đâđš Le simulacre de justice infligĂ© Ă Assange par l'ordre fondĂ© sur les rĂšgles ne tient plus la route
Si Biden veut sauver la face, il peut toujours annuler lâextradition pour Ă©viter Ă sa bien-aimĂ©e presse amĂ©ricaine le risque d'un prĂ©cĂ©dent - qui devrait de toute façon prĂ©occuper les AmĂ©ricains.
đâđš Le simulacre de justice infligĂ© Ă Assange par l'ordre fondĂ© sur les rĂšgles ne tient plus la route
Par Mary Kostakidis, le 25 février 2024
L'approbation de l'extradition de Julian Assange n'est pas seulement une erreur morale, elle semble ĂȘtre une erreur juridique, et de sĂ©rieuses questions devraient ĂȘtre posĂ©es au ministre de l'IntĂ©rieur britannique, ainsi qu'au Premier ministre et au ministre des Affaires Ă©trangĂšres australiens, et aux anciens titulaires Ă ces postes.
Cet article fait suite à un échange révélateur à peine rapporté entre l'avocat représentant le ministre de l'intérieur britannique, James Cleverly, et le juge Jeremy Johnson dans le cadre de l'appel de Julian Assange devant la High Court contre son extradition, annoncé dans Pearls and Irritations la semaine derniÚre.
L'audience a Ă©tĂ© perturbĂ©e par des problĂšmes de son pour les journalistes, et en rĂ©ponse Ă mes demandes de confirmation de la conversation rapportĂ©e par le journaliste indĂ©pendant Mohamed Elmaazi, une journaliste informĂ©e de l'Ă©change m'a confirmĂ© lâĂ©change et qu'il avait Ă©tĂ© parlĂ© trop doucement et trop vite pour qu'elle puisse comprendre ce qui s'Ă©tait dit. Depuis, un avocat prĂ©sent sur les lieux a confirmĂ© l'Ă©change.
Voici la discussion rapportĂ©e par Elmaazi. Gardez Ă l'esprit que l'ancienne secrĂ©taire d'Ătat britannique Priti Patel a approuvĂ© l'extradition d'Assange, qu'elle est toujours en place sous la direction de James Cleverly et que l'extradition du Royaume-Uni est interdite s'il y a un risque que la personne soit condamnĂ©e Ă la peine de mort.
âSi l'appelant est extradĂ©â, a demandĂ© M. Johnson, ây a-t-il quelque chose qui interdise de modifier les accusations pour aide et complicitĂ© [de fuite] ?â
Ben Watson KC, chargĂ© de reprĂ©senter le ministre de l'intĂ©rieur britannique, a rĂ©pondu : âLa rĂ©ponse est nonâ.
âReconnaissez-vous que ces chefs d'accusation pourraient entraĂźner la peine de mort ?â a demandĂ© M. Johnson.
âSur le principe, ouiâ, a rĂ©pondu M. Watson.
M. Johnson a demandĂ© : âY a-t-il quelque chose Ă faire pour empĂȘcher que la peine de mort ne soit prononcĂ©e ?â
âIl serait trĂšs difficile d'offrir des garanties pour empĂȘcher la peine de mort d'ĂȘtre prononcĂ©eâ, a admis M. Watson.
C'est ce que nous apprend le site web du Crown Prosecution Service concernant les conditions d'interdiction d'extradition.
Les lignes directrices du ministĂšre de l'intĂ©rieur montrent que l'extradition serait interdite par la loi dans le cas d'Assange, en tenant compte de la conversation rapportĂ©e. N'oublions pas que Chelsea Manning a Ă©tĂ© accusĂ©e d'âaide Ă l'ennemiâ, un chef d'accusation passible de la peine de mort, et que des personnalitĂ©s publiques amĂ©ricaines ont Ă©galement invoquĂ© la trahison dans le cas d'Assange, appelant Ă sa mise Ă mort.
Dans quelle mesure le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres Ă©tait-il au courant de cette affaire et de bien d'autres violations de la justice dans le cas d'Assange ? Sa femme et ses avocats expriment depuis des annĂ©es leurs craintes de voir prononcer la peine de mort. Les trois pays font partie du rĂ©seau des âFive Eyesâ, un rĂ©seau d'alliĂ©s pratiquant l'Ă©change d'informations Ă grande Ă©chelle. Dans le cas d'Assange, Marise Payne [ministre des Affaires Ă©trangĂšres de 2018 Ă 2022 en Australie] m'a assurĂ© sur le tarmac de l'aĂ©roport de Sydney aprĂšs notre vol en provenance de Canberra, alors qu'elle Ă©tait en route pour Londres, âils sont au courant de toutâ. J'avais exprimĂ© ma vive inquiĂ©tude au sujet d'Assange aprĂšs lui avoir rendu visite Ă la prison de Belmarsh, lorsque j'avais rencontrĂ© le ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l'Ă©poque.
