đâđš Le FBI relance l'enquĂȘte sur Julian Assange malgrĂ© les espoirs de libĂ©ration
Je ne tĂ©moignerai pas contre un journaliste poursuivi pour avoir dit la vĂ©ritĂ©. J'ai peut-ĂȘtre des divergences avec Julian, mais je m'oppose formellement Ă tout effort visant Ă le rĂ©duire au silence.
đâđš Le FBI relance l'enquĂȘte sur Julian Assange malgrĂ© les espoirs de libĂ©ration
Par Matthew Knott, le 1 juin 2023
POINTS CLĂS
Le FBI a récemment contacté le romancier Andrew O'Hagan à son domicile londonien au sujet de sa collaboration à l'autobiographie de Julian Assange en 2011.
Cette démarche intervient alors que les partisans du fondateur de WikiLeaks espéraient que les poursuites engagées contre lui seraient levées.
Julian Assange et WikiLeaks sont devenus célÚbres dans le monde entier en publiant un grand nombre de documents sur la guerre en Irak, ainsi que des cùbles diplomatiques américains secrets.
Les autoritĂ©s amĂ©ricaines chargĂ©es de l'application de la loi cherchent Ă recueillir de nouvelles preuves concernant Julian Assange dans le but apparent de renforcer leur dossier contre le fondateur de WikiLeaks, alors mĂȘme que ses partisans espĂšrent qu'une percĂ©e diplomatique pourrait bientĂŽt lui permettre de sortir de prison.
Le Sydney Morning Herald et The Age peuvent révéler que des agents du Federal Bureau of Investigation (FBI) ont cherché la semaine derniÚre à interroger le célÚbre romancier Andrew O'Hagan au sujet de sa collaboration à l'autobiographie de Julian Assange, il y a plus de dix ans.
M. O'Hagan, qui a Ă©crit un cĂ©lĂšbre essai, souvent dĂ©capant, sur la rupture de sa relation de travail avec M. Assange, a dĂ©clarĂ© qu'il n'accepterait pas d'ĂȘtre interrogĂ© par le FBI parce qu'il s'oppose Ă toute tentative visant Ă le punir pour avoir publiĂ© des documents classifiĂ©s.
La rĂ©vĂ©lation de cette demande d'entretien a constituĂ© une surprise dĂ©sagrĂ©able pour les avocats de M. Assange, qui ne pensaient pas jusque-lĂ qu'une enquĂȘte active Ă©tait menĂ©e sur M. Assange, puisque trois ans se sont Ă©coulĂ©s depuis que les procureurs amĂ©ricains ont Ă©mis un acte d'accusation Ă son encontre.
L'avocat australien de M. Assange, Stephen Kenny, a dĂ©clarĂ© : "Il semble qu'ils continuent d'enquĂȘter, ce que je trouve inhabituel Ă©tant donnĂ© le temps Ă©coulĂ© depuis le dĂ©but de l'enquĂȘte.
"Je pense qu'il y a lieu de s'inquiéter, car nous nous sommes efforcés de trouver un arrangement qui permettrait à Julian de rentrer chez lui. Il serait trÚs inhabituel que le FBI essaie de rassembler des preuves qui pourraient aider à le disculper".
M. Kenny a déclaré qu'il n'avait pas connaissance d'autres tentatives récentes des autorités américaines d'interroger des témoins au sujet de M. Assange.
L'avocate de M. Assange, Jennifer Robinson, basĂ©e au Royaume-Uni, a dĂ©clarĂ© le mois dernier que son Ă©quipe juridique Ă©tait ouverte Ă un accord de plaidoyer âĂ la David Hicksâ, si nĂ©cessaire, afin d'obtenir sa libĂ©ration de la prison de haute sĂ©curitĂ© de Belmarsh Ă Londres, et d'Ă©viter une Ă©ventuelle longue peine d'emprisonnement aux Ătats-Unis.
Le frÚre de M. Assange, Gabriel Shipton, a déclaré qu'il semblait que les procureurs américains essayaient de préparer un nouvel acte d'accusation, ou un acte d'accusation complémentaire contre M. Assange.
La semaine derniÚre, le commandement antiterroriste de la police métropolitaine de Londres a envoyé à M. O'Hagan une lettre indiquant que des agents du FBI à Washington souhaitaient s'entretenir avec lui.
