đâđš Le cessez-le-feu le plus fou du monde
LâIran sort renforcĂ© de cette bataille. Il a purgĂ© de nombreux infiltrĂ©s du Mossad, dĂ©montrĂ© qu'il peut faire la guerre & la paix & de montrer qu'il peut compter sur un soutien international dĂ©cisif.
đâđš Le cessez-le-feu le plus fou du monde
Par Thomas Fazi, le 24 juin 2025
L'idĂ©e prĂ©somptueuse selon laquelle IsraĂ«l peut tout se permettre sans jamais en payer le prix semble ĂȘtre rĂ©volue.
Article invité d'Andrea Zhok, initialement publié en italien sur sa chaßne Telegram.
Le cessez-le-feu le plus fou du monde a commencé il y a quelques heures, et il semble se maintenir [à 12h30 CET, Israël a ordonné des frappes sur Téhéran aprÚs avoir accusé l'Iran d'avoir violé le cessez-le-feu, ce que l'Iran a nié].
Il n'a pas été annoncé par les parties concernées, mais par Trump, qui l'a rendu public deux minutes avant la réouverture des marchés (voilà pour le délit d'initié). Le NASDAQ a bondi de 150 points en deux minutes, le prix du pétrole a chuté et quelques riches amis de Trump sont devenus encore plus riches.
IsraĂ«l, qui venait de mener un raid aĂ©rien sur TĂ©hĂ©ran, a immĂ©diatement adhĂ©rĂ© au cessez-le-feu, dĂ©clarant que âles objectifs de l'attaque ont tous Ă©tĂ© atteintsâ.
Comme nous n'avons jamais eu la chance de connaĂźtre Ă l'avance la nature exacte de ces objectifs, nous restons dans le flou.
L'Iran a dĂ©clarĂ© n'avoir acceptĂ© aucun âcessez-le-feuâ, mais que si, aprĂšs l'heure prĂ©vue (apparemment 4 heures du matin), il n'y a pas d'autres attaques israĂ©liennes, il renoncera Ă toute riposte.
Pour ĂȘtre clair, une demi-heure avant le dĂ©but officieux de la trĂȘve, les missiles iraniens ont frappĂ© Beersheba, Tel Aviv et JĂ©rusalem. Le message derriĂšre cette attaque Ă©tait clair :
âVous avez commencĂ©, nous allons clore. Si cela vous convient, nous observons une trĂȘve. Sinon, nous pouvons continuerâ.
L'Iran avait dĂ©jĂ clarifiĂ© sa position envers les Ătats-Unis avec l'attaque âannoncĂ©eâ contre la base amĂ©ricaine d'Al Udeid au Qatar â une position qui, traduite en mots, ressemblerait Ă peu prĂšs Ă ceci :
âNous pourrions vous causer de rĂ©els prĂ©judices, mais nous prĂ©fĂ©rons une dĂ©sescalade sans nouvelle intervention de votre part. C'est pourquoi nous menons une frappe symbolique Ă laquelle vous devriez vous abstenir de rĂ©pondreâ.
Le rĂ©sultat de cette âguerre de 12 joursâ absurde et vaine est une destruction gĂ©nĂ©ralisĂ©e, de nombreuses victimes, mais aucune modification du rapport de forces rĂ©gional.
Le programme nucléaire iranien se poursuivra.
Le garant de cette situation, quelle que soit l'ampleur des dégùts causés aux infrastructures nucléaires ou l'assassinat de scientifiques iraniens, est le président Poutine, qui a réaffirmé non seulement que l'Iran a tout à fait le droit de développer des capacités nucléaires civiles, mais aussi que la Russie continuera à coopérer (la quasi-totalité des infrastructures nucléaires iraniennes est produite par la société russe Rosatom). En d'autres termes, quoi qu'on fasse à l'Iran, il pourra toujours se reconstruire avec l'aide et la technologie russes, ce qui devrait mettre fin à tout fantasme de mettre fin à ces programmes par la force.
L'Iran a subi de graves pertes en infrastructures et en vies civiles, mais c'est un trÚs grand pays qui compte une population nombreuse, jeune et instruite, et qui se relÚvera donc rapidement. Le régime sort renforcé de cette confrontation, qui lui a permis de purger de nombreux infiltrés du Mossad, de démontrer qu'il est capable de faire la guerre et la paix, et de montrer qu'il peut compter sur un soutien international décisif. En effet, la rencontre entre Poutine et le ministre iranien des Affaires étrangÚres Abbas Araghchi a été déterminante dans l'apaisement actuel, laissant clairement entendre que la Russie aurait pu apporter son soutien à l'Iran en cas de conflit prolongé.
IsraĂ«l prĂ©tend avoir Ă©puisĂ© sa liste de cibles Ă bombarder autour de lui, mais personne ne doute que Netanyahu, peu disposĂ© Ă rendre des comptes, trouvera une nouvelle forme d'escalade crĂ©ative, peut-ĂȘtre contre Gaza, oĂč les morts ne cessent de se multiplier, y compris ces derniers jours.
En tout Ă©tat de cause, dans l'histoire d'IsraĂ«l aprĂšs 1949, on n'a jamais connu un tel degrĂ© de dĂ©sagrĂ©gation interne â pas mĂȘme durant la guerre du Kippour â et le sentiment de toute-puissance arrogante qui lui faisait croire qu'il peut tout se permettre sans jamais payer le prix fort semble dĂ©sormais rĂ©volu. Il est difficile de dire si et comment cela affectera la politique intĂ©rieure, mais Ă premiĂšre vue, l'Ăšre de l'impunitĂ© affichĂ©e semble rĂ©volue, et c'est gĂ©nĂ©ralement une Ă©tape importante vers davantage de maturitĂ©.
Traduit par Spirit of Free Speech