đâđš Le Betar, groupe dâextrĂȘme-droite qui aide Trump Ă expulser les dĂ©tracteurs dâIsraĂ«l
âNous exigeons que la police expulse ces voyous [manifestants contre le gĂ©nocide de Gaza] dĂšs maintenant, sinon nous serons obligĂ©s d'organiser nous-mĂȘmes des groupes de Juifs qui s'en chargerontâ.
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Par Alan Macleod, le 25 mars 2025
Un groupe d'extrĂȘme droite pro-IsraĂ«l au passĂ© de soutien au terrorisme et au gĂ©nocide travaille en Ă©troite collaboration avec l'administration Trump, prĂ©parant des dossiers sur les milliers de figures pro-palestiniennes qu'il souhaite expulser des Ătats-Unis. On sait que le Betar U.S. a rencontrĂ© plusieurs hauts fonctionnaires du gouvernement et s'est attribuĂ© le mĂ©rite de l'arrestation et la dĂ©tention de Mahmoud Khalil, l'un des leaders des manifestations d'Ă©tudiants contre le gĂ©nocide qui ont dĂ©butĂ© l'annĂ©e derniĂšre Ă l'universitĂ© de Columbia.
Ross Glick, directeur exĂ©cutif du groupe jusqu'au mois dernier, a indiquĂ© qu'il a rencontrĂ© divers lĂ©gislateurs influents, dont le sĂ©nateur dĂ©mocrate John Fetterman et des collaborateurs des sĂ©nateurs rĂ©publicains Ted Cruz et James Lankford, et que tous ont soutenu la campagne de Betar U.S. visant Ă nettoyer le pays des milliers de âsoutiens du terrorismeâ.
Peu aprÚs le voyage de Glick à Washington, D.C., Trump a signé une ordonnance exécutive intitulée
âMesures supplĂ©mentaires de lutte contre l'antisĂ©mitismeâ qui promet âl'expulsion des rĂ©sidents Ă©trangers qui enfreignent nos loisâ, de ârĂ©primer la violence et le harcĂšlement pro-Hamasâ et âd'enquĂȘter et de sanctionner le racisme anti-juif dans les universitĂ©s et les Ă©tablissements d'enseignement supĂ©rieur gauchistes et anti-amĂ©ricainsâ.
Trump lui-mĂȘme a annoncĂ© que l'arrestation de M. Khalil, qui a fait la une des journaux du monde entier, n'Ă©tait âque la premiĂšre d'une longue sĂ©rieâ. âNous savons que d'autres Ă©tudiants de Columbia et d'autres universitĂ©s du pays se sont livrĂ©s Ă des activitĂ©s pro-terroristes, antisĂ©mites et antiamĂ©ricaines, et l'administration Trump ne le tolĂ©rera pasâ, a-t-il Ă©crit sur Truth Social. Le 45e puis 47e prĂ©sident a Ă©galement dĂ©clarĂ© qu'il prĂ©voit d'expulser les âcommunistesâ et âmarxistesâ des Ătats-Unis, y compris les citoyens amĂ©ricains. Ces dĂ©clarations marquent une escalade de la rĂ©pression gouvernementale de la dissidence sans prĂ©cĂ©dent depuis l'Ăšre maccarthyste des annĂ©es 1940 et 1950.
Le terrorisme et le génocide pour modÚle
Le Betar U.S. se dĂ©crit comme un mouvement âaudacieux, fier, offensif et sioniste assumĂ©â, âvouĂ© Ă la dĂ©fense de la lĂ©gitimitĂ© d'IsraĂ«l et au renforcement du lien entre les Juifs et la terre d'IsraĂ«lâ. Ce qui implique de âpasser Ă l'action lĂ oĂč d'autres ne s'engagent pasâ â une phrase plutĂŽt inquiĂ©tante, compte tenu des activitĂ©s agressives des organisations juives qu'il qualifie de âpassivesâ et tiĂšdes.
