👁🗨 L’Autorité palestinienne, bras armé de l’entité sioniste, était sous contrôle secret britannique
L'infiltration britannique de l'Autorité palestinienne est ancienne, et ses infrastructures militaires, de sécurité et du renseignement ont toujours été une cible de choix.
👁🗨 L’Autorité palestinienne, bras armé de l’entité sioniste, était sous contrôle secret britannique
Par Kit Klarenberg, le 11 février 2025
Quelques semaines seulement après qu'un cessez-le-feu ait finalement été conclu pendant le génocide de Gaza, l'accord semble déjà sur le point de capoter en raison des violations israéliennes éhontées et reconnues par Israël lui-même. La reprise brutale des hostilités par Tel Aviv et son refus de respecter les obligations de l'armistice obéissent à une motivation claire. À savoir, l'indignation massive du monde arabe et musulman face aux objectifs sordides de “l'armistice”, tels qu'exprimés par Donald Trump lors d'un sommet le 4 février avec Benjamin Netanyahu.
Lors de cette réunion, et dans plusieurs déclarations publiques depuis, Trump a clairement indiqué que les millions de Palestiniens déplacés par l'Holocauste du XXIe siècle perpétré par Israël depuis le 7 octobre 2023 n'auraient pas le droit au retour et seraient plutôt relogés de force en Égypte et en Jordanie. Cependant, ces deux pays, ainsi que tous les principaux gouvernements de la région, rejettent catégoriquement cette proposition, la considérant comme inacceptable. Pendant ce temps, l'étrange déclaration de Trump du 9 février selon laquelle il se dit “déterminé à acheter et à contrôler Gaza” n'a fait que redoubler la détermination du Hamas à rester, et à tenir bon.
La question de la reconstruction d'une Gaza libérée du Hamas taraude depuis longtemps les dirigeants israéliens et américains, et s'est considérablement compliquée à la suite des événements du 7 octobre. Alors que l'assaut de l'entité sioniste a déplacé, mutilé et massacré d'innombrables civils, principalement des femmes et des enfants, le Hamas n'a pour ainsi dire pas été touché. En fait, ses rangs se sont considérablement étoffés à chaque étape, augmentant le nombre et les capacités de ses combattants comme jamais auparavant, tandis que le soutien public dont il bénéficie parmi les Palestiniens a atteint des niveaux records.
L'Autorité palestinienne (AP), véritable supplétif sioniste brutal qui gouverne d'une main de fer les territoires palestiniens de Cisjordanie illégalement occupés depuis 1994, et dont la légitimité est rejetée par tous ceux qu'elle prétend gouverner, a manifesté son empressement à vouloir “affronter” le Hamas pour le chasser de Gaza. Depuis fin 2024, les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne attaquent avec brutalité le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, un bastion de la Résistance, tuant et mutilant des civils et des journalistes lors de leurs opérations.
Cette campagne aveugle s'est avérée éminemment contre-productive. Les analystes occidentaux spécialistes de la Défense ont qualifié cette campagne de “mission suicide”, une tentative désespérée de prouver que l'Autorité palestinienne peut être un acteur efficace en matière de sécurité et vaincre le Hamas. Ses dirigeants seraient inquiets qu'une structure de gouvernance alternative émerge à Gaza sans leur participation, que l'Autorité soit complètement mise sur la touche et “que leurs financements soient redistribués ailleurs”. Après avoir été le bras armé de l'entité sioniste en Cisjordanie pendant des décennies, ce serait une perte considérable.
Il s'agirait également d'un coup dur pour la Grande-Bretagne. Dès décembre 2023, il a été rapporté que Londres a envoyé des apparatchiks militaires en Cisjordanie, préparant l'Autorité à prendre le pouvoir dans la bande de Gaza, renforçant ainsi ses “capacités et aptitudes” à cette fin. Ces informations ont été l'une des rares reconnaissances officielles du contrôle clandestin, secret, quasi-invisible mais de longue date, exercé par la Grande-Bretagne sur les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne. Compte tenu l'intensité et la profondeur de ce partenariat secret, il est impossible de ne pas en conclure que les Britanniques ont encouragé la récente répression désastreuse de l'Autorité en Cisjordanie.
“À l'image de la Grande-Bretagne”
De nombreux documents divulgués sur les opérations clandestines d'Adam Smith International, une société britannique de renseignement, révèlent l'ampleur de l'infiltration et du contrôle de l'Autorité palestinienne par Londres. Les dossiers montrent que depuis 2012, cette société a récolté des millions en “renforçant les capacités des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne” et en “infiltrant des zones confidentielles” de son ministère de l'Intérieur, afin de “professionnaliser” les autres “services de sécurité” de l'AP.
