đâđš Le maccarthysme Ă la polonaise
Au vu des politiques unis dans leur russophobie & leur soumission rĂ©pugnante Ă Kiev, on paraphraserait bien Charles de Gaulle: la guerre est une affaire trop sĂ©rieuse pour ĂȘtre laissĂ©e aux politiques.
đâđš Le maccarthysme Ă la polonaise
Par Michal Krupa* à Varsovie, Spécial Consortium News, le 21 février 2023
Au regard des politiques unis dans leur haine de la Russie & leur soumission rĂ©pugnante Ă Kiev, on paraphraserait bien Charles de Gaulle : la guerre est une affaire trop sĂ©rieuse pour ĂȘtre laissĂ©e aux hommes politiques.
Alors que Joe Biden est en visite en Pologne, Michal Krupa rend compte du licenciement d'un universitaire polonais pour avoir remis en question la position du gouvernement polonais sur la guerre en Ukraine.
En Pologne, ces jours-ci, il devient dangereux pour sa carriĂšre d'exprimer publiquement son opposition Ă la politique du gouvernement vis-Ă -vis de la guerre en Ukraine.
Leszek Sykulski, un expert en géopolitique connu et populaire, en est un exemple. Il y a quelques jours, Sykulski a lancé le Mouvement anti-guerre polonais, qui vise à devenir une plateforme rassemblant les Polonais opposés au programme ouvertement anti-russe, pro-guerre et pro-interventionniste des élites politiques et des médias grand public.
Quelques jours plus tard, on apprenait que M. Sykulski avait été licencié de son poste d'enseignant à l'Académie des sciences appliquées Józef Goluchowski d'Ostrowiec Switokrzyski. Le recteur de l'académie, Pawel Gotowiecki, n'a pas hésité à justifier sa décision par des motifs purement politiques. Voici ce que M. Gotowiecki a déclaré dans une interview accordée à Radio Ostrowiec le 16 février :
"Je regrette que le Dr Leszek Sykulski, sans aucun doute un didacticien douĂ©, trĂšs apprĂ©ciĂ© des Ă©tudiants, ait dĂ©cidĂ© d'abandonner de facto l'activitĂ© scientifique et didactique au profit d'une activitĂ© socio-politique, et ce dans de telles proportions. Je regrette que les opinions que le Dr. Sykulski proclame actuellement, les personnes dont il s'entoure, soient si socialement controversĂ©es, et que les thĂšses qu'il avance soient contraires non seulement Ă mes opinions personnelles, mais aussi aux valeurs auxquelles notre universitĂ© adhĂšre, car nous sommes impliquĂ©s dans l'aide Ă l'Ukraine et aux Ukrainiens, ce qui est remis en question par le Mouvement anti-guerre polonais, mais qui nuit Ă©galement Ă la raison d'ĂȘtre de la Pologne."
J'ai contacté Sykulski pour un commentaire sur ce développement et dans un message texte, il m'a informé que :
"Le [2 fĂ©vrier], j'ai reçu un avis de licenciement Ă l'AcadĂ©mie des sciences appliquĂ©es d'Ostrowiec. Auparavant, on m'avait interdit d'enseigner aux Ă©tudiants dans tous les domaines d'Ă©tudes. La raison en Ă©tait la fondation du Mouvement anti-guerre polonais et la rĂ©action nĂ©gative des autoritĂ©s de l'Ătat, notamment un appel tĂ©lĂ©phonique du ministĂšre de l'Ă©ducation et des sciences et une visite personnelle Ă l'acadĂ©mie par des responsables politiques de Droit et Justice."
Un peu plus tĂŽt en 2022, Sykulski a Ă©tĂ© violemment attaquĂ© pour avoir rĂ©alisĂ© une interview avec l'ambassadeur russe en Pologne, quelques jours seulement aprĂšs le dĂ©clenchement des hostilitĂ©s en Ukraine. Il est devenu, tout comme le dĂ©putĂ© Grzegorz Braun, toujours opposĂ© Ă la guerre, la cible de la haine de l'Ă©lite dirigeante, laquelle lance les accusations habituelles d'ĂȘtre un larbin de Poutine, un agent russe et de servir le "rĂ©cit du Kremlin".
