'intervention de l'ONU en vertu de la Convention sur le génocide (1948).
Le Conseil de sécurité de l'ONU serait légalement tenu de prendre des mesures contre les régimes d'apartheid, notamment en imposant des sanctions, en lançant des missions de maintien de la paix et en engageant des poursuites pénales.
Les Ătats qui ne prennent pas de mesures contre l'apartheid-gĂ©nocide pourraient eux-mĂȘmes ĂȘtre accusĂ©s de complicitĂ©.
Supprimer les protections juridiques dont bĂ©nĂ©ficient les Ătats pratiquant l'apartheid.
Les régimes d'apartheid ne pourraient plus invoquer la souveraineté pour défendre leurs actions.
La communautĂ© internationale serait tenue de traiter les Ătats pratiquant l'apartheid comme des rĂ©gimes parias, en leur imposant des sanctions Ă©conomiques, politiques et militaires.
Renforcer la responsabilité par le biais de la Cour pénale internationale (CPI).
La CPI serait contrainte d'enquĂȘter et de poursuivre l'apartheid en tant que gĂ©nocide, permettant de tenir pour responsables tant les dirigeants individuels que des gouvernements entiers.
Cela dissuaderait les futurs rĂ©gimes d'apartheid, car leurs dirigeants seraient soumis au mĂȘme niveau de contrĂŽle juridique que les responsables d'autres gĂ©nocides.
L'apartheid doit ĂȘtre reconnu juridiquement et politiquement comme un gĂ©nocide
La sĂ©paration artificielle entre l'apartheid et le gĂ©nocide a permis Ă des Ătats de commettre des destructions systĂ©matiques en toute impunitĂ© tout en conservant un vernis de lĂ©gitimitĂ©.
L'omission de l'apartheid dans la liste des crimes de gĂ©nocide du Statut de Rome n'est pas une omission juridique, mais une manĆuvre politique qui protĂšge les Ătats pratiquant l'apartheid de toute la force du droit international.
Reconnaßtre l'apartheid comme un génocide priverait ces régimes de leur couverture juridique, déclenchant des interventions, des sanctions et des mesures de responsabilisation auxquelles ils échappent actuellement.
Tant que l'apartheid ne sera pas officiellement reconnu comme une forme de génocide, la Convention sur le génocide restera un instrument incomplet et appliqué de maniÚre sélective, incapable de protéger les groupes qu'elle est censée défendre.
Il est grand temps de prendre des mesures juridiques et politiques. L'apartheid est un génocide en cours : ne pas le reconnaßtre comme tel ne fait que garantir sa pérennité.
6. Conclusion : l'apartheid EST un génocide
L'apartheid n'est pas un crime distinct du génocide, c'est un génocide en action. La violence structurelle, les déplacements forcés, la privation économique et l'oppression raciale systémique qui caractérisent les régimes d'apartheid ne sont pas de simples actes d'asservissement ; ce sont des méthodes de destruction à long terme d'un groupe qui remplissent les critÚres juridiques et empiriques du génocide tels que définis dans la Convention des Nations unies sur le génocide (1948).
La distinction juridique artificielle entre l'apartheid et le gĂ©nocide a servi debouclier Ă l'impunitĂ©, permettant aux rĂ©gimes d'apartheid de poursuivre la destruction des groupes ciblĂ©s sans ĂȘtre confrontĂ©s au plein poids du droit international. En classant l'apartheid comme un simple crime contre l'humanitĂ© plutĂŽt que comme un gĂ©nocide, les institutions internationales ont permis aux Ătats de se livrer Ă un gĂ©nocide lent et bureaucratique tout en Ă©chappant Ă toute intervention, sanction et responsabilitĂ© juridique.
