đâđš Le chemin de la libertĂ© pour Julian Assange
C'est Assange qui devrait survivre au transfert vers les Ătats-Unis. Il ne faut pas oublier qu'il a dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© qu'il n'accepterait pas d'ĂȘtre extradĂ© vers les USA, avec tout ce que cela implique.
đâđš Le chemin de la libertĂ© pour Julian Assange
Un simple trait de plume du président américain Joe Biden peut permettre la libération immédiate de Julian Assange.
Par Kellie Tranter @KellieTranter, le 7 avril 2023
La récente visite du haut-commissaire australien au Royaume-Uni, Stephen Smith, auprÚs de Julian Assange à la prison de Belmarsh est une bonne nouvelle pour ses partisans et envoie un message politique fort.
Les propos tenus par la ministre des affaires étrangÚres Penny Wong à Londres le 31 janvier 2023 ont en effet souligné l'importance du respect de la loi et la nécessité de "faire respecter les rÚgles internationales convenues qui sous-tendent notre stabilité, notre prospérité et notre souveraineté".
Encouragé par ces propos, le pÚre de Julian, John Shipton, a écrit au haut-commissaire britannique le 3 février 2023 pour souligner les violations des procédures, des conventions et des lois dans le cas de son fils.
Il a demandé que Stephen Smith rende visite à son fils. Bien que cette visite ait eu lieu le 4 avril 2023, la confusion demeure quant à l'action éventuelle du gouvernement australien.
Le 19 mars 2023, Arthur Sinodinos, l'ambassadeur quittant son poste aux Ătats-Unis, a donnĂ© le conseil suivant Ă son successeur, Kevin Rudd : "Mon conseil global est de faire valoir tous les avantages dont dispose l'Australie, notamment le fait que nous disposons de beaucoup d'informations et de renseignements dans notre pays - et que nous les exploitons largement ici Ă Washington - mais aussi de tous les avantages possibles pour engager le dialogue avec les AmĂ©ricains....L'Australie ne doit pas sous-estimer l'influence qu'elle exerce, ou peut exercer ici..."
Notre influence tacite s'Ă©tend comme toujours aux bases militaires amĂ©ricaines. Mais l'avĂšnement du pacte AUKUS et les mesures prises par les Ătats-Unis pour militariser l'Australie dans le cadre de leur campagne d'intimidation Ă l'encontre de la Chine nous donnent encore plus de poids.
En mars, la ministre des affaires étrangÚres et du commerce, Penny Wong, a déclaré,
"Bien que nous fassions ce que nous pouvons entre gouvernement et gouvernement, il y a des limites à notre action tant que M. Assange n'est pas allé au bout de la procédure judiciaire."
Penny Wong a raison sur le plan juridique en ce qui concerne la sĂ©paration des pouvoirs et l'Ătat de droit dans le cadre des procĂ©dures britanniques, mais cette affirmation n'a absolument aucun lien avec les actions amĂ©ricaines.
L'Australie doit admettre qu'il existe une possibilitĂ© pour les Ătats-Unis de respecter l'Ătat de droit et de libĂ©rer immĂ©diatement M. Assange.
La Constitution américaine ne limite pas le pouvoir légal du président de gracier, sauf en cas de destitution. Quant aux poursuites, il s'agit d'une action de l'exécutif prise par l'exécutif, et l'article II, section 1, de la Constitution américaine confÚre au président un pouvoir illimité sur l'exécutif.
Comme l'a dĂ©clarĂ© Bruce Fein, avocat international et ancien procureur gĂ©nĂ©ral adjoint des Ătats-Unis, Ă Al Jazeera English le 4 avril 2023 : "En pratique, si M. Biden voulait y mettre fin du jour au lendemain, il aurait le pouvoir de passer outre le Pentagone, la NSA ou n'importe qui d'autre. Ils lui sont tous subordonnĂ©s. Il exerce la suprĂ©matie du civil sur le militaire".
Il existe des arguments thĂ©oriques selon lesquels le pouvoir du prĂ©sident d'engager des poursuites ou d'y mettre fin en tant qu'acte exĂ©cutif est limitĂ© par une pratique et une convention de longue date, mais on peut sĂ©rieusement douter que l'actuelle Cour suprĂȘme des Ătats-Unis, avec sa tendance Ă l'interprĂ©tation littĂ©rale, "inventerait" des termes limitant un pouvoir constitutionnel illimitĂ©.
En l'absence d'une telle limitation lĂ©gale, le prĂ©sident, ou son procureur gĂ©nĂ©ral, peut Ă tout moment ordonner l'arrĂȘt des poursuites Ă l'encontre d'Assange et retirer la demande d'extradition. Cette dĂ©cision peut ĂȘtre prise indĂ©pendamment de toute procĂ©dure judiciaire au Royaume-Uni, car les infractions prĂ©sumĂ©es fondamentales et la demande d'extradition proviennent uniquement des Ătats-Unis.
