đâđš Le diplomate & criminel de guerre Henry Kissinger est mort. Il avait 100 ans
âPourquoi devrais-je modifier mon tĂ©moignage ? Je ne saisis pas bien votre question, si ce n'est que je n'ai pas dit la vĂ©ritĂ©.â Kissinger a Ă©chappĂ© Ă toute sanction sans avoir Ă rendre de comptes.
đâđš Le diplomate & criminel de guerre Henry Kissinger est mort. Il avait 100 ans
Par Al Mayadeen English, le 30 novembre 2023
L'ancien secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Henry Kissinger est mort Ă l'Ăąge de 100 ans sans avoir Ă©tĂ© inculpĂ© ou condamnĂ© pour aucun de ses crimes.
Henry Kissinger, connu pour ses perpétuels crimes de guerre, est mort jeudi à l'aube à l'ùge de 100 ans, a annoncé son cabinet.
Ancien secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain sous la prĂ©sidence de Richard Nixon et diplomate amĂ©ricain de renom, Henry Kissinger est une figure controversĂ©e connue pour un hĂ©ritage marquĂ© par les tromperies et la manipulation.
Kissinger a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans le façonnement de l'ordre mondial de l'aprĂšs-Seconde Guerre mondiale, qui a souvent consistĂ© Ă orchestrer et Ă soutenir des coups d'Ătat et Ă s'immiscer dans les affaires des pays refusant de s'aligner sur les intĂ©rĂȘts et l'agenda hĂ©gĂ©monique des Ătats-Unis.
Son hĂ©ritage professionnel est entachĂ© d'une sĂ©rie d'actions controversĂ©es, notamment son rĂŽle dans les bombardements en couverture au Cambodge, les livraisons secrĂštes d'armes au Shah d'Iran et la propagation de mensonges notoires pendant la guerre du ViĂȘt Nam, sans oublier son rĂŽle central dans l'implication des Ătats-Unis dans un violent coup d'Ătat militaire au Chili dans les annĂ©es soixante-dix.
Qui Ă©tait Henry Kissinger ?
Heinz Alfred Kissinger est nĂ© le 27 mai 1923 Ă FĂŒrth, en Allemagne, et a immigrĂ© aux Ătats-Unis en 1938, fuyant le rĂ©gime nazi. Il est devenu amĂ©ricain en 1943, et a combattu dans l'armĂ©e amĂ©ricaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
Selon Ben Kiernan, ancien directeur du programme d'études sur les génocides de l'université de Yale, Kissinger est responsable de la mort de 150 000 civils, soit jusqu'à six fois le nombre de civils tués lors des frappes aériennes américaines en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Pakistan, en Somalie, en Syrie et au Yémen.
Dans le mĂȘme registre, Greg Grandin, auteur de âKissinger's Shadowâ, a dĂ©clarĂ© que
âles justifications secrĂštes des bombardements illĂ©gaux au Cambodge sont devenues le cadre des justifications des frappes de drones et de guerres perpĂ©tuelles. C'est l'expression parfaite du cycle ininterrompu du militarisme amĂ©ricainâ.
Grandin ajoute que Kissinger a eu le sang d'au moins trois millions de personnes sur les mains en contribuant Ă prolonger la guerre du ViĂȘt Nam, Ă aider les gĂ©nocides au Cambodge, au Timor oriental et au Bangladesh, Ă aggraver les conflits en Afrique australe et soutenir les coups d'Ătat et les escadrons de la mort dans toute l'AmĂ©rique latine.
Le sang de 3 millions de personnes sur les mains
Lors de ses auditions de confirmation au SĂ©nat pour devenir secrĂ©taire d'Ătat en 1973, on a demandĂ© Ă Kissinger s'il Ă©tait favorable Ă la dissimulation intentionnelle d'informations concernant les attaques contre le Cambodge, ce Ă quoi il a rĂ©pondu :
âJe voulais juste prĂ©ciser qu'il ne s'agissait pas de nos bombardement du Cambodge, mais de celui des Nord-Vietnamiens au Cambodgeâ.
Cette affirmation est contredite par des documents militaires américains et des témoignages.
Dans son livre de 2003 intitulĂ© âEnding the Vietnam Warâ, Kissinger estime que 50 000 civils cambodgiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s Ă la suite d'attaques amĂ©ricaines au cours de sa participation au conflit. Selon des documents publiĂ©s par The Intercept, le bombardement du Cambodge a Ă©tĂ© l'une des attaques aĂ©riennes les plus importantes de l'histoire.
De 1965 Ă 1973, les Ătats-Unis ont menĂ© environ 231 000 opĂ©rations de bombardement sur le Cambodge. Les avions amĂ©ricains ont larguĂ© 500 000 tonnes de bombes, voire plus, alors que Kissinger occupait le poste de conseiller.
