👁🗨 Le missile balistique hypersonique du Yémen ébranle les défenses d'Israël
En frappant Tel Aviv, le Yémen a envoyé un message clair à Israël et à ses alliés : il ne restera pas les bras croisés pendant que d'autres membres de l'Axe de la résistance sont pris pour cible.
👁🗨 Le missile balistique hypersonique du Yémen ébranle les défenses d'Israël
Par Khalil Nasrallah, le 16 septembre 2024
La frappe audacieuse du Yémen sur Tel-Aviv a non seulement révélé les failles dans les défenses israéliennes, mais aussi les vulnérabilités politiques de l'État d'occupation, remettant en cause le statu quo et signalant que Sanaa est désormais une force régionale avec laquelle il faut compter.
Aux premières heures du dimanche 15 septembre, un missile balistique hypersonique yéménite a traversé l'air, frappant le cœur de Tel-Aviv. Lancé le jour du Mawlid, l'anniversaire du prophète Mahomet, le missile a parcouru plus de 2 000 kilomètres, échappant aux systèmes de défense collective d'Israël, des États-Unis et de leurs alliés arabes.
Cette dernière attaque des forces armées d'Ansarallah au Yémen
“a été réalisée avec un nouveau missile balistique hypersonique ... en 11 minutes et demie, et a provoqué un état de frayeur et de panique chez les sionistes”,
d'après une déclaration du mouvement.
Le tir de missile a eu lieu dans un contexte de menaces israéliennes croissantes d'action militaire contre le Hezbollah, membre de l'Axe de la résistance, au Liban, ainsi que de refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu d'accepter un cessez-le-feu à Gaza.
Selon le leader yéménite, “nous avons désorienté l'ennemi dans ses prévisions”
Dans une interview accordée au journal The Cradle, le Dr Hizam al-Assad, membre du bureau politique d'Ansarallah et du Conseil de la Choura, a confirmé que
“la frappe du missile a dérouté les prévisions de l'ennemi et a établi de nouvelles règles dans l'équilibre des opérations de dissuasion”, soulignant qu'il s'agit d'une ” première pour les opérations à venir ».
M. Assad distingue l'opération de la réponse à l'agression israélienne qui a touché Hodeidah, soulignant qu'elle interviendra
“au plus profond d'Israël et dans des conditions auxquelles l'ennemi ou ceux qui se tiennent derrière l'ennemi ou de son côté ne s'attendent pas”.
Concernant le démenti de l'armée d'occupation israélienne selon lequel le missile qui a frappé Tel Aviv était hypersonique, M. Assad a confirmé que
“la République du Yémen a développé des technologies militaires et s'est engagée sur la voie de l'industrialisation technologique, y compris des systèmes de missiles hypersoniques, en plus des drones et d'autres produits”.
Sur l'intention de Netanyahu d'étendre son combat contre le Liban, le responsable d'Ansarallah accuse le Premier ministre israélien de proférer ces “menaces en position de faiblesse” et l'avertit que “la prochaine sera pire pour vos forces et vos colons.”
Et Assad renchérit sur les tentatives israéliennes de compartimenter ses attaques sur différents fronts, arguant que les efforts militaires de l'Axe de la résistance représentent un front unifié :
“Dans le cadre du front de soutien, nous sommes aux côtés de nos frères du Hezbollah, de nos frères du front irakien et des différents fronts à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine, et nous coordonnons et coopérons dans le cadre d'opérations conjointes et non conjointes.
Il conclut en soulignant l'objectif de toutes les parties de l'axe :
“Nous ne cesserons que lorsque l'agression sur la bande de Gaza aura pris fin et que le blocus sur son peuple aura été levé.”
Poursuite de la “cinquième phase”
L'audacieuse opération de missiles menée dimanche par le Yémen a clairement montré que ce pays a lui aussi son mot à dire dans l'évolution du conflit, défiant les prévisions d'Israël et modifiant les calculs stratégiques des acteurs régionaux.
Elle a surtout servi d'avertissement à l'État d'occupation :
“Attendez-vous à d'autres frappes et opérations qualitatives à venir - alors que nous sommes à la veille du premier anniversaire de l'opération du 7 octobre - y compris la réponse à son agression criminelle sur la ville d'Hodeidah”.
En effet, ce n'est pas la première fois que le Yémen prend pour cible Tel-Aviv en soutien à la résistance palestinienne. En juillet, lors de la “cinquième phase” des opérations, les forces armées ont lancé une attaque de drone à longue portée qui a fait un mort, incitant l'État d'occupation à bombarder ensuite la ville portuaire du Yémen.
Dans le discours qu'il a prononcé dimanche à l'occasion du Mawlid, le chef d'Ansarallah, Abdul Malik al-Houthi a rappelé le début de la cinquième phase, affirmant que l'attaque qui a visé la ville occupée de Jaffa
“a été menée à l'aide d'un missile de haute technologie qui a contourné les systèmes de l'ennemi”. Il a également souligné que “les opérations et la position du Yémen se maintiendront tant que l'agression et le blocus de Gaza se poursuivront” et “jusqu'à ce que la Palestine soit nettoyée des griffes de l'occupant.”
Confusion militaire et politique à Tel-Aviv
On ne saurait trop insister sur l'importance de ce tir de missile. Il marque une escalade spectaculaire des capacités militaires du Yémen et de sa volonté de défier directement Israël. L'opération s'inscrit également dans la volonté de Sanaa de développer les prouesses militaires et techniques du pays, en privilégiant l'utilisation de nouvelles armes sur terre et sur mer.