"Le FBI aimerait sâentretenir avec vous de vos expĂ©riences avec Assange/WikiLeaks, telles qu'elles sont mentionnĂ©es dans The Unauthorised Autobiography of Julian Assange et Ghosting", indique la lettre, en rĂ©fĂ©rence aux titres de l'autobiographie d'Assange et d'un essai publiĂ© en 2014 par O'Hagan dans The London Review of Books.
"Je ne témoignerais pas contre un confrÚre journaliste poursuivi pour avoir dit la vérité", a déclaré M. O'Hagan à ce journal.
"J'irais volontiers en prison plutÎt qu'accepter de soutenir de quelque maniÚre que ce soit l'establishment américain de la sécurité dans cet effort cynique.
Andrew O'Hagan s'est dit surpris que l'enquĂȘte du FBI soit toujours en cours et il pense que la tentative de l'interroger "montre une forme de dĂ©sespoir de leur part".
"Ils utilisent la loi sur l'espionnage pour victimiser une organisation qui cherche à demander des comptes aux gouvernements", a-t-il déclaré.
"J'ai peut-ĂȘtre des divergences avec Julian, mais je m'oppose catĂ©goriquement Ă tous les efforts visant Ă le rĂ©duire au silence.
Un porte-parole de la police métropolitaine a confirmé l'authenticité de la lettre, mais a déclaré qu'il ne pouvait pas faire d'autres commentaires à ce sujet.
La lettre précise que M. O'Hagan n'est recherché qu'en tant que témoin et que sa participation est volontaire.
Dans son essai paru dans la London Review of Books, M. O'Hagan a raconté comment il avait commencé à perdre ses illusions sur M. Assange aprÚs avoir été engagé pour rédiger sa biographie, le décrivant comme un homme "au caractÚre bien trempé, soupçonneux, artificieux et égoïste".
"Son amour-propre pourrait embraser la piÚce", écrit M. O'Hagan, qui a été nominé trois fois pour le prestigieux Booker Prize.
En 2011, M. O'Hagan a passé beaucoup de temps avec M. Assange, notamment 50 heures d'entretien, pour rédiger la premiÚre version d'une autobiographie qui a finalement été publiée contre la volonté de M. Assange.
Leurs conversations ont débuté quelques mois seulement aprÚs que WikiLeaks a accédé à la notoriété mondiale en publiant une cache massive de documents sur la guerre en Irak, et une série de cùbles diplomatiques américains secrets, sur la base de documents divulgués par l'ancienne analyste du renseignement de l'armée américaine, Chelsea Manning.
Les autoritĂ©s amĂ©ricaines ont inculpĂ© M. Assange de 17 chefs d'accusation pour violation de la loi amĂ©ricaine sur l'espionnage et d'un autre chef d'accusation liĂ© au piratage informatique, l'accusant d'avoir jouĂ© un rĂŽle central dans "l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiĂ©es de l'histoire des Ătats-Unis".
Les espoirs des partisans de M. Assange ont Ă©tĂ© ravivĂ©s par plusieurs Ă©vĂ©nements rĂ©cents, notamment la dĂ©cision prise le mois dernier par l'ambassadrice des Ătats-Unis en Australie, Caroline Kennedy, de rencontrer une dĂ©lĂ©gation multipartite de partisans de M. Assange afin d'entendre leurs prĂ©occupations.
Le chef de l'opposition, Peter Dutton, a également changé de position sur la question, déclarant qu'il était temps de mettre un terme aux poursuites engagées contre M. Assange.
Le Premier ministre Anthony Albanese a déclaré le mois dernier qu'il fallait trouver une solution pour mettre un terme à cette affaire et qu'il avait fait part de sa position aux autorités américaines.
"M. Assange doit en faire partie, bien sĂ»r, et j'espĂšre que cela se produira", a ajoutĂ© M. Albanese, dans des commentaires qui ont Ă©tĂ© largement interprĂ©tĂ©s comme une rĂ©fĂ©rence Ă un Ă©ventuel accord entre les Ătats-Unis et M. Assange.
Les partisans de M. Assange estiment qu'il est puni pour avoir publié des informations embarrassantes, tandis que les procureurs l'accusent d'avoir "activement sollicité" des documents classifiés, et d'avoir mis des vies en danger en publiant les noms non expurgés de personnes ayant fourni des informations à des diplomates américains dans le monde entier.