👁🗨 Le mot “bombardement” prend un sens différent selon le lieu où il se produit
Si quelqu'un fait sauter un site rempli d'anglophones blancs, la tragédie va bouleverser le monde. Mais si quelqu'un fait sauter un site rempli d'arabophones à la peau plus mate, c'est banal.
👁🗨 Le mot “bombardement” prend un sens différent selon le lieu où il se produit
Par Caitlin Johnstone, le 29 mars 2025
Écoutez une lecture de cet article par Tim Foley
Le mot “bombardement” prend un sens différent selon le lieu où il se produit.
Si je vous regarde avec effarement et gravité et que je dis “Il y a eu un bombardement”, vous allez aussitôt croire à une explosion dans une ville proche de chez vous, ou encore dans une ville occidentale comme New York ou Londres. Si vous me voyez lire le journal et dire avec désinvolture “Il y a eu des dizaines d'attentats hier soir”, vous vous direz sans doute que des bombes ont été larguées par l'armée sur des civils au Moyen-Orient.
Si j'étais au Royaume-Uni dans les années 90 et que je disais “Il y a eu un attentat à la bombe”, tout le monde penserait immédiatement que je parle d'une attaque de l'IRA sur sol britannique et réagirait de manière affligée. Si je disais exactement la même chose aujourd'hui au Royaume-Uni, on penserait probablement que je parle de Gaza, du Liban ou du Yémen, et on hausserait les épaules.
Ce sont deux mots très différents. Ils s'écrivent et se prononcent de la même façon et ont fondamentalement le même sens. Mais ils sont différents. Au moins dans les parties du monde où l'anglais est dominant, ils ont un poids radicalement différent et ils sont perçus différemment. L'un est choquant et terrifiant, tandis que l'autre est banal et attendu. L'un occupera la une de vos médias des jours et des jours, tandis que l'autre ne sera peut-être même pas mentionné.
Les mots ont des significations différentes dans notre société, parce que le monde occidentale ne considère pas les non-occidentaux comme des êtres humains à part entière. Une bombe balancée dans notre propre quartier est un scandale inacceptable dont nous parlerons toute notre vie, mais la même chose dans un pays du Moyen-Orient est juste dans l'ordre des choses, même si l'attentat est perpétré par nos propres dirigeants.
Si quelqu'un fait exploser un bâtiment rempli d'anglophones à la peau blanche, ce sera une tragédie qui va bouleverser le monde, alors que si quelqu'un fait exploser un bâtiment rempli d'arabophones à la peau plus mate, c’est banal.
Ce sont deux réalités complètement différentes, car les victimes sont considérées comme étant deux espèces entièrement différentes. Les victimes des campagnes de bombardement perpétrées et organisées par l'empire occidental sont considérées comme des sous-hommes. Parce que nous avons été conditionnés à les voir de cette façon. Si nous les considérions comme des êtres humains à part entière, rien dans notre société n'aurait plus de sens.
Si nous voyions les habitants du Sud comme des êtres humains à part entière, il serait quand même illogique d'exploiter leur travail et leurs ressources à notre propre profit. Il serait illogique que nos dirigeants organisent des coups d'État, interfèrent dans les élections et déclenchent des invasions pour s'assurer que les gouvernements de ces pays servent nos intérêts. Il serait illogique que l'empire américain installe des bases militaires dans et autour de leurs pays pour assurer sa domination planétaire. Il serait insensé qu'une industrie entière de spéculation de guerre repose sur la fabrication du consentement à des opérations militaires injustifiées et à l'expansionnisme militaire dans les pays pauvres. Il serait insensé que les gouvernements occidentaux expédient leurs déchets dans les pays émergents dont les populations croulent déjà sous ces poisons.
Notre civilisation tout entière repose sur cette division. La différence entre Occidentaux dont la vie compte, et non-Occidentaux, dont la vie ne compte pas. C’est l'éléphant dans le salon que nous ne percevons pas dans la plupart des aspects de notre vie quotidienne. Cela concerne directement tous les produits que nous utilisons et jetons, l'énergie que nous consommons, les systèmes politiques en place pour lesquels nous votons, voire l'appareil sur lequel vous lisez ces mots. Tout cela n'est imaginable que parce que nos vies sont bâties sur le sang, la sueur et les larmes de la majorité des peuples de cette planète, dont on ne reconnaît pas la pleine humanité.
Nous aimons à penser que nous avons transcendé le fléau de l'esclavage et du colonialisme génocidaire qui ont ravagé une grande partie de l'humanité au cours des siècles précédents, mais c'est faux. En réalité, nous n’avons fait qu’aseptiser ces pratiques, en les rendant plus photogéniques. Désormais, vous pouvez lire des articles sur l'esclavage et secouer la tête face à tant d'horreur tout en nous servant d’objets fabriqués par l'esclavage délocalisé du XXIe siècle. Vous pouvez voter pour un politicien à la peau brune ou voir dans une série télévisée un personnage d'origine asiatique, et penser que notre société a fait du chemin, même si votre gouvernement largue des bombes sur des gens à l'autre bout de la planète, parce qu'ils ne sont pas considérés comme de véritables êtres humains.
Notre espèce ne connaîtra l'harmonie et le bien-être sur cette terre que lorsque nous nous traiterons tous en égaux et agirons en conséquence. Cette société tyrannique et prédatrice ne nous mène qu'à notre perte et à la dystopie, et empoisonne la planète dont dépend notre survie.
D’un côté la civilisation...et de l'autre, la barbarie...Le problème, c’est l’inversion du statut ! NOUS sommes (re)devenus les barbares .
Les historiens savent que le berceau de l’humanité créatrice de société n’est pas né en Europe...pendant que nos ancêtres se roulaient dans la boue et mangeaient des glands, de grandes civilisations batissaient des monuments encore debouts. L’europe des forêts obscures a commencé à se reveiller en Méditerranée avec les Egéens beaucoup plus tard puis dans le Latium pendant que le croissant fertile avait découvert l’écriture depuis des siècles ! Et même après la chute de l’empire romain, les sinistres orcs germains ne connaissaient toujours pas l’écriture (ils tentent aujourd'hui de nous faire croire que leurs fameuses runes scandinaves était un prototype...très drôle) et ont essayé de singer les latins pendant des siècles en s’emparant de l’Europe par la force. On est revenus à cette époque désormais. Les orcs balbutient leur idiome détestable depuis Waterloo et leurs francisques ou lances de naguère se sont mués en F-35 et en FAB-500!
Alexandrie, Tyr, Babylone, Jérusalem, et tant d’autres vont il se reprendre et contester aux sauvages des forêts sombres, le droit de vivre comme des hommes ?