Grâce à un réseau de “mentors intégrés”, l'ASI fournit “une assistance technique, une formation et des conseils sur le terrain” à différents secteurs des forces de sécurité, notamment la police civile de l'Autorité palestinienne, les agences du renseignement et les unités de “protection civile”. Des “conseils stratégiques” sont également fournis “sur le développement institutionnel du secteur policier” . Parallèlement, le service de presse de l'Autorité palestinienne reçoit une assistance dans le cadre de campagnes de “communication stratégique” visant à “soutenir leur programme de création d'un État en maintenant le soutien du public”. En d'autres termes, en manipulant et en faisant taire les Palestiniens de Cisjordanie.
D'autres documents divulgués montrent que la formation et les services fournis par l'ASI aux forces de sécurité de l'AP sont de facture typiquement britannique. L'un des “points forts” de ce soutien, selon l'ASI, a été la création d'une “Académie des officiers palestiniens” sur le modèle de l'école militaire de Sandhurst, où sont formés les membres de l'élite de l'armée britannique. ASI se vante d'avoir rédigé le “dossier commercial” de l'Académie, d'avoir validé ses “plans de conception et de développement” avec les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne et le ministère de l'Intérieur, tout en obtenant “un budget de plusieurs millions de livres sterling” pour son lancement et son fonctionnement.
Les étudiants de l'Académie suivent un “programme pédagogique pratique de leadership” de neuf mois avec “plus de 1 700 unités d'enseignement” en anglais et en arabe, supervisé par 12 membres internationaux et 30 membres palestiniens. L'ASI a également conseillé le directeur de la formation militaire de l'AP “sur la manière de renforcer la conception et la prestation des formations” au sein des forces de sécurité de l'AP, ainsi que sur
“la conception des cours, la méthodologie pédagogique, la structure organisationnelle, ainsi que plusieurs questions opérationnelles liées à la formation, telles que les ressources, la coordination des cours et la gestion des infrastructures de formation”.
L'ASI a garanti l'accès à des “zones réservées” du ministère de l'Intérieur de l'Autorité palestinienne et l'adhésion du personnel supérieur des forces de sécurité à ses opérations de formation, en intégrant un “conseiller technique militaire spécialisé” dans les rangs de ce dernier. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans les dossiers, la société fait ici référence à Anthony Malkin, ancien responsable de la formation au leadership à Sandhurst. Il a été chargé de mission pour la défense britannique aux Émirats arabes unis de 2000 à 2005.
Selon le profil LinkedIn de M. Malkin, il a servi
“d’interface entre le ministère britannique de la Défense et létat-major général des Émirats arabes unis [...], [élaborant] des orientations politiques au sein de lambassade et du ministère tout en soutenant les ventes dans le secteur de la défense”.
Pour l'ASI, Malkin a travaillé à “améliorer la capacité opérationnelle” de toutes les unités de sécurité, de renseignement, militaires et policières de l'Autorité palestinienne, “en formant, guidant et conseillant les dirigeants et le personnel”.
Au fil du temps, il “a montré qu'il pouvait agir efficacement dans une culture de l'ambiguïté et a su s'adapter avec flexibilité à l'évolution du poste pour refléter des influences politiques et militaires plus étendues”.
L'ASI a également vanté ses mérites dans des soumissions au ministère des Affaires étrangères :
“[Malkin] est le seul consultant international intégré à ce niveau élevé au sein des [forces de sécurité]. Sa profonde maîtrise du contexte et de la langue arabe lui a valu le respect d'interlocuteurs clés... il a obtenu l'adhésion du personnel supérieur, et donc le succès à long terme de l'[Académie des officiers palestiniens]... en faisant preuve d'une patience, d'un tact et d'une diplomatie bien maîtrisés, qui ont permis d'établir des relations solides et de confiance”.
Malkin a quitté l'ASI en 2016, au bout de trois ans. En décembre de la même année, il a rédigé un article de blog qui retrace son expérience dans la création de l'Académie des officiers. Il y aborde de nombreux points de vue extraordinaires, tels que “l'étroite collaboration entre les services du renseignement israëlien et palestinien”, à la fois concernant les menaces présumées posées par le “voisinage immédiat” de la Cisjordanie, mais aussi les “menaces internes à la sûreté et à la sécurité” posées par la Résistance palestinienne.