Les demandes d'accĂšs Ă l'information effectuĂ©es par Kellie Tranter pour Declassified Australia n'ont rĂ©vĂ©lĂ© que trĂšs peu de correspondance et presque aucune information - en tout cas rien qui puisse indiquer qu'un citoyen australien va ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis et risque d'y ĂȘtre condamnĂ© Ă la peine de mort. Comment cela est-il possible ? S'il s'agissait de l'Ăgypte, de la Chine ou de la Russie, nos dirigeants politiques communiqueraient leur rĂ©probation au monde entier et seraient informĂ©s jusqu'au bout des ongles par le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres.
Une autre facette de ce simulacre de procĂ©dure concerne l'accusation de âpiratageâ - l'accusation selon laquelle Assange a aidĂ© ou tentĂ© d'aider Manning Ă dissimuler son identitĂ© lorsqu'elle a accĂ©dĂ© aux documents. Au cours des quatre semaines d'audience, un expert a expliquĂ© en dĂ©tail que ce n'Ă©tait pas le cas, car non seulement Mme Manning avait dĂ©jĂ accĂšs aux documents, mais elle savait aussi que l'accĂšs Ă©tait tracĂ© par l'adresse IP et non par le nom d'utilisateur. Dans un document complĂ©mentaire prĂ©sentĂ© au tribunal, le procureur amĂ©ricain a affirmĂ© que l'accusation portait sur l'accĂšs Ă des documents... au sens le plus gĂ©nĂ©ral du terme... peu importe ce que cela signifie.
Le problĂšme, semble-t-il, concerne les preuves, et la chasse aux preuves se poursuit encore aujourd'hui. Ils n'ont pas eu le plaisir de rencontrer Manning elle-mĂȘme, qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une condamnation supplĂ©mentaire parce qu'elle a insistĂ© sur le fait qu'elle n'avait rien Ă ajouter Ă ce qui avait Ă©tĂ© dit lors de son procĂšs. Un tĂ©moin expert de la DĂ©fense au procĂšs d'extradition a anĂ©anti toute perspective de rĂ©jouissance pour l'accusation. Ils ont ensuite cooptĂ© Siggi Thordarson, tĂ©moin particuliĂšrement peu fiable, pĂ©dophile condamnĂ© et menteur notoire, Ă peu prĂšs au moment oĂč Assange a Ă©tĂ© traĂźnĂ© hors de l'ambassade d'Ăquateur. Un an plus tard, il n'a pas pu s'empĂȘcher d'avouer qu'il avait menti au FBI [dans son tĂ©moignage incriminant Assange]. Ils ont ensuite fait le tour de tous ceux qui avaient pu avoir des dĂ©mĂȘlĂ©s avec Assange, principalement des journalistes, dont aucun n'a coopĂ©rĂ© et dont certains, sinon tous, ont dĂ©clarĂ© s'ĂȘtre sentis contraints et intimidĂ©s et avoir dĂ» dĂ©penser des sommes considĂ©rables pour payer des avocats afin de protĂ©ger leurs droits - James Ball, Heather Brooke, l'ancien rĂ©dacteur en chef des enquĂȘtes du Guardian, David Leigh, et Andrew O'Hagan.
Enfin, les motifs pour lesquels les avocats d'Assange sollicitent un recours rĂ©vĂšlent des violations flagrantes de plusieurs articles de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme, du traitĂ© et de la loi sur l'extradition, y compris les dispositions qui couvrent la libertĂ© d'expression et les poursuites pour opinions politiques, qui ne peuvent pas ĂȘtre traitĂ©es dans un seul article. Mais je le rĂ©pĂšte - et d'autres journalistes chevronnĂ©s comme Chris Hedges sont d'accord - les arguments de la dĂ©fense ont Ă©tĂ© extraordinairement convaincants pour faire comprendre la nature politique de l'accusation. Il est absurde d'utiliser l'Espionage Act, et de prĂ©tendre que ce texte n'est pas de nature politique.
Si Assange perd, il peut faire appel devant la Cour europĂ©enne des droits de l'homme. Mais tout cela doit cesser maintenant et rapidement. La procĂ©dure d'extradition doit ĂȘtre rejetĂ©e, indĂ©pendamment du fait qu'Assange risque de passer une annĂ©e de plus en prison et qu'il devra faire face Ă une nouvelle procĂ©dure judiciaire de grande ampleur.
Au mieux, les poursuites seront abandonnées, et si Biden a besoin de sauver la face, il peut toujours annoncer qu'il le fait pour éviter à sa bien-aimée presse grand public américaine le risque d'un précédent - qui devrait de toute façon préoccuper les Américains.