Le refus de reconnaĂźtre l'apartheid comme un gĂ©nocide n'est pas une question de rigueur juridique, mais de convenance politique. Les prĂ©cĂ©dents historiques â de l'apartheid sud-africain et du gĂ©nocide des peuples autochtones en AmĂ©rique du Nord aux lois raciales de l'Allemagne nazie â dĂ©montrent que les structures d'apartheid dĂ©gĂ©nĂšrent toujours en destruction totale lorsqu'elles ne sont pas contrĂŽlĂ©es. L'apartheid n'est pas un systĂšme stable, c'est un processus gĂ©nocidaire en diffĂ©rentes phases d'exĂ©cution.
Reconnaßtre l'apartheid comme un génocide n'est pas seulement une nécessité juridique, c'est un impératif moral.
Appel à l'action : mettre fin à l'impunité juridique et politique des régimes d'apartheid
Pour mettre fin Ă l'apartheid, il faut briser le mythe juridique selon lequel il s'agit d'un crime distinct du gĂ©nocide. Pour cela, les juristes, les organisations de dĂ©fense des droits humains, les tribunaux internationaux et les gouvernements doivent unir leurs efforts pour faire reconnaĂźtre le gĂ©nocide dans tous les cas oĂč l'apartheid fonctionne comme un mĂ©canisme gĂ©nocidaire.
Les juristes doivent remettre en cause la fausse opposition entre apartheid et génocide
Les universitaires et les chercheurs en droit doivent continuer à analyser et à dénoncer la nature génocidaire des politiques d'apartheid à l'aide des cadres juridiques internationaux.
Les facultés de droit et les institutions juridiques doivent réviser leurs programmes afin d'y inclure l'apartheid en tant que structure génocidaire, afin de garantir que les futures générations de juristes en comprennent la véritable nature.
Les experts juridiques doivent déposer des mémoires d'amicus curiae et des recours juridiques afin d'imposer la reclassification des crimes d'apartheid dans le cadre de la Convention sur le génocide (1948).
Les organisations de défense des droits humains doivent faire pression pour que le génocide soit reconnu
Les organisations internationales de défense des droits humains telles qu'Amnesty International, Human Rights Watch et le Conseil des droits de l'homme des Nations unies doivent explicitement classer l'apartheid comme une forme de génocide dans leurs rapports et leurs campagnes de sensibilisation.
Les organisations doivent faire pression sur les gouvernements et les institutions internationales pour qu'ils suppriment la distinction juridique entre l'apartheid et le génocide dans leurs recommandations politiques et leurs procédures judiciaires.
La Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) doivent poursuivre l'apartheid comme un génocide
La CPI doit enquĂȘter et poursuivre les rĂ©gimes d'apartheid en vertu de la Convention sur le gĂ©nocide, en tenant pour responsables tant les dirigeants individuels que les gouvernements dans leur ensemble.
La CIJ doit rendre des dĂ©cisions judiciaires reconnaissant les politiques d'apartheid comme des formes de destruction gĂ©nocidaire, crĂ©ant ainsi des prĂ©cĂ©dents juridiques qui empĂȘcheront les futurs rĂ©gimes d'apartheid de se cacher derriĂšre des subtilitĂ©s juridiques.
Les tribunaux internationaux doivent reconnaßtre les déplacements forcés, les politiques de famine et l'apartheid médical comme des actes génocidaires, et non comme de simples violations des droits humains.
Les gouvernements et les groupes de défense des droits humains doivent soutenir les affaires relevant de la compétence universelle
Les pays qui reconnaissent la compĂ©tence universelle doivent engager des poursuites judiciaires contre les responsables de l'apartheid impliquĂ©s dans un gĂ©nocide, quel que soit le lieu oĂč les crimes ont Ă©tĂ© commis.
Les gouvernements doivent mettre en place des sanctions ciblĂ©es et exercer des pressions diplomatiques sur les rĂ©gimes d'apartheid, en veillant Ă ce qu'ils soient traitĂ©s comme des Ătats gĂ©nocidaires plutĂŽt que comme des alliĂ©s politiques.