M. Turse a demandĂ© Ă M. Kissinger comment il modifierait son tĂ©moignage devant le SĂ©nat lors d'une confĂ©rence organisĂ©e en 2010 par le dĂ©partement d'Ătat sur l'engagement des Ătats-Unis en Asie du Sud-Est de 1946 Ă la fin de la guerre du ViĂȘt Nam.
Il a rĂ©pondu : âPourquoi devrais-je modifier mon tĂ©moignage ? Je ne comprends pas trĂšs bien la question, si ce n'est que je n'ai pas dit la vĂ©ritĂ©.â
Kissinger a menti - Les Ătats-Unis et la CIA ont orchestrĂ© le coup d'Ătat et les assassinats au Chili en 1973
Bien qu'il n'ait jamais reconnu l'implication des Ătats-Unis dans un violent coup d'Ătat militaire au Chili dans les annĂ©es 1970 et qu'il ait plutĂŽt recouru Ă un dĂ©ni plausible, des documents amĂ©ricains dĂ©classifiĂ©s publiĂ©s en aoĂ»t, Ă la demande du Chili, ont rĂ©vĂ©lĂ© le contraire.
âL'AmĂ©rique latine Ă©tait une rĂ©gion dans laquelle je n'avais pas d'expertise propreâ, a Ă©crit l'ancien secrĂ©taire d'Ătat dans ses mĂ©moires - âĂ la Maison-Blancheâ, et âLes AnnĂ©es orageusesâ.
Cependant, le cĂ©lĂšbre journaliste d'investigation Seymour Hersh a montrĂ© dans son livre âThe Price of Power : Kissinger in the Nixon White Houseâ, que Kissinger pensait que l'AmĂ©rique latine ne devait bĂ©nĂ©ficier que de âpeu dâautonomieâ et que la rĂ©gion devait ĂȘtre âcontrĂŽlĂ©e et rĂ©gulĂ©e par les services de renseignement amĂ©ricainsâ, en rĂ©fĂ©rence Ă l'agence d'espionnage de la CIA.
Selon le rapport, l'ingérence de Kissinger au Chili, pour évincer le président socialiste nouvellement élu Salvador Allende, a commencé dÚs 1970.
Sa position sur la question est que les Ătats-Unis ne doivent pas ârester lĂ les bras croisĂ©s et laisser le Chili devenir communiste juste Ă cause de la stupiditĂ© de son propre peupleâ. L'instrument utilisĂ© par Kissinger pour permettre Ă la CIA d'infiltrer et d'exploiter le pays latino-amĂ©ricain Ă©tait le â40 Committeeâ, un organe bureaucratique prĂ©sidĂ© par Kissinger et crĂ©Ă© par Nixon en 1970 pour superviser et approuver les programmes de plans d'action destinĂ©s Ă s'immiscer au Chili.
La politique Ă âdouble tranchantâ de Kissinger
Dans ses mĂ©moires, le diplomate amĂ©ricain a dĂ©clarĂ© qu'aprĂšs la crĂ©ation du 40 Committee, âaucune autre rĂ©union du NSC n'a eu lieu sur le sujetâ du Chili, affirmant qu'il ân'Ă©tait pas trĂšs impliquĂ© dans les questions chiliennesâ. Mais dans une note adressĂ©e Ă l'Ă©poque Ă Nixon, Kissinger a averti que âl'Ă©lection d'Allende Ă la prĂ©sidence du Chili reprĂ©sente pour nous l'un des dĂ©fis les plus sĂ©rieux jamais rencontrĂ©s dans cet hĂ©misphĂšreâ.
Kissinger a conçu une politique Ă âdouble tranchantâ pour le Chili : l'approche diplomatique, sous la direction de l'ambassadeur Edward Korry, constitue la premiĂšre approche. La seconde, inconnue de Korry, consistait Ă dĂ©stabiliser le Chili sous la houlette du directeur de la CIA, Richard Helms.
Alors que Nixon voulait faire âexploserâ l'Ă©conomie chilienne, la deuxiĂšme approche de Kissinger prĂ©voyait l'enlĂšvement et l'assassinat d'Allende.
Interrogé plus tard par une commission sénatoriale, Richard Helms, directeur de la CIA, a été reconnu coupable d'avoir menti au CongrÚs sous serment, en déclarant que l'agence d'espionnage n'avait joué aucun rÎle au Chili et qu'elle n'avait pas versé d'argent aux opposants politiques du président chilien pour acheter des armes et lancer des campagnes de propagande de masse.
Il a été révélé par la suite que la CIA avait versé environ 8 millions de dollars à ce pays d'Amérique latine.
Kissinger, quant à lui, a pu échapper à toute sanction sans avoir à répondre de ses actes.
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