La semaine derniĂšre, le Betar U.S. a apparemment tentĂ© d'organiser en toute transparence de faire assassiner Francesca Albanese, la rapporteuse spĂ©ciale des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupĂ©s. âRejoignez-nous pour donner Ă Francesca un [Ă©moji de beeper] Ă Londres mardiâ, a-t-il postĂ© en ligne, une rĂ©fĂ©rence apparente Ă l'attaque de septembre au Liban menĂ©e par l'armĂ©e israĂ©lienne. L'incident a fait des dizaines de morts et des milliers de blessĂ©s parmi les civils, et a Ă©tĂ© largement condamnĂ© â mĂȘme par l'ancien directeur de la CIA Leon Panetta â comme acte de terrorisme international.
Le mois dernier, le Betar U.S. a profĂ©rĂ© une menace similaire contre l'Ă©crivain juif amĂ©ricain Peter Beinart. AprĂšs la publication dans le New York Times de son article dĂ©nonçant l'Ătat d'IsraĂ«l, Betar a publiĂ© une dĂ©claration dans laquelle on pouvait lire :
âNous exhortons tous les Juifs de l'Upper West Side Ă donner Ă Peter Beinart un [beeper avec trois Ă©moticĂŽnes]. C'est un traĂźtre, un kapo, et nous devons lui faire obstacleâ.
Ainsi, Betar l'a non seulement diffamé en le qualifiant de collaborateur nazi (Kapo) et en appelant à son assassinat, mais a également révélé l'adresse de son domicile.
Un incident similaire s'est produit avec le politologue Norman Finkelstein. Dans le but de l'intimider et de le réduire au silence, un membre du Betar a glissé un beeper dans la poche de son manteau, en filmant l'incident. AprÚs que Finkelstein a refusé de cesser de dénoncer l'injustice au Moyen-Orient, le week-end dernier, le groupe a tenté de perturber le débat public auquel il participait à Washington, D.C.
L'acte probablement le plus scandaleux du Betar a Ă©tĂ© de mettre publiquement Ă prix la tĂȘte de l'activiste palestino-amĂ©ricaine Nerdeen Kiswani, avec ces mots :
âVous dĂ©testez l'AmĂ©rique, vous dĂ©testez les Juifs, mais nous sommes lĂ et nous ne nous tairons pas. 1 800 $ Ă quiconque remettra un beeper Ă cette djihadisteâ,
une offre réitérée par la suite. AprÚs le tollé mondial, l'organisation a supprimé ses messages appelant à l'assassinat politique de fonctionnaires internationaux et de citoyens américains.
En outre, le Betar a réguliÚrement tenté d'intimider ou de faire cesser les mouvements ou les rassemblements de protestation contre les crimes israéliens. Lors d'un événement étudiant à l'UCLA, le Betar a déclaré publiquement :
âNous exigeons que la police expulse ces voyous dĂšs maintenant, sinon nous serons obligĂ©s d'organiser nous-mĂȘmes des groupes de Juifs qui s'en chargerontâ.
En janvier, il a tenté de disperser un rassemblement à New York en hommage à Hind Rajab, une fillette palestinienne de cinq ans sauvagement assassinée par l'armée israélienne. Des membres du Betar ont filmé l'événement, affirmant aux participants qu'ils font partie de l'ICE [agence de police douaniÚre et de contrÎle des frontiÚres du département de la Sécurité intérieure] et qu'ils utilisent la reconnaissance faciale pour obtenir leur identité, utilisée pour les expulser.
Ces derniÚres semaines, des membres du Betar ont également scandé des discours haineux devant une mosquée bangladaise de New York et attaqué ceux qui protestaient contre la vente illégale de terres de la Cisjordanie occupée lors d'une vente aux enchÚres à Brooklyn.
Que le Betar soit un groupe prĂŽnant la haine ne fait guĂšre de doute. MĂȘme des groupes notoirement pro-IsraĂ«l tels que l'Anti-Defamation League (une organisation dont le FBI a un jour fait remarquer qu'elle est presque certainement financĂ©e par le gouvernement israĂ©lien) l'ont inclus dans sa liste d'organisations extrĂ©mistes prĂŽnant la haine. L'ADL fait remarquerque le Betar reprend le slogan fasciste des Kahanistes, âPour chaque juif, un .22â (ce qui signifie que les juifs devraient ĂȘtre armĂ©s de fusils de calibre .22), et a indiquĂ© qu'il souhaitait travailler avec les Proud Boys, un gang amĂ©ricain d'extrĂȘme droite.
Le Betar se délecte souvent de la violence exercée contre les populations civiles et appelle au génocide des Palestiniens.