Malkin a expliqué les nombreux obstacles rencontrés pour faire démarrer l'Académie. “Le plus complexe” a été d'obtenir “le feu vert et l'approbation tacite des Israéliens”, car il fallait former des Palestiniens à l'utilisation de fusils et d'armes de poing, l'État d'Israël interdisant aux Palestiniens de posséder “des armes lourdes”. Par chance, Tel Aviv a finalement approuvé le projet, “à condition qu'il n'y ait pas de formation de tireurs d'élite !”

La collecte de fonds américains pour l'entreprise n'a pas non plus été “des plus simples” : après tout, l'Académie était
“un projet essentiellement britannique, fondé sur la doctrine de leadership du Royaume-Uni, mais avec un budget américain”. Néanmoins, “malgré de nombreuses réserves et protestations initiales, un budget de plusieurs millions de dollars a finalement été débloqué” par Washington.
“Les cinq techniques”
Par la suite, Malkin a organisé des “présentations sur le terrain de l'histoire militaire d'Israël” dans toute l'entité sioniste. Il a également publié à compte d'auteur un livre, The Tortuous Birth of a Nation, “pour les passionnés souhaitant explorer et approfondir l'histoire militaire d'Israël”, tout en faisant du “consulting interculturel” entre Israël et les Émirats arabes unis.
De tels actes sont révélateurs des véritables affiliations et sympathies de Malkin. De même, son récit du projet expose la sombre réalité de l'Autorité palestinienne corrompue et non élue. Il s'agit d'une entité créée et contrôlée par l'étranger qui ne gouverne pas, et n'exerce pas de pouvoir dans l'intérêt et au service des résidents des Territoires occupés, mais des gouvernements occidentaux, de l'apartheid sioniste et du génocide.
Du point de vue britannique, orienter les activités et définir le fonctionnement de l'Autorité palestinienne garantit qu’elle reste non seulement “un soutien des valeurs et des intérêts du Royaume-Uni”, mais permet également aux agences de sécurité et du renseignement nationales et étrangères de Londres de surveiller sans relâche les résidents de Cisjordanie. Ainsi, les menaces potentielles de représailles violentes résultant des attaques brutales de l'entité sioniste dans les Territoires occupés, à la fois contre Israël et la Grande-Bretagne, peuvent être neutralisées grâce à des acteurs locaux.
L'infiltration britannique de l'Autorité palestinienne est ancienne, et ses infrastructures militaires, de sécurité et du renseignement ont toujours été une cible de choix. En 2004, le gouvernement de Tony Blair a dépêché Jonathan McIvor, un officier de police britannique haut gradé et expérimenté, pour aider l'organisme. L'année suivante, il a été recruté par l'Union européenne pour mettre en place le Bureau de coordination de l'Union européenne pour le soutien à la police palestinienne (COPPS), la première mission de “sécurité” de Bruxelles en Palestine, avant son lancement officiel début 2006. Il en a ensuite été le premier responsable pour un certain temps.
Le COPPS renforce la coopération entre les branches militaire, de sécurité, de police et du renseignement de l'Autorité palestinienne et les forces d'occupation israéliennes. On ne peut que se demander si l'expérience de haut niveau de McIvor au sein de la Royal Ulster Constabulary, une force de l'ordre nord-irlandaise aujourd'hui disparue, connue pour ses pratiques discriminatoires envers la minorité catholique de la province, et sa collusion intensive avec les paramilitaires loyalistes, a influencé les tactiques employées aujourd'hui par l'Autorité palestinienne.
C'est en Irlande du Nord que la Grande-Bretagne a perfectionné les “cinq techniques” de torture psychologique et physique, qui ont constitué la base de la torture moderne dans le monde entier, ainsi qu'une stratégie d'“internement sans procès” des personnes soupçonnées de terrorisme. En 1976, une directive secrète a donné carte blanche à la police royale d'Irlande du Nord pour utiliser ces techniques quand bon lui semblait, et ce jusqu'aux années 1990, pendant le mandat de McIvor au sein des forces de police. Incidemment, l'Autorité palestinienne se livre largement aux arrestations arbitraires et à la torture des détenus, à la demande d'Israël.
Aujourd'hui, en plus de la répression brutale qu'elle exerce en Cisjordanie, l'Autorité palestinienne se démène pour s'attirer les bonnes grâces de l'administration Trump. Le président Mahmoud Abbas, en poste depuis bien longtemps, a signé un décret très controversé mettant fin au soutien financier accordé aux familles des Palestiniens emprisonnés ou tués par l'entité sioniste. Cette servilité pourrait bien être imputable aux soutiens secrets de l'Autorité à Londres, en quête, une fois de plus, de fonds américains pour un “projet centré sur la Grande-Bretagne”, à savoir, cette fois-ci, la prise de contrôle étrangère de l'ensemble de Gaza.
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