đâđš "L'Australie doit prendre l'initiative de libĂ©rer Julian Assange".
Les Australiens voient les USA comme leur plus proche alliĂ©, mais aujourdâhui, Julian est l'otage d'une administration amĂ©ricaine revancharde, au dĂ©triment des relations entre Ătats-Unis & Australie.
đâđš âL'Australie doit prendre l'initiative de libĂ©rer Julian Assangeâ.
Par Patrick Boylan, le 8 septembre 2023
âL'Australie doit prendre l'initiative de libĂ©rer Julian Assangeâ, ont scandĂ© les militants lors de la JournĂ©e des ambassades australiennes qui s'est tenue le week-end dernier.
Six parlementaires australiens se rendent Ă Washington dans ce but.
L'affaire s'est répandue comme une traßnée de poudre. Le 12 août dernier, une militante de Julian Assange à Wellington (NZ) a lancé sur Twitter un appel à organiser des sit-in devant les ambassades australiennes du monde entier le 3 septembre ou autour de cette date, afin d'exhorter le gouvernement australien à se montrer plus ferme dans sa demande de libération de Julian Assange de la prison de Belmarsh, à Londres. Un militant londonien s'est fait l'écho de cet appel dans un programme de discussion populaire sur le web et des militants de Rome, en Italie, ont obtenu d'une agence de presse internationale qu'elle publie l'appel. Et c'est ce qui s'est passé.
Dans seize villes du monde entier - Sydney, Melbourne, Wellington, Londres, Bruxelles, La Haye, Paris, Rome, Milan, Madrid, Stockholm, Dublin, Toronto, Chicago, Tulsa, Mexico - des citoyens se sont rassemblés spontanément devant l'ambassade ou le consulat australien de leur pays, ou tout autre lieu associé à l'Australie, le 3 septembre ou aux alentours de cette date, pour remercier le peuple australien de son soutien massif à leur frÚre Julian et pour exhorter le gouvernement de l'Australie à les écouter et à ramener Julian au pays.
Le 3 septembre, câest la fĂȘte des pĂšres en Australie et les sit-in ont Ă©galement rappelĂ© que Julian, en tant que pĂšre, n'a jamais vu ses plus jeunes enfants, ĂągĂ©s de 6 et 4 ans autrement que bĂ©bĂ© [dans lâambassade dâĂquateur] ou derriĂšre les barreaux d'une prison. Les sit-in de la fĂȘte des pĂšres sont Ă©galement un hommage au pĂšre de Julian, John Shipton, qui, bien que septuagĂ©naire, parcourt inlassablement le monde pour rallier des soutiens Ă son fils menacĂ© d'extradition vers les Ătats-Unis, oĂč il pourrait ĂȘtre condamnĂ© Ă 175 ans de prison pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© des crimes de guerre Ă l'aide de documents classifiĂ©s.
Ă Paris, une soixantaine de militants français, reprĂ©sentant 22 organisations de dĂ©fense des droits d'Assange dans toute la France, ont bravĂ© la chaleur torride pour venir dans la capitale et manifester devant l'ambassade d'Australie (photo ci-dessous). Dans leur appel, les militants français ont rappelĂ© au Premier ministre australien Anthony Albanese qu'en dĂ©cembre dernier, il avait commentĂ© la persĂ©cution judiciaire de Julian par un lapidaire âTrop c'est tropâ. Aujourd'hui, neuf mois plus tard, âc'est mĂȘme plus que tropâ ; l'Australie doit user de ses atouts vis-Ă -vis des Etats-Unis âpour exiger la libĂ©ration immĂ©diate de Julian Assangeâ.
âSi un journaliste australien publiant en Europe peut ĂȘtre arbitrairement arrĂȘtĂ© puis jugĂ© par un tribunal amĂ©ricain, alors plus aucun journaliste dans le monde ne pourra ĂȘtre en sĂ©curitĂ©â.
Lors de leur sit-in, les militants de Boston ont rappelĂ© aux participants que la High Court britannique est en vacances jusqu'au 2 octobre. Ensuite, les juges communiqueront leur dĂ©cision d'accorder ou non Ă M. Assange une derniĂšre chance de faire appel de l'extradition. Ce jour est appelĂ© âJour Jâ [X-Day] car si le recours est rejetĂ©, Julian pourrait ĂȘtre immĂ©diatement embarquĂ© dans un avion Ă destination des Ătats-Unis pour y purger une peine de prison Ă perpĂ©tuitĂ©. En fait, les documents permettant l'extradition ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s et signĂ©s : la ministre de l'intĂ©rieur de l'Ă©poque, Pritti Patel, l'a fait il y a un an, le 7 juin 2022.
