đâđš Le sort dâAssange suspendu aux «garanties» amĂ©ricaines
La Cour a refusĂ© d'examiner les preuves montrant que les Ătats-Unis ont complotĂ© pour assassiner Julian & le kidnapper. Car si elle le reconnaĂźt, bien sĂ»r, comment peut-on lâenvoyer aux Ătats-Unis ?
đâđš Le sort dâAssange suspendu aux «garanties» amĂ©ricaines
Par Joe Lauria*, le 26 mars 2024
La Haute Cour a rejetĂ© mardi cinq motifs dâappel dâAssange, reconnaissant quâil nâavait que trois arguments lĂ©gitimes mais que les Ătats-Unis pouvaient les annuler avec de nouvelles « assurances », rapporte Joe Lauria.
Récit en développement, revenez pour les mises à jour.
La High Court de Londres a donnĂ© mardi aux Ătats-Unis l'occasion de rejeter la demande de Julian Assange de faire appel de l'ordonnance du ministĂšre de l'IntĂ©rieur de l'extrader vers les Ătats-Unis pour y rĂ©pondre d'accusations d'espionnage.Â
Dans une dĂ©cision complexe rendue par la Royal Courts of Justice, la cour a convenu qu'Assange avait des motifs de faire appel, mais a invitĂ© les Ătats-Unis Ă fournir Ă la cour d'ici le 16 avril des garanties qui pourraient rĂ©futer les arguments d'Assange.Â
Plus précisément, le panel de deux juges a statué qu'Assange avait des motifs de faire appel parce que son extradition était incompatible avec ses droits d'expression garantis par la Convention européenne des droits de l'homme, qu'il pourrait subir un préjudice en raison de sa nationalité et du fait qu'il ne bénéficiait pas d'une protection insuffisante contre la peine de mort.
Cependant, le tribunal autorise les Ătats-Unis Ă fournir des garanties Ă©crites que ces droits ne seront pas violĂ©s. Si les Ătats-Unis ne respectent pas la date limite du 16 avril, Assange sera autorisĂ© Ă faire appel de sa cause uniquement pour ces trois motifs.Â
Si les Ătats-Unis respectent le dĂ©lai, les parties auront jusqu'au 30 avril pour prĂ©senter leurs observations sur les garanties. Il sâagit dâun changement majeur par rapport Ă la dĂ©cision prĂ©cĂ©dente de la High Court de 2020 qui a annulĂ© la dĂ©cision du tribunal de premiĂšre instance de ne pas extrader sur la seule base des garanties amĂ©ricaines selon lesquelles Assange ne serait pas maltraitĂ© dans les prisons amĂ©ricaines.
Dans cette affaire, les avocats d'Assange n'Ă©taient pas autorisĂ©s Ă contester la validitĂ© des garanties. La Cour suprĂȘme du Royaume-Uni a ensuite rejetĂ© la demande d'Assange de pouvoir les contester. Cette fois, la High Court permettra Ă lâĂ©quipe juridique dâAssange de contre argumenter. Â
Les observations sur les garanties des deux parties devraient ĂȘtre dĂ©posĂ©es avant le 14 mai, puis l'affaire serait ajournĂ©e au 30 mai, date Ă laquelle une audience finale pourrait avoir lieu sur la question de savoir s'il faut autoriser Assange Ă faire appel.Â
Dans le cas contraire, il pourrait ĂȘtre immĂ©diatement extradĂ© vers les Ătats-Unis, Ă moins que la Cour europĂ©enne des droits de l'homme ne rende une injonction Ă temps pour y mettre un terme.
La Cour rejette les arguments essentiels dâAssange
Le tribunal a rejetĂ© mardi les points les plus substantiels et les plus significatifs soulevĂ©s par les avocats d'Assange lors d'une audience de deux jours, les 20 et 21 fĂ©vrier.Â
Elle a rejetĂ© cinq arguments en tout : l'argument selon lequel l'ordre d'extradition du ministre de l'IntĂ©rieur Ă©tait incompatible avec le traitĂ© d'extradition entre les Ătats-Unis et le Royaume-Uni qui interdit l'extradition pour un dĂ©lit politique. Elle rĂ©fute quâAssange soit poursuivi pour ses opinions politiques, en violation de la loi sur lâextradition entre le Royaume-Uni et les Ătats-Unis. Â
Le tribunal a statuĂ© qu'Assange ne pouvait pas invoquer de violation de l'article 7 de la Convention, qui dans le cas d'Assange, assure que le crime de publication n'Ă©tait pas prĂ©visible en 2010, ni jamais auparavant, car il a Ă©tĂ© le premier journaliste inculpĂ© avec succĂšs en vertu de la loi sur l'espionnage. L'article 7 ressemble au 5e Amendement amĂ©ricain, selon lequel toute personne doit savoir Ă l'avance qu'elle sera pĂ©nalement responsable, et que ce qu'elle s'apprĂȘte Ă faire constitue un dĂ©lit.