Peu après le tir du missile, l'armée israélienne a admis qu'elle n'avait pas réussi à intercepter l'attaque, tandis que la police israélienne a confirmé que le missile est tombé près de la colonie de Kfar Daniel, à proximité de l'aéroport Ben Gourion. L'explosion, ainsi que les tentatives d'interception, ont provoqué des incendies et endommagé une importante gare ferroviaire près de la ville de Modiin. Cette nouvelle brèche dans les systèmes de défense aérienne d'Israël a eu des répercussions politiques immédiates, l'État occupant étant déjà en proie à des troubles internes.
Netanyahu, confronté à une pression immense, a convoqué la session hebdomadaire du Conseil des ministres d'hier, au cours de laquelle il a promis une riposte vigoureuse contre le Yémen. Il a déclaré qu'Israël “imposera un lourd tribut” pour toute attaque sur son territoire et a réaffirmé la volonté de l'État d'occupation de faire face à ce qu'il a décrit comme “l'Axe du mal” piloté par l'Iran.
Les déclarations de Netanyahu ont reflété le sentiment croissant de malaise à Tel-Aviv, alors qu'il a reconnu les menaces multiformes auxquelles Israël est confronté. Cependant, sa rhétorique a trahi une frustration plus profonde. Malgré les actions militaires d'Israël, notamment l'attaque sur Hodeidah, Netanyahu n'a pas été en mesure de freiner l'escalade ou de juguler la détermination du Yémen.
Message hypersonique
La décision du Yémen de lancer un missile hypersonique a été calculée et porteuse de plusieurs messages forts, tant au niveau régional qu'international. La volonté de Sanaa de prendre cette initiative démontre son refus de se laisser dissuader par les “représailles” israéliennes, américaines ou britanniques.
En fait, cette opération illustre le développement constant des capacités militaires du Yémen, qui ont désormais prouvé leur capacité à atteindre avec précision le territoire israélien. En outre, ce tir de missile témoigne de la capacité croissante du Yémen à venir à bout de systèmes de défense sophistiqués, une évolution qui n'est pas passée inaperçue à Washington ou à Tel-Aviv.
En ciblant Tel-Aviv, Sanaa a montré qu'il était prêt à remettre en question le statu quo en Asie occidentale, et en particulier la prétendue domination d'Israël. Cette frappe reflète également l'érosion de la dissuasion américaine et israélienne, une réalité qui influencera les engagements futurs sur un large éventail de dossiers, notamment le blocus imposé au Yémen et les divisions internes exacerbées par l'ingérence étrangère.
Les actions militaires du Yémen montrent également clairement qu'il ne battra pas en retraite, quel qu'en soit le prix. Le Yémen soutient que toute pause dans les hostilités est subordonnée à l'arrêt de la guerre à Gaza.
Le tir de missile intervient également à un stade où le Yémen est confronté à de nouvelles pressions de Washington, notamment des manœuvres pour faire de l'aide humanitaire un moyen de pression. Les responsables américains ont cherché à exploiter l'aide comme monnaie d'échange, dans l'espoir de forcer les dirigeants yéménites et la résistance palestinienne à faire des concessions, ce à quoi les dirigeants yéménites ont toujours affirmé qu'il n'en serait rien.
Un partenaire, pas un mandataire
Sur le plan régional, le moment choisi pour la frappe est particulièrement significatif. Elle est intervenue au moment où Israël a menacé de lancer une opération militaire de grande envergure contre le Liban, montrant ainsi que le Yémen est prêt à participer activement à tout conflit élargi sur plusieurs fronts.
En frappant Tel Aviv, le Yémen a envoyé un message clair à Israël et à ses alliés : il ne restera pas les bras croisés pendant que d'autres membres de l'Axe de la résistance sont pris pour cible. Ce tir de missile renforce également le rôle du Yémen en tant que pilier de la résistance dans la région, démontrant qu'il est un élément essentiel de l'équation stratégique qui lie l'Iran, le Hezbollah et d'autres acteurs régionaux.
L'opération met également en évidence la coordination croissante entre les éléments qui s'opposent à Israël. La stratégie de Netanyahu, qui consiste à tenter d'isoler et de gérer chaque front séparément, est mise à mal par la solidarité et la coordination croissantes entre ses adversaires.
Le tir de missile en provenance du Yémen nous rappelle brutalement que les actions d'Israël sur un front auront des conséquences dans toute la région et que le rôle du Yémen dans cette dynamique ne fait que s’amplifier.
Le tir de missile hypersonique sur Tel-Aviv peut être interprété comme un tournant dans l'escalade du conflit entre Israël et le Yémen, faisant grimper les coûts politiques et sécuritaires pour l'État d'occupation, alors que la guerre contre Gaza atteint bientôt son premier anniversaire.
Alors que les tensions ne cessent de croître, il est clair que toute tentative de dicter les règles d'engagement en Asie occidentale se heurtera à une résistance farouche. Le Yémen a démontré qu'il n'était pas un acteur passif dans ce conflit, et les répercussions de cette frappe se feront probablement sentir dans toute la région pendant des mois, voire des années.
https://thecradle.co/articles/yemens-hypersonic-ballistic-missile-rocks-israels-defenses