đâđš Le gouvernement parle fort, mais fait peu pour ramener Julian chez lui
L'enquĂȘte sur la libertĂ© d'information contredit les affirmations d'Albanese du 30 novembre, disant avoir soulevĂ© la question Assange avec les AmĂ©ricains, montre que de tels documents n'existent pas.
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Par Paul Gregoire, le 8 février 2023
De nombreux aspects du maintien en dĂ©tention de Julian Assange dans la cĂ©lĂšbre prison de Belmarsh, Ă Londres, Ă la demande de la Maison Blanche, qui continue de rĂ©clamer l'extradition du fondateur de WikiLeaks vers les Ătats-Unis, ont Ă©tĂ© critiquĂ©s comme des mesures portant atteinte Ă l'Ătat de droit.
Ces critiques ont tendance Ă porter sur les revendications extraterritoriales de Washington, qui tente de poursuivre un journaliste Ă©tranger pour avoir publiĂ© dans une juridiction Ă©trangĂšre, sur le fait que les Ătats-Unis ont espionnĂ© les rĂ©unions d'Assange avec son Ă©quipe juridique et sur les fausses preuves qui seraient contenues dans l'acte d'accusation amĂ©ricain.
Aussi, lorsque la ministre australienne des affaires Ă©trangĂšres, Penny Wong, a rĂ©cemment invoquĂ© le fait que les Ătats-Unis et le Royaume-Uni opĂšrent dans le cadre de l'Ătat de droit pour expliquer pourquoi l'affaire Assange "traĂźne depuis trop longtemps", elle a certainement ajoutĂ© du crĂ©dit Ă l'idĂ©e que les efforts du gouvernement actuel Ă cet Ă©gard ne sont que de pure forme.
Mme Wong a fait ces commentaires lors d'une conférence de presse tenue le 1er février au Haut-Commissariat australien à Londres, aprÚs qu'un journaliste lui ait demandé si le sort d'Assange, citoyen australien emprisonné au Royaume-Uni depuis prÚs de trois ans, était un sujet que la ministre pourrait aborder avec ses homologues britanniques.
En effet, le discours de la sénatrice n'est que le dernier d'une série de développements suggérant que, si le gouvernement albanais annonce périodiquement qu'il négocie tranquillement la libération du journaliste australien, il suit plutÎt l'exemple de ses alliés les plus puissants dans la maniÚre dont la question est traitée.
"Trop, c'est trop"
Lors de sa visite officielle Ă Londres la semaine derniĂšre, Mme Wong a Ă©tĂ© interrogĂ©e sur son intention de soulever, au nom des Ătats-Unis, la question du maintien en dĂ©tention provisoire du journaliste par le gouvernement britannique depuis 2019, en particulier Ă la lumiĂšre du refrain rĂ©pĂ©tĂ© par notre Premier ministre Ă ce sujet.
M. Albanese a dĂ©clarĂ© que "trop c'est trop" en ce qui concerne la procĂ©dure d'extradition britannique et la question de savoir si elle aboutira Ă son envoi aux Ătats-Unis pour y ĂȘtre jugĂ©. Le Premier ministre a fait cette dĂ©claration au dĂ©but de l'annĂ©e 2021, avant de prendre ses fonctions, ainsi qu'en rĂ©ponse Ă des questions posĂ©es au Parlement Ă la fin de l'annĂ©e derniĂšre.
Mme Wong a confirmĂ© que l'affirmation de Mme Albanese au sujet d'Assange Ă©tait la position de l'ensemble du gouvernement et que son bureau continuait Ă soulever la question auprĂšs des Ătats-Unis et du Royaume-Uni. Mais elle a ajoutĂ© que cela ne se faisait pas nĂ©cessairement par les voies diplomatiques et que cela n'Ă©tait pas non plus dĂ©taillĂ© aux journalistes.
Et en rĂ©ponse Ă une suggestion selon laquelle cela signifie que les "supplications de l'Australie sont ignorĂ©es", Mme Wong a laissĂ© entendre que les retards Ă©taient davantage liĂ©s aux "trĂšs nombreuses procĂ©dures juridiques dans lesquelles M. Assange est impliquĂ©", qui prennent un certain temps car elles se dĂ©roulent toutes dans le respect de l'Ătat de droit.
Pas de cĂąbles diplomatiques
Les questions posées à M. Wong à Londres semblent avoir été suscitées par un article récent de l'ancien sénateur Rex Patrick, publié dans Michael West Media, dans lequel il explique que des demandes de renseignements concernant M. Assange ont été adressées au bureau du Premier ministre, à celui du procureur général et au bureau de M. Wong.
Il s'agissait de savoir si l'un de ces bureaux était en possession de communications remontant à l'entrée en fonction du parti travailliste fédéral en mai dernier et montrant qu'il avait été en contact avec ses homologues américains au sujet d'Assange. Le personnel de chaque bureau a confirmé que de tels documents n'existaient pas.
