👁🗨 Le Royaume-Uni exporte des pièces pour l'armée de l'air israélienne après avoir annoncé suspendre ses ventes d'armes
“La restriction actuelle est une farce. Londres invente les règles au fur & à mesure, bafoue le droit international & protège les profits des marchands d'armes plutôt que la vie des Palestiniens”.
👁🗨 Le Royaume-Uni exporte des pièces pour l'armée de l'air israélienne après avoir annoncé suspendre ses ventes d'armes
Par John MacEvoy*, le 13 novembre 2024
Exclusif : Des documents de fret montrent comment des composants d'avions fabriqués en Grande-Bretagne ont été expédiés en Israël le mois dernier.
Une entreprise d'armement dit avoir envoyé du matériel à Israël pour des avions d'entraînement militaire.
Le ministère du Commerce confirme qu'une faille dans la loi sur le commerce des armes permet même d'exporter des avions de combat F-35 vers Tel-Aviv.
Rapporté en partenariat avec le site d'information irlandais The Ditch
La Grande-Bretagne a continué à exporter des composants destinés à l'armée de l'air israélienne (IAF) en raison de failles dans les restrictions gouvernementales sur les ventes d'armes, a-t-on appris.
Au moins deux cargaisons de pièces destinées à des avions de l'IAF ont été expédiées de Grande-Bretagne depuis septembre, date à laquelle le parti travailliste a suspendu certaines licences d'exportation d'armes en raison de craintes relatives aux droits de l'homme.
L'information est contenue dans des documents de fret examinés par The Ditch and Declassified.
Les documents montrent comment des articles ont été expédiés par la société d'ingénierie britannique Martin-Baker à une usine d'Elbit Systems à Karmiel, en Israël, au mois d'octobre.
Martin-Baker est spécialisée dans les sièges éjectables, que l'on trouve dans les avions militaires de tout l'Occident, y compris dans le cockpit de la flotte d'entraînement T-6 de l'IAF.
Ces appareils sont entretenus par Elbit - la plus grande entreprise d'armement d'Israël - dans le cadre d'un contrat de 38 millions de dollars.
Cette révélation montre que les exportations d'armes britanniques continuent de soutenir l'IAF - acteur clé de la campagne génocidaire d'Israël à Gaza - car les travaillistes n'ont pas mis en œuvre d’embargo total.
Emily Apple, porte-parole de Campaign Against Arms Trade, a déclaré à Declassified:
“La suspension actuelle des armes est une farce. Ce gouvernement invente les règles au fur et à mesure, se moque du droit international et donne la priorité aux profits des marchands d'armes plutôt qu'à la vie des Palestiniens.
“Il ne peut y avoir ni excuses ni exceptions. Le Royaume-Uni doit imposer un embargo immédiat, total et bilatéral sur les armes”.
Martin-Baker
Les deux cargaisons en provenance de Grande-Bretagne et à destination d'Israël ont été acheminées le 15 octobre 2024.
Selon les documents de fret, l'expéditeur enregistré était le siège de Martin-Baker Aircraft Co Ltd à Uxbridge, dans la banlieue de Londres.
Les documents de fret suggèrent qu'un autre envoi - une importation - a été effectué le 9 septembre au siège de Martin-Baker depuis la base aérienne de Nevatim, qui accueille les escadrons d'avions de combat F-35 d'Israël.
Martin-Baker fabrique des composants de sièges éjectables utilisés dans les F-35. Il s'agit des avions de chasse les plus perfectionnés d'Israël, responsables des attaques contre les civils à Gaza et au Liban.
Un représentant de Martin-Baker a déclaré à Declassified qu'il ignorait le contenu de la cargaison de Nevatim.
Il a déclaré que les composants livrés directement à Israël sont destinés à être utilisés dans des avions d'entraînement, et non pour les F-35.
Cela correspondrait à l'annonce faite le 2 septembre par le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy, sur les restrictions en matière d'armement à l'égard d'Israël.
M. Lammy a déclaré au Parlement que les “avions d'entraînement” ne sont pas inclus dans les restrictions d'armes puisqu'ils ne sont pas “considérés comme pouvant être utilisés à des fins militaires dans le cadre du conflit actuel”.
