👁‍🗨 Le Conseil de sécurité de l'ONU : une mascarade, un feu vert à la tuerie témoignant de la soumission internationale à Israël

Washington s'oppose à tout cessez-le-feu, exerçant un “chantage grossier dénué de principes, témoin du mépris flagrant des souffrances des Palestiniens & des espoirs de la communauté internationale.

Iluustration Mr Fish

👁‍🗨 Le Conseil de sécurité de l'ONU : une mascarade, un feu vert à la tuerie témoignant de la soumission internationale à Israël

Par Maureen Clare Murphy, le 23 décembre 2023

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Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté en faveur d'une résolution appelant à une augmentation de l'aide humanitaire pour les Palestiniens de Gaza vendredi.

Le vote a eu lieu alors qu'Israël a renforcé son offensive dans le centre de Gaza et a émis de nouveaux ordres d'évacuation forcée affectant les résidents du camp de réfugiés d'al-Bureij, les appelant à se déplacer vers Deir al-Balah.

La résolution du Conseil de sécurité présentée par les Émirats arabes unis demande “un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave dans et à travers toute la bande de Gaza”. Elle appelle également les parties au conflit à “créer les conditions d'une cessation durable des hostilités”.

La résolution, telle qu'elle a été adoptée, ne sera probablement pas d'un grand secours pour les Palestiniens qui meurent de faim, sont déplacés et subissent des tirs dans la bande de Gaza, selon les critiques.

Plus de 20 000 Palestiniens ont été tués dans les attaques israéliennes contre Gaza depuis le 7 octobre et des milliers d'autres sont portés disparus, nombre d'entre eux étant présumés morts sous les décombres des bâtiments détruits.

En n'appelant même pas à une cessation des hostilités, et encore moins à un cessez-le-feu, certains diplomates ont déclaré que la résolution était considérée comme un feu vert pour qu'Israël poursuive sa campagne militaire dévastatrice à Gaza.

Selon les experts, cette campagne “compte désormais parmi les plus meurtrières et les plus destructrices de l'histoire récente”, comme l'a rapporté l'agence de presse AP.

Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans une déclaration de presse faite après le vote du Conseil de sécurité, a critiqué la poursuite du statu quo à Gaza, affirmant qu'“il n'y a pas de protection efficace des civils”.

Il a critiqué Israël pour avoir “créé des obstacles massifs à la distribution de l'aide humanitaire à l'intérieur de Gaza”.

M. Guterres a déclaré qu'

“une opération d'aide efficace à Gaza nécessite la sécurité, du personnel pouvant travailler en toute sécurité, des capacités logistiques et la reprise de l'activité commerciale”.

Il a rappelé que 136 employés de l'ONU ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre et que le point de passage commercial de Kerem Shalom a été bombardé “alors que des camions d'aide se trouvaient dans la zone” jeudi.

Le New York Times a rapporté que quatre personnes travaillant au point de passage ont été tuées dans la frappe et que l'armée israélienne a affirmé avoir “touché des combattants armés près de la zone du point de passage et que l'incident était en cours d'examen”.

M. Guterres a déclaré qu'“un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen de commencer à répondre aux besoins désespérés des habitants de Gaza et de mettre fin à leur cauchemar”.

https://x.com/AkbarSAhmed/status/1737982763460948358

Treize États ont voté en faveur de la proposition après des jours de négociations pour parvenir à un projet qui ne serait pas soumis au veto des États-Unis, lesquels se sont abstenus.

La Russie s'est également abstenue. Vassily Nebenzya, représentant permanent de Moscou auprès de l'ONU, a qualifié le vote de “moment tragique pour le Conseil, et non de triomphe de la diplomatie multilatérale”.

Le texte de la résolution finalement adopté a été dépouillé de la formulation des versions antérieures qui appelait à la “suspension urgente des hostilités”.

Washington s'est opposé à toute formulation ressemblant à un appel au cessez-le-feu. Israël et les États-Unis insistent sur le fait qu'un cessez-le-feu ne profiterait qu'au Hamas.

