đâđš Le scandale du Shin Bet de Netanyahu
L'ex chef du Shin Bet, Nadav Argaman, menace de rĂ©vĂ©ler des informations secrĂštes, montrant que l'agence est prĂȘte Ă s'engager dans la lutte de pouvoir interne qui pourrait dĂ©gĂ©nĂ©rer en guerre civile.

đâđš Le scandale du Shin Bet de Netanyahu
Par Ramzy Baroud, le 10 avril 2025
En seulement 24 heures, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a proposé la nomination d'Eli Sharvit au poste de directeur du Shin Bet, l'agence de sécurité intérieure d'Israël, avant de rapidement se rétracter.
Cet épisode met en évidence le manque de cohérence dans le leadership de Netanyahu, renforçant l'impression que les décisions aux plus hauts niveaux du gouvernement sont prises de maniÚre impulsive et sans plan précis.
C'est aussi une preuve supplĂ©mentaire que Netanyahu est facilement la proie de manipulations, non seulement de la part de ses alliĂ©s d'extrĂȘme droite au sein de la coalition, mais aussi de l'extĂ©rieur, de gouvernements Ă©trangers et mĂȘme, selon les mĂ©dias israĂ©liens, de sa femme Sara.
Ce processus décisionnel chaotique explique en partie le profond manque de confiance des Israéliens envers leurs dirigeants. De récents sondages d'opinion montrent que de trÚs nombreux Israéliens n'ont pas confiance en leur gouvernement, et réclament de nouvelles élections ou la démission de Netanyahu.
Cette crise de confiance a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă l'incapacitĂ© de Netanyahu Ă empĂȘcher les attentats du 7 octobre et Ă gagner la guerre qui s'est transformĂ©e en gĂ©nocide Ă Gaza.
Mais l'enjeu dĂ©passe ces Ă©checs. Les IsraĂ©liens ont perdu confiance en Netanyahu parce qu'ils ne le considĂšrent pas comme un dirigeant agissant dans l'intĂ©rĂȘt national. Il s'est tellement enfermĂ© dans le pouvoir qu'il est prĂȘt Ă provoquer des Ă©meutes en IsraĂ«l juste pour se maintenir au pouvoir.
Il n'est donc pas surprenant que Netanyahu soit Ă©galement prĂȘt Ă sacrifier la vie de plus de 15 000 enfants Ă Gaza, ainsi que celle de dizaines de milliers de civils innocents, juste pour se maintenir au pouvoir.
Le scandale du Shin Bet est cependant l'exemple le plus clair Ă ce jour de la corruption et du manque de discernement de Netanyahu.
La politique israélienne est notoirement instable, les coalitions durent rarement longtemps, et l'instabilité du gouvernement Netanyahu semble refléter la longue histoire d'instabilité politique d'Israël.
Le conflit qui oppose actuellement le gouvernement et l'armĂ©e, bien qu'inhabituel, peut Ă©galement ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme le signe d'une tendance croissante de la droite israĂ©lienne Ă vouloir contrĂŽler toutes les institutions, y compris l'armĂ©e, historiquement considĂ©rĂ©e comme indĂ©pendante de la politique.
Les Ă©vĂ©nements du 7 octobre et la guerre manquĂ©e qui s'est ensuivie, qui font tous deux actuellement l'objet d'enquĂȘtes approfondies, ont brisĂ© le fragile Ă©quilibre qui permettait Ă Netanyahu et Ă sa coalition d'extrĂȘme droite de rester au pouvoir sans provoquer de contestation massive.
La pression de l'opinion publique israélienne a joué un rÎle clé dans cet équilibre. Par exemple, elle a contraint Netanyahu à rétablir dans ses fonctions l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant en avril 2023.
Pourtant, 18 mois de guerre à Gaza, au Liban et maintenant en Syrie ont fourni à Netanyahu l'influence nécessaire pour invoquer l'état d'urgence afin d'écraser l'opposition, de réprimer la dissidence et d'ignorer les appels à la fin de la guerre et à la conclusion d'un accord final.
Il a maintenant dĂ©tournĂ© la guerre Ă des fins de politique intĂ©rieure, alors qu'il a Ă©chouĂ© Ă mettre en Ćuvre son programme dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dant le 7 octobre. Mais le Shin Bet est une toute autre affaire.
Fondé en 1949 par le premier Premier ministre d'Israël, David Ben Gourion, le Shin Bet est depuis longtemps la pierre angulaire de la sécurité intérieure d'Israël.
Si la mission premiĂšre de l'agence est de lutter contre le terrorisme, de recueillir des renseignements et d'assurer la sĂ©curitĂ© des responsables israĂ©liens, son rĂŽle s'avĂšre encore plus dĂ©terminant pour la stabilitĂ© de l'Ătat.
L'un des principaux objectifs du Shin Bet est de prĂ©venir l'espionnage et la subversion interne. Compte tenu des dĂ©faillances du renseignement rĂ©vĂ©lĂ©es par les Ă©vĂ©nements du 7 octobre, toute restructuration significative d'une agence aussi capitale pourrait ĂȘtre dĂ©sastreuse pour IsraĂ«l.
Bien que le chef du Shin Bet rende directement compte au Premier ministre, il a toujours été entendu que ce poste doit rester au-dessus des luttes politiques internes. La décision prise par Netanyahu de limoger Ronen Bar le 2 mars a donc provoqué une onde de choc dans la société israélienne, plus encore que ses décisions de révoquer l'ancien chef d'état-major Herzi Halevi ou le ministre de la Défense Gallant.
Les actions de Netanyahu ont violé un tabou de longue date, aggravant encore la crise interne déjà sans précédent d'Israël.
L'ancien chef du Shin Bet, Nadav Argaman, a mĂȘme menacĂ© de rĂ©vĂ©ler des informations secrĂštes, signalant que l'agence est prĂȘte Ă s'engager dans cette lutte de pouvoir interne, qui, selon certains, pourrait dĂ©gĂ©nĂ©rer en guerre civile.
Mais l'annulation de la nomination de Sharvit, qui aurait dĂ» occuper le poste de Bar, est peut-ĂȘtre l'aspect le plus rĂ©vĂ©lateur de cette crise. Elle souligne l'irrationalitĂ© des dĂ©cisions de Netanyahu et conforte ses opposants, qui sont impatients de prĂ©cipiter sa chute. Comme l'a dĂ©clarĂ© le chef de l'opposition israĂ©lienne, Yair Lapid, Netanyahu est devenu âune menace existentielle pour IsraĂ«lâ.
Certains analystes ont suggéré que la volte-face de Netanyahu serait due à la pression américaine, d'autant que Sharvit a écrit un article dans lequel il critique le président américain Donald Trump.
Si certains y voient la preuve que l'agenda de Netanyahu est largement dictĂ© par les Ătats-Unis, ces conclusions sont simplistes. Bien que les Ătats-Unis exercent une influence significative, les dĂ©cisions de Netanyahu sont influencĂ©es par un ensemble complexe de facteurs.
Netanyahu tient Ă prĂ©senter l'abandon de la nomination de Sharvit non pas comme un signe de soumission politique, mais plutĂŽt comme une concession stratĂ©gique ou une ouverture envers Trump. Son objectif est de s'assurer le soutien total et continu des Ătats-Unis pour son programme de guerre Ă Gaza et dans tout le Moyen-Orient.
En fin de compte, ce programme de guerre perpétuelle n'est motivé par aucune idéologie politique cohérente. L'unique objectif de Netanyahu reste le maintien de sa coalition politique et sa survie politique, ni plus ni moins.