đâđš Lâautoritarisme politique
En 2023, Netanyahu s'est attaquĂ© Ă l'indĂ©pendance de la Cour suprĂȘme. Sa loi âextrĂȘme & illĂ©galeâ priverait la Cour du contrĂŽle de lâexĂ©cutif, en rupture âavec les autoritĂ©s fondatrices de la Knesset.

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La guerre de Netanyahu contre les institutions israéliennes
Par Ramzy Baroud, le 28 mars 2025
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mÚne une guerre sur plusieurs fronts. Il a mis fin au cessez-le-feu sous tension avec le Hamas à Gaza de maniÚre spectaculairement meurtriÚre et a repris les bombardements des positions du Hezbollah dans le sud du Liban. Les missiles tirés sur Israël par les rebelles houthis du Yémen risquent également d'entraßner une nouvelle extension des hostilités.
Sur le plan intérieur, il a mené une campagne brutale, voire mafieuse, contre les institutions israéliennes et leurs représentants, initiative indissociable de son procÚs en cours pour corruption. Il s'est par exemple employé à destituer le Procureur général, Mme Gali Baharav-Miara, un processus de longue haleine compte tenu du rÎle nécessaire d'une commission spéciale de nomination. Le 23 mars, le cabinet a adopté une motion de censure contre elle, provoquant une lettre acerbe du procureur général selon laquelle le gouvernement Netanyahu se serait aventuré
âau-dessus des lois, pour agir sans contrĂŽle et sans limites, y compris dans les situations les plus dĂ©licatesâ.
Le responsable du renseignement Ronen Bar figure en bonne place sur la liste noire de Netanyahu, ce dernier accusant explicitement le chef du Shin Bet d'avoir eu connaissance au prĂ©alable de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023. âC'est un fait et non une conspirationâ, a dĂ©clarĂ© crĂ»ment un communiquĂ© du cabinet du Premier ministre. Ă 4 h 30 ce matin-lĂ , âil Ă©tait dĂ©jĂ clair pour le chef sortant du Shin Bet qu'une invasion de l'Ătat d'IsraĂ«l Ă©tait probableâ.
Le PMO (The Prime Minister's Office) s'est gardĂ© de mentionner l'intĂ©rĂȘt personnel de Netanyahu Ă s'en prendre Ă Bar, Ă©tant donnĂ© que le Shin Bet enquĂȘte sur son bureau pour ses liens avec le gouvernement qatari, impliquant prĂ©tendument des dĂ©caissements en espĂšces pour promouvoir les intĂ©rĂȘts de Doha.
Bien que Bar ait Ă©tĂ© officiellement limogĂ©, une mesure sans prĂ©cĂ©dent pour l'Ătat d'IsraĂ«l, la High Court israĂ©lienne a suspendu sa destitution tout en permettant Ă Netanyahu d'envisager des candidats de remplacement.
Cependant, c'est le pouvoir judiciaire qui a retenu l'attention, avant mĂȘme les attentats du 7 octobre. Une grande partie de l'annĂ©e 2023 a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă tenter de compromettre l'influence et l'indĂ©pendance de la Cour suprĂȘme. Certaines lois en ce sens ont Ă©tĂ© adoptĂ©es en juillet 2023, mais la Cour suprĂȘme a par la suite annulĂ© cette loi en janvier 2024 par un vote de 8 voix contre 7. La loi en question privait la Cour de ses moyens de contrĂŽle du pouvoir exĂ©cutif en invalidant les dĂ©cisions gouvernementales jugĂ©es âdĂ©raisonnablesâ. De l'avis de l'ancienne prĂ©sidente de la Cour suprĂȘme Esther Hayut, la loi Ă©tait âextrĂȘme et illĂ©galeâ, et marquait une rupture âavec les autoritĂ©s fondatrices de la Knesset, ce qui justifie son annulationâ.
MĂȘme en temps de guerre, le gouvernement Netanyahu a continuĂ© de vouloir museler un pouvoir judiciaire toujours actif. En janvier 2025, il a fait une deuxiĂšme tentative, avec une nouvelle proposition modifiĂ©e, rĂ©digĂ©e conjointement par le ministre israĂ©lien de la Justice, Yariv Levin, et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Gideon Sa'ar. La loi, adoptĂ©e par la Knesset en troisiĂšme et derniĂšre lecture le 27 mars, modifie le comitĂ© chargĂ© de nommer les juges. Le comitĂ© de sĂ©lection judiciaire prĂ©cĂ©dent, composĂ© de neuf membres, Ă©tait composĂ© de trois juges, deux avocats indĂ©pendants et quatre reprĂ©sentants politiques, rĂ©partis paritairement entre le gouvernement et l'opposition. DĂ©sormais, les avocats compĂ©tents seront nommĂ©s par le gouvernement et l'opposition, et cette mesure devrait entrer en vigueur aprĂšs les prochaines Ă©lections.
Les turbulences de la politique israélienne ont été illustrées par plusieurs tentatives visant à retarder, voire à abandonner complÚtement le projet de loi. La loi modifiant le comité de nomination des juges a fait l'objet de 71 023 objections. Bien qu'elle ait été adoptée par 67 voix contre 1, ce n'est que grùce au boycott du vote par l'opposition. Benny Gantz, le président de l'Unité nationale, a écrit à Netanyahu avant les lectures pour plaider en faveur de l'abandon du projet de loi.
âJe fais appel Ă vous en tant que responsable chargĂ© d'agir au nom de tous les citoyens de ce paysâ. Il a rappelĂ© au Premier ministre que la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne est âblessĂ©e et meurtrie, divisĂ©e comme jamais depuis le 6 octobre [2023]. Cinquante-neuf de nos frĂšres et sĆurs sont toujours captifs Ă Gaza, et nos soldats, toutes factions politiques confondues, se battent sur plusieurs frontsâ.