Patrick souligne que les rĂ©sultats de l'enquĂȘte sur la libertĂ© d'information contredisent directement les affirmations faites par Albanese Ă la Chambre basse le 30 novembre, lorsqu'il a soulignĂ© qu'il avait personnellement soulevĂ© la question avec les reprĂ©sentants amĂ©ricains et qu'il avait clairement indiquĂ© "qu'il Ă©tait temps de mettre un terme Ă cette affaire".
M. Albanese a donné cette réponse à une question de la députée indépendante sarcelle Monique Ryan qui, selon Patrick, a déclaré depuis lors, à propos des révélations de la FOI, que si le gouvernement voulait vraiment obtenir la libération d'Assange, il l'aurait fait de maniÚre formelle par écrit.
Mme Ryan a ajouté qu'elle soulÚverait à nouveau la question auprÚs du gouvernement lors de la reprise des travaux parlementaires ce mois-ci, et qu'elle demanderait cette fois une réponse plus détaillée concernant les efforts concrets déployés pour obtenir la libération d'Assange.
Ărosion de la libertĂ© de la presse
Une autre critique formulée par Mme Ryan à l'encontre du gouvernement est que, si le procureur général Mark Dreyfus n'a pas activement tenté d'obtenir la libération du fondateur de WikiLeaks, il a trouvé le temps de convoquer une table ronde sur la liberté de la presse pour la fin de l'année.
Dans une déclaration du 19 janvier, M. Dreyfus indique que la table ronde nationale engagera les organisations de médias et les principales parties prenantes sur la question "d'une presse forte et indépendante", qui, souligne-t-il, "est vitale pour la démocratie et pour demander des comptes aux gouvernements".
Le procureur gĂ©nĂ©ral va mĂȘme jusqu'Ă dĂ©clarer que "les journalistes ne devraient jamais ĂȘtre confrontĂ©s Ă la perspective d'ĂȘtre inculpĂ©s ou mĂȘme emprisonnĂ©s simplement pour avoir fait leur travail". Et il semblerait que si Dreyfus n'avait pas l'intention d'ĂȘtre ironique, la plupart des gens rĂ©flĂ©chissent Ă la position d'Assange en lisant son affirmation.
Michelle Pini, rédactrice en chef d'Independent Australia, a souligné dans un article récent sur la table ronde que sa publication a été en contact avec les organisateurs, qui l'ont informée qu'il n'y avait pas de place pour son personnel, les siÚges étant déjà occupés par des personnes de News Corp et Nine.
Mais le plus grand affront de cette annonce est que, comme les journalistes et les commentateurs du monde entier l'ont clairement indiquĂ©, la tentative d'extradition d'Assange, un ressortissant Ă©tranger, par les Ătats-Unis pour des infractions prĂ©sumĂ©es commises sur un sol Ă©tranger menace la libertĂ© de la presse partout dans le monde.
Ainsi, plutÎt que d'utiliser sa position de législateur en chef de l'Australie pour mettre un terme à l'affaire Assange et, par conséquent, apaiser la plus grande menace qui ait jamais pesé sur la liberté de la presse à l'échelle mondiale, M. Dreyfus va consulter les grands médias locaux complaisants sur la poursuite de la fabrication du consentement.
Considérations critiques
Le respecté journaliste australien John Lyons a commencé l'année en apparaissant sur ABC News pour suggérer qu'Assange sera probablement libéré dans les deux prochains mois, car Albanese travaille en coulisses pour y parvenir.
Toutefois, il n'est pas certain que Lyons en sache plus que le reste du public sur les actions du gouvernement Ă cet Ă©gard.
L'autre développement majeur concernant la diplomatie détournée du gouvernement Albanese à l'égard d'Assange a été révélé en juillet dernier, lorsque l'avocate des droits de l'homme Kellie Tranter a détaillé le contenu de documents qu'elle avait obtenus du bureau du procureur général et qui suggéraient que celui-ci envisageait l'extradition comme une option valable.
Pour sa part, le gouvernement britannique a donnĂ© son feu vert Ă l'extradition du journaliste australien vers les Ătats-Unis pour y ĂȘtre jugĂ© en juin dernier. L'Ă©quipe juridique d'Assange a dĂ©posĂ© son dernier recours contre cette dĂ©cision auprĂšs de la Haute Cour britannique, tout en prĂ©voyant de faire appel devant la Cour europĂ©enne des droits de l'homme.
Les mĂ©decins d'Assange et le journaliste chevronnĂ© John Pilger ont averti que si Assange est emprisonnĂ© aux Ătats-Unis, cela marquera probablement sa fin, et, avec les derniers espoirs de ses partisans presque anĂ©antis en termes d'aide du gouvernement travailliste, l'avenir semble sombre pour l'innocent journaliste originaire de Townsville.