👁🗨 Le Capitole, résidence secondaire de Netanyahu
Pour de nombreux membres du Congrès, Israël & les USA se fondent en un seul & même pays, un amalgame délibéré entre les intérêts nationaux israéliens et ceux des électeurs des législateurs américains.
👁🗨 Le Capitole, résidence secondaire de Netanyahu
Par Corinna G. Barnard, Special to Consortium News, le 22 juillet 2024
L'apparition du premier ministre israélien devant le Congrès donne l'impression qu'il est le président américain et qu'Israël et les États-Unis ne forment qu'un seul pays.
Un homme dont le mandat d'arrêt est requis par un procureur de la Cour internationale pour crimes de guerre fait un retour triomphal à Washington.
Lorsque Benjamin Netanyahu s'adressera à une session paritaire du Congrès mercredi pour la quatrième fois , certains représentants et sénateurs boycotteront l ' événement pour protester contre la dévastation génocidaire de Gaza menée par le Premier ministre israélien depuis des mois.
Mais son discours sera certainement accueilli avec beaucoup d'enthousiasme, lui conférant ainsi la légitimité qu'il est en train de perdre dans son pays.
Compte tenu des crimes contre l'humanité effroyables commis par les forces armées de Netanyahu et de la décision rendue la semaine dernière par la Cour internationale de justice concernant le caractère illégal de l'occupation du territoire palestinien par Israël, la venue remarquée du Premier ministre israélien au Capitole rappellera des scènes dignes du surréaliste Satyricon de Federico Fellini.
Imaginez les applaudissements nourris, les frottements de mains, le faste et le protocole, alors que la dévastation de Gaza empire de jour en jour, et d'heure en heure.
Netanyahu arrive dans un contexte marqué par un vote historique le 17 juillet à la Knesset, le Parlement israélien, au cours duquel les législateurs se sont prononcés contre la création d'un État palestinien et, ce faisant, ont mis un terme aux discussions de longue date des responsables politiques américains sur une solution à deux États, tout en rejetant les plans de la Maison Blanche en faveur d'un cessez-le-feu.
Le vote de la Knesset constitue un rejet provocateur de toute influence américaine dans les affaires d'Israël. Mais à la Chambre des représentants des États-Unis, Israël obtient tout ce qu'il veut, pour l'instant et dans un avenir prévisible.
Il est difficile de dire ce que pense le public américain de cette affaire, d'une manière générale. Le nombre d'Américains qui désapprouvent Israël et sa conduite évolue dans les sondages comme la grande inconnue à la surface de l'actualité.
Parfois, une majorité d'électeurs soutient Israël, parfois une majorité le désapprouve. Mais quelle que soit l'opinion du public américain, cela ne semble pas avoir d'importance, aussi longtemps que dure la saison électorale.
Aucun des principaux candidats ne propose quoi que ce soit pour mettre fin aux massacres barbares perpétrés par Israël. La vice-présidente Kamala Harris, actuellement en lice pour l'investiture démocrate, suivra les traces du président Joe Biden, “alias Joe le génocidaire”, en tête des pourvoyeurs en financements cumulés pro-israéliens au fil des ans, et qui continue d'armer le génocide d'Israël.
L'administration Biden-Harris s'est efforcée d'étendre les soi-disant accords d'Abraham de l'administration Trump, qui ont permis à Israël de mettre la cause palestinienne sur la touche en tant qu'épine au cœur des relations d'Israël avec ses voisins de la région. M. Biden a lui-même attribué la motivation des attentats du 7 octobre à la crainte du Hamas de voir se normaliser les relations israélo-saoudiennes.
L'ancien président américain Donald Trump, pour les Républicains, est quant à lui abreuvé par les millions de Miriam Adelson, méga-donatrice sioniste, qui espère voir Trump pousser à l'annexion de la Cisjordanie par Israël.
Pendant son mandat, M. Trump, 78 ans, qui a conseillé à M. Biden de laisser Israël “finir le travail” à Gaza, a contribué à l’aggravation des tensions israélo-palestiniennes. En plus d'aider Israël à normaliser ses relations avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan, la Maison-Blanche de Trump a déplacé l'ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, point névralgique, apparemment pour plaire à Sheldon Adelson [feu le mari de l’actuelle donatrice], avant sa mort en 2021.
Le principal candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr. s'oppose à un cessez-le-feu à Gaza, où les habitants, selon Al Jazeera, se noient désormais dans les eaux usées en raison de la destruction massive du territoire par Israël.
Le soutien au génocide israélien à Gaza étant sans faille chez ces trois rivaux, trois candidats de partis tiers se positionnent résolument contre le génocide : la candidate à la présidence du Parti vert, Jill Stein, le candidat indépendant Cornel West et le candidat libertarien Chase Oliver.
Des doutes sur l'Ukraine, mais jamais sur Israël
Lors de leur convention la semaine dernière à Milwaukee, certains Républicains, comme le spécialiste du capital-risque David Sacks, ont reproché à la Maison-Blanche d'avoir provoqué l'entrée en guerre de la Russie en Ukraine et d'avoir subverti les initiatives de paix dans ce pays.
Mais nulle part, d'un bord à l'autre du spectre de la campagne électorale, on ne parle d'Israël ou des crimes de guerre pour lesquels Karim Khan, le procureur général de la Cour pénale internationale, requiert l'arrestation de M. Netanayhu et du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que de certains dirigeants du Hamas.
La réticence des hommes politiques à évoquer les poursuites engagées par la CPI contre Netanyahu n'est pas surprenante. La Chambre des représentants des États-Unis a clairement indiqué, il y a quelques mois, que ce sujet était tabou.