Les mouvements populaires doivent mobiliser des campagnes juridiques et politiques pour exiger que les régimes d'apartheid soient pleinement tenus responsables devant la justice internationale.
Conclusion : l'apartheid n'est pas un crime mineur, c'est une forme structurelle de génocide
La communautĂ© internationale dĂ©bat depuis des dĂ©cennies pour savoir si l'apartheid doit ĂȘtre qualifiĂ© de gĂ©nocide, mais la rĂ©ponse a toujours Ă©tĂ© claire :
l'apartheid fonctionne par la suprĂ©matie raciale, les dĂ©placements forcĂ©s et la violence systĂ©mique, soit les mĂȘmes mĂ©canismes que ceux utilisĂ©s dans tous les gĂ©nocides reconnus.
Le génocide ne se limite pas à des massacres, il requiert l'intention de détruire un groupe, que ce soit par une extermination immédiate ou par une violence structurelle progressive.
Si l'intention est le facteur déterminant du génocide, alors l'apartheid est indéniablement un génocide dans la pratique.
Le refus persistant de classer l'apartheid comme génocide n'est pas une omission juridique, c'est de la complicité. Il est temps d'agir sur les plans juridique, politique et moral. Ne pas mettre fin à l'apartheid en tant que génocide, c'est lui permettre de se poursuivre en toute impunité, entraßnant davantage de déplacements massifs, davantage de morts et, à terme, la destruction de peuples entiers.
L'apartheid est un génocide en cours. Le reconnaßtre comme tel est la premiÚre étape pour y mettre fin.
Si l'intention est le facteur déterminant du génocide, alors l'apartheid est indéniablement un génocide dans la pratique.
Traduit par Spirit of Free Speech
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NavrĂ© pour les fautes de clavier! JâĂ©cris sur une demi-cuisse dans une salle dâattente de mĂ©decin ! Pas terrible. đ
Dans le cas de l'organisation sioniste qui se fait appeler IsraĂ«l....les chefs dâaccusations sont tellement multiples pour son futur procĂšs que Nuremberg Ă cĂŽtĂ© peut ĂȘtre traitĂ© de plaisanterie. Donc inutile de perdre du temps a se demander sâil existe un genocide lent et si le cas de cet Ă©tat peut donner lieu Ă jurisprudence. Le problĂšme est plus simple que cela. Car il fautdra ajouter le Terrorisme comme arme non-conventuonnelle (affaire des talkie-walkie du Hezbollah), du meurtre commanditĂ© pour lâassassinat probable de JFK, certain pour le comte Bernadotte et son collĂšgue français mandatĂ© pat un organisme international (fait agravant) et toutes les victimes dâassassinat ciblĂ©s ou provoquĂ© pour dâautres raisons (comme le Bataclan ou Charlie chez nous). Utilisation dâarmes lĂ©tales expĂ©rimentales interdites par les conventions contre des civils. Utilisations de produits ou dâactes chirurgicaux destinĂ©s depuis des decennies Ă steriliser des populations 'indesirables'. Participation comme mercenaires 'louĂ©s' dans des conflits armĂ©s comme celui qui oppose la population russophone du Donbass Ă ses persĂ©cuteurs extrĂ©mistes de Kiev. Blanchiment dâargent . Trafic dâorganes avec lâEurope du sud-est (ex-yougoslavie et ukraine). DestabiÌisation de pays Ă©trangers. Recel de terroristes assassins refoulĂ©s de Syrie. Etc...etc...La liste nâest pas exhaustive. Faire payer le gouvernement actuel de tel-aviv ne suffira pas. Câest tous les citoyens qui ont un passeport israĂ©lien qui devront dĂ©filer Ă la barre et justifier leurs actes depuis 1947...
On y croit...en tout cas jây crois...car ça ne peut plus continuer ...câest impossible que le Monde puisse tolĂ©rer plus longtemps un tel cancer.