Tout cela pour rappeler simplement des Ă©vidences, Ă savoir que la guerre actuelle n'a pas Ă©tĂ© "non provoquĂ©e", que la Pologne ne doit pas agir comme un agent soumis aux souhaits et aux dĂ©sirs du rĂ©gime de Kiev, qu'il n'est pas dans l'intĂ©rĂȘt de la Pologne de rester un complice docile et volontaire de l'objectif dĂ©clarĂ© de la Maison Blanche de "vouloir affaiblir la Russie."
Des positions rationnelles qui sont, toutefois, un pont trop loin pour l'establishment polonais et ses alliés médiatiques.
L'une des composantes de l'activisme du Mouvement anti-guerre polonais est une campagne d'affichage destinée à diffuser le message suivant : "Ce n'est pas notre guerre." Certains ont déjà été affichés dans des villes polonaises.
Cela a créé une situation paradoxale dans laquelle de nombreux détracteurs de Sykulski l'accusent de diffuser de la propagande russe, car le message "ce n'est pas notre guerre" falsifie apparemment la réalité selon laquelle la Pologne est déjà de facto en guerre avec la Russie, tout en laissant entendre que Varsovie devrait s'engager à fond.
MalgrĂ© le rĂŽle actif de l'Ătat polonais dans la guerre par procuration de l'OTAN en Ukraine, non seulement la Pologne n'est pas en Ă©tat de guerre formel avec la FĂ©dĂ©ration de Russie, mais selon un sondage rĂ©alisĂ© en Hongrie par le Project Europe Research de la Fondation SzĂĄzadvĂ©g et publiĂ© en dĂ©cembre 2022, une nette majoritĂ© de Polonais souhaite la fin des hostilitĂ©s.
Selon un rapport récent, les Polonais restent favorables à l'envoi d'armes en Ukraine, mais une nette majorité s'oppose à l'envoi de soldats polonais dans le cadre d'une mission de l'OTAN dans cette région.
Comme à la mi-2022, seuls 17 % des personnes interrogées sont favorables à une telle démarche. Il semblerait donc que le mouvement anti-guerre polonais dispose d'un terrain fertile pour diffuser son message et sensibiliser l'opinion publique polonaise à la nécessité de la non-intervention et de la non-escalade, niant la vérité soi-disant "évidente" selon laquelle nous sommes déjà en guerre, et devrions nous résigner, en tant que citoyens polonais, à suivre le programme des responsables américains Victoria Nuland, Jake Sullivan et Antony Blinken.
Loin de nuire Ă la raison d'Ătat polonaise, comme le disait l'ancien employeur de Sykulski, le mouvement anti-guerre polonais agit dans l'intĂ©rĂȘt du peuple polonais.
Avant la Seconde Guerre mondiale, le prĂ©sident polonais Ă©lu, parmi les nombreuses autres obligations solennelles inscrites au serment officiel, jurait de "dĂ©tourner le mal et le danger de l'Ătat." Ă l'heure actuelle, le plus grand service que l'on puisse rendre est de plaider pour Ă©carter le danger d'impliquer l'Ătat polonais dans une guerre totale avec la Russie, mĂȘme au prix de voir sa carriĂšre brisĂ©e par des bureaucrates mesquins et veules.
M. Sykulski ne recule pas devant la nécessité de donner l'exemple d'une action civique contre l'implication directe de l'OTAN en Ukraine.
La Pologne se trouve Ă un point d'inflexion de son histoire, oĂč la vie de millions de personnes et la sĂ©curitĂ© nationale de la Pologne peuvent ĂȘtre mises en danger par une dĂ©cision irrĂ©flĂ©chie. Lorsque l'on observe les politiques polonais actuels, du gouvernement Ă la prĂ©tendue "opposition" au Parlement, unis dans leur haine irrationnelle de la Russie et leur soumission rĂ©pugnante Ă Kiev, on ne peut s'empĂȘcher de paraphraser Charles de Gaulle : la guerre est une affaire trop sĂ©rieuse pour ĂȘtre laissĂ©e aux politiciens. Les citoyens polonais disposent dĂ©sormais d'une plate-forme pour affirmer clairement et Ă voix haute : cette guerre n'est pas la nĂŽtre.
* Michal Krupa est un historien et un commentateur basé en Pologne. Il a publié dans de nombreux médias polonais et américains, notamment The American Conservative et Chronicles : A Magazine of American Culture. Il anime le podcast Heretics sur VotumTV. Son adresse Twitter est la suivante : @MGKrupa
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https://consortiumnews.com/2023/02/21/mccarthyism-polish-style/