à Milan, des militants du Comité pour la libération de Julian Assange - Italie ont déclaré devant une foule de 120 personnes rassemblées devant le consulat australien que
âl'affaire Assange est un cas de persĂ©cution politique qui n'a rien Ă voir avec des questions judiciaires, utilisĂ©es de maniĂšre arbitraire, crĂ©ant ainsi un dangereux prĂ©cĂ©dent pour l'Ătat de droitâ.
Ă Rome, Davide Dormino, le sculpteur de la cĂ©lĂšbre statue de bronze âAnything to Say ?â reprĂ©sentant Julian Assange aux cĂŽtĂ©s de Chelsea Manning et d'Edward Snowden, s'est adressĂ© Ă prĂšs d'une centaine de militants devant l'ambassade d'Australie.
âTel PromĂ©thĂ©e, Julian Assange a contrecarrĂ© le pouvoir des dieux, bĂąti sur le mensonge, en transformant ces mensonges en vĂ©ritĂ©s accessibles Ă tous - et il en paie maintenant le prixâ, a dĂ©clarĂ© M. Dormino. âMais ce n'est pas un tribunal qui sauvera Julianâ, a-t-il ajoutĂ©. âSon emprisonnement est politique et ne peut donc prendre fin que si nous tous ici, ainsi que dans tant d'autres villes du monde aujourd'hui, continuons Ă nous mobiliserâ.
Dans la capitale britannique, une douzaine de manifestants de Team Assange London se sont rassemblĂ©s sur le Strand, devant Australia House, pour scander âAlbo [Albanese], tiens ta promesse Ă©lectorale ! Fais en sorte qu'Assange soit libĂ©rĂ© !â (photo ci-dessous).
Comme encouragée par les nombreux sit-in organisés dans le monde entier, une délégation de personnalités politiques australiennes de tous bords se rendra à Washington DC ce mois-ci pour exhorter les responsables politiques et les fonctionnaires américains à renoncer aux tentatives d'extradition d'Assange.
Cette dĂ©lĂ©gation multipartite comprendra Barnaby Joyce, ancien vice-premier ministre et leader des Nationals, Tony Zapia, dĂ©putĂ© travailliste, Monique Ryan, dĂ©putĂ©e indĂ©pendante, Alex Antic, dĂ©putĂ© libĂ©ral, Peter Whish-Wilson, dĂ©putĂ©, et David Shoebridge, dĂ©putĂ© Ă©cologiste. Ils rencontreront des membres du CongrĂšs et du SĂ©nat, le dĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain, le ministĂšre de la justice, ainsi que des think tanks et des ONG de premier plan, dont l'American Civil Liberties Union (ACLU), la Foundation for Individual Rights and Expression (FIRE), le Committee to Protect Journalists et Reporters sans frontiĂšres.
Gabriel Shipton, le frÚre de Julian qui accompagnera les parlementaires, a déclaré:
âLes Australiens considĂšrent les Ătats-Unis comme leur plus proche alliĂ© et beaucoup sont fiers des relations Ă©troites qu'entretiennent nos deux pays. Mais Ă l'heure actuelle, Julian est pris en otage par une administration amĂ©ricaine revancharde, compromettant les relations entre les Ătats-Unis et l'Australie.â
En outre, observent les parlementaires, la persĂ©cution de Julian Assange donne Ă des Ătats rivaux comme la Chine et la Russie, dĂ©criĂ©s en Occident pour la persĂ©cution des journalistes, l'occasion de prĂ©tendre que les Ătats-Unis font exactement la mĂȘme chose. Un coup portĂ© Ă sa rĂ©putation que le gouvernement amĂ©ricain devrait s'efforcer d'Ă©viter en abandonnant sa demande d'extradition.
* Patrick Boylan, professeur d'anglais pour la communication interculturelle Ă l'universitĂ© "Roma Tre", a reçu un prix dans sa Californie natale et, depuis peu, Ă la Sorbonne de Paris, oĂč il a Ă©galement enseignĂ© en tant que professeur invitĂ©. Il codirige le Journal of Intercultural Mediation and Communication (Cultus), dispense des formations interculturelles et participe aux activitĂ©s de la Rete NoWar et des associations PeaceLink et Statunitensi per la pace e la giustizia.