Les États-Unis ont opposé leur veto à deux résolutions antérieures appelant à un cessez-le-feu, faisant ainsi singulièrement obstacle à ce que des experts indépendants des Nations unies et des spécialistes du droit international décrivent comme un génocide se déroulant à Gaza.

L'Assemblée générale des Nations unies a adopté à une écrasante majorité des résolutions appelant à un cessez-le-feu, témoignant ainsi du soutien mondial à la fin de la guerre.

Contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité, celles qui sont approuvées par l'Assemblée générale ne sont pas juridiquement contraignantes pour les États membres, bien que l'absence de mise en œuvre ait affecté les précédentes résolutions du Conseil de sécurité censurant les violations des droits des Palestiniens par Israël.

“Un profond manquement au devoir”

Les États-Unis avaient rejeté une première version de la résolution du Conseil de sécurité adoptée vendredi, qui aurait confié à l'ONU la responsabilité d'inspecter les livraisons d'aide à Gaza, mettant ainsi Israël à l'écart.

Israël utilise la famine comme arme de guerre à Gaza, ont déclaré de nombreuses organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme, ainsi que des experts indépendants des Nations unies.

Sally Abi Khalil, directrice d'Oxfam, a déclaré que

“ne pas avoir appelé à un cessez-le-feu [...] constitue un profond manquement au devoir d'une organisation créée pour faire respecter la Charte des Nations unies, maintenir la paix et protéger les vies”.

https://x.com/Raminho/status/1737847429549146279

Un fonctionnaire anonyme du département d'État américain a déclaré au HuffPost que “une fois de plus, nous laissons tomber les Palestiniens” avec une résolution du Conseil de sécurité qui renforce effectivement le statu quo pour apaiser Israël.

Le représentant russe Nebenzya a accusé Washington d’un

“chantage grossier dénué de principes, témoignant du mépris flagrant [...] pour les souffrances des Palestiniens et les espoirs de la communauté mondiale”.

La Russie a déclaré qu'elle s'était abstenue au lieu d'opposer son veto à la résolution parce qu'elle était soutenue par plusieurs États arabes. Mais M. Nebenzya a souligné le désaccord “catégorique” de Moscou sur le contenu édulcoré de la résolution.

L'administration Biden affirme qu'elle est favorable à une augmentation de l'aide à Gaza. Un haut responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a déclaré qu’“il est impossible d'acheminer de l'aide dans un ciel truffé d’avions de combat et de frappes aériennes”.

https://x.com/Raminho/status/1738252251989156307

Riyad Mansour, l'ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, a salué la résolution du Conseil de sécurité comme “un pas dans la bonne direction”.

Il a ajouté qu'il devait être rapidement mis en œuvre et “s'accompagner d'une pression massive en faveur d'un cessez-le-feu immédiat”.

“Il n'y a aucun moyen de mettre fin aux crimes de guerre, aux crimes contre l'humanité et au génocide en cours sans un cessez-le-feu immédiat”, a ajouté M. Mansour.

“Israël veut nous convaincre que nous devons choisir entre la vie et notre pays, en rendant la vie impossible dans notre pays”, a déclaré le diplomate palestinien.

Richard Gowan, un observateur de longue date de l'ONU, a déclaré que M. Guterres

“doit saisir ce que le [Conseil de sécurité] lui a résolument accordé”, qui lui permet de nommer un “coordinateur humanitaire pour Gaza reconnu pour son efficacité”.

“Il s'agit peut-être de la seule chance pour l'ONU d’avoir une incidence” sur la situation, a déclaré M. Gowan..

Nabil Abi Saab, correspondant de l'ONU pour la chaîne saoudienne Alaraby TV, a déclaré que l'ancienne ministre néerlandaise des affaires étrangères Sigrid Kaag “est la principale candidate” au nouveau poste de coordinateur humanitaire pour Gaza.

Mme Kaag est à l'origine de la suppression du financement de l'Union des comités de travail agricole de Palestine par le gouvernement néerlandais l'année dernière.

Cette mesure faisait suite à une campagne de diffamation menée par des mandataires du gouvernement israélien et à la qualification de “groupe terroriste” par Israël.

