👁🗨 Le Pakistan fait cavalier seul & soutient l’Iran dans la guerre initiée par Israël
Asif au prince en exil: “Si selon vous les Iraniens sont motivés, montrez que vous avez des couilles, renversez le régime. Mettez votre fric là où vous avez le cul, sale pute impérialiste parasitaire”
👁🗨 Le Pakistan fait cavalier seul & soutient l’Iran dans la guerre initiée par Israël
Par F.M. Shakil, le 19 juin 2025
Le Pakistan révèle que des opérateurs de drones israéliens ont tenté de saboter les installations nucléaires pakistanaises durant la crise indo-pakistanaise de mai dernier. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles Islamabad soutient pleinement Téhéran dans la guerre entre Israël et l'Iran.
Malgré les démentis officiels d'Islamabad quant à un soutien militaire ou matériel à l'Iran dans son affrontement avec Israël, les développements récents suggèrent un changement radical dans les alliances régionales. Aujourd'hui, le Pakistan et la Chine semblent coordonner étroitement leur action avec Téhéran, offrant des avantages stratégiques tangibles alors que Tel-Aviv intensifie ses hostilités.
Alors que la guerre se profilait, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a tenu des discussions urgentes avec son homologue chinois Wang Yi le 14 juin. Le même jour, le président iranien Masoud Pezeshkian s'est entretenu avec le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, qui a exprimé la “solidarité sans faille” d'Islamabad avec l'Iran. Il a également ajouté que son pays
“se tient fermement aux côtés du peuple iranien en cette heure critique”.
Le rôle de la Chine et du Pakistan
Dans la foulée, des informations ont rapporté l'arrivée de délégations militaires pakistanaises à Téhéran en pleine escalade des hostilités. Bien que rapidement démenties par Islamabad, la chronologie et le contexte alimentent les spéculations sur une collaboration plus étroite. De même, Pékin aurait donné son feu vert au transfert de la technologie de son système de navigation par satellite BeiDou (BDS) à l'Iran, officialisé dans un nouveau protocole d'accord bilatéral – une mise à niveau qui améliore considérablement la précision des frappes de missiles iraniens.
Bien que le Pakistan continue de rejeter les accusations de transfert de missiles à l'Iran, sa position ces derniers jours dépeint un tout autre tableau. Le 16 juin, des membres du parlement iranien ont scandé “Merci, merci le Pakistan” à la suite des remarques de M. Pezeshkian, qui a félicité le Pakistan pour son soutien à l'Iran. Ces développements vont à l'encontre du discours de non-alignement du Pakistan et indiquent un réalignement idéologique et stratégique de la part d'Islamabad.
Ce n'est qu'au début de l'année dernière, le 16 janvier, que l'Iran a lancé des frappes de missiles et de drones dans la région pakistanaise du Baloutchistan, visant les positions du groupe militant extrémiste Jaish al-Adl. Le Pakistan a riposté deux jours plus tard, le 18 janvier, en menant des frappes aériennes et de missiles dans la province iranienne du Sistan-et-Baloutchistan, dans le cadre d'une opération baptisée Marg Bar Sarmachar. Au final, ces représailles ont été étonnamment modérées et semblent avoir réglé certaines questions cruciales de coopération frontalière entre les deux États.
Il est tout simplement impressionnant de constater que ces anciens adversaires, qui venaient de s'engager dans des affrontements militaires directs, ont désormais adopté une “solidarité sans faille”.
Pékin se rapproche de l'Iran pour des raisons de sécurité énergétique et de profondeur stratégique. Son ambitieuse “Belt and Road Initiative” (BRI), qui vise à relier le continent eurasien et représente plusieurs milliers de milliards de dollars, dépend de la stabilité de Téhéran et d'Islamabad, les ports de Gwadar et de Chahbahar constituant des artères essentielles de l'expansion chinoise vers l'ouest.
La Chine fournit également des avions de combat J-10 et des systèmes de défense aérienne HQ-9 au Pakistan, qui ont joué un rôle clé dans l'extraordinaire escarmouche de mai 2025 entre l'Inde et le Pakistan, marquant un test majeur pour les armes chinoises. Une situation parallèle s'observe en Iran. La Chine doit reconnaître l'Iran car il s'agit d'un soutien crucial pour ses besoins énergétiques et ses opérations commerciales.
“L'ennemi de mon ami est mon ennemi” pourrait bien définir la nouvelle logique tripartite qui lie l'Iran, le Pakistan et la Chine dans leur résistance aux desseins israéliens et occidentaux.
Ambitions coloniales et lignes rouges nucléaires
Les récentes frappes de Tel Aviv contre les infrastructures militaires et nucléaires iraniennes marquent un nouveau cap dans la stratégie occidentale menée depuis des décennies pour démanteler les puissances musulmanes qui résistent à la domination coloniale. L'Irak, la Syrie, la Libye ont tous été déstabilisés sous des prétextes similaires.