Le monde entier a appris que le procureur de la CPI, M. Khan, avait requis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas, après avoir donné la primeur à Christiane Amanpour, sur CNN, le 20 mai dernier.
[Voir : Le procureur de la CPI demande un mandat d'arrêt contre Netanyahu].
Mais les vigilants alliés républicains d'Israël à la Chambre des représentants des États-Unis, alertés par les premières informations parues dans la presse fin avril sur l'initiative envisagée par M. Khan, étaient déjà au travail avant que la nouvelle ne soit diffusée sur CNN.
Le 7 mai, près de deux semaines avant l'annonce officielle de M. Khan, ils avaient rédigé la loi sur la contre-attaque des tribunaux illégitimes, qui impose des sanctions à toute personne impliquée dans les poursuites de la CPI. Approuvé par la Chambre des représentants le 4 juin, le projet de loi, auquel la Maison-Blanche s'est finalement opposée, est resté bloqué au Sénat.
Mais il a atteint son but. Avec le soutien de 42 Démocrates, il a servi de renoncement bipartite à la CPI et à ses critiques à l'égard d'Israël.
Le projet de loi visait les “personnes étrangères” liées aux poursuites engagées contre Netanyahu et Gallant en leur imposant un certain nombre de restrictions. Il bloque et révoque les visas. Il interdit les transactions immobilières. Cette loi a servi, en substance, de signal d'interdiction d'entrée aux traqueurs du dirigeant israélien.
“Cette terre est celle de Netanyahu et il y sera le bienvenu quand il le souhaite”.
En décembre 2023, le groupe américain de défense des droits de l'homme Democracy for the Arab World Now (DAWN), fondé par le journaliste saoudien Jamal Khashoggi assassiné en 2018, a soumis à la CPI un dossier sur 40 commandants de l'armée israélienne pour crimes de guerre.
[Voir : Des commandants israéliens signalés à la CPI]
En juin, Raed Jarrar, directeur du plaidoyer de DAWN, a lancé un avertissement concernant le travail des législateurs sur leur législation anti-CPI.
“Le projet de loi de la Chambre expose les législateurs américains eux-mêmes au risque de sanctions de la CPI et de mandats d'arrêt pour avoir violé l'article 70 du Statut de Rome qui interdit l'intimidation, les représailles ou l'obstruction des procédures judiciaires de la Cour”,
a déclaré Raed Jarrar dans une déclaration envoyée par courriel à Consortium News.
Avant le vote, le représentant américain Chip Roy, Républicain texan qui a parrainé le projet de loi anti-ICC, l'a présenté comme un moyen de protéger rien de moins que la souveraineté des États-Unis.
“Et que les choses soient claires, il ne s'agit pas seulement d'Israël, il s'agit de s'assurer que la souveraineté de notre nation est protégée, ainsi que notre armée”,
a déclaré M. Roy sur Twitter/X pour promouvoir le projet de loi.
“En l'absence d'un leadership décisif à la Maison Blanche, le Congrès doit se tenir sur la brèche pour défendre nos alliés et notre souveraineté.”
Le représentant américain Daniel Webster, un Républicain de Floride, a fait écho à la revendication de souveraineté.
“Ce projet de loi envoie un message clair à la CPI”, a écrit M. Webster sur Twitter/X. “Les États-Unis défendront la souveraineté de leur pays et protégeront leurs alliés contre les attaques illégitimes en sanctionnant les fonctionnaires de la CPI.”
Dire que l'intérêt de la CPI pour Netanyahu et Gallant pour avoir commis des crimes de guerre à Gaza constitue en quelque sorte une menace pour la souveraineté des États-Unis témoigne d'une confusion sur ce qui distingue Israël des États-Unis.
Israël exerce bien sûr une influence démesurée sur les hommes politiques américains, comme l'a clairement montré le soutien massif du Congrès aux opérations génocidaires de l'armée israélienne à Gaza.
En outre, Netanyahu se présente régulièrement aux sessions plénières du Congrès à la manière d'un président américain prononçant un discours sur l'état de l'union.
Par conséquent, pour de nombreux membres du Congrès, Israël et les États-Unis semblent se fondre en un seul et même pays. C'est là le véritable problème de la souveraineté : l'amalgame délibéré entre les intérêts nationaux israéliens et ceux des électeurs des législateurs américains.
* Corinna Barnard, rédactrice en chef adjointe de Consortium News, a travaillé auparavant comme rédactrice en chef pour Women's eNews, The Wall Street Journal et Dow Jones Newswires. Au début de sa carrière, elle était rédactrice en chef du magazine Nuclear Times, qui couvrait le mouvement antinucléaire des années 1980.
NOTE : Cet article mentionne trois candidats sans faire référence à leurs taux respectifs de participation au scrutin, en raison d'un manque de clarté quant à une actuelle situation fluctuante.
https://consortiumnews.com/2024/07/22/capitol-hill-netanyahus-second-home/
Excellent! Tout est dit de manière claire et concise dans la conclusion.
La politique moyen-orientale US est élaborée à la Knesset Israélienne.
Et ce, au détriment des intérêts fondamentaux des États Unis.
Ceci est le fruit de la convergence (de visions, de concepts, fondés sur le racisme et le suprémacisme) du système Impérial et du Sionisme, agrémenté d’une manne financière non négligeable servant à rétribuer largement tous les sayanims US.
En corollaire, les puissants lobbys constituent une formidable force de démolition qui s’exerce à l’encontre de tous ceux qui seraient tentés de s’écarter de la doxa sioniste…
Les jeux sont faits! Le salut de la Palestine ne viendra sûrement jamais des USA….