Le gouvernement néerlandais a mis fin à son soutien à l'UAWC, qui aide les agriculteurs palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, en raison de l'affiliation politique du personnel et des membres du conseil d'administration du groupe à titre personnel.

L'UAWC a déclaré à l'époque que le gouvernement néerlandais “n'abandonnait pas seulement” l'organisation “mais la société civile palestinienne dans son ensemble”.

Pas d'impact significatif

Craig Mokhiber, ancien haut fonctionnaire de l'ONU, a critiqué la résolution du Conseil de sécurité lors de l'émission The Electronic Intifada livestream de vendredi.

https://x.com/intifada/status/1738325842369949984

“Le texte original était censé inclure une suspension des hostilités, une condamnation des violations du droit humanitaire et la présence d'un contrôleur de l'aide de l'ONU”, a déclaré Craig Mokhiber.

La résolution “vidée de sa substance” qui a été adoptée “n'aura aucun impact significatif”, et le rôle de coordinateur spécial des Nations unies qu'elle a créé sera un mécanisme politiquement contrôlé qui ne prendra pas de positions de principe basées sur le droit international.

Un contrôleur de l'aide de l'ONU, tel que proposé à l'origine, aurait en fait facilité l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, a-t-il déclaré.

Mokhiber a déclaré qu'il s'agissait d'une autre feuille de vigne qui permettait aux États-Unis “d'éviter la condamnation nationale et mondiale pour leur complicité dans le génocide à Gaza”.

“Il s'agit d'une résolution rédigée à huis clos, essentiellement de nuit, entre les États-Unis et les Émirats arabes unis, en consultation directe avec les Israéliens.”

Mokhiber a déclaré que “l'on peut se demander comment il est possible d'apporter une aide humanitaire significative alors que pleuvent les bombes, que les tireurs d'élite tirent et que le génocide se poursuit”.

“À mon avis, elle peut être considérée comme nulle”, a-t-il ajouté.

Les agences de l'ONU “aident les objectifs de guerre d'Israël”

Les organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme palestiniennes ont averti jeudi le secrétaire général de l'ONU que les agences d'aide de la communauté internationale à Gaza “soutiennent les objectifs de guerre d'Israël en violation du droit international”.

Les organisations ont déclaré que les agences de l'ONU faisaient preuve de soumission face à “la restriction illégale de l'aide humanitaire par Israël” alors que les Palestiniens sur le territoire ont de moins en moins accès à la nourriture et à l'eau potable.

Les groupes palestiniens ont déclaré que les agences humanitaires de l'ONU, y compris l'UNICEF, l'UNRWA et l'OMS, n'avaient pas respecté les principes du droit humanitaire international en raison de leur “étroite collaboration avec Israël en ce qui concerne l'acheminement et la distribution de l'aide”.

Les groupes ont accusé l'ONU d'avoir permis à Israël de vider le nord de Gaza de sa population palestiniens en se conformant aux ordres d'évacuation forcée d'Israël concernant des milliers de personnes.

Francesca Albanese, experte indépendante de l'ONU, a déclaré à la mi-octobre que l'ordre d'évacuation forcée d'Israël visait à “justifier ce qui équivaut à un nettoyage ethnique” similaire à l'expulsion de centaines de milliers de Palestiniens en 1948.

En plus de faciliter le “crime international de déplacement forcé” commis par Israël, les groupes palestiniens ont déclaré que l'ONU incitait également les gens à se déplacer vers le sud “dans l'espoir d'accéder à une aide indispensable qu'ils ne peuvent pas trouver ailleurs”.

Les groupes palestiniens ont ajouté que les agences de l'ONU “n'ayant pas réussi à faire respecter leur droit d'accès et d'initiative, c’est Israël qui décide des conditions et du contenu de toute aide humanitaire entrant à Gaza”.

Ils ont ajouté que “ce sont des décisions dans lesquelles Israël ne devrait avoir aucun rôle, et encore moins le pouvoir de les dicter sans rencontrer d’opposition”.

https://electronicintifada.net/blogs/maureen-clare-murphy/un-security-council-votes-increase-gaza-aid-not-ceasefire