Le complot de 2001, conçu par les États-Unis, leurs alliés européens et Israël, est entré dans sa deuxième phase, visant d'abord l'Iran, puis le Pakistan.
Dans une interview accordée en 2011 à Channel 2, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement exposé la logique : l'Iran et le Pakistan sont les principales cibles de cette stratégie d'endiguement, a-t-il déclaré sans ambages.
“Ces régimes radicaux [...] constituent une menace importante”,
a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de les empêcher d'acquérir la capacité nucléaire.
Mais les récentes provocations israéliennes ont plutôt déclenché une résistance multipolaire à ces plans. S'adressant à The Cradle, Abdullah Khan, du Pakistan Institute for Conflict and Security Studies (PICSS), révèle que des opérateurs de drones israéliens ont récemment tenté de saboter les installations nucléaires pakistanaises durant la crise indo-pakistanaise :
“Des opérateurs de drones israéliens étaient stationnés dans des salles d'opération indiennes durant le récent conflit entre le Pakistan et l'Inde, essayant de cibler les installations nucléaires pakistanaises. Cependant, l'action rapide du Pakistan a déjoué leurs tentatives, les empêchant de causer des dommages aux installations nucléaires pakistanaises”.
Posture défensive ou nouvel axe ?
Une source au sein du ministère des Affaires étrangères pakistanais révèle à The Cradle qu'Islamabad a discrètement averti Washington d'une potentielle escalade nucléaire si Israël venait à attaquer l'Iran avec de telles armes.
“Si une telle situation se produit, elle s'étendra au-delà de l'Iran. La région entrera dans une nouvelle phase sécuritaire imprévisible”, déclare la source.
Pendant ce temps, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a fait sensation avec un message incendiaire visant le prince iranien en exil Reza Pahlavi, fils du shah déchu d'Iran. En réponse à l'interview de Pahlavi à la BBC, Asif a écrit sur X :
“Si, selon vous, le peuple iranien est motivé et plein d'énergie, montrez que vous avez des couilles, retournez là-bas, prenez la tête du mouvement et renversez le régime. Mettez votre argent là où vous avez le cul, sale pute impérialiste et parasitaire”.
Bilal Khan, analyste en défense et sécurité basé à Toronto et cofondateur du think tank indépendant Quwa Defence News & Analysis Group, explique à The Cradle qu'Islamabad se perçoit comme soumis à une pression coordonnée de la part des États-Unis, de l'Inde et d'Israël.
“L'élite sécuritaire pakistanaise estime que les États-Unis et leur régime de lutte contre la prolifération imposent des sanctions au Pakistan, alors que c'est l'Inde qui a introduit le nucléaire en Asie du Sud. À Rawalpindi, on pense généralement que les États-Unis, avec leurs alliés indiens et israéliens, visent le programme nucléaire pakistanais. Néanmoins, on ne sait pas encore comment le Pakistan va gérer la situation. Il est certain que davantage d'investissements dans les systèmes de défense aérienne, l'amélioration des capacités des services du renseignement nationaux et le renforcement de l'armée de l'air avec des avions de combat furtifs J-35 de nouvelle génération sont essentiels pour faire face à toute action éventuelle d'Israël”.
Du déni à la célébration
Bien qu'Islamabad n'ait pris aucun engagement officiel d'aide militaire à Téhéran, les médias et le parlement iraniens se rallient désormais au Pakistan en scandant “Pakistan Zindabad”, soit “Longue vie au Pakistan”.
Sur le plan diplomatique, Islamabad a soutenu l'appel de Téhéran en faveur d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'agression israélienne et a explicitement défendu le droit de l'Iran à se défendre. Aux côtés de l'Algérie, de la Chine et de la Russie, le Pakistan a joué un rôle clé dans l'amplification de l'initiative iranienne, marquant ainsi un front diplomatique coordonné qui témoigne d'une convergence plus profonde au sein du bloc eurasien. Ce n'est pas un geste anodin de la part d'un pays autrefois considéré comme une cible potentielle de la doctrine préventive d'Israël.
Lors d'une initiative qui trahit l'inquiétude de Washington, le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Asim Munir, a été discrètement convoqué au quartier général du Commandement central américain en Floride. Son absence lors d'un défilé national important à Islamabad a suscité des interrogations dans son pays. Alors que l'ambassade pakistanaise reste discrète, le journal Dawn cite des sources qui s'attendent à des “conversations difficiles” à Washington.
Reste à savoir si la visite de Munir aux États-Unis aboutira à réajuster ou à consolider davantage l'alignement d'Islamabad sur Téhéran et Pékin. Mais une chose est claire : le Pakistan ne restera pas sur la touche.
Traduit par Spirit of Free Speech
https://thecradle.co/articles/pakistan-breaks-ranks-backs-iran-in-war-with-israel