Julian Assange pourrait ĂȘtre libĂ©rĂ© demain si le prĂ©sident y consentait - et il ne fait aucun doute qu'il sera fortement sollicitĂ© Ă ce sujet lors de sa visite en Australie au mois de mai.
Si le prĂ©sident estime qu'une clause limitative existe, Julian Assange pourrait demander l'annulation des poursuites engagĂ©es aux Ătats-Unis en invoquant un abus de procĂ©dure.
Cet argument découle du fait que les poursuites ont été engagées en application d'une directive du président Trump plutÎt que dans le cadre de l'exercice légal du pouvoir discrétionnaire des procureurs, qui a apparemment été exercé plus tÎt en faveur de M. Assange par l'administration Obama, qui a décidé de ne pas le poursuivre.
Par ailleurs, en supposant que Joe Biden hésite à ordonner au ministÚre de la Justice d'abandonner l'affaire d'extradition, que ce soit en raison de ce qui s'est produit lorsque l'administration Trump a interféré avec le ministÚre de la Justice, ou en raison de pressions internes exercées par les agences de sécurité, etc. ou pour toute autre raison, il peut tout simplement accorder immédiatement sa grùce à Assange.
GrĂące Ă son expĂ©rience politique considĂ©rable, Joe Biden devrait ĂȘtre en mesure de gĂ©rer toute pression interne contre le fait de gracier Assange, et il amĂ©liorerait plutĂŽt que de rĂ©duire ses perspectives Ă©lectorales - en particulier dans le climat actuel de mĂ©fiance Ă l'Ă©gard des gouvernements et des responsables politiques - en se positionnant rĂ©solument en faveur de la libertĂ© de la presse et de la libertĂ© d'expression.
Joe Biden et le gouvernement australien doivent le reconnaßtre, et si Joe Biden gracie Assange, c'est tout le fondement de l'extradition par le ministÚre de la Justice qui disparaßt. L'obligation de se conformer au systÚme judiciaire britannique n'impliquerait rien de plus que le retrait formel de l'appel d'Assange, une fois les charges abandonnées.
La difficulté pour Assange est que s'il retire son appel avant cela et reste dans le systÚme britannique, il n'y a aucune garantie - et, étant donné l'histoire de cette affaire comme je l'ai précédemment rapporté dans Declassified Australia, aucune raison de croire - que le gouvernement australien fera quoi que ce soit, et encore moins un effort concerté pour obtenir sa libération.
Pour ce qui est du Royaume-Uni, l'Australie qui n'agit pas selon les rĂšgles - ou sous le prĂ©texte - du respect de la sĂ©paration des pouvoirs et de l'Ătat de droit ignore complĂštement une option politique que Greg Barns SC m'a rappelĂ©e : l'Australie peut en effet faire pression sur le Premier ministre britannique Rishi Sunak pour que son ministre de l'IntĂ©rieur rĂ©voque purement et simplement l'autorisation d'extradition accordĂ©e en juillet 2022, une procĂ©dure totalement extrajudiciaire.
Outre le fait que cette mesure bĂ©nĂ©ficierait d'un soutien populaire au Royaume-Uni, aux Ătats-Unis et en Australie, elle permettrait au Royaume-Uni d'accorder le crĂ©dit nĂ©cessaire aux conclusions de la dĂ©cision de justice initiale concernant les risques pour la santĂ© d'Assange.
Elle permettrait Ă©galement de se conformer Ă la recommandation du rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture, qui a appelĂ© Ă la libĂ©ration immĂ©diate de M. Assange en raison des traitements qu'il a subis et qui s'apparentent Ă de la torture. Enfin, elle permettrait aux Ătats-Unis et Ă l'Australie de sauver la face, en les laissant ostensiblement en dehors de l'affaire.
Comme je l'ai dĂ©jĂ indiquĂ© dans Declassified Australia, si le gouvernement australien cherche Ă obtenir une solution politique qui exige qu'Assange soit extradĂ© vers les Ătats-Unis et qu'un transfert de prisonniers soit proposĂ©, il court le risque trĂšs rĂ©el qu'Assange n'y consente pas.
Outre le fait qu'il est une personne aux principes forts, c'est lui qui devrait survivre au transfert vers les Ătats-Unis. Il ne faut pas oublier qu'Assange a dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© qu'il n'accepterait pas d'ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis, avec tout ce que cela implique.
Et s'il devait survivre Ă une extradition vers les Ătats-Unis, le gouvernement australien devrait ĂȘtre prĂȘt Ă endosser la responsabilitĂ© d'un prĂ©cĂ©dent qui affectera Ă jamais la libertĂ© de la presse dans le monde entier.
Kellie Tranter, est avocate, chercheur et défenseur des droits de l'homme.
https://declassifiedaus.org/2023/04/07/the-pathway-to-freedom-for-julian-assange/COLByPhv2wDI8