đâđš L'autoritarisme se renforce : un proche d'Assange fait l'objet d'une enquĂȘte en vertu des lois britanniques sur le terrorisme
âIl se peut qu'il ne s'agisse que d'un nouveau cas de harcĂšlement policier qui va se dissiperâ, a conclu Craig Murray. âMais tant que cela ne sera pas clair, je reste Ă l'extĂ©rieur du paysâ.
đâđš L'autoritarisme se renforce : un proche d'Assange fait l'objet d'une enquĂȘte en vertu des lois britanniques sur le terrorisme
Par Paul Gregoire, le 14 novembre 2023
Le journaliste et Ă©diteur australien Julian Assange est toujours incarcĂ©rĂ© Ă la prison londonienne de Belmarsh, oĂč il est dĂ©tenu depuis plus de quatre ans au nom de Washington qui a franchi les frontiĂšres pour faire arrĂȘter, puis poursuivre le ressortissant Ă©tranger en vertu de ses propres lois nationales.
Bien qu'il reste à M. Assange une derniÚre possibilité d'appel pour contester l'approbation de son extradition par le Royaume-Uni, qui implique une audience publique devant deux juges, l'affaire soulÚve également un certain nombre de questions concernant l'absence de procédure réguliÚre dont M. Assange a bénéficié de la part des alliés les plus proches de notre pays.
En effet, on affirme depuis longtemps qu'Assange a fait l'objet d'un projet de torture âsoftâ, incluant un isolement prolongĂ©, illĂ©gal au regard du droit international, et que ce processus a commencĂ© dĂšs l'entrĂ©e de l'Ă©diteur dans l'ambassade d'Ăquateur en 2012.
Craig Murray, ancien diplomate britannique et fervent défenseur d'Assange, a déclaré il y a quelques mois à la radio new-yorkaise qu'il considérait les suggestions de l'actuelle ambassadrice américaine Carolyn Kennedy concernant un éventuel accord avec Assange comme des déclarations visant simplement à apaiser le soutien croissant de l'opinion publique.
Depuis, M. Murray a participé à un épisode du Moats Podcast, au cours duquel l'animateur George Galloway a évalué le génocide en cours à Gaza. Lorsque leur conversation a porté sur M. Assange, l'ex-diplomate a exclu que de véritables négociations aient jamais eu lieu entre Canberra et Washington.
Ensuite, l'ardent dĂ©fenseur d'Assange et de la Palestine a rĂ©vĂ©lĂ© que le gouvernement britannique l'avait arrĂȘtĂ© Ă l'aĂ©roport de Glasgow et lui avait confisquĂ© son tĂ©lĂ©phone, pour ensuite l'informer qu'il menait une enquĂȘte pour terrorisme en raison de ses activitĂ©s dans ce domaine.
Lois anti-terroristes
âAlors que je rentrais d'Islande en Angleterre aprĂšs une rĂ©union internationale du groupe de coordination de la campagne contre l'extradition d'Assange, j'ai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă l'aĂ©roport de Glasgowâ, a expliquĂ© M. Murray, qui a prĂ©cisĂ© que cette mesure relĂšve de l'annexe 7 de la loi britannique sur le terrorisme de 2000.
âOn m'a dit que je faisais l'objet d'une enquĂȘte pour terrorisme. Je n'avais donc pas droit Ă une assistance juridique. On m'a dit que je n'avais pas le droit de garder le silence. On m'a posĂ© des questions Ă la fois sur l'affaire Assange et sur mon soutien Ă la Palestineâ, a dĂ©clarĂ© le proche collaborateur du fondateur de WikiLeaks.
Cet incident s'est produit le 16 octobre. L'ex-diplomate a ensuite Ă©tĂ© informĂ© qu'il faisait l'objet d'une enquĂȘte pour terrorisme, ce qu'il qualifie de âridiculeâ. Il a Ă©galement dĂ» donner son tĂ©lĂ©phone, ainsi que son mot de passe. Enfin, des agents l'ont interrogĂ© en dĂ©tail sur les personnes qui financent son travail.
âIl s'agit d'une Ă©norme violation des droits de l'hommeâ, a Ă©crit M. Murray le 24 octobre, ajoutant que se voir refuser l'assistance d'un avocat et le droit de garder le silence constituait un abus de procĂ©dure. Il a ajoutĂ© que la fausse allĂ©gation selon laquelle il est associĂ© Ă des activitĂ©s terroristes a facilitĂ© son arrestation, son âinterrogatoire politiqueâ, et la saisie de son tĂ©lĂ©phone.
âAyant dĂ©jĂ passĂ© quatre mois de ma vie en prison sous un prĂ©texte absurde, je n'allais pas attendre sagement qu'ils me refassent le coup. J'ai donc dĂ©cidĂ© de venir en Suisse, de rendre visite aux Nations unies et de dĂ©poser une plainte officielle au sujet du traitement qui m'a Ă©tĂ© rĂ©servĂ©â, a encore dĂ©clarĂ© M. Murray.
Pour toutes et tous
Les défenseurs d'Assange ont mis en garde contre la portée sans précédent de l'action intentée par la Maison Blanche contre Assange et l'effet dissuasif qu'elle aura sur les libertés de la presse dans le monde, puisque nous serons tous soumis à ce précédent s'il s'avÚre que nous avons franchi la ligne de démarcation.
Cet effet paralysant, qui dissuade les journalistes de dĂ©noncer la corruption des gouvernements, a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme prenant effet aprĂšs la condamnation d'Assange aux Ătats-Unis, c'est-Ă -dire aprĂšs son extradition et son procĂšs sur la base d'un acte d'accusation comportant 18 chefs d'accusation d'espionnage passibles d'une peine de 175 ans de prison.
Mais avec l'ouverture de l'enquĂȘte sur le terrorisme de Murray, il semble qu'une rĂ©pression plus large de la libertĂ© d'expression soit dĂ©jĂ en cours, et que les gouvernements amĂ©ricain et britannique tentent de rĂ©duire au silence ceux qui, au sein de la communautĂ©, s'opposent Ă la dĂ©gradation de la situation par le gouvernement.
âJ'attends pour l'instant que mon Ă©quipe juridique en Ăcosse clarifie ce qu'est cette idĂ©e ridicule d'une enquĂȘte pour terrorismeâ, a dĂ©clarĂ© Craig Ă la fin de l'interview. Il a citĂ© six autres journalistes qui font Ă©galement l'objet d'une enquĂȘte en raison des sujets qu'ils ont abordĂ©s.
âIl se peut qu'il ne s'agisse que d'un nouveau cas de harcĂšlement policier qui va se dissiperâ, a conclu l'ancien diplomate britannique. âMais tant que cela ne sera pas clair, je reste Ă l'extĂ©rieur du paysâ.