Lâarticle 7 prĂ©cise :
âNul ne peut ĂȘtre tenu coupable dâune infraction pĂ©nale en raison dâun acte ou dâune omission qui ne constituait pas une infraction pĂ©nale au regard du droit national ou international au moment oĂč il a Ă©tĂ© commis.âÂ
Le tribunal a rejetĂ© l'argument d'Assange selon lequel son l'extradition serait incompatible avec le droit Ă un procĂšs Ă©quitable garanti par l'article 6 de la convention, et qu'il serait incompatible avec les articles 2 de la convention, le droit Ă la vie et le droit de ne pas ĂȘtre soumis Ă la torture et dâautres traitements inhumains ou dĂ©gradants. Â
De maniĂšre significative, la dĂ©cision de mardi n'a pas permis Ă Assange d'introduire de nouvelles preuves dans l'affaire, preuves rĂ©vĂ©lĂ©es aprĂšs la dĂ©cision du tribunal de premiĂšre instance, Ă savoir que la CIA a complotĂ© pour kidnapper et assassiner Assange alors rĂ©fugiĂ© Ă l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres, oĂč il avait obtenu l'asile avant d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© Ă la prison de Belmarsh, oĂč il continue dâĂȘtre dĂ©tenu. Â
âStupĂ©fiantâ
âLa dĂ©cision d'aujourd'hui Ă©tait stupĂ©fianteâ, a dĂ©clarĂ© Stella Assange, l'Ă©pouse de Julian Assange, aux journalistes devant la Cour royale de justice.
âLes tribunaux ont reconnu que Julian avait Ă©tĂ© exposĂ© Ă un dĂ©ni flagrant de son droit Ă la libertĂ© dâexpression, quâil est victime de discrimination sur la base de sa nationalitĂ© et quâil reste exposĂ© Ă la peine de mort.Â
âMaisâ, a-t-elle ajoutĂ©, âles Ătats-Unis ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă âfournir un courrier spĂ©cifiant que tout irait bienâ. Elle a dĂ©clarĂ© aux journalistes :
âJe trouve stupĂ©fiant que, cinq ans aprĂšs le dĂ©but de cette affaire, les Ătats-Unis puissent ĂȘtre autorisĂ©s Ă dĂ©fendre une cause qui nâest quâune attaque contre la libertĂ© de la presse. Ce que la Cour n'a pas acceptĂ© d'examiner, ce sont les preuves selon lesquelles les Ătats-Unis ont complotĂ© pour assassiner Julian et le kidnapper. Car si elle le reconnaĂźt, bien sĂ»r, comment peut-on lâenvoyer aux Ătats-Unis ?
âJulian est un prisonnier politique. Il est journaliste. Et il est persĂ©cutĂ© pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© le vĂ©ritable coĂ»t de la guerre en vies humaines. Cette affaire est une vengeance. Câest un signal pour vous tous : si vous dĂ©noncez les intĂ©rĂȘts qui dĂ©clenchent les guerres, ils sâen prendront Ă vous. Ils vous mettront en prison, ils essaieront de vous tuer.â
* Joe Lauria est rĂ©dacteur en chef de de Consortium News et ancien correspondant de l'ONU pour le Wall Street Journal, le Boston Globe, et d'autres mĂ©dias, y compris La Gazette de MontrĂ©al, Londres Courrier quotidien et L'Ătoile de Johannesbourg. Il a Ă©tĂ© journaliste d'investigation pour le Sunday Times de Londres, journaliste financier pour Bloomberg et a commencĂ© Ă l'Ăąge de 19 ans pour le New York Times. Il est l'auteur de deux livres, âA Political Odysseyâ, avec le sĂ©nateur Mike Gravel, prĂ©face de Daniel Ellsberg ; et âHow I Lost By Hillary Clintonâ, prĂ©facĂ© par Julian Assange. Il est joignable au joelauria@consortiumnews.com et peut ĂȘtre suivi sur Twitter @unjoe
https://consortiumnews.com/fr/2024/03/26/assanges-fate-awaits-us-assurances/