Quasi mortel
Les documents montrent néanmoins comment la Grande-Bretagne continue de soutenir l'IAF, l'une des principales forces israéliennes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur le développement du logement, Balakrishnan Rajagopal, a déclaré en mars que
“plus de 70 % de l'ensemble du parc immobilier de Gaza, et plus de 80 % dans certaines parties de la région nord, ont été endommagés ou détruits”.
L'IAF est également responsable d'attaques contre des ressortissants britanniques.
Le 18 janvier, des chasseurs israéliens ont bombardé un ensemble résidentiel à Gaza abritant l'équipe médicale d'urgence de Medical Aid for Palestinians (MAP), une organisation caritative britannique, ainsi que l'International Rescue Committee, basé aux États-Unis et dirigé par l'ancien secrétaire d'État britannique aux affaires étrangères, David Miliband.
Quatre médecins britanniques ont été blessés lors de la frappe aérienne, ainsi que des membres du personnel de la MAP, et un garde du corps. La MAP a qualifié l'attaque de “quasi mortelle”, causant des “dégradations significatives au bâtiment” et nécessitant le “rapatriement de six intervenants internationaux”.
Les mesures restrictives de Starmer
Début septembre, le gouvernement travailliste a suspendu 30 des 350 licences d'exportation d'armes vers Israël, invoquant des inquiétudes quant aux violations du droit humanitaire international.
Les composants britanniques du programme multinational d'avions de combat à frappe conjointe F-35 ont été exonérés de cette décision, sauf lorsqu'ils sont destinés directement à Israël. Plus de 15 % de chaque avion est fabriqué au Royaume-Uni.
“La suspension de toutes les licences pour le programme F-35 aurait pour effet de fragiliser la chaîne d'approvisionnement mondiale du F-35, qui est vitale pour la sécurité du Royaume-Uni, de nos alliés et de l'OTAN”, a déclaré M. Lammy.
Toutefois, le ministère du Commerce a discrètement mis en garde contre ces restrictions en affirmant que les composants du F-35 peuvent être exportés vers Israël à condition que le “logiciel ou la technologie soient réexportés vers” un autre pays participant au programme F-35.
Le gouvernement britannique a donc laissé ouverte la possibilité d'envoyer des composants de F-35 dans un pays tiers et de les exporter ensuite vers Israël, ou de les envoyer directement en Israël et de les exporter ensuite vers un pays tiers.
Interrogé par Declassified sur les récentes expéditions, un porte-parole du ministère britannique du Commerce n'a pas contesté que des composants du F-35 aient pu être expédiés directement en Israël.
Il a expressément renvoyé Declassified à la section des nouvelles réglementations en matière d'exportation concernant l'exportation ultérieure.
Des failles béantes
Toutefois, il n'est pas certain que le gouvernement britannique dispose d'un mécanisme permettant de vérifier si les articles sont effectivement exportés et s'ils ne sont pas utilisés par les forces armées israéliennes.
Cela témoigne des failles dans les directives britanniques en matière d'exportation d'armes, largement passées inaperçues dans la presse britannique, exploitées par les forces armées israéliennes.
Emily Apple, de Campaign Against Arms Trade, a commenté cette affaire en ces termes
“Ces révélations montrent clairement que le gouvernement travailliste est toujours complice du génocide d'Israël à Gaza.
“Bien que le gouvernement ait admis qu'Israël a utilisé les F-35 pour commettre des crimes de guerre, il a ménagé des failles béantes, sans aucune obligation de rendre des comptes, pour permettre aux entreprises de continuer à exporter des composants.
“Le manque de transparence dans la réglementation des exportations d'armes du Royaume-Uni rend le dispositif inexistant et ne garantit donc pas que cet équipement ne sera pas utilisé par l'armée israélienne pour commettre des atrocités à Gaza”.
La suspension des exportations de F-35 décidée par le gouvernement doit être contestée lundi devant la High Court par le groupe palestinien de défense des droits de l'homme Al-Haq et le Global Legal Action Network.
* John McEvoy est responsable par intérim des enquêtes pour Declassified UK.