👁🗨 Le black-out d'internet à Gaza dissimule des violations des droits de l'homme commises par Israël
Israël impose des coupures à Gaza & restreint l'accès des organismes & des médias internationaux. Les journalistes palestiniens sont tués à un rythme supérieur aux conflits des 100 dernières années.
👁🗨 Le black-out d'internet à Gaza dissimule des violations des droits de l'homme commises par Israël
Par Jessica Corbett, le 18 janvier 2024
“Il est inadmissible de jouer avec les connexions au cœur d'une violence sans précédent et d'une souffrance humaine insondable”, a déclaré un militant, appelant à une action mondiale “pour mettre fin à la guerre et aux coupures d'internet”.
Les défenseurs des droits de l'homme ont tiré la sonnette d'alarme alors que jeudi marquait le septième jour consécutif de coupure quasi-totale des télécommunications dans la bande de Gaza. Il s'agit de la neuvième et plus longue coupure depuis qu'Israël a déclaré la guerre en représailles à une attaque menée par le Hamas le 7 octobre.
“Depuis plus de 100 jours, la bande de Gaza subit des perturbations et des coupures d'internet par intermittence, et sa population est maintenant confrontée à la plus longue coupure depuis octobre”,
a déclaré Kassem Mnejja, militant de l'association de défense des droits numériques Access Now.
“Les habitants de Gaza étant continuellement dans l'obscurité, il est de plus en plus difficile, voire impossible, de documenter et de partager des informations sur ce qui se passe sur le terrain”,
a ajouté M. Mnejja, dont le groupe appelle à un cessez-le-feu physique et numérique.
Paltel, un fournisseur d'accès à Internet palestinien, a déclaré sur les réseaux sociaux la semaine dernière :
“Nous avons le regret d'annoncer que tous les services de télécommunications dans la bande de Gaza ont été interrompus en raison de l'agression en cours. Gaza est à nouveau dans le noir”.
“De longues heures d'interruption de service”, a ajouté le fournisseur d'accès jeudi. “Combien d'êtres chers avons-nous perdus ? Nous nous inquiétons beaucoup pour nos proches”.
Bien qu'Israël affirme que ses troupes ciblent des combattants dans l'enclave gouvernée par le Hamas, les forces israéliennes ont tué au moins 24 620 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et en ont blessé 61 830 autres, selon des sources officielles à Gaza. Des milliers d'autres sont portés disparus dans les décombres des maisons, hôpitaux, mosquées, écoles et autres infrastructures civiles.
Partageant un nouveau graphique de l'organisme de surveillance NetBlocks qui illustre la connectivité du réseau à Gaza tout au long de la guerre, Mohammed Khader, responsable politique de la Campagne américaine pour les droits des Palestiniens, a noté que le début de la panne actuelle a coïncidé avec les audiences de la Cour internationale de justice (CIJ) pour l'affaire menée par l'Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide.
La section de la requête de 84 pages de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ résumant les actes de génocide indique
qu’“Israël impose délibérément des coupures de télécommunications à Gaza et restreint l'accès des organismes d'enquête et des médias internationaux. Dans le même temps, les journalistes palestiniens sont tués à un rythme nettement plus élevé que dans n'importe quel conflit au cours des 100 dernières années”.
Un bénévole du Syndicat des journalistes palestiniens a déclaré la semaine dernière que le groupe avait la preuve qu'au moins 96 des 109 reporters de Gaza dont la mort a été documentée “ont été délibérément et spécifiquement ciblés par les frappes chirurgicales israéliennes”.
Après qu'une frappe aérienne israélienne a tué Wael Abu Fannouna jeudi, les autorités de Gaza ont annoncé qu'au moins 119 membres des médias avaient été tués depuis le 7 octobre. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis, a identifié 76 d'entre eux.
“Une coupure des communications est une coupure de l'information”, a souligné le CPJ dans une déclaration faite fin octobre à propos de Gaza, comme l'a rappelé Anealla Safdar, rédacteur en chef d'Al Jazeera pour l'Europe, en réponse à la mise à jour de NetBlocks jeudi.
“Cela peut avoir de graves répercussions avec un vide d'informations indépendantes et factuelles susceptible d'être comblé par de la propagande mortelle, de la désinformation et des informations erronées”,
avait alors averti le CPJ, soulignant également que cibler des journalistes ou des infrastructures médiatiques constitue des crimes de guerre potentiels.
“En ces heures sombres, nous sommes aux côtés des journalistes”, a ajouté le groupe, “aux côtés de ces chercheurs de vérité dont le travail quotidien nous permet d'être informés grâce à des faits de nature à éclairer la condition humaine et à aider le pouvoir à rendre compte de ses actes”.
En plus de limiter les reportages sur le terrain, le black-out actuel
“a privé les civils de la possibilité d'appeler à l'aide et les travailleurs humanitaires ont eu du mal à les joindre et les atteindre alors que les frappes aériennes israéliennes pleuvaient sur le sud du pays”, a rapporté le New York Times mercredi.
Selon le journal :
“Les frappes aériennes et les combats entre les soldats israéliens et les militants palestiniens à Khan Younis ont été si violents que les équipes de réparation ont eu du mal à atteindre les sites endommagés, a déclaré Paltel. La semaine dernière, deux de ses ouvriers, qui effectuaient des réparations, ont été tués lorsqu'une voiture de fonction a été la cible de tirs, a déclaré Paltel, ajoutant qu'elle avait préalablement confirmé les réparations aux autorités israéliennes. L'armée israélienne a déclaré que l'incident avait fait l'objet d'une enquête.”
“Les coupures d'Internet sont une question de vie ou de mort à Gaza”, a déclaré Marwa Fatafta, directrice de la politique et du plaidoyer d'Access Now pour la région MENA.
“Il est inadmissible de jouer avec la connectivité au beau milieu d'une violence sans précédent et d'une souffrance humaine insondable”, a ajouté Mme Fatafta. “La communauté internationale doit agir maintenant pour mettre fin à la guerre et aux coupures de connexion à internet. Mais jusqu'à présent, le silence est assourdissant”.
* Jessica Corbett est rédactrice en chef et collaboratrice de Common Dreams.