âAu diable votre cessez-le-feu ! RĂ©duisez Gaza en poussiĂšre !â ont-ils annoncĂ© le mois dernier. âLe Betar soutient fermement le plan visant Ă expulser les Palestiniens de Gazaâ, ont-ils ajoutĂ©.
En rĂ©ponse Ă un message dĂ©taillant le grand nombre de bĂ©bĂ©s palestiniens tuĂ©s depuis le 7 octobre 2023, ils ont rĂ©pondu : âCe n'est pas assez. Nous exigeons du sang Ă Gaza !â
Un paramilitaire fasciste, mais juif
Les origines du Betar remontent Ă plus de 100 ans. Le groupe a Ă©tĂ© fondĂ© par le premier dirigeant sioniste Ze'ev Jabotinsky comme force paramilitaire d'extrĂȘme droite, explicitement opposĂ©e aux groupes juifs de gauche qui dominaient Ă une Ă©poque oĂč âjuifâ et âsocialisteâ Ă©taient considĂ©rĂ©s par beaucoup comme pratiquement synonymes. Jabotinsky croyait que la crĂ©ation d'un Ătat en Palestine nĂ©cessiterait l'Ă©mergence de ce qu'il appelait les ânouveaux Juifsâ, c'est-Ă -dire des Juifs prĂȘts Ă se battre et Ă mourir pour le sionisme. Ă cette fin, le Betar a Ă©tĂ© créé en tant qu'organisation de combat et a reçu un financement gĂ©nĂ©reux de la part de bienfaiteurs conservateurs.
Jabotinsky a demandĂ© Ă ses membres de prĂȘter serment Ă l'IsraĂ«l Ă naĂźtre :
âJe dĂ©die ma vie Ă la renaissance de l'Ătat juif, avec une majoritĂ© juive, des deux cĂŽtĂ©s du Jourdainâ.
La crĂ©ation d'un tel Ătat implique donc l'extermination massive ou l'expulsion des habitants autochtones de la rĂ©gion.
Le nom officiel du Betar est Brit Yosef Trumpeldor, du nom d'un colon juif tué en 1920 lors d'un premier échange de tirs avec des Palestiniens au sujet d'un terrain contesté. Aux yeux de Jabotinsky, de tels hommes étaient nécessaires pour vaincre, contrairement à la majorité des Juifs européens qu'il qualifiait de lùches et faibles.
Dans les années 1920, l'Europe a connu une montée de l'antisémitisme et, malgré leur nature intrinsÚquement antijuive, de nombreux Juifs conservateurs admiraient la discipline et l'organisation des paramilitaires fascistes tels que les Chemises brunes d'Hitler. Le Betar s'est inspiré de ces groupes, car Jabotinsky estimait que le succÚs du projet sioniste passait par la création de telles organisations.
En raison de leur vision anticommuniste et hostile aux travailleurs progressistes, le Betar a été inondé de capitaux conservateurs, contribuant à en faire l'une des organisations juives les plus importantes et les plus influentes des années 1930, avec environ 70 000 membres. Les dirigeants du Betar sont devenus des personnalités clés de la politique israélienne. Parmi eux, les Premiers ministres Menahem Begin et Yitzhak Shamir, ainsi que Benzion Netanyahu, le pÚre de l'actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Bien que cette reprĂ©sentation du Betar comme groupe terroriste fasciste puisse sembler biaisĂ©e ou partiale, une grande partie de ces informations proviennent directement de l'organisation elle-mĂȘme.
Dans la section âNotre histoireâ de son site officiel, le Betar Ă©crit ce qui suit :
âLe Betar est ainsi devenu un incubateur pour le dĂ©veloppement des idĂ©es sionistes de droite et ses soutiens Ă©taient parfois appelĂ©s âfascistes juifsâ. En Palestine, les membres du Betar ont facilitĂ© l'immigration juive illĂ©gale et ont Ă©tĂ© d'actifs fomenteurs de troubles et de violences, faisant frĂ©quemment exploser des bombes dans des zones civiles arabes en rĂ©ponse aux attaques et menant une guĂ©rilla contre les Britanniquesâ.
Ainsi, l'organisation n'hĂ©site pas Ă ĂȘtre qualifiĂ©e de fasciste et note fiĂšrement qu'elle a âfrĂ©quemmentâ menĂ© des opĂ©rations terroristes contre des civils arabes en Palestine. (Vers la fin de la semaine derniĂšre, le Betar a supprimĂ© le qualificatif de âfascisteâ et cessĂ© de se vanter d'avoir bombardĂ© des Arabes, aprĂšs s'ĂȘtre retrouvĂ© sous le feu des projecteurs en raison de ses liens avec l'administration Trump. La page originale peut toujours ĂȘtre consultĂ©e via Internet Archive.
Depuis le 7 octobre 2023, le Betar a considĂ©rablement renforcĂ© sa prĂ©sence aux Ătats-Unis, grĂące Ă l'homme d'affaires israĂ©lo-amĂ©ricain d'extrĂȘme droite Ronn Torossian et au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ross Glick. En juillet 2024, il a obtenu le statut d'organisation Ă but non lucratif exonĂ©rĂ©e d'impĂŽt, qui le classe donc officiellement comme organisation caritative.
âDepuis notre renaissance en 2024, le Betar a fortement marquĂ© les Ătats-Unis et ce n'est que le dĂ©but. Nous recrutons, formons et donnons aux Juifs les moyens de devenir des leaders sionistes dĂ©complexĂ©s, qui dĂ©fendent IsraĂ«l sur les campus, dans les communautĂ©s et sur toutes les plateformesâ,
Ă©crit le Betar. Pourtant, une enquĂȘte menĂ©e par The Electronic Intifada suggĂšre que le Betar se serait peut-ĂȘtre livrĂ© Ă des collectes de fonds illĂ©gales.
Le mĂȘme rapport note que Glick a fait l'objet de graves allĂ©gations de crimes sexuels. En 2019, son ancienne petite amie a trouvĂ© des images d'elle nue publiĂ©es sur les pages officielles Instagram, Facebook et Twitter de son entreprise. Glick a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et accusĂ© âd'utilisation illĂ©gale d'un ordinateur et de publication illĂ©gale de photos obscĂšnesâ. Il a plaidĂ© coupable de harcĂšlement au deuxiĂšme degrĂ©, infraction pour laquelle il n'a payĂ© qu'une amende.
Les commentateurs de tous bords politiques s'accordent Ă dire que l'administration Trump fait basculer les Ătats-Unis trĂšs Ă droite, au mĂ©pris des protections et garanties constitutionnelles. Ce faisant, elle a trouvĂ© des alliĂ©s dans de nombreux groupes controversĂ©s. L'influence d'un mouvement aussi restreint et rĂ©cent que le Betar U.S. au sein de la Maison Blanche a dĂ©jĂ suscitĂ© des inquiĂ©tudes. Et compte tenu de la dĂ©termination d'IsraĂ«l Ă poursuivre ses campagnes gĂ©nocidaires contre ses voisins â et du soutien sans faille de Trump Ă IsraĂ«l, son alliĂ© â le pouvoir du Betar devrait probablement s'accroĂźtre sous l'administration actuelle.
Si tel est le cas, c'est une trÚs mauvaise nouvelle pour ceux qui défendent le droit de s'exprimer librement et de manifester. Il est donc essentiel que ce groupe soit surveillé et analysé plutÎt que de lui permettre d'agir dans l'ombre et sans transparence.
* Alan MacLeod est rédacteur en chef de MintPress News. Il a publié deux livres : Bad News From Venezuela: Twenty Years of Fake News and Misreporting et Propaganda in the Information Age: Still Manufacturing Consent, ainsi qu'un certain nombre d'articles universitaires. Il a également contribué à FAIR.org, The Guardian, Salon, The Grayzone, Jacobin Magazine et Common Dreams.
Aucun espoir que ça sâarrange sous Trump en effet. Maintenant regardons lâaction du Betar hexagonal...un sale type comme Meyer Habib ancien cadre de lâorganisation a sĂ»rement Ă©tĂ© remplacĂ© par pire encore. Quelle est la part du Crijf dans son soutien ? Est-elle totale ? LâĂ©lysĂ©en va t-il fermer les yeux sur de possibles assassinats ? Il serait malheureusement mais pas Ă©tonnant que lâon copie la mafia yankee bientĂŽt...