👁‍🗨 Le Cablegate diffusé par WikiLeaks exposé à Londres en version papier pour sensibiliser aux menaces qui pèsent sur la liberté d'expression.

Ai Weiwei, Dread Scott et Vivienne Westwood font partie des grands noms d’une nouvelle exposition à Londres détaillant l'impact du cas de Julian Assange sur la liberté d'expression.

Andrei Molodkin, Wikileaks Blood Logo. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

👁‍🗨 Le Cablegate diffusé par WikiLeaks dans une exposition d'art à Londres en version papier pour sensibiliser aux menaces qui pèsent sur la liberté d'expression.

Par Vivienne Chow, le 20 février 2023

Ai Weiwei, Dread Scott et Vivienne Westwood font partie des grands noms d’une nouvelle exposition détaillant l'impact du cas de Julian Assange sur la liberté d'expression.

Les visiteurs risquent d'être poursuivis pour avoir consulté certains des documents présentés dans le cadre d'une exposition artistique organisée par Wikileaks à Londres. L'exposition traite des tactiques d'oppression gouvernementale, et de l'état de la liberté d'expression dans les sociétés contemporaines. Elle comprend des copies papier des câbles gouvernementaux confidentiels divulgués par Julian Assange en 2010.

Ai Weiwei, Dread Scott, Santiago Sierra, Andrei Molodkin et la regrettée Vivienne Westwood font partie de l'ensemble des artistes exposés. Intitulée "States of Violence", l'exposition, qui se tiendra du 24 mars au 8 avril, est une première collaboration entre l'organisation internationale à but non lucratif, l'organisation artistique londonienne a/political et la fondation Wau Holland, qui porte le nom de l'"hacktiviste" allemand cofondateur du Chaos Computer Club. L'exposition coïncide avec le quatrième anniversaire de la détention du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, dans la capitale britannique. Assange est toujours détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, tandis que les États-Unis tentent de l'extrader en vertu de l'Espionage Act, ce qui pourrait lui valoir 175 ans d'emprisonnement.

L'exposition présentera également Secret+Noforn (2022) de l'Institute for Dissent & Datalove. Cet ouvrage est considéré comme la plus grande publication physique de câbles diplomatiques américains classifiés provenant du Cablegate 2010 de WikiLeaks, dont la publication a conduit à l'inculpation d'Assange. Comprenant 66 livres, cette présentation sera une première au Royaume-Uni, puisque c'est la première fois que des câbles gouvernementaux top secrets y sont présentés en version papier.

Dread Scott, Obliterated Power Pentagon. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

Bien que les câbles soient largement disponibles en ligne depuis plus de dix ans, détenir et accéder à ces documents peut encore avoir des conséquences juridiques, car la loi américaine sur l'espionnage promulguée en 1917 est toujours en vigueur. Autrement dit, les visiteurs de l'exposition qui ouvrent l'un des 66 livres sont informés qu'ils risquent d'être poursuivis pour le même crime que celui pour lequel Assange risque d'être extradé.

L'objectif de l'exposition, a expliqué Joseph Farrell, ambassadeur de WikiLeaks, n'est pas seulement de faire campagne pour Assange, mais de sensibiliser le public aux menaces plus profondes qui pèsent sur la liberté d'expression. "S'ils réussissent à faire extrader un Australien d'Europe, un précédent sera créé, et n'importe quel journaliste britannique publiant un article que le gouvernement chinois n'aime pas - n'empêchera en rien le gouvernement chinois de demander l'extradition et de le mettre en prison. Il s'agit là d'une préoccupation bien plus vaste", a déclaré M. Farrell à Artnet News.

Les organisateurs espèrent que les œuvres exposées illustreront les diverses formes de violence et d'oppression institutionnelle employées par les États pour cibler les dissidents.

L'équipe des commissaires d'exposition est encore en train de finaliser le plan de l'expo et a refusé de préciser le nombre exact d'œuvres et d'artistes présentés dans la salle Kennington de a/political. "Nous espérons que la culture reste encore un dernier espace de liberté pour parler de cela. Mais même la culture, même les artistes luttent pour leur liberté d'expression. Un certain nombre d'artistes avec lesquels nous travaillons ont été emprisonnés, ou se retrouvent catalogués du mauvais côté de la loi, ou sont censurés", a déclaré un porte-parole de a/political.

Ai WeiWei, Study of Perspective : House of Parliament, London, United Kingdom (2005). Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

Parmi les œuvres exposées figure la série de photographies d'Ai Weiwei intitulée Study of Perspective, dans laquelle on voit l'artiste militant chinois lever le majeur sur fond d’éléments d'architecture représentant l'autorité institutionnelle. L'une des œuvres de la série, Tiananmen, censurée à Hong Kong, sera également exposée. Les œuvres de la légendaire designerin Westwood, soutenues par la Fondation Vivienne, seront “fortement représentés" à l'exposition, selon a/political, ainsi qu'un programme public animé par l'artiste hip-hop et activiste Lowkey. Un événement musical de clôture sera organisé en collaboration avec Shangri-La Glastonbury le 8 avril.

https://news.artnet.com/art-world/wikileaks-exhibition